Au chat et à la souris


Primoz Roglic et Juan Ayuso ont terminé le Tour de Catalogne par deux heures de duel dans les rues de Barcelone, à chasser les secondes de bonifications, jusqu’à l’envol du Slovène. 
Leur duel promet pour le Giro.

"Ces jeunes gars poussent les vieux, 
il faut se bouger le cul si on veut rester compétitif" 
   - PRIMOZ ROGLIC À PROPOS DE SON JEUNE RIVAL, JUAN AYUSO

31 Mar 2025 - L'Équipe
PIERRE MENJOT

BARCELONE (ESP) – À l’échelle de Primoz Roglic, c’est une petite révolution : vainqueur dans les rues de Barcelone hier, le Slovène a pris le temps de célébrer, bras en croix, ses succès, à la fois lauréat de l’étape et du général du Tour de Catalogne, lui pour qui un petit coucou d’une main est le signe extérieur d’une émotion à son paroxysme. Mais parce qu’il était seul, ce qui lui arrive rarement, et parce que la semaine avait été éprouvante, à l’image de ce dernier jour de feu, le leader de Red Bull-Bora-Hansgrohe s’est offert ce plaisir, après une dernière bataille où il s’est «vraiment amusé, disait-il. La météo était bonne, il y avait énormément de supporters dans l’ascension de Montjuic. On s’entraîne pour ce genre de moments, de sensations.»Primoz Roglic s’est battu jusqu’au bout, pour remporter hier le Tour de Catalogne, devant son jeune rival, Juan Ayuso. La bataille a été féroce et les sourires convenus sur le podium.

À proximité des arènes de la ville, reconverties en immense centre commercial, les taureaux Roglic et Juan Ayuso ont joué au chat et à la souris durant deux heures de course. Avec deux jolis ratages d’abord. Leader pour une seconde au départ, l’Espagnol espérait prendre des bonifications au premier sprint intermédiaire, au 12e kilomètre, pour conforter son maillot avant de laisser filer une échappée. Résultat : quatre Red Bull face à Ayuso esseulé, car son équipe UAE n’avait pas voulu prendre de risques dans le rond-point précédent. Et le classement général virtuel était dominé par le Slovène, pour une seconde. Trente-cinq kilomètres plus loin, round 2: Ayuso remportait le sprint devant Nico Denz, équipier de Roglic, qui avait oublié de freiner pour laisser passer son leader. Retour à la case départ avec une seconde d’avance pour le Valencien. «Parfois ça se passe bien, parfois pas », philosophait Patxi Vila, le directeur sportif du quadruple vainqueur de la Vuelta.

« Je n’avais pas le choix, si je devais gagner, je devais tenter quelque chose », expliqua ce dernier. Qui fila dans le quatrième des six tours de circuit, à 20 kilomètres de l’arrivée. «Juste avant la bosse, j’ai frotté avec un autre coureur et j’ai perdu beaucoup de positions, justifia Ayuso. Les Red Bull l’ont bien vu et, le temps que je remonte, Roglic, qui était le plus fort, avait pris quelques longueurs d’avance. Ils l’ont joué intelligemment.»

Car jamais l’ancien sauteur à skis n’a été repris, les UAE manquant anormalement de main-d’oeuvre dans le final explosif. «Iln’yarienà dire, il a été le meilleur aujourd’hui (hier)», résumait Matxin Fernandez, l’un des directeurs sportifs de l’Espagnol, finalement deuxième à 28 secondes.

La frustration prédominait autour du bus émirien, tranchant avec celui des Allemands, garé juste en face et dont s’échappaient quelques coups de klaxon. La lutte a été intense entre deux des plus solides (et plus riches) équipes du peloton et promet en vue du Giro (9mai-1er juin), où les duettistes figureront parmi les favoris. « Primoz a plus de 90 victoires (91 désormais), donc pour lui, ce n’est qu’une course de plus. Mais pour nous, c’est important, disait Patxi Vila. Nous sommes arrivés ici avec une partie de l’équipe pour l’Italie, pour faire des erreurs, apprendre. Et on repart avec la tranquillité du résultat et de belles perspectives.»

Très détendu en Espagne, l’ancien de Jumbo-Visma assure que ce Tour de Catalogne, son deuxième victorieux (et son 23e classement général), figure haut dans son panthéon, après une semaine particulière (bordures, étape reine modifiée samedi) où son concurrent avait pris un ascendant, lors de la première arrivée au sommet, mercredi, à La Molina. « Il est fort, talentueux. Ces jeunes gars poussent les vieux, il faut se bouger le cul si on veut rester compétitif », louait le vainqueur de tous les maillots (meilleur grimpeur et classement par points également).

À 35 ans, après trois semaines en altitude puis la Catalogne, Roglic va « revenir à une vie normale, en famille, prendre un peu de vacances, avant de reprendre [sa] routine, repartir en camp d’entraînement, reconstruire en vue du Giro.» « Il a montré qu’il était encore très fort et que cette saison serait une grande saison », en souriait Jan Tratnik, son équipier et ami. En vieux mat ou, il griffe toujours.

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Les Français placés mais frustrés

Souvent à l’avant, Dorian Godon, Axel Laurance et Lenny Martinez n’ont jamais pu conclure cette semaine.

31 Mar 2025 - L'Équipe
P. Me.

BARCELONE – Question régularité, Dorian Godon et Axel Laurance ont été des valeurs sûres toute la semaine. Cinq tops 10 pour le Lyonnais de DecathlonAG2R La Mondiale, encore quatrième hier en réglant le sprint du peloton. Quatre pour le Breton d’Ineos-Grenadiers, à l’attaque dans la bosse de Montjuic durant l’avant-dernier tour, mais finalement repris et neuvième de l’étape. Pas ce pour quoi les deux puncheurs-sprinteurs étaient venus en Catalogne, où le peloton ne comptait pas de cador du sprint sur la ligne de départ, avant l’éclosion de Matthew Brennan (Visma-Lease a bike, deux étapes gagnées).

« C’est dommage, parce que je sens que j’ai le bon sprint, que j’ai la bonne puissance quand je lance, regrettait ce week-end Laurance, vainqueur l’an passé sur l’épreuve et lancé un peu tôt, vendredi, lors de sa plus belle opportunité (6e). C’est un peu frustrant car, depuis le début de saison, je tourne autour (8 tops 10, aucun podium). Mais c’est le cyclisme, ce sont toujours un peu les mêmes qui gagnent, donc j’essaie de rester patient, de garder mon calme. Les jambes sont là, il faut continuer à tenter et, à un moment donné, ça va s’ouvrir. » Peut-être au Tour du Pays basque, la semaine prochaine, où les puncheurs sont toujours bien servis.

Pour Marti nez, cela ne s’ est pas vraiment ouvert non plus. Le grimpeur de Bahrain Victorious attendait impatiemment l’étape reine, samedi («J’aurais pu gagner ou remonter au classement», lâchait-il en apprenant que les ascension s étaient retiré es du parcours). Il termine cinquième du Tour de Catalogne, à 7 secondes du podium. Mieux que l’an passé donc (7e), son objectif au départ, mais sans jamais vraiment jouer sa carte, bloqué notamment par Enric Mas lors de l’arrivée à Montserrat (4e étape). Pas piégé dans la bordure de vendredi, l’ancien de Groupama-FDJ termine sur une note positive ce premier bloc de course, avant de couper en vue du Dauphiné (8-15 juin) et du Tour de France (5-27juillet).

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