1979 : André Chalmel vit le rêve passer...


Le Télégramme
Publié le 11 octobre 1998

Championnats du monde à Valkenburg. Valkenburg (Pays-Bas) est un haut-lieu des championnats du monde. Ce sera en effet la quatrième fois que la course au maillot irisé y est organisée. 

En 1938, Marcel Kint, l'aigle noir, y fut sacré ; en 48, Brick Schotte dut à une providentielle crevaison de Lucien Tesseire d'enfiler le maillot arc-en-ciel et, en 79, Jan Raas connut la consécration à domicile. Cette année-là, André Chalmel se vit champion du monde. A 100 mètres près, c'est lui qui montait sur la plus haute marche du podium. « Je marchais comme une moto » 

En 79, André Chalmel, aujourd'hui reconverti dans l'immobilier et l'assurance, avait 30 ans. Sélectionné en équipe de France pour épauler Bernard Hinault, le Malouin se retrouva, un peu malgré lui, aux premières loges. Au point de toucher le titre mondial du bout des doigts. Coup d'oeil dans le rétro. Le Breton, fidèle à son habitude, n'avait pas quitté les premières loges du peloton. Le parcours vallonné lui convenait à merveille et il s'apprêtait à desserrer les cale-pieds quand il vit Hinault être victime d'une crevaison à une cinquantaine de kilomètres de l'arrivée. 

Ecoutons le vainqueur de Bordeaux-Paris : « Hinault avait compris que j'étais en super-condition. Aussi me cria-t-il de poursuivre ma route sans me préoccuper de lui... » C'est ainsi que Chalmel, qui ne sentait pas les pédales, se retrouva dans le bon coup à deux tours et demi de l'arrivée : « Nous étions huit, si mes souvenirs sont bons. Il y avait là, notamment, Lubberding, Raas, Battaglin, Thurau et aussi Jean-René Bernaudeau qui était tout jeune... » Notre Breton se méfiait beaucoup de Jan Raas. Ce dernier était frais comme une rose pour la bonne raison qu'il avait monté les deux bosses qui émaillaient le circuit accroché à la selle de ses équipiers. Une pratique venue d'Italie que les Hollandais avaient, toute honte bue, faite leur ! Thurau monnaye ses services Les uns et les autres s'apprêtaient à se disputer la victoire au sprint quand Battaglin attaqua sèchement dans la dernière côte. 

Chalmel raconte : « Lubberding menait le train quand, soudain, je l'ai vu perdre pied dans la dernière difficulté du parcours qui menait tout droit à l'arrivée. Aussitôt Battaglin a attaqué et, voyant que personne ne bougeait, je l'ai suivi pour le passer en injection. Je roulais deux fois plus vite que lui et, aussitôt, j'ai mis trois dents de mieux. Tant et si bien qu'au sommet de la côte, alors que l'arrivée était toute proche, je comptait environ une centaine de mètres d'avance... » Notre Breton, fort comme un arbre, se vit alors champion du monde. Hélas, son rêve prit fin en vue de la ligne blanche. Pour deux raisons. La première : Thurau, passé, comme on dit, à la caisse, roula comme un bête pour emmener Raas dans un fauteuil. La seconde : les deux motos TV qui filmaient Chalmel de l'arrière servirent d'abri aux poursuivants. « C'est incroyable, raconte Chalmel, la vitesse à laquelle Thurau m'a passé à même pas cent mètres de l'arrivée. Il est évident pour moi que les motos ont faussé le déroulement du championnat et je serais curieux de revoir la cassette d'arrivée... » 

Jan Raas monta sur la plus haute marche du podium, Bernaudeau sur la troisième, Chalmel se classant, pour sa part, quatrième. Une place qui lui laisse bien sûr des regrets même s'il n'est pas homme à cultiver la nostalgie : « Ce jour-là, j'ai compris trop tard que c'était moi le plus costaud du lot. J'ai payé au prix fort une mauvaise appréciation des forces en présence... » 

Quatre mondiaux Chalmel fut appelé quatre fois à défendre les couleurs de l'équipe de France aux championnats du monde. En 77, 78, 79 et 80. « En 76, rappelle le Breton, je devais être aussi de l'expédition d'Ostuni. Mais une fracture de la clavicule, consécutive à une mauvais chute au critérium de Lannion, me priva d'une première sélection... » 

L'année suivante, il pétrolait à San-Cristobal : Thévenet, qu'il protégeait, fut incapable de suivre son rythme. Revenu du diable vauvert, il attaqua au pied de la dernière côte pour lâcher Raas « à la pédale » et laisser sur place dans la dernière ligne droite Hinault qui emmenait Esclassan au sprint pour une place d'honneur ! 

En 78, il se classait 22e et deuxième Français au Nurburgring et à Sallanches il fut chargé de placer Hinault sur orbite. Un beau parcours qui ne lui laisse aucun regret. Exception faite, bien sûr, des championnats de Valkenburg où il caressa le maillot arc-en-ciel du bout des doigts. Dix-neuf ans déjà ! 

Pierre LE BARS André Chalmel a failli gagner à Valkenburg... 

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