« JENEME SENS PAS CAPITAINE POUR L’INSTANT »


4 Oct 2016 L'Équipe
DAMIEN DEGORRE
« JENEME SENS PAS CAPITAINE POUR L’INSTANT »

L’attaquant vedette de l’équipe de France repousse toujours l’étiquette de leader. Il s’imagine plus en soldat décisif.

Ça t’aide quand le coach met tout en oeuvre pour que tu te sentes le mieux possible. Je le vois à l’Atlético de Madrid. (...) Chez les Bleus, pareil, j’irai à la guerre pour Deschamps ’’

From page 1 Meilleur buteur de la Liga (6 buts) devant Luis Suarez, Lionel Messi ou Cristiano Ronaldo, Antoine Griezmann vit un début de saison comme un rêve. À vingt-cinq ans, l’avant-centre de l’Atlético de Madrid a changé de dimension, très clairement. Mais il a conservé un discours dans lequel se mêlent mesure et ambition, humilité et affirmation.

« Le 11 septembre, un sondage Odoxa (*) indiquait que près d’un Français sur deux souhaitait vous voir devenir le leader de l’équipe de France. Est-ce flatteur ? Agaçant ? Perturbant ? C’est… (Il sourit et réfléchit.) J’ai l’impression qu’on cherche un leader en équipe de France alors qu’on n’en a pas forcément besoin. On cherche ce joueur avec insistance. Moi, je n’ai pas besoin de ça pour hausser mon niveau, donner le meilleur de moi-même et marquer ou faire marquer. En fait, je donne tout sur le terrain et, en retour, j’ai besoin d’être tranquille, de ne pas me prendre la tête. Patrice Évra tenait ce rôle, pourtant, pendant l’Euro. Il n’est plus là depuis la rentrée et la nature a un peu horreur du vide. Après, dans un vestiaire, certains ont la capacité de parler, d’autres non. Certains parlent plus facilement sur le terrain et d’autres moins. Chacun son rôle. Qu’est-ce qu’un leader, selon vous, dans un vestiaire ? C’est Évra. Sur le terrain, toujours à tout donner, à parler ou à gueuler quand il le faut. Dans le vestiaire, il encourage tout le monde, a les mots justes aux bons moments. Oui, il illustre bien ce qu’est un leader. Aujourd’hui, on a des personnalités un peu différentes. Mais il y a Hugo (Lloris), par exemple, qui ne parle pas trop parce qu’il est plus réservé. Mais quand il parle, il y a un silence dans le vestiaire. Après, tout le monde peut parler. Là, il y a Paul (Pogba) qui s’exprime de plus en plus. Est-ce que, sur le terrain, il s’agit aussi d’aller parler avec l’arbitre, de peser sur ses décisions, à la manière d’un Thiago Motta, par exemple ? Peut-être… C’est surtout le rôle du capitaine qui, à la mi-temps, au cas où il y a eu beaucoup d’erreurs d’arbitrage, va voir l’arbitre. D’autres joueurs, qui ont un peu d’expérience, peuvent aussi, de temps en temps, lui dire en cours de match : ‘‘Fais attention, ça fait trois fautes que tu siffles et tu n’as toujours pas sorti de jaune !’’ Cela vous arrive-t-il ? Tout le temps (il sourit). Enfin, avec l’Atlético, oui. Des fois j’ai tort, des fois j’ai raison… Dimanche, à Valence (2-0), j’ai fait un tacle où je récupère la balle. L’arbitre siffle alors qu’il n’y avait pas faute. Je lui ai dit : ‘’Non ! Pas là ! Tu t’es trompé !’’ Mais je ne cherche pas nécessairement à influencer. C’est juste que ça fait du bien de se lâcher un peu. Mais j’essaie aussi d’être cool avec les arbitres parce que leur boulot n’est pas facile (il sourit). Et dans le vestiaire, vous vous exprimez ? Non ! Ni en sélection ni en club. Disons que je parle davantage sur le terrain, même si ce n’est pas trop fréquent non plus. Dans le vestiaire, en revanche, j’essaie d’être plutôt cool, relax… Je suis plutôt quelqu’un qui adore chambrer, rigoler, avoir le sourire. Je ne me sens pas capitaine pour l’instant. Un jour, peut-être ? Peut-être mais pas en ce moment. Parce que là, je suis dans la perspective de prendre du plaisir sur le terrain. Je n’ai pas envie de me prendre la tête avec l’extrasportif, de devoir aller parler à untel ou untel en dehors parce qu’il n’est pas bien, d’aller négocier les primes avec le président de la FFF. Pour l’instant, je laisse cela de côté. Vous préférez rigoler avec Paul Pogba ? On s’entend très bien. C’est vrai que l’Euro nous a encore plus rapprochés. Paul est vraiment un chouette type. Il ‘‘vaut’’ le coup ! Vous échangez lorsque vous êtes dans vos clubs respectifs ? Oui, on s’envoie des messages, des Snapchats. C’est vraiment un bon ami. On se chambre bien, notamment lorsqu’il marque de la tête. Ici (à Clairefontaine), je travaille beaucoup mon jeu de tête et ça le fait bien rigoler. Quand il joue avec son club, j’essaie de le regarder pour voir s’il fait un bon match ou pas… Avec la dimension que vous prenez depuis deux ans, sentez-vous que les regards que vous portent les adversaires, les arbitres et vos coéquipiers changent ? Les arbitres, plus ! Maintenant, ils m’appellent ‘‘Griezmann’’ alors qu’avant ils ne savaient même pas qui j’étais. Ils avaient besoin de regarder mon nom derrière, sur mon maillot. Après, c’est vrai, ça se sent, quand un joueur a du poids sur le terrain, qu’il peut changer le cours d’un match, les attentes sont plus fortes. On attend notamment qu’il prenne plus de responsabilités sur le terrain. Quand vous décidez de vous emparer du ballon pour tirer un coup franc ou un penalty, le faites-vous coûte que coûte, peu importe ce que vous disent des coéquipiers ? Oui. À l’Atlético, c’est plus facile parce que je suis le meilleur buteur et cela donne beaucoup de confiance. Cela facilite les choses. Souvent, sur les pénos, il y a un ordre. Je suis le numéro 1. En équipe de France, en revanche, il n’y en a pas encore.

On verra s’il y en a un lors des deux prochains matches (il sourit)… En ce moment, je suis assez malchanceux (il reste sur deux tentatives manquées en une semaine), mais ça va revenir.

Il y a un petit blocage sur les penalties ?

Non. Parfois, c’est de la malchance, d’autres fois, c’est le gardien qui la sort.

Votre dernier penalty manqué en Ligue des champions, contre le Bayern Munich (1-0), a été énormément décortiqué. Était-ce voulu de tourner le dos à Manuel Neuer, au moment de poser le ballon sur le point de penalty ? Oui, parce que je l’avais fait pour l’Euro, en demi-finales (2-0 contre l’Allemagne), quand j’avais marqué. Je me suis dit que je n’allais pas changer…

Avez-vous le sentiment d’être considéré aujourd’hui comme l’égal de ces joueurs que l’on qualifie de ‘’fuoriclasse’’, comme Messi, Ronaldo ou même Neuer ? Je pense que j’ai encore à faire pour être leur égal, à commencer par gagner des titres. Eux en ont, en ont et en ont. Mais comme je l’ai dit dans une interview, par le passé, je veux m’installer à leur table. Et je pense que j’y arrive petit à petit. J’espère désormais y rester le plus longtemps possible. On a le sentiment, cependant, que vous avez de moins en moins peur de dire tout haut ce qui ne va pas, quand ça ne va pas. Par exemple, après le nul concédé à Leganés

En ce moment, je suis assez malchanceux sur penalty mais ça va revenir. Parfois, c’est de la malchance, d’autres fois, c’est le gardien qui la sort ’’ 

(0-0, le 27 août), en Liga, vous avez déclaré que si ça continuait comme ça, vous alliez lutter pour ne pas descendre. C’était fort. Et certains de vos coéquipiers, comme Saul Niguez, n’avaient pas aimé. J’avais mal fait de m’exprimer de façon publique. J’aurais mieux fait de le faire dans le vestiaire, parce que je sais que ça ne serait jamais sorti. Mais c’était ce que je pensais sur le moment. C’est pour ça que je l’ai dit. Cela signifie que vous êtes capable de prendre la parole dans le vestiaire. C’est un rôle de leader, non ? Disons que si j’ai un truc à dire, je le dirai. Mais c’était ce que je pensais. Je me suis laissé guider par ma spontanéité (il sourit). Cette sortie a-t-elle été utile, à l’arrivée ?

Peut-être puisqu’après, on a gagné tous nos matches. Peut-être que cela a piqué un peu tout le monde. Mais, encore une fois, c’était spontané. Il n’y avait pas de but caché. Je ne suis pas quelqu’un qui utilise les médias ou les conférences de presse pour faire passer des messages. Existe-t-il des moments où il est plus difficile de garder pour vous ce que vous ressentez que de l’exprimer ? Quand vous traversez des moments de joie, à l’image de la saison passée et de notre qualification contre le Bayern Munich pour la finale de la C 1, je pouvais dire ce que je ressentais. Après, il faut toujours faire attention de ne jamais se laisser embarquer par des sentiments négatifs pour dire les choses. Diego Simeone, votre entraîneur, vous demande-t-il d’être plus interventionniste dans le vestiaire ? Non, non. On a Diego Godin, on a Gabi pour ça. On a même lui (Simeone) qui le fait très bien. Il me demande juste d’être un joueur important sur le terrain et d’amener l’équipe vers la victoire. Un peu à l’image de Didier Deschamps qui veut que vous soyez un “leader offensif”, comme il l’a dit en conférence de presse. C’est quoi ? C’est créer des occasions, faire marquer, marquer. Je pense que ça doit être ça. Je suis sur le bon chemin. Est-ce aussi un joueur qui s’approprie les coups de pied arrêtés ?

Non, pour les coups de pied arrêtés, on a un grand tireur, Dimitri (Payet). Après, si la faute est de mon côté, je frapperai. Mais je peux laisser un coup franc, je peux laisser un penalty, je n’ai pas d’obsession là-dessus. Les Français se congratulent : ils viennent d’éliminer l’Allemagne en demi-finales de l’Euro (2-0) à Marseille. Antoine Griezmann a été l’homme du match en réussissant un doublé.

Vos prestations nourrissent des attentes de plus en plus fortes, forcément, dans les médias. Est-ce que la une de L’Équipe, le13juin, barrée de « L’inquiétude Griezmann », vous a gêné ? Oui, ça m’a fait chier. Parce que ce n’était pas juste. C’était juste après la Roumanie


Antoine Griezmann à son arrivée hier à Clairefontaine pour le rassemblement 
des Bleus avant les matches contre la Bulgarie et les Pays-Bas .

(2-1, le 10 juin) . Il n’y avait eu qu’un match. Alors, oui, ça m’avait fait chier parce que c’était aussi la presse française, celle qui doit nous aider, celle qui avec un bon article peut t’amener en haut, te donner de la confiance. Moi, j’attendais de la confiance, pas qu’on doute de moi dès le premier match. Mais après, j’ai bien joué, j’ai bien répondu. C’est le plus important. Et quand L’Équipe sort en une, le 20 septembre, “Votez Griezmann” ?

Ça, c’était le top ! C’est beaucoup de fierté, beaucoup de joie. Je crois que j’ai même envoyé un message privé sur Twitter pour remercier. C’était un grand geste et ça fait du bien. Cela me donne envie de continuer à travailler, un élan qui pousse à donner encore plus. Quand on atteint votre niveau, se sent-on le droit de revendiquer des préférences tactiques ? Le coach sait très bien où je me sens le mieux. Il suffit de regarder les matches où j’étais positionné à droite et ceux où j’ai été utilisé dans l’axe. Alors, oui, je me sens beaucoup mieux dans l’axe. Mais je ne suis personne pour réclamer quoi que ce soit. Vous êtes tout de même le meilleur joueur français du moment.

De mon point de vue, je ne suis qu’un joueur parmi les autres. Et je n’ai pas à dire : ‘‘Je veux jouer là.’’ Le sélectionneur a laissé entendre qu’il était prêt à construire l’équipe autour de vous.

Cela veut dire qu’il a beaucoup confiance en moi. C’est vrai que ça t’aide quand le coach met tout en oeuvre pour que tu te sentes le mieux possible. Je le vois avec l’Atlético de Madrid. Je vais à la guerre pour le coach. Et chez les Bleus, pareil, j’irai à la guerre pour Deschamps. Parlez-vous de plus en plus avec lui ?

Oui. À l’Euro, il m’a donné beaucoup de confiance dans ce qu’il disait. Au dernier rassemblement (en septembre), pareil. Il me dit ce qu’il attend, ce qu’il veut. Et il attend quoi ?

Que je sois assez libre. Que je prenne de temps en temps la responsabilité du jeu offensif. À la mi-temps de France -Eire (2-1), en huitièmes de finale de l’Euro, le 26 juin, à Lyon, lorsque le sélectionneur change de système et vous installe en pointe...

(Il coupe.) Là, j’ai dit : ‘‘C’est pour moi ! Il faut que je gagne ce match.’’ On perdait 1-0 à cet instant. Quand il a annoncé que je passais dans l’axe, j’ai eu un petit sourire et je me suis dit qu’il fallait que je montre que je pouvais faire gagner l’équipe en étant à ce poste. Dans ma tête, c’était : ‘‘Celle-là,

elle est pour moi.’’ Et je suis allé au bout, grâce à un centre de “Bac” (Sagna) comme je les aime, puis à une remise parfaite d’“Olive” (Giroud). Dans une interview au Parisien Magazine, en septembre, vous déclariez qu’à la maison, votre compagne Erika était “la patronne ”. Oui, je l’appelle la « jefa » (en espagnol). Elle m’aide beaucoup. Moi, j’ai besoin d’être bien dans ma vie privée pour être bien sur le terrain. Elle fait tout pour que je sois en pleine forme avec le sourire. Finalement, vous n’êtes le patron nulle part ? C’est un mot que vous n’aimez pas ?

(Il se marre.)

Non, non, ce n’est pas que je n’aime pas. C’est juste que je suis plutôt comme ça, à ne pas me prendre la tête et à profiter de la vie. Du ballon. Du terrain. » (*) Un sondage pour Winamax et RTL effectué auprès d’un échantillon de 1 009 personnes âgées d’au moins 18 ans.

***
Deschamps s’est adapté pour lui

ÉMERY TAISNE

Plus à l’aise dans une position axiale, Antoine Griezmann a obtenu gain de cause durant l’Euro, à la mi-temps du huitième de finale face à l’Eire.

En équipe de France, la dimension prise par Antoine Griezmann depuis un an se mesure aussi dans les choix de Didier Deschamps. Lorsqu’il s’agit de l’attaquant de l’Atlético de Madrid, le sélectionneur semble prêt à accepter ce qu’il se refuse à faire, par exemple, pour un joueur tel que Paul Pogba : construire, d’une certaine manière, son équipe autour de lui. Le patron des Bleus n’aime pas l’idée, il l’a répété hier, mais, conscient de ce que le natif de Mâcon peut lui apporter en termes d’efficacité, il a bien été obligé de s’incliner. « C’est rentré dans ma réflexion avant et pendant l’Euro, a concédé Deschamps. Je ne vois pas pourquoi ça changerait aujourd’hui. »


Après l’avoir fait débuter sur l’aile gauche pour pallier la défection de Franck Ribéry lors de la Coupe du monde 2014, puis installé le plus souvent sur le côté droit pour qu’il rentre sur son bon pied lors des matches amicaux avant l’Euro, « DD » a changé son système pour lui, en cours de compétition – à la mi-temps du 8e de finale face à l’Eire où il renversa la situation avec son doublé en trois minutes (2-1) –, pour le placer là où il se sent le mieux, en soutien de l’avant-centre. « Il faut tenir compte de ce qu’il est capable de faire, s’est-il justifié. Avec son club, il joue en tant que deuxième attaquant même si ça peut aussi lui arriver d’être sur un côté. Il ne rechigne pas mais c’est sûr que son efficacité n’est pas la même. C’est un attaquant qui est dans la finition. » Avec son titre de meilleur buteur de l’Euro (6 buts), Griezmann ne le contredira pas. Même si ses deux dernières sélections face à l’Italie (3-1, le 1erseptembre) et la Biélorussie (0-0, le 6) nous ont laissés sur notre faim parce qu’il reprenait tout juste la compétition, il a endossé le statut de leader d’attaque laissé vacant par Karim Benzema, dont le retour en bleu ne semble pas programmé dans l’immédiat (*). « Je n’attends rien de Karim, comme des autres, a insisté, hier, Deschamps en réponse à l’appel du pied de l’attaquant du Real Madrid, dimanche, dans Téléfoot (« En ce qui me concerne, je me tiens prêt »). Ce n’est pas ce qui peut être écrit ou leurs interviews qui vont changer quoi que ce soit à ce que je peux penser. » Avec la prise de pouvoir de Griezmann, le cas Benzema est devenu moins épineux sur le plan sportif. Dans la vie de groupe, en revanche, il ne faut pas trop attendre de « Grizzy ». « Antoine est souriant, il entraîne les autres mais je ne vais pas lui demander de faire des discours, précise le sélectionneur. Ce ne serait pas lui et il n’en a pas envie. » Marquer ou faire marquer lui suffit.

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Pas si hermétique

D. D.

La première impression, c’est qu’Antoine Griezmann est imperméable à tout : la pression, le regard des autres, la médiatisation. Puis, au fil de la discussion, on réalise que non, tout ne glisse pas sur lui. L’attaquant de l’équipe de France est sensible à la critique et aux louanges, comme tous les grands champions. La une de L’Équipe du 13 juin, trois jours après France - Roumanie pendant l’Euro, qui faisait état d’une inquiétude, l’a vexé. De la même manière que celle du 20 septembre, qui appelait à voter pour lui dans le cadre du Ballon d’Or, l’a flatté. Parce que, oui, Griezmann est devenu un candidat légitime au titre de meilleur joueur planétaire. Et si ce n’est pas pour cette année, ce sera peut-être pour la suivante. Mais pour tutoyer les étoiles, « s’asseoir à leur table », comme il dit, le Madrilène sait qu’il doit garnir son palmarès. Avec son club et avec les Bleus. Il sait aussi qu’il ne doit pas trop changer non plus. Et continuer à s’éclater comme il le fait, quitte à décevoir ceux qui l’imaginent avec le brassard autour du bras.

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36 - Le nombre de sélections d’Antoine Griezmann en équipe de France, depuis ses débuts en sélection en 2014, pour 13 buts marqués.

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