« Quand j’ai arrêté en 1986, on a fait la fête pendant trois jours… »


À l’occasion de ses 70 ans, Bernard Hinault a revisité pour Ouest-France les grandes décennies de sa vie.

Recueilli par G.BetV.C.
14 Nov 2024 - Ouest France (Cholet)

«J’étais un bagarreur. Tous les jours, en rentrant de l’école, il fallait qu’il y ait de la bagarre derrière l’église. C’est peut-être le début de ma carrière. Il fallait toujours qu’il y ait quelque chose en face pour que j’avance. J’ai eu des parents qui m’ont aimé, qui m’ont dit si tu veux faire du sport, tu te débrouilles. Tu veux quelque chose, tu vas te le chercher, et tu bosses. 

Jusqu’à 14 ans, j’ai fait du cross l’hiver, de l’athlétisme, puis du vélo comme mon cousin. La première course que j’ai faite, j’ai dit à ma mère le matin : « Je vais te ramener un bouquet ». Et ma mère m’a répondu : « Espèce d’innocent ». Et puis quand je suis rentré à la maison, j’avais un plaisir.» bouquet… Le vélo, pour moi c’était du plaisir.

L’espoir

Le cyclisme, ça n’a jamais été un métier pour moi. Je voulais m’amuser, jouer avec les autres. Quand j’arrive à Gand-Wevelgem, la première course importante que je gagne, j’ai des équipiers qui me disent : « Bon, nous, on n’est pas trop en forme, fais ce que tu veux », je me retrouve devant et je vais chercher la victoire. Et à partir de là, tu te dis : « Ce n’est pas si mal finalement, peut-être qu’on pourrait faire un peu mieux ». Et puis quatre jours après, tu gagnes Liège-Bastogne-Liège. Et là, ça commence. Ça commence vraiment à être des grands moments. Tu enchaînes avec le Dauphiné, la progression, la planification avec Cyrille Guimard pour le Tour de France 1978, c’était parti…

La légende

Entrer dans la légende ? Tu t’en fous complètement… Toi, tu es là pour t’amuser, tu es là pour courir, pour gagner. Et ce sont des choses très différentes à chaque fois, des histoires nouvelles. Bon, à Liège-Bastogne-Liège, Cyrille Guimard (son directeur sportif) me dit : « Enlève ton imper ». J’ai dit : « Espèce d’idiot. Tu as vu comment il fait froid ». Mais quand tu as froid, qu’est-ce que tu fais ? Tu roules, tu te réchauffes. Comme j’avais déjà une bonne condition physique, je suis parti et c’était terminé… Les autres ne sont pas revenus. Il restait quand même 80 km. Le championnat du monde 1980, c’était un pari que j’avais fait avec l’entraîneur national, Richard Marillier, où j’avais dit qu’on serait champion du monde à domicile. Et on l’a fait. Après, quand tu gagnes, tu as une équipe, tu as une joie entre tous les mecs, les mécanos, les kinés, c’est un ensemble… Ce n’est pas simplement toi. Mais je dirais presque que tu es un peu hypocrite parce que tu ne penses pas à ta famille. J’étais parti presque courses.» 9 mois sur 12 entre les entraînements et les courses.

Le néo-retraité

Je pouvais peut-être encore continuer. Mais j’avais vu deux champions, Merckx et Anquetil, qui à 32 ans étaient performants et à 34 n’y étaient plus trop. Donc j’ai voulu arrêter avant d’être dans le creux de la vague. L’image des champions qui sont tes idoles doit te servir. Et donc tu dois déjà préparer ta reconversion. Et moi, je me suis arrêté en faisant la fête. Parce qu’il ne fallait pas que ce soit un enterrement. Donc en 1986, on a fait la fête pendant trois jours. Et jeu…» de là, je suis rentré dans la vie active. Parce qu’avant, c’était du jeu...

L’agriculteur

Quand tu as vécu pendant quinze ans dehors grâce au cyclisme, tu ne te vois pas le cul dans un bureau, non. Tu as envie d’aller voir un peu ailleurs, et puis des choses qui vivent. Parce que l’agriculture, l’avantage, c’est que quand tu t’impliques dedans, tu sais assez vite le résultat. Tu regardes : j’ai bien bossé, j’ai mal bossé. Quand tu fais de l’élevage, c’est la même chose. Donc c’est vivant. Et ça, c’était très important pour moi. Moi, je n’étais pas un paysan au départ. Mais tu apprends. Il n’y a pas d’âge pour apprendre. Tu n’as pas besoin d’avoir un paquet de diplômes pour être bon.

Le grand-père

J’ai été longtemps ambassadeur pour ASO, et toutes les courses, c’était le week-end. Donc tu es souvent parti, tu ne vois pas trop ta famille encore. À 62 ans, quand j’ai arrêté ASO, j’ai commencé à être beaucoup plus avec mes enfants et mes petits enfants. Je me suis arrêté parce que je voulais voir mes petits-enfants courageux.» 
Recueilli par G.BetV.C.

***

Bernard Hinault en bref

Né le 14 novembre 1954, à Yffiniac (Côtes-d’Armor).

Palmarès : Cinq Tours de France (1978, 1979, 1981, 1982, 1985) ; trois Tours d’Italie (1980, 1982, 1985), deux Tours d’Espagne (1978, 1983) ; champion du monde (1980), champion de France (1978), cinq « Monuments » (Liège-Bastogne-Liège 1977 et 1980, Tour de Lombardie 1979 et 1980, Paris-Roubaix 1981), 146 victoires au global.

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“Quando ho smesso nel 1986, 
abbiamo fatto festa per tre giorni...”

In occasione del suo 70° compleanno, Bernard Hinault ha parlato a Ouest-France dei decenni più importanti della sua vita.

Intervista di G.BetV.C.

14 novembre 2024 - Ouest France (Cholet)

“Ero un attaccabrighe. Ogni giorno, quando tornavo da scuola, c'era una rissa dietro la chiesa. Forse è stato l'inizio della mia carriera. Doveva sempre esserci qualcosa dall'altra parte perché io potessi andare avanti. Ho avuto genitori che mi hanno amato e che mi hanno detto che se vuoi fare sport, devi cavartela da solo. Se vuoi qualcosa, te la vai a prendere e ci lavori.

Fino a 14 anni ho fatto corsa campestre in inverno, atletica, poi ciclismo come mio cugino. Alla prima gara che ho fatto, la mattina ho detto a mia madre: “Ti porto un mazzo di fiori”. E mia madre mi rispose: “Stupida innocente”. E poi, quando sono tornato a casa, mi sono divertita un sacco”... Il ciclismo è stato un divertimento per me".

La speranza

"Il ciclismo non è mai stato una professione per me. Volevo divertirmi, giocare con gli altri. Quando sono arrivato alla Gand-Wevelgem, la prima corsa importante che ho vinto, avevo dei compagni di squadra che mi hanno detto: “Ok, non siamo in gran forma, fai quello che vuoi”, e io mi sono trovato davanti e sono andato a vincere. E da quel momento in poi ti dici: “Non è poi così male, forse potevamo fare un po' meglio”. E poi, quattro giorni dopo, vinci la Liegi-Bastogne-Liegi. Ed è allora che inizia tutto. Questi momenti iniziano a essere davvero grandiosi. Poi ho vinto il Delfinato, ho fatto progressi, ho pianificato con Cyrille Guimard il Tour de France del 1978 e tutto è inziiato...".

La leggenda

Per diventare una leggenda? Non te ne frega niente... Sei lì per divertirti, sei lì per correre, per vincere. E ogni volta è molto diverso, ci sono nuove storie”. Alla Liegi-Bastogne-Liegi, Cyrille Guimard (il suo team manager) mi disse: “Togliti il mackintosh”. Io ho risposto: “Idiota. Hai visto che freddo fa”. Ma quando hai freddo, cosa fai? Si pedala e ci si riscalda. Dato che ero già in buone condizioni fisiche, sono partito e così è stato... Gli altri non sono tornati. Mancavano ancora 80 km. Il campionato del mondo del 1980 era una scommessa che avevo fatto con l'allenatore della nazionale, Richard Marillier, dicendo che saremmo diventati campioni del mondo sul suolo di casa. E così è stato. Dopo di allora, quando vinci, hai una squadra, hai una gioia tra tutti i ragazzi, i meccanici, i fisioterapisti, è un insieme... Non sei solo tu. Ma direi quasi che sei un po' ipocrita perché non pensi alla tua famiglia. Ero quasi fuori dalle corse”. 9 mesi su 12 tra allenamenti e gare.

Il neo-pensionato

Forse potevo ancora continuare. Ma avevo visto due campioni, Merckx e Anquetil, che a 32 anni andavano bene e a 34 no. Quindi volevo fermarmi prima di toccare il fondo. L'immagine dei campioni che sono i tuoi idoli deve servirti. Quindi devi iniziare a prepararti per la tua prossima carriera. E ho smesso mentre festeggiavo. Perché non volevo che fosse un funerale. Così nel 1986 abbiamo festeggiato per tre giorni. E da lì sono tornato al lavoro. Perché prima era tutto un divertimento e un gioco...

Il contadino

Quando vivi di ciclismo per quindici anni, non ti vedi con il culo in un ufficio, no. Vuoi andare a vedere un contadino. Vuoi uscire e vedere cose vive. Il vantaggio dell'agricoltura è che quando ci si impegna, si vedono subito i risultati. Si guarda: ho fatto bene, ho fatto male. Quando si alleva il bestiame, è la stessa cosa. Quindi è una cosa viva. E questo è stato molto importante per me. All'inizio non ero un agricoltore. Ma si impara. Non c'è limite di età per imparare. Non è necessario avere molti diplomi per essere bravi.

Il nonno

Per molto tempo sono stato ambasciatore dell'ASO e tutte le gare si svolgevano nel fine settimana. Quindi sei spesso fuori casa, non vedi spesso la tua famiglia. Quando ho smesso di lavorare per ASO, all'età di 62 anni, ho iniziato a passare molto più tempo con i miei figli e i miei nipoti. Ho smesso perché volevo vedere i miei nipoti diventare coraggiosi”.

Intervista di G.BetV.C.

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Hinault in breve

Nato il 14 novembre 1954 a Yffiniac (Côtes-d'Armor).

Elenco dei premi: Cinque Tour de France (1978, 1979, 1981, 1982, 1985); tre Giri d'Italia (1980, 1982, 1985), due Giri di Spagna (1978, 1983); campione del mondo (1980), campione di Francia (1978), cinque “Monumenti” (Liegi-Bastogne-Liegi 1977 e 1980, Giro di Lombardia 1979 e 1980, Parigi-Roubaix 1981), 146 vittorie complessive.

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