Bernard Hinault : « Je vais vivre jusqu’à cent ans ! »

Le « Blaireau » fête ses 70 ans, aujourd’hui. Le Costarmoricain, dernier Français vainqueur du Tour de France, en 1985, est encore bien d’attaque, fidèle à lui-même. « Dans ma tête, moi, j’ai 20 ans », dit-il.

« La mort, j’en parle assez facilement »
   - Bernard Hinault (70 ans), quintuple vainqueur du Tour de France (1978, 1979, 1981, 1982, 1985).

Recueilli par Gaspard BREMOND et Vincent COTE.
14 Nov 2024 - Ouest France (Cholet)

Vous fêtez vos 70 ans. Le temps qui passe, comment l’appréhendezvous ?

Dans ma tête, moi, j’ai 20 ans. C’est tout ! À partir du moment où tu n’as pas de problème de santé… C’est de la rigolade.

C’est sûr, tu as un petit peu d’arthrose dans les poignets parce que tu as fait beaucoup de vélo. Mais le fait aussi de pouvoir être très souvent avec des jeunes, de ne pas être enfermé devant ta télévision en train de regarder tous les jeux et tout ce que tu veux, ça va… J’ai encore une vie très active.

Au fond, vous n’avez jamais eu de pépins, de grosses blessures ? 

Dans toute ma carrière, je me suis cassé des côtes, bien sûr, mais ce n’était pas dans le vélo. J’ai eu le nez cassé sur le vélo. Mais autrement, je n’ai rien eu. Et ça, c’est important. C’est pour ça que moi, je vais vivre jusqu’à 100 ans (rires) !

Il paraît que dernièrement, vous avez fait un test cardiaque…

Oui, c’est vrai… Bon, j’ai demandé au professeur Carré, avec qui je m’entends super bien, qui est cardiologue et médecin du sport, de faire un petit test cardiaque juste pour voir un peu si la machine allait bien. Je suis à 175 % par rapport à la moyenne de mon âge. Donc oui, le moteur va bien !

Quand vous regardez dans le rétro, que vous inspire votre vie, votre parcours ?

J’ai eu une vie de rêve. (Il répète) J’ai eu une vie de rêve ! Je suis bien entouré avec ma femme, ma famille. J’ai eu une enfance de rêve aussi. Avec mes parents, ils sont décédés aujourd’hui, j’ai vécu des choses incroyables. J’ai fait tout ce que je voulais. J’étais compétiteur, et j’ai gagné. Qu’est-ce que tu peux avoir de plus ?

Sur la décennie à venir, quelles sont vos envies ?

De partager des moments avec mes enfants, mes petits-enfants. Et puis avec tout le monde. De ne pas m’enfermer dans un truc. Pour l’instant, je n’ai pas Alzheimer, je n’ai pas de maladie, donc, profitons de la vie. C’est quand même pas mal, non ?

Quand on a 70 ans, justement, estce qu’on pense à la mort ? Est-ce que c’est quelque chose qui vous travaille plus qu’avant ?

Non. Moi, comme je vous le disais, je suis parti du principe que je vais vivre jusqu’à 100 ans. Et l’espoir fait vivre, non ? Peut-être que je n’irai pas jusque-là, mais au moins, j’y aurai pensé. La mort, j’en parle assez facilement. On ne peut pas savoir. Si ça se trouve, dans dix minutes, je suis mort… Mais ça va changer quoi d’y penser ? De toute façon, tu ne seras pas là pour dire ensuite que ça s’est bien passé ou mal passé. La seule chose où je serais ennuyé, c’est d’avoir une cochonnerie qui fait que tu n’es plus apte à être physiquement bien. Des maladies longues, dures, des choses comme ça, où tu souffres, les autres aussi. Dans ces cas-là, il vaut mieux dire : « Allez, au revoir, c’est fini, on n’en parle plus ! »

Vous pensez à la fin de vie…

Oui. Ça ne sert à rien de laisser les gens en train de souffrir. Moi, j’ai vu mon frère. Quand j’ai vu comment il pouvait souffrir, ce n’était pas possible… Pourquoi on n’arrête pas tout de suite ? On savait très bien qu’il allait mourir. Donc à un moment donné, qu’on arrête nos conneries quoi… Et quand on voit ceux qui sont contre, ce n’est pas eux qui sont en face de la maladie, à lutter… Laissons en paix ceux qui décident de mourir, et qu’on leur donne un coup de main s’il le faut.

Vous avez le sentiment qu’on est en retard, en France, sur ce sujet ?

Je ne vois pas pourquoi dans d’autres pays européens, on le fait, et pas nous ? Parce qu’on sait très bien parfois que la personne est condamnée. Les médecins le savent très bien. Alors pourquoi le voir souffrir ? Moi, on arrêterait tout, tout de suite.

« Ça se voit sur ma gueule, non ? »

Vous avez des petits-enfants. Quel message souhaitez-vous leur transmettre ?

Qu’ils soient courageux, et qu’ils aiment ce qu’ils font. Bon, s’ils ont la possibilité de faire du sport, qu’ils s’éclatent, qu’ils se fassent plaisir… Mais ce n’est pas moi qui vais choisir pour eux. Ce qui m’intéresse le plus, c’est qu’ils fassent du sport. Après, qu’ils fassent du vélo, du rugby, du foot, je m’en fiche. Mais qu’ils soient heureux, c’est ça le plus important. Et qu’on partage des moments ensemble car c’est fabuleux.

Les anniversaires, au fait, vous aimez ça ?

Je fais avec. Il ne faut pas se poser la question. Tu les as, les 70 ans. Donc qu’on fasse la fête, c’est peut-être aussi bien plutôt que de rester dans ton petit coin et s’emm… Autant partager un moment avec des amis, non ?

En tout cas, vous êtes un heureux septuagénaire…

Ah bah oui ! Ça se voit sur ma gueule, non ?

Recueilli par Gaspard BREMOND et Vincent COTE.

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