En Guardiola ils croient (encore)


Dans une spirale sportive négative qu’il n’a jamais connue dans toute sa carrière, l’entraîneur catalan des Citizens inquiète comme il captive. Reportage sur ses traces à Manchester, où toute la partie bleu ciel de la ville n’ose pas imaginer un monde san

21 Dec 2024 - L'Équipe
NATHAN GOURDOL (Photos : JEAN-BAPTISTE AUTISSIER)

MANCHESTER (ANG) - Il ne faisait pas toujours gris sur Manchester cette semaine – fait remarquable à cette période –, mais jamais la fresque de Pep Guardiola face à l’Etihad Stadium n’avait paru aussi terne. Englué dans la pire période de sa carrière d’entraîneur – huit défaites sur les onze derniers matches (pour deux nuls et une petite victoire), dont une débâcle dans le derby à domicile contre United dimanche avec deux buts encaissés en deux minutes (1-2) –, le boss de Manchester City rabâche luimême son désarroi. « Je suis le patron, je suis le manager et je ne suis pas assez bon, c’est aussi simple que ça » , soufflait-il encore dimanche, après avoir déjà eu plusieurs paroles très dures envers lui-même. À la boutique officielle mercredi matin, la tension se lisait sur les visages de la quinzaine de fans venus aider Father Christmas ( Père Noël en français) à mettre du bleu ciel sous les sapins. « La situation de Pep? Je préfère ne pas parler, je suis en famille, et ça va gâcher mes fêtes », balayait John, la cinquantaine, gros tatouage sur le cou – peut-être un hommage au gardien Ederson – avant que le personnel ne nous invite à casser l’ambiance plus loin.La fresque de Pep Guardiola à proximité de l’Etihad Stadium, le stade de Manchester City.

À la sortie, Robert Cousen, haut gradé de la police du Grand Manchester, se mon trait plus collaboratif. « Après tant de succès, nous pouvons, ou plutôt nous devons, accepter cette période de transition. Entre les blessures, nos derniers transferts pas fantastiques, c’était prévisible, mais il ne faut pas s’affoler, Pep va trouver la clé. Les plus jeunes n’ont pas vu certaines des choses que j’ai vues, quand nous étions une équipe très faible, et c’est difficile de comprendre pour eux » , glissait l’homme de 52ans, Citizen depuis 1980 et incapable de citer le nombre de matches « très souvent pourris » qu’il a vu avant l’arrivée du Catalan.

"C’est un héros, une légende, 
il est la meilleure chose qui a pu 
se passer dans nos vies"
   - ROBERT COUSEN, SUPPORTER DU CLUB DEPUIS 1980

Impossible, donc, d’imaginer l’avenir sans lui : « Pep a gagné suffisamment de crédit pour être ici pendant un long, très long moment. C’est un héros, une légende, il est la meilleure chose qui a pu se passer dans nos vies. Nous devons nous battre pour lui. La situation lui cause beaucoup d’angoisse, il ne dort pas bien, il ne mange pas bien, donc il faut des pensées et des prières pour lui, on doit tout faire pour qu’il aille mieux. »

Un peu plus loin, un chef de chantier que nous nommerons Tommy, pour ne pas compromettre son identité de « fan de Liverpool », regardait les grues s’activer derrière l’Etihad Stadium, avant de nous répondre d’un air narquois: « Certains gars ont fait n’importe quoi ce matin, tout part de travers dans ce club ou quoi? » En face, chez Tony’s Stadium Chippy, attenant au Mary D’s Bar, les fish et les chips étaient dans le bain d’huile pendant que certains fans taillaient le bout de gras. Là encore, pas question de toucher à l’icône Guardiola, mais les oreilles de Phil Foden, Kyle Walker et Bernardo Silva ont sifflé, comme celles des dirigeants, sommés d’allonger la monnaie pour renforcer d’urgence l’effectif.

En quittant la zone acquise aux Citizens à l’est, un arrêt chez Empire Exchange, boutique jouxtant Piccadilly Gardens et remplie de vieilleries dont de superbes reliques de foot anglais, permet de comprendre que la situation de Guardiola n’est pas centrale pour toute la ville. « Peut-être qu’il aura sa place ici plus tard, mais, pour l’instant, vous trouverez cent fois plus de trucs sur le grand sir Alex ( Ferguson) » , glissait un habitué. L’opposition entre Guardiola et Ferguson est revenue très souvent, avec des points de vue tranchés. « Tout dépend de quel côté tu te trouves, se marre Simon Bajkowski, chef du suivi de Manchester City au Manchester Evening News. Il y a, d’une part, le nombre de trophées de sir Alex Ferguson, le fait qu’il a réussi à construire et reconstruire ses équipes. Et, de l’autre, l’impact incroyable de Pep à travers le jeu avec sa philosophie. Il a complètement transformé la balance du pouvoir dans le foot mancunien, changé le paysage. Il a réalisé des choses que Ferguson n’a jamais faites, et son influence va bien au-delà de Manchester. »

"Pour eux (les supporters de City), 
ce n’est pas une crise"
   - TIM RICH, AUTEUR DE « CAUGHT BENEATH THE LANDSLIDE », 
      ENQUÊTE SUR LES DÉBOIRES DES CITIZENS AVANT LA REPRISE PAR ABU DHABI

Intarissable sur l’ère du Catalan à City, à qui il a consacré l’ouvrage The Blueprint, sorti en octobre, Bajkowski refuse de croire à

son prochain départ: « Il est sous pression, oui, mais surtout parce qu’il se la met luimême. Il sait qu’il n’y a pas de candidat meilleur que lui pour son poste. Pas seulement pour sauver la saison, mais aussi pour guider la reconstruction, qui devient la priorité. Les gens proches de Guardiola assurent qu’il veut reconstruire. Ça rassure le vestiaire, qui ne l’a pas lâché. » A-t-il pour autant

l’immunité absolue? « Non, les propriétaires et le président sont axés sur le business, ils savent que plus ça dure plus ils auront de problèmes. Mais il a probablement plus de crédit qu’aucun entraîneur n’en a jamais eu. Je ne pense pas qu’il sera viré un jour. S’il part, ce sera sa décision. »

***


« Il nous a déjà donné neuf ans, c’est fou »

Freddie Pye, 25 ans, fondateur du site City Xtra dédié aux Citizens et suivi par près de 2 millions d’abonnés, témoigne de l’héritage de Pep Guardiola à Manchester.

“Ce qu’il apprécie vraiment, c’est le calme qu’on lui laisse. C’est une ville très respectueuse envers les célébrités

« Quelle est la responsabilité de Pep Guardiola dans cette crise?

Le problème, c’est l’effectif. On entend parfois que City est bon dans ses mercatos, mais ils sont devenus naïfs et un peu légers. Guardiola a une part de responsabilité car il veut tout gérer, et a préféré avoir un groupe resserré avec des profils qui peuvent jouer dans trois positions. Mais quand tu as une saison de 60 matches, tu as besoin de 25-30 joueurs. Donc oui, c’est un peu sa faute. Un peu. Mais je m’inquiète plus pour Hugo Viana ( futur directeur sportif), qui va avoir un travail colossal l’été prochain. Pep, c’est Pep, tu ne peux pas le toucher.

Même si l’équipe s’enfonce encore?

Non, c’est impossible qu’il parte, peu importe ce qui se passera. Il ne peut pas partir. Quand il est arrivé en 2016, il a dû tout changer. En 2020, pareil. Et là, c’est la troisième génération qu’il faut construire. L’équipe est arrivée à la fin de son cycle et a besoin d’un rafraîchissement. Il faut de la résilience jusqu’à la prochaine saison. Il doit rester. Personne n’ose imaginer un futur sans lui.

Les supporters sont unanimes à ce sujet ?

Totalement, ceux qui vont au stade comme les autres, 99,99% des fans. Sur certains matches, il y a de l’incompréhension. Feyenoord à 3-0 ( le 26 novembre en Ligue des champions), il enlève trois gars et tout s’écroule (3-3). Il y a aussi son insistance à faire jouer certains joueurs à des postes où ça ne marche pas, comme Rico Lewis, Matheus Nunes. Mais après, tu te dis que c’est le meilleur du monde, que c’ est toujours lui qui a fait le succès.

Quel héritage a- t-ilconstruit à Manchester?

D’abord personne ne pouvait imaginer qu’un gars de Barcelone, habitué au soleil, à la plage, la bonne bouffe, aimerait Manchester à ce point. C’est anormal. Mais ce qu’il apprécie vraiment, c’est le calme qu’on lui laisse. C’est une ville très respectueuse envers les célébrités. Hormis l’hiver, qui dure longtemps ici, tout est parfait pour lui. Il nous a déjà donné neuf ans, c’est fou. Quand il a signé, on pensait qu’il allait gagner quelques Premier League et s’en aller. Mais ce qu’il a fait, personne ne l’avait rêvé. Au-delà des titres, c’est la manière. C’est l’héritage ultime. Si vous regardez un match amateur le dimanche, dans une cour d’école ou un parc, n’importe où en Angleterre, ils vont essayer de jouer comme Pep, avec une passe du gardien vers le défenseur. Alors que personne ne voulait jouer comme sir Alex Ferguson ( entraîneur de Manchester United de 1986 à 2013). Pep a changé le football.»

***

Credono ancora in Guardiola

In una spirale negativa in termini sportivi che non ha mai vissuto in tutta la sua carriera, l'allenatore catalano dei Citizens è tanto preoccupante quanto accattivante. Seguiamo le sue orme a Manchester, dove l'intero settore blu della città non osa immaginare un mondo senza Guardiola.

MANCHESTER (INGHILTERRA) - Non è stato sempre grigio a Manchester questa settimana - un fatto notevole in questo periodo dell'anno - ma le prestazioni di Pep Guardiola all'Etihad Stadium non sono mai state così scarse. Incappato nel peggior periodo della sua carriera manageriale - otto sconfitte nelle ultime 11 partite (con due pareggi e una vittoria risicata), tra cui la debacle nel derby casalingo di domenica contro lo United, dove sono stati subiti due gol nel giro di due minuti (1-2) - lo stesso boss del Manchester City ha ribadito il suo sconforto. “Sono il capo, sono il manager e non sono abbastanza bravo, è così semplice. Sono il capo, sono il manager e non sono abbastanza bravo, è così semplice”, ha ribadito domenica, dopo aver già avuto parole molto dure per se stesso. Nel negozio ufficiale di mercoledì mattina, la tensione era evidente sui volti della quindicina di tifosi venuti ad aiutare Babbo Natale a mettere un po' di azzurro sotto gli alberi di Natale. “La situazione di Pep? Preferirei non parlare, sono con la mia famiglia e mi rovinerà le feste”, ha sbottato John, cinquantenne con un grosso tatuaggio sul collo - forse un omaggio al portiere Ederson - prima che lo staff ci invitasse a rompere ulteriormente gli animi.Il murale di Pep Guardiola vicino all'Etihad Stadium, lo stadio del Manchester City.

All'uscita, Robert Cousen, ufficiale superiore della Greater Manchester Police, è stato più collaborativo. “Dopo tanti successi, possiamo, anzi dobbiamo, accettare questo periodo di transizione. Tra gli infortuni e i recenti trasferimenti non proprio eccellenti, c'era da aspettarselo, ma non c'è da farsi prendere dal panico, Pep troverà la chiave. I giocatori più giovani non hanno visto alcune delle cose che ho visto io, quando eravamo una squadra molto debole, ed è difficile per loro capire”. Il 52enne, cittadino dal 1980, non è stato in grado di citare il numero di partite “spesso marce” che ha visto prima dell'arrivo del catalano.

“È un eroe, una leggenda, 
è la cosa migliore che potesse 
che potesse accadere nella nostra vita”.
   - ROBERT COUSEN, TIFOSO DEL CLUB DAL 1980

Pep si è guadagnato abbastanza credito da rimanere qui per molto, molto tempo. È un eroe, una leggenda, è la cosa migliore che potesse accadere nella nostra vita. Dobbiamo lottare per lui. La situazione gli provoca molta ansia, non dorme bene, non mangia bene, quindi dobbiamo pensare e pregare per lui, dobbiamo fare tutto il possibile per farlo stare meglio”.

Poco più avanti, un capocantiere, che chiameremo Tommy per non compromettere la sua identità di “tifoso del Liverpool”, stava osservando le gru al lavoro dietro l'Etihad Stadium, prima di rispondere sornione: “Alcuni ragazzi si sono dati da fare stamattina, va tutto male in questo club o cosa? Dall'altra parte della strada, al Tony's Stadium Chippy, adiacente al Mary D's Bar, il pesce e le patatine erano in bagno d'olio mentre alcuni tifosi tagliavano il grasso. Ancora una volta non si è voluto toccare l'icona di Guardiola, ma le orecchie di Phil Foden, Kyle Walker e Bernardo Silva hanno fischiato, così come quelle dei dirigenti, chiamati a stanziare urgentemente i soldi per rinforzare la squadra.

Lasciando l'area acquisita dai Citizens a est, una sosta all'Empire Exchange, un negozio vicino a Piccadilly Gardens pieno di oggetti d'antiquariato, tra cui superbi cimeli del calcio inglese, rende chiaro che la situazione di Guardiola non è centrale per l'intera città. “Forse si inserirà qui più avanti, ma al momento si trovano cento volte più cose sul grande Sir Alex (Ferguson)”, ha detto un cliente abituale. ha detto un cliente abituale. La contrapposizione tra Guardiola e Ferguson si è ripetuta più volte, con punti di vista molto netti. Tutto dipende da quale parte si sta”, ha detto ridendo Simon Bajkowski, responsabile del monitoraggio del Manchester City, al Manchester Evening News. Da un lato c'è il numero di trofei vinti da Sir Alex Ferguson e il fatto che sia riuscito a costruire e ricostruire le sue squadre. Dall'altro, l'incredibile impatto di Pep sul gioco con la sua filosofia. Ha trasformato completamente l'equilibrio del potere nel calcio mancuniano e ha cambiato il panorama. Ha fatto cose che Ferguson non ha mai fatto e la sua influenza va ben oltre Manchester”.

“Per loro (i tifosi del City), 
non è una crisi”.
   - TIM RICH, AUTORE DI “CAUGHT UNDER THE LANDSLIDE, 
      UN'INDAGINE SUI PROBLEMI DEI CITTADINI PRIMA DELL'ACQUISIZIONE DA PARTE DI ABU DHABI

Commentatore incallito del periodo trascorso dal catalano al City, al quale ha dedicato il libro The Blueprint, pubblicato a ottobre, Bajkowski si rifiuta di credere che se ne andrà presto: “È sotto pressione, sì, ma soprattutto perché se la mette da solo. Sa che non c'è un candidato migliore di lui per il suo lavoro. Non solo per salvare la stagione, ma anche per guidare la ricostruzione, che sta diventando la priorità”. Le persone vicine a Guardiola ci assicurano che vuole ricostruire. Questo rassicura lo spogliatoio, che non ha rinunciato a lui”. Questo significa che ha l'immunità assoluta?

No, i proprietari e il presidente sono uomini d'affari e sanno che più si va avanti, più problemi avranno. Ma probabilmente ha più credito di qualsiasi altro allenatore. Non credo che sarà mai licenziato. Se se ne andrà, sarà una sua decisione”.

***

“Ci ha già dato nove anni, è pazzesco”.

Freddie Pye, 25 anni, fondatore del sito City Xtra dedicato ai Citizens e seguito da quasi 2 milioni di abbonati, testimonia il lascito di Pep Guardiola a Manchester.

“Quello che apprezza davvero è la pace e la tranquillità che gli diamo. È una città molto rispettosa nei confronti delle celebrità”.

Qual è la responsabilità di Pep Guardiola in questa crisi?

Il problema è la squadra. A volte si sente dire che il City è bravo con i suoi mercatos, ma sono diventati ingenui e un po' spensierati. Guardiola è in parte responsabile perché vuole gestire tutto e ha preferito avere una rosa ristretta con profili che possono giocare in tre posizioni. Ma quando hai una stagione di 60 partite, hai bisogno di 25-30 giocatori. Quindi sì, è un po' colpa sua. In una certa misura. Ma sono più preoccupato per Hugo Viana (futuro direttore sportivo), che avrà un lavoro colossale la prossima estate. Pep è Pep, e non si tocca.

Anche se la squadra dovesse sprofondare ulteriormente?

No, è impossibile che se ne vada, qualunque cosa accada. Non può andarsene. Quando è arrivato nel 2016, ha dovuto cambiare tutto. Nel 2020, lo stesso. E ora è la terza generazione che deve essere costruita. La squadra ha raggiunto la fine del suo ciclo e ha bisogno di una rinfrescata. Abbiamo bisogno di resilienza fino alla prossima stagione. Lui deve restare. Nessuno osa immaginare un futuro senza di lui.

I tifosi sono unanimi su questo punto?

In generale, quelli che vanno allo stadio come tutti gli altri, il 99,99% dei tifosi. In alcune partite c'è una mancanza di comprensione. Il Feyenoord sul 3-0 (il 26 novembre in Champions League), toglie tre giocatori e tutto crolla (3-3). Inoltre, si ostina a far giocare certi giocatori in posizioni che non funzionano, come Rico Lewis e Matheus Nunes. Ma poi ti dici che è il migliore al mondo, che è sempre stato lui a portarci al successo.

Che eredità ha costruito a Manchester?

Innanzi tutto, nessuno avrebbe potuto immaginare che un ragazzo di Barcellona, abituato al sole, alla spiaggia e al buon cibo, avrebbe amato così tanto Manchester; non è normale. Ma ciò che apprezza davvero è la pace e la tranquillità. È una città molto rispettosa delle celebrità. A parte l'inverno, che qui dura a lungo, tutto è perfetto per lui. Ci ha già dato nove anni, è pazzesco. Quando ha firmato, pensavamo che avrebbe vinto qualche campionato di Premier e se ne sarebbe andato. Ma quello che ha fatto è qualcosa che nessuno si sognava. Al di là dei titoli, è il modo di fare. Questa è il suo lascito definitivo. Se guardate una partita dilettantistica della domenica, nel cortile di una scuola o in un parco, ovunque in Inghilterra, cercheranno di giocare alla Pep, con un passaggio dal portiere al difensore. Mentre nessuno voleva giocare come Sir Alex Ferguson (manager del Manchester United dal 1986 al 2013). Pep ha cambiato il calcio.

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