Avec ce livre, il revisite la carrière de Bernard Hinault


Recueilli par Thibault BURBAN
14 Nov 2024 - Ouest-France (Saint-Brieuc, Lamballe)

Alors que Bernard Hinault souffle ses 70 bougies aujourd’hui, sa carrière est revisitée dans un livre par Jean Cléder, maître de conférences à Rennes. L’ouvrage sera dédicacé ce week-end, à Dinan.

En tant que maître de conférences, pourquoi vous intéressez-vous au sport et plus particulièrement au cyclisme ?

Je travaille sur les rapports entre littérature et cinéma et entre texte et image depuis très longtemps. Ce qui m’a beaucoup intéressé dans le sport, c’est la façon dont on cherche à raconter les événements en articulant texte et image. Dans le cyclisme en particulier, c’est très problématique puisqu’on lance sur la route 200 personnages le matin, qui s’éparpillent toute la journée. Et à un moment, il faut bien raconter l’histoire.

Parallèlement, j’ai fait beaucoup de sport, du judo, mais il n’y avait rien d’écrit sur cette discipline à mon époque. Alors que pour le cyclisme, il y avait beaucoup d’écritures, de photographies, de dessins. Cela m’intéressait de comprendre comment on fabrique des récits à partir de l’action concrète. C’est ça qui a fait que je me penche autant sur Jean-Luc Godard et Marguerite Duras que sur Eddy Merckx et Bernard Hinault.

Votre dernier ouvrage concerne Bernard Hinault. Pourquoi ce coureur ?

Il se définit lui-même comme le plus grand champion, après Eddy Merckx, dans l’histoire du cyclisme. C’était quelqu’un qui avait un sens remarquable de la dramaturgie et du spectacle. Il avait des aptitudes qui lui permettaient de réaliser des exploits invraisemblables. Il a aussi contribué à des progrès importants dans son sport. On utilise toujours dans les pelotons des pédales qui ont été mises au point par Bernard Hinault.

Pourquoi écrivez-vous « Bernard H » dans le récit ?

Je le connais depuis longtemps et je voulais me donner de la liberté de manoeuvre. J’en ai fait mon personnage, sans rien falsifier. D’un côté, il y a une narration très enthousiaste. Et de l’autre, les commentaires que Bernard Hinault fait sur le récit. Avec le maximum d’illustrations, une documentation très précise. J’avais des dizaines de kilos de documents, dont pas mal de magazines Miroir du cyclisme.

Comment avez-vous construit votre récit ?

Le défi, c’était de rendre vivants et présents des événements qui ont eu lieu il y a quarante ans, saison après saison. Tout est raconté au présent, comme si on ne savait pas ce qui allait se passer. J’ai tout rédigé durant l’été 2023. À l’automne, on a fait des entretiens avec Bernard Hinault, chez lui. Je voulais que le livre commence sur sa vie présente, à la campagne. C’est quelqu’un qui a un rapport à la nature émouvant.

À propos de Bernard Hinault, vous écrivez que « l’action est son encre »...

Oui, ce n’est pas quelqu’un qui va faire 200 phrases sur la politique agricole commune, mais qui fait des choses sur son terrain à lui. Pareillement, ce n’est pas quelqu’un qui bavardait sur une situation de course, mais il prenait une initiative et il l’assumait pendant une journée complète. Son écriture à lui, c’est l’action.

Des coureurs actuels vous inspirent-ils ?

Aujourd’hui, pour moi, le grand coureur n’est pas le Slovène Tadej Pogacar mais le Belge Remco Evenepoel. Il a un corps qui ressemble à ses performances.

C’est un excellent meneur d’hommes et un vrai styliste. Bernard Hinault était aussi un grand coureur parce qu’il avait un style parfait. Il avait un coup de pédale très exact.

Hinault 1975-1986, de Jean Cléder et BernardHinault, Mareuil éditions, 224 pages, 28 €. BernardHinault dédicacera le livre ce week-end, au Salon des collectionneurs vélo, salle du Clos-Gastel, à Dinan.

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