Bernard Hinault: «Je serais vachement content qu’un Français me succède»
Loic VENANCE / AFP - Bernard Hinault (ici le 17 juin, à Yffiniac,
dans les Côtes d’armor) a été le vainqueur du Tour de France 1985.
Il y a quarante ans, le Breton remportait le Tour de France. Le dernier succès d’un Tricolore. La Grande Boucle qui s’élancera samedi de Lille lui rendra un vibrant hommage.
« Tant qu’un Français n’aura pas remporté le Tour,
on parlera de moi,
mais le jour où il y en aura un qui va arriver,
ça va être la fête »
« J’étais animé par l’envie de gagner, l’envie de jouer.
Gagner la dernière étape sur les Champs-élysées,
c’est récompenser un peu tous les équipiers
qui ont travaillé tout au long du Tour »
2 Jul 2025 - Le Figaro
Jean-Julien Ezvan
Hinault, ce héros. Il a, avec méfiance, vu la date anniversaire arriver de loin. Son regard s’est durci face à la longue liste des sollicitations, des demandes d’entretien. Bernard Hinault, patience épuisée, résume : « Il y a plein de choses, et puis tout le monde veut tout. Je veux bien être gentil, mais il ne faut pas pousser le bouchon trop loin… » 100 % Hinault. Le Breton trône comme le dernier vainqueur français du Tour de France, en 1985. Il y a quarante ans. Depuis, les Tricolores ont dû se contenter de podiums : Jeanfrançois Bernard (3e en 1987), Laurent Fignon (2e en 1989), Richard Virenque (3e en 1996, 2e en 1997), Jean-christophe Péraud (2e en 2014), Thibaut Pinot (3e en 2014) et Romain Bardet (2e en 2016, 3e en 2017). Coincés dans l’ombre de la légende.
Dans les années 1980, la France enchaîne les succès, dribble avec Platini, tape avec Noah, gambade avec Blanco, accélère avec Prost, pédale avec Hinault (et Fignon). En 1985, le Tour débute par un uppercut. À Plumelec, Bernard Hinault, à domicile, remporte le prologue (avec 4s d’avance sur Vanderaerden et 14s sur Roche). «Je venais de gagner le Tour d’italie, la condition était là. Il y avait tout, c’était en Bretagne, ça donnait de la joie aux Bretons. C’était de la folie.» Le leader de l’équipe La Vie Claire assure ne pas avoir nourri cette année-là de sentiment de revanche après le Tour 1984 survolé par un flamboyant Laurent Fignon qui, avec 5 victoires d’étape, a relégué le Breton, 2e, à 10 min 32s à Paris: «Il y avait une volonté de gagner, c’est tout. Le contre-la-montre par équipes à Fougères (3e étape, 73 km), met vite toute l’équipe sur le devant de la scène, on voit la cohésion du groupe, le fait de dominer les vrais spécialistes, les Hollandais (Kwantum à 1 min, Panasonic à 1 min 3s), c’était génial.»
La suite sera brillante, accrochée et douloureuse, avec une chute dans le sprint de Saint-Étienne (arrivée de la 14e étape), le maillot jaune franchissant la ligne d’arrivée le visage en sang (double fracture du nez et entaille au cuir chevelu). Énergique, Hinault rembobine: «À partir du moment où je me suis assis sur le trottoir, que j’ai touché ma tête, qu’elle bougeait et que j’ai senti que ce n’était pas cassé, le reste, ça allait. Je pense toujours que j’ai été bousculé, Phil Anderson dit ce qu’il veut, mais si j’avais eu le moindre doute, je n’aurais pas engagé ma roue là. Ce sont des circonstances de course… Ensuite, il reste quelques grosses journées dans les Pyrénées, mais on s’accroche, on serre les dents dans les moments difficiles, et ça passe.»
Le Breton, visage marqué comme un boxeur, a aussi dû apprendre à vivre avec l’impatience et l’ambition débordante d’un jeune équipier nommé Greg Lemond (2e sur les Champs-Elysées à 1 min 42s). Le Tour dominé par Hinault et sa bande marque la première victoire de la pédale automatique : « J’avais été engagé comme technicien, pas comme coureur. Bernard Tapie voulait donner un coup de pouce supplémentaire à la société Look qui fabriquait des fixations de skis afin qu’elle travaille sur un autre domaine. Le complément du ski, c’était le vélo.
«C’est le côté génie de Bernard Tapie», se souvient Hinault. La pédale automatique a ensuite envahi le marché du cyclisme sur route, puis du VTT, et Hinault s’est inscrit comme un pionnier. Une fierté. Comme le fait d’avoir porté «les plus beaux maillots: le maillot jaune (78 jours) et le maillot arc-en-ciel (champion du monde à Sallanches en 1980). Et ceux de Renault-gitane et de La Vie Claire, deux magnifiques maillots qui sont un peu sortis de l’ordinaire. Le Renault rayé jaune et noir et le Mondrian de La Vie Claire, c’était exceptionnel. On me parle encore aujourd’hui du maillot La Vie Claire.»
Un maillot encore à l’honneur en 1986 sur le Tour. Hinault, le numéro 1, a promis d’aider Lemond à remporter le Tour: «J’avais envie de passer une dernière année en m’éclatant comme un petit fou. Alors je n’ai pas couru pour le palmarès, je n’ai jamais couru après les records, j’ai couru pour me faire plaisir. Avec, en 1986, une belle victoire à l’Alpe d’Huez (main dans la main avec LeMond), de beaux moments (avec des succès lors des longs contre-la-montre à Nantes, puis Saint-Étienne), le fait d’avoir mis en difficulté, pas les coureurs de chez moi, mais les autres, les avoir obligés à rouler, c’était des tactiques de course. Et le respect de la parole donnée. Rien n’était signé, c’était une volonté personnelle. Dans la vie, c’est la même chose, quand on donne sa parole, on ne revient pas dessus.» La passe d’armes Hinault-LeMond d’un Tour 1986 électrique pourrait être la trame d’un prochain film de Ben Stiller… Après cette Grande Boucle 1986 (terminé à la 2e place à 3 min 10 s de LeMond, après 5 jours en jaune) entre sourire et rancoeur, Bernard Hinault, comme il l’avait annoncé depuis longtemps, prend sa retraite. Sans regret: «J’avais vu deux champions, Merckx et Anquetil, qui avaient mal fini les deux dernières années. Ils n’étaient pas au sommet, donc je ne voulais pas connaître ça. Et, comme c’étaient mes idoles, on corrige.»
Pour retourner à la vie sans nostalgie, agriculteur durant de longues années. Le Tour de France 1985, son cinquième et dernier succès sur la Grande Boucle (après 1978, 1979, 1981 et 1982) qui lui a permis de rejoindre Jacques Anquetil et Eddy Merckx au palmarès des collectionneurs (avant d’accueillir Miguel Indurain) n’occupe pas une place à part dans les souvenirs du Breton (28 victoires d’étape sur le Tour) dont le palmarès recense notamment 3 Tours d’italie et 2 Tours d’espagne, Liège-bastogneliège (1977, 1980), Paris-roubaix (1981) et le Tour de Lombardie (1979, 1984) : « Aucune course n’est au-dessus. Toutes les courses sont belles à gagner, qu’elles soient petites ou grandes. C’est l’aboutissement d’un travail, parfois de cinq-six mois, pour gagner le Tour, un Giro ou une classique. C’est la satisfaction de réussir son coup, et on passe à autre chose. »
Alors, à l’idée d’être fêté le vendredi 11 juillet lors de la 7e étape du Tour tracée entre Saint-Malo et Mûr-de-bretagne, qui passera par Calorguen (où il vit) et Yffiniac (où il est né il y a soix ante dix ans), Bernard Hinault lâche: «Ça me touche un peu, mais s’ils n’étaient pas venus, ça n’aurait rien changé pour moi. Ce jour-là, on fera la fête. Mais je ne vis pas en permanence en me disant: “Il y a quarante ans, tu as gagné le Tour, le dernier d’un Français, tu as fait ceci, tu as fait cela.” Je vis au jour le jour, mais, quand je revois des images, ça me fait plaisir, je me dis : “C’est quand même moi qui ai fait ça.” Il suffit de revoir les images, et ça revient vite, les sensations, les douleurs, les rivaux. Et, tant qu’un Français n’aura pas remporté le Tour, on parlera de moi, mais le jour où il y en aura un qui va arriver, ça va être la fête. Je serais vachement content qu’il y en ait un qui arrive et me succède. Parce que la France ne mérite pas, le cyclisme français ne mérite pas une telle pénurie, un laps de temps aussi important sans avoir un champion qui gagne le Tour. »
Mais, cette année, faute de candidat à la victoire finale, le Breton aimerait voir les Tricolores à l’attaque: «Qu’ils se montrent! Et peut-être qu’ils changent de tactique, peut-être qu’il faudrait voir à gagner des étapes plutôt que viser un top 10 au classement général, parce que je ne vois pas comment ils pourraient gagner le Tour. Ou alors il faudrait que tous les autres abandonnent… Mais on a des coureurs qui sont capables de faire des beaux numéros. Il ne faut pas être dans les dix premiers, parce que personne ne va vous laisser partir. Il faut être cinquantième, soixantième. Donc il faut qu’ils soient malins, qu’ils sautent sur les occasions. Il faut se remettre dans la tête ce que faisait Virenque. »
Avant le grand départ de Lille, ce samedi, Bernard Hinault imagine un nouveau bras de fer entre Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard au sommet du Tour : « Un beau duel. Moi, j’aime bien. Pogacar est le coureur le plus complet, capable de faire des classiques, des grands Tours, d’être devant au printemps, à l’été, à l’automne, d’aller faire les championnats du monde. Sa façon de courir me plaît, je trouve ça génial. Elle se rapproche de nous, Eddy (Merckx) et moi. On avait toujours envie de gagner. Lui, c’est pareil, il a toujours envie de gagner. » Et quand la répétition de ses performances allume et alimente le doute, Bernard Hinault défend le Slovène de l’équipe UAE Team Emirates. Le « Blaireau » est de nouveau prêt à griffer : « S’il était français, est-ce qu’on mettrait ses performances en doute? Non, comme par hasard. On pourrait se poser la question sur plein d’autres sports. Alors Pogacar, moi, je suis désolé, mais on ne fait pas ça. Il est contrôlé plus que tout le monde, puisque, à chaque fois qu’il a le maillot jaune, il y va. Il va avoir un maximum de contrôles, parce que c’est comme ça aujourd’hui pour le vélo… »
Téléspectateur enthousiaste des Jeux de Paris 2024, Bernard Hinault apprécie le clin d’oeil et le détour par Montmartre que fera le peloton lors de la dernière étape du Tour, le 27 juillet, et n’hésite pas à avancer, au sujet des coureurs qui critiquent les organisateurs : « S’ils ne sont pas d’accord qu’il y ait ça dans la course, qu’ils aillent faire autre chose. Le programme est comme ça, tu l’acceptes ou tu ne l’acceptes pas. Si tu ne l’acceptes pas, tu restes à la maison. Il faut donner un peu de piment. Si jamais on se retrouvait avec deux coureurs qui sont à quelques secondes ou même une minute, estce qu’il n’y aurait pas un des deux qui voudrait attaquer dans ces portions-là ? Si. Alors… Autrement, à chaque fois, quand on arrive sur les Champs-élysées, c’est une promenade. À part quelquesuns qui ont fait des coups, mais sur toutes les arrivées depuis 1975, il ne doit y en avoir que deux ou trois qui ne se sont pas passées au sprint. » Hinault s’est imposé à deux reprises sur les Champs-élysées (devant Zoetemelk en 1979, au sprint en 1982) : « J’étais animé par l’envie de gagner, l’envie de jouer. Gagner la dernière étape sur les Champs-élysées, c’est récompenser un peu tous les équipiers qui ont travaillé tout au long du Tour. Le Tour, si on n’a pas les équipiers, si on n’a pas les gens autour de soi, on ne peut pas gagner. Il faut toujours associer. C’est une équipe qui gagne. »
Hinault. Unique. Monument. Légende bien vivante. Christian Prudhomme, le directeur du Tour de France, lève le voile sur un personnage entier, authentique, pudique, et raconte un champion à coeur ouvert : « Lors du dernier jour de son dernier Tour comme ambassadeur chez ASO (en 2016), je l’invite à monter avec moi dans la voiture rouge de direction. Et, au moment de citer les invités sur Radio Tour, je dis : “Aujourd’hui, vous ne m’en voudrez pas, mais je ne citerai qu’un seul nom, celui de Bernard Hinault, qui a donné de son talent (il sourit), de sa sueur (il sourit), de son sang”, et, quand je dis ça, c’est comme si j’avais appuyé sur un bouton, il éclate en sanglots et dit : “C’est trop, c’est trop…” J’avais prévu de dire plein de choses, mais je n’y arrive plus non plus. Il est tellement sensible. Et après, comme un coureur qui tombe et qui ne pense qu’à une chose, repartir, il dit : “Allez, on va boire un coup !” Il ouvre le champagne et il sert. » Et de poursuivre : « Hinault, la main sur le coeur, la fidélité. Un jour (en 2007), le Tour était en Ariège, et les “anti-ours” menacent de nous bloquer le lendemain. Donc, après l’étape, on fait 50 bornes, on va sur un rond-point où les gars ont prévu de nous bloquer. Un agriculteur dit à Bernard : “Je vous admire, monsieur Hinault.” Et il lui répond : “Eh bien, c’est pas compliqué, tu m’admires, tu bloques pas.” Et là, d’un seul coup, le truc se renverse complètement. Ils disent : “On va boire un coup pour fêter ça. On a du Ricard, mais on n’a pas d’eau.” Hinault répond : “C’est pas grave.” On a bu du Ricard pur. Et le lendemain, au lieu de nous bloquer, ils ont fait une haie d’honneur… »
Cette année, Bernard Hinault fera des passages sur le Tour pour participer à des opérations humanitaires. Et, après la journée hommage en Bretagne, annonce : « Je resterai en Bretagne, je regarderai le Tour à la télé. C’est là qu’on voit le mieux. C’est tellement bien filmé, les territoires, la course, on peut voir devant, derrière, on peut voir l’expression des visages. Si vous êtes dans une voiture, vous ne voyez pas tout ça.» Et il prendra le temps de rouler un peu. Face au vent, au temps. Sans la rage. Pour le plaisir…
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Loic VENANCE / AFP - Bernard Hinault (nella foto del 17 giugno a Yffiniac,
nelle Côtes d'Armor) ha vinto il Tour de France 1985.
Bernard Hinault: “Sarei davvero felice di essere succeduto da un francese”.
Quarant'anni fa, il bretone vinceva il Tour de France. Fu l'ultimo successo di un francese. La Grande Boucle, che partirà sabato da Lille, gli renderà un caloroso omaggio.
"Finché un francese non vincerà il Tour, si parlerà di me,
ma il giorno in cui qualcuno lo farà, sarà una festa".
"Ero spinto dalla voglia di vincere, dalla voglia di divertirmi.
Vincere l'ultima tappa sugli Champs-Elysées,
è una sorta di ricompensa per tutti i compagni di squadra
che hanno lavorato per tutto il Tour".
2 luglio 2025 - Le Figaro
Jean-Julien Ezvan
Hinault, l'idolo. Ha guardato la data dell'anniversario con sospetto, da lontano. I suoi occhi si sono induriti di fronte alla lunga lista di richieste di interviste. Bernard Hinault, con la pazienza ormai esaurita, riassume: "Ci sono tante cose e tutti vogliono tutto. Non mi dispiace essere gentile, ma non si deve esagerare...". 100% Hinault. Il bretone è stato l'ultimo vincitore francese del Tour de France, nel 1985. Sono passati quarant'anni. Da allora, i Tricolori hanno dovuto accontentarsi dei podi: Jean-François Bernard (3° nel 1987), Laurent Fignon (2° nel 1989), Richard Virenque (3° nel 1996, 2° nel 1997), Jean-Christophe Péraud (2° nel 2014), Thibaut Pinot (3° nel 2014) e Romain Bardet (2° nel 2016, 3° nel 2017). Bloccati all'ombra della leggenda.
Negli anni '80, la Francia ha ottenuto un successo dopo l'altro, dribblando con Platini, battendo con Noah, giocando con Blanco, accelerando con Prost e pedalando con Hinault (e Fignon). Nel 1985, il Tour iniziò con un colpo secco. A Plumelec, Bernard Hinault vinse il prologo sul suolo di casa (con 4" di vantaggio su Vanderaerden e 14" su Roche). "Avevo appena vinto il Giro d'Italia ed ero in gran forma. È stata una follia". Il leader della La Vie Claire insiste sul fatto che quell'anno non aveva alcun sentimento di rivalsa dopo il Tour 1984, dominato da un fiammeggiante Laurent Fignon che, con 5 vittorie di tappa, relegò il bretone secondo, a 10'32", a Parigi: "C'era voglia di vincere, tutto qui. La cronometro a squadre di Fougères (3a tappa, 73 km) ha messo subito sotto i riflettori tutta la squadra, si vedeva la coesione del gruppo, il fatto che stavamo dominando i veri specialisti, gli olandesi (la Kwantum a 1', la Panasonic a 1'03"), è stato fantastico".
Il seguito è stato brillante, combattuto e doloroso, con una caduta nello sprint di Saint-Étienne (arrivo della 14a tappa), con la maglia gialla che ha tagliato il traguardo con il volto insanguinato (doppia frattura del naso e squarcio sul cuoio capelluto). Un energico Hinault si è ripreso: "Dal momento in cui mi sono seduto sul marciapiede, mi sono toccato la testa, ho sentito che si muoveva e che non era rotta, il resto andava bene. Penso ancora di essere stato spinto, Phil Anderson potrà dire quello che vuole, ma se avessi avuto il minimo dubbio, non avrei infilato la mia ruota là dentro. Dopodiché, restavano ancora alcuni giorni importanti sui Pirenei, ma se tieni duro, stringi i denti nei momenti difficili e ce la fai".
Il bretone, con il volto segnato come quello di un pugile, ha dovuto anche imparare a convivere con l'impazienza e l'ambizione smisurata di un giovane compagno di squadra di nome Greg LeMond (2° sugli Champs-Elysées a 1'42"). Il Tour dominato da Hinault e dalla sua banda segnò la prima vittoria del pedale a sganciamento automatico: "Ero stato ingaggiato come tecnico, non come corridore. Bernard Tapie voleva dare una spinta in più all'azienda Look, che produceva attacchi da sci, in modo che potesse lavorare in un altro campo. Il complemento allo sci era il ciclismo".
"Era il lato geniale di Bernard Tapie", ricorda Hinault. Il pedale automatico ha poi invaso il mercato del ciclismo su strada, seguito dalla mountain bike, e Hinault ne è stato un pioniere. Un motivo di orgoglio. Come il fatto di aver indossato "le maglie più belle: quella gialla (78 giorni) e quella iridata (campione del mondo a Sallanches nel 1980). E quelle della Renault-Gitane e de La Vie Claire, due maglie magnifiche che erano un po' fuori del comune. La Renault a strisce gialle e nere e la Mondrian della La Vie Claire erano eccezionali. Ancora oggi la gente mi parla della maglia della La Vie Claire".
Una maglia che era ancora al primo posto nel Tour del 1986. Hinault, il numero uno, promise di aiutare LeMond a vincere il Tour: "Volevo passare un ultimo anno divertendomi come un matto. Quindi non ho corso per vincere, non ho mai corso per i record, ho corso per divertirmi. Con, nel 1986, una grande vittoria a l'Alpe d'Huez (mano nella mano con LeMond), alcuni grandi momenti (con i successi nelle lunghe cronometro di Nantes, poi di Saint-Étienne), il fatto di aver messo in difficoltà i corridori, non i miei corridori di casa, ma gli altri, di averli costretti a correre, queste erano tattiche di gara. E si trattava di mantenere la parola data. Non c'era nulla di firmato, era un desiderio personale. Nella vita è la stessa cosa: quando dai la tua parola, non te la rimangi". La resa dei conti Hinault-LeMond nell'elettrico Tour 1986 potrebbe essere la trama di un prossimo film di Ben Stiller... Dopo la Grande Boucle 1986 (2° posto, a 3'10" da LeMond, dopo 5 giorni in giallo), che è stata un misto di sorrisi e amarezze, Bernard Hinault, come aveva annunciato da tempo, si ritira. Senza rimpianti: "Avevo visto due campioni, Merckx e Anquetil, che negli ultimi due anni erano finiti male. Non erano al top, quindi non volevo fare quella esperienza. E siccome erano i miei idoli, mi sono corretto".
Per tornare alla vita senza nostalgia, un contadino per molti anni. Il Tour de France del 1985, il suo quinto e ultimo successo nella Grande Boucle (dopo quelli del 1978, 1979, 1981 e 1982), che gli permise di raggiungere Jacques Anquetil e Eddy Merckx nella lista dei collezionisti (prima di accogliere Miguel Indurain), non occupa un posto speciale nei ricordi del bretone (28 vittorie di tappa al Tour) il cui palmarès comprende 3 Giri d'Italia e 2 di Spagna, 2 Liegi-Bastogne-Liegi (1977, 1980), Parigi-Rubaix (1981) e Giro di Lombardia (1979, 1984): "Nessuna corsa è superiore. Tutte le corse sono belle da vincere, che siano grandi o piccole. È il culmine di un lavoro che a volte dura cinque-sei mesi, vincere un Tour, un Giro o una classica. È la soddisfazione di avercela fatta, e poi si passa a qualcos'altro".
Così, all'idea di essere festeggiato venerdì 11 luglio durante la 7ª tappa del Tour tra Saint-Malo e Mûr-de-bretagne, che passerà per Calorguen (dove vive) e Yffiniac (dove è nato settant'anni fa), Bernard Hinault dice: "Un po' mi tocca, ma se non fossero passati non avrebbe fatto alcuna differenza, per me. Festeggeremo quel giorno. Ma non vivo la mia vita dicendomi: 'Quarant'anni fa hai vinto il Tour, l'ultimo per un francese, hai fatto questo, hai fatto quello'. Vivo alla giornata, ma quando rivedo quelle immagini, sono felice, mi dico: 'Sono stato io a fare questo'. Basta rivedere le immagini e tornano subito le sensazioni, il dolore, i rivali. Finché un francese non vincerà il Tour, si parlerà di me, ma il giorno in cui lo farà sarà una festa. Sarei davvero felice se ne arrivasse uno a succedermi. Perché la Francia non lo merita, il ciclismo francese non merita una tale carenza, un periodo così lungo senza che un nostro campione vinca il Tour".
Ma quest'anno, in assenza di un pretendente alla vittoria finale, il bretone vorrebbe vedere i Tricolori all'attacco: "Che si facciano vedere! E forse cambieranno tattica, forse dovranno vincere le tappe piuttosto che puntare alla top 10, perché non vedo come potrebbero vincere il Tour. Altrimenti tutti gli altri dovrebbero arrendersi... Ma abbiamo corridori in grado di fare grandi prestazioni. Non è necessario arrivare tra i primi dieci, perché nessuno ti lascerà andare. Devi essere al cinquantesimo, sessantesimo posto. Quindi devono essere intelligenti e sfruttare le opportunità. Bisogna ricordare quello che ha fatto Virenque".
Prima della grande partenza di sabato a Lille, Bernard Hinault immagina un altro duello tra Tadej Pogacar e Jonas Vingegaard in testa al Tour: "Un grande duello. Mi piace. Pogacar è il corridore più completo, capace di fare le classiche, i grandi Tour, di essere in testa in primavera, estate e autunno, di andare ai mondiali. Mi piace il suo modo di correre, lo trovo fantastico. È molto simile a Eddy (Merckx) e a me. Volevamo sempre vincere. Anche lui è così, vuole sempre vincere". E quando la ripetizione delle sue prestazioni solleva dubbi, Bernard Hinault difende lo sloveno dell'UAE Team Emirates. Il “Tasso” è ancora una volta pronto a graffiare: "Se fosse francese, ne metteremmo in dubbio le prestazioni? No, come se fosse un caso. La stessa domanda si potrebbe fare per tanti altri sport. Quindi Pogacar, mi dispiace, ma non lo facciamo. È stato messo alla prova più di chiunque altro, perché ogni volta che ha ottenuto la maglia gialla, l'ha conquistata. Si sottoporrà a più test possibili, perché il ciclismo di oggi è così...".
Appassionato telespettatore dei Giochi di Parigi 2024, Bernard Hinault apprezza le strizzate d'occhio e le deviazioni via-Montmartre che il gruppo farà durante l'ultima tappa del Tour il 27 luglio, e non esita a dire quanto segue sui corridori che criticano gli organizzatori: "Se non sono d'accordo sul fatto che questo faccia parte della corsa, che vadano a fare qualcos'altro. Il programma è così, lo si accetta o non lo si accetta. Se non lo si accetta, si resta a casa. Bisogna rendere le cose un po' più vivaci. Se ci trovassimo con due corridori a pochi secondi o addirittura a un minuto di distacco, uno di loro non vorrebbe attaccare in quei tratti? Sì, è così. Quindi... Per il resto, ogni volta che si arriva agli Champs-Elysées, è una passeggiata nel parco. A parte alcuni che hanno fatto faville, ma di tutti gli arrivi dal 1975, ce ne saranno solo due o tre che non sono finiti in volata". Hinault ha vinto due volte sugli Champs-Elysées (davanti a Zoetemelk nel 1979, in volata nel 1982): "Ero spinto dalla voglia di vincere, dalla voglia di divertirmi. Vincere l'ultima tappa sugli Champs-Elysées è una sorta di ricompensa per tutti i compagni di squadra che hanno lavorato duramente per tutto il Tour. Al Tour, se non hai i tuoi compagni di squadra, se non hai le persone che ti circondano, non puoi vincere. Bisogna sempre lavorare insieme. È la squadra che vince".
Hinault. Unico nel suo genere. Un monumento. Una leggenda vivente. Christian Prudhomme, direttore del Tour de France, solleva il velo su un personaggio integro, autentico e modesto, e racconta la storia di un campione dal cuore aperto: "L'ultimo giorno del suo ultimo Tour come ambasciatore di ASO (nel 2016), l'ho invitato a salire con me sulla macchina rossa della direzione. E, quando si trattò di nominare gli ospiti del Radio Tour, dissi: ‘Oggi non ti dispiacerà, ma citerò solo un nome, quello di Bernard Hinault, che ha dato il suo talento (sorrise), il suo sudore (sorrise), il suo sangue’, e, quando lo dissi, fu come se avessi premuto un bottone, scoppiò a piangere e disse: ‘È troppo, è troppo...’". Avevo pensato di dire molte cose, ma non ce la faccio più. È così sensibile. E poi, come un corridore che è caduto e può pensare solo a una cosa, a ripartire, dice: "Dai, beviamo qualcosa! Apre lo champagne e lo serve. Continua: "Hinault, mano sul cuore, lealtà. Un giorno (nel 2007), il Tour era in Ariège, e gli ‘anti-orso’ minacciavano di bloccarci il giorno dopo. Così, dopo la tappa, abbiamo percorso 50 chilometri fino a una rotonda dove i ragazzi avevano intenzione di bloccarci. Un contadino disse a Bernard: “La ammiro, signor Hinault”. E lui rispose: “Beh, non è complicato, tu mi ammiri, non mi blocchi”. E poi, all'improvviso, tutto si capovolge. Dicono: "Beviamo qualcosa per festeggiare. Abbiamo del Ricard, ma non l'acqua". Hinault risponde: "Non importa. Abbiamo bevuto Ricard puro". E il giorno dopo, invece di bloccarci, hanno formato una guardia d'onore...".
Quest'anno, Bernard Hinault farà alcune apparizioni al Tour per partecipare a iniziative umanitarie. E dopo la giornata di tributo in Bretagna, ha annunciato: "Resterò in Bretagna e guarderò il Tour in tv. È lì che si vede meglio. È ripreso così bene, i territori, la corsa, si può vedere davanti, dietro, si può vedere l'espressione dei volti. Se sei in macchina, tutto questo non puoi vederlo". E si prenderà il tempo di girare un po' in macchina. Contro il vento, contro il tempo. Senza la rabbia. Solo per il gusto di farlo...
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