Pogacar compte ses coups
En se cachant jusqu’à la ligne, ce qui ne lui ressemble pas, le Slovène a remporté sa première victoire de la saison. « Un échauffement », a prévenu le nouveau leader du général.
20 Feb 2025 - L'Équipe
YOHANN HAUTBOIS
JEBEL JAIS (EAU) – La pudeur de la famille Pogacar, arrivée tard la nuit précédente, n’est plus un secret et alors que toutes les huiles locales se jetaient sur le champion slovène, en plein décrassage sur son home-trainer, papa Mirko et maman Marjeta, à une distance respectable, lui indiquaient leur présence et leur fierté d’un simple pouce levé avant de le rejoindre. La petite soeur, Vita, avait été un peu plus démonstrative à son arrivée derrière le podium, se jetant au cou du vainqueur du jour, comme soulagée de le voir lever les bras pour la première fois de la saison. Aussi parce qu’elle a longtemps vu le leader d’UAE planqué autour de la vingtième position d’un groupe qui comptait une quarantaine d’unités après le travail de sape de ses cerbères, Florian Vermeersch et Mikkel Bjerg, sans qu’on parvienne à déceler s’il piochait ou s’il en gardait dans le réservoir.En retrait tout au long de l’étape, Tadej Pogacar s’arrache à 200 m de la ligne et s’adjuge la 3 étape du Tour des Émirats Arabes Unis.
Le matin, Andrej Hauptman évoquait pourtant « un gros test » pour son protégé au moment d’attaquer le Jebel Jais, où il s’était déjà imposé il y a trois ans. « On va savoir où on en est », s’interrogeait, à peine inquiet, le directeur sportif slovène de la formation émirienne.
Dès les premières pentes de ce gros bloc blanchâtre qui, sous la lumière zénithale du soleil laisse deviner ses nuances de grès à chaque strate empilée, les équipiers de Pogacar ne se sont pas embêtés, ils ont ressorti des cartons le plan sur papier carbone de la saison passée pour un essorage en règle. Avec, tout de même, une variante : ils ont laissé Jay Vine derrière les Lotto de Lennert Van Eetvelt, vainqueur l’an passé, et, encore plus loin, en troisième rideau, Pogacar. Un plan assumé par le triple vainqueur du Tour, bien que son manager général Mauro Gianetti, face à l’écran géant situé en haut du plus haut sommet de cette course (1491m), se demandait pourquoi son équipe avait sorti le rouleau compresseur. « Tout le monde sait que cette montée est très venteuse et c’était plus simple de se retrouver au milieu du peloton, expliquait le champion du monde. C’est très difficile de prendre beaucoup de temps sur ce type d’ascension qui n’est pas assez dure pour placer une attaque. »
Pas aligné au Giro
Le coureur de 26 ans connaît bien ce paysage aride où vous ne risquez pas de tondre la pelouse toutes les semaines et il se refusa à lancer une attaque de desperado, laissant son compatriote Domen Novak terminer le travail de sape avant que le manche de la course ne revienne à Decathlon AG2R La Mondiale et Bruno Armirail, à quatre kilomètres du terme.
À cet instant, toujours pas de nouvelle de « Pogi » qui, l’an passé, aurait déjà repassé tout le monde, et c’est à 2,4 km de l’arrivée que le petit Pacman de Komenda a grignoté la tête de course et soufflé sur la nuque de ses adversaires. Felix Gall sentant probablement l’embrouille venir préféra le panache à l’exécution victimaire mais Jay Vine rattrapa rapidement par la manche le leader autrichien et envoya ensuite la fusée slovène à 200 mètres de la ligne. Une attaque tardive, brutale comme le décor, et à l’économie pour Gianetti : « Cela n’aurait eu aucun sens pour Tadej de rester devant le peloton. Tadej a pu se préserver et dépenser moins d’énergie. »
« La victoire d’aujourd’hui confirme que l’hiver a été bon, que mon niveau de forme et mes jambes sont bonnes, un bon échauffement pour les prochaines courses » ,a prolongé l’intéressé. En gardant quelques cartouches, il a rappelé que la saison allait être longue, sans qu’on sache encore totalement son programme. Sauf qu’il ne disputera pas le Giro, pas vraiment une surprise : « Oui, c’est sûr, confirme le dirigeant suisse d’UAE. Maintenant, on va planifier tout pour savoir s’il va s’aligner sur le Tour et la Vuelta ou seulement sur le Tour. Il ne pourrait faire que le Tour. En fonction du début de saison, on va se décider dans les prochaines semaines. »
Avec le maillot arc-en-ciel à défendre au Rwanda en septembre et dont il ne cesse de parler depuis le début de l’épreuve émirienne, il va compter ses coups. Le premier, il l’a donné hier, le jour de la reprise de Jonas Vingegaard au Tour d’Algarve et après deux jours de disette qui ont dû lui paraîtrebienlongs.
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