Bosses cherchent patrons
Les Bleus ont reconnu le parcours du Mondial hier matin.
De gauche à droite : Romain Bardet, David Gaudu, Pavel Sivakov et Rudy Molard.
Les équipes de France ont reconnu hier le circuit de 27 kilomètres autour de Zurich, jamais plat et où la tactique va compter, qui devrait sacrer des costauds, aujourd’hui et demain sur les courses en ligne.
28 Sep 2024 - L'Équipe
PIERRE MENJOT
ZURICH (SUI) – Il y aura les 69,4 kilomètres avant d’entrer dans le circuit, bien sûr, et le sélectionneur des hommes, Thomas Voeckler, tient même à y ajouter les cinq bornes de fictif avant ça, «car autant parfois tout cela ne sert pas à grand-chose, mais là, ces 70 kilomètres ne sont pas anodins, avec du dénivelé». Mais c’est bien sur le circuit que vont se décider les titres de champion du monde, aujourd’hui chez les femmes (quatre tours, voir aussi page 28) et demain chez les hommes (sept tours). Presque 27 kilomètres que les équipes de France ont reconnu ensemble pendant deux heures, hier, au côté de la sélection belge de Remco Evenepoel notamment.
«On a fait deux tours et j’adore ce parcours, assurait dans la soirée Julian Alaphilippe, leaderdesBleusdemain. Il demande toutes les qualités: être explosif, résistant, technique, avoir beaucoup d’énergie, de concentration.» Un circuit exigeant qui offre 470 mètres de dénivelé à chaque fois et ne laissera pas de place à la surprise. «Il va favoriser les coureurs les plus forts, avec beaucoup de parties où il faut fournir les efforts, pose Voeckler. Il faut être costaud et collectif.»
Deux difficultés en une
Il faudra l’être dès le début du circuit (d’abord emprunté sur un demi-tour avant de passer la ligne et d’entamer les quatre ou sept tours prévus), en plein coeur de centre-ville de Zurich. «Une partie très importante», prévient Julien Bernard, amené à jouer les lieutenants demain. Les virages s’y succèdent, jusqu’à la sortie du pont en pavés qui relie les églises de Fraumünster (avec ses vitraux de Chagall et Giacometti) et de Grossmünster. « On l’a fait sur le mouillé aujourd’hui (hier), c’est une partie qu’il vaut mieux prendre à l’avant du peloton», annonce le Bourguignon.
Deux kilomètres à peine avant d’entamer la Zürichbergstrasse, la pente la plus raide du parcours, que certains comparent à un mur de Huy. Moins long évidemment (1,1 kilomètre) et peu pentu en moyenne (8%) par rapport au final de la Flèche Wallonne, il offre au milieu des maisons cossues une portion à 15% où certains coureurs et coureuses se sont testés sur les courses de jeunes ces derniers jours, sans faire de vraie différence en général. «Un effort d’une minute, une minute trente», estime Bernard.
Au sommet, une petite phase de transition apparaît en descente sur le profil du livre de route. Une fausse promesse. «On reste en prise, il faut pédaler, poursuit le coureur de Lidl-Trek. Il n’y a pas de piège mais c’est une partie encore assez exigeante, notamment si le peloton est en file avec le premier raidard, qui ne permet pas de récupérer avant l’enchaînement de la deuxième montée.» L’ascension de Witikon, la plus longue de la boucle (2,3km à 5,7%, avec une déclivité maximale à 9%), «où c’est clairement les jambes qui parlent», explique Bernard qui visualise plutôt ces deux montées comme « une seule grande difficulté de presque 6 kilomètres. Dans le final, ce sera quasiment un effort maximal.»
Le plateau de tous les possibles
Au sommet, le peloton, ou ce qu’il en restera au fil de la journée, roulera sur un plateau de 10 kilomètres environ. Là, attention: «On entre sur une partie plus tactique.» Se succèdent montées et descentes sans interruption, où des virages à 90 degrés se dessinent parfois au pied de certaines pentes et obligent à freiner. La chaussée pas toujours impeccable ajoute de la difficulté, comme les traversées à toute vitesse de petits villages. Tout ça avec du vent, de dos hier, faisant flotter un drapeau breton fièrement planté à mi-parcours. «C’est là où ça peut se regarder, attaquer, car c’est là qu’il y a le plus de possibilités, poursuit Bernard. On peut avoir des groupes qui sortent, et ça devient difficile de faire le point jusqu’à la descente.»
Un autre mur au milieu des champs, où Cédrine Kerbaol s’est offert une petite accélération hier lors de la reconnaissance, demande un ultime effort avant la descente, mais il est trop court pour créer des différences irrémédiables. Les coureurs abordent alors une longue descente à toute vitesse, parfois dans les sous-bois, ce qui demande de la vigilance en cas de pluie, comme c’est annoncé aujourd’hui sur la course féminine mais sans piège majeur.
Une ultime chance pour faire la différence
Au pied de cette portion qui permet de bien récupérer, il restera une dizaine de kilomètres et une ultime difficulté peut permettre de faire la différence. Avec son sommet à 6 kilomètres de l’arrivée, elle est courte (1,6 km), oscille entre 3 et 6 % à peine, « mais c’est une partie où, si on est cuit, on peut perdre la course, imagine Julien Bernard. C’est le dernier endroit où tu peux vraiment bouger, la course ne sera pas terminée avant selon moi, il peut même y avoir deux, trois coureurs qui se regardent et ça revient de l’arrière.»
Un homme seul pourrait en revanche, après une descente plutôt facile, profiter de la vue sur le lac de Zurich sur sa gauche, des derniers kilomètres en ligne droite jusqu’au centre. Une fin en douceur après une journée usante, sans doute plus difficile qu’imaginée pour de nombreux coureurs qui avaient jeté un oeil au profil ces derniers jours. D’autant que «tenter de contrôler la course pour une équipe, c’est un enfer, souffle Bernard. S’il y a une course de mouvements, c’est quasiment impossible, ou alors pendant un tour mais on le paie directement le tour d’après. » Ce qui promet un joli feu d’artifices.
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Voeckler: «Ce ne sera pas forcément un feu d’artifice»
28 Sep 2024 - L'Équipe
ALEXANDRE ROOS
Le sélectionneur des Bleus est resté très secret sur les intentions de son équipe demain. Mais l’objectif est clair : « On est là pour être champions du monde. »
"On ne veut pas être offensifs pour être offensifs"
- THOMAS VOECKLER
DÜRNTEN (SUI) – L’équipe de France a pris ses quartiers dans un établissement rustique au sud de Zurich, dont la taverne boisée aux bas plafonds offrait hier en fin d’aprèsmidi une chaleur réconfortante alors que dehors la pluie continuait de s’abattre et les nuages de masquer les reflets du lac. «On est ici en périphérie, ce n’est pas plus mal» , a souri en guise d’introduction Thomas Voeckler, qui allait lui-même rester en périphérie de sa stratégie pour demain et des débats qui animent la capitale financière helvète avant le Mondial.Emmenés par le sélectionneur Thomas Voeckler (lunettes bleus), les Bleus, hier matin, sur le parcours avec Romain Bardet et Valentin Madouas à gauche et Pavel Sivakov à droite.
Dans un réflexe de protection, le sélectionneur des Bleus a préféré calmer les attentes autour de la manière dont son équipe allait abattre ses cartes demain, alors qu’il a habitué le public à dessiner des plans culottés, comme à Imola en 2020 ou à Louvain l’année suivante, lors des deux sacres de Julian Alaphilippe. «On ne veut pas être offensifs pour être offensifs si c’est pour finalement passer pour des guignols, a-t-il tempéré. Ce ne sera pas forcément clinquant ou un feu d’artifice, on peut gagner d’autres manières. À nous seuls, on ne va pas bousculer toute la course, on n’est pas complètement cons. On peut aussi en avoir marre qu’on attende de nous qu’on prenne les choses en main.»
De son plan de jeu, il ne dévoilera donc rien, il a préféré louer l’état d’esprit de son groupe, la solidité des huit coureurs, mais il ne rogne pas pour autant l’ambition de ses troupes. «Individuellement, il y a un coureur qui risque d’être le plus fort, ce n’est pas pour autant qu’il doit être l’ennemi public no1, mais on est là pour être champion du monde. » Voeckler vise Tadej Pogacar, bien sûr, et sans en dire davantage, l’Alsacien a tout de même livré une clé de lecture du Championnat du monde. «Le comportement des équipes qui n’ont pas un des trois grands favoris - Pogacar, Van der Poel et Evenepoel - aura un impact très important sur le Mondial. Qu’est-ce qu’on a vu cette saison? Que quand Pogacar partait, on ne le revoyait pas. À partir de là, quelle va être l’attitude de chacun?» Et notamment des Français autour de Julian Alaphilippe, car Voeckler a eu beau brouiller les pistes hier soir, en dire le minimum, il aura mijoté quelque chose pour tenter de contrer l’envol des trois ogres.
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Demi Vollering (à g.) et Lotte Kopecky, sur le podium en
Romandie début septembre, mines graves et regards lointains.
À fleurets mouchetés
Lotte Kopecky, la championne du monde belge, défendra son titre face à sa future ex-coéquipière Demi Vollering dans un match indécis, au terme d’une saison marquée par des moments de tension.
PHILIPPE LE GARS
ZURICH – Il est temps de voir ces deux-là face à face, dans des rôles de rivales à plein temps. On devrait avoir aujourd’hui un aperçu de ce qui nous attend l’an prochain quand la Néerlandaise Demi Vollering ne portera plus les mêmes couleurs de SD Worx que la Belge Lotte Kopecky. Si des tensions entre les deux ont pu apparaître publiquement ces derniers temps, elles sont restées limité es à une rivalité purement sportive. Les deux stars du cyclisme féminin vont se retrouver dans la quête du maillot arc-en-ciel, le deuxième d’affilée pour la Belge et le premier pour la Néerlandaise, qui bouclerait ainsi en beauté son histoire dans l’équipe phare du peloton mais avec le maillot orange sur les épaules.
Des trous d’air dans les choix tactiques
Tout aurait pourtant pu donner lieu à un partage des rôles, chacune oeuvrant dans son domaine de prédilection, les classiques (flandriennes notamment) pour Kopecky et les grands Tours pour Vollering. Mais c’est la performance de la Belge l’an passé sur le Tour de France (2e du classement final après six jours en jaune) qui lui a ouvert les yeux sur son potentiel. Ces progrès l’ont surtout amenée à déborder sur les plates-bandes de sa coéquipière, laissant apparaître par moments des trous d’air dans les choix tactiques de l’équipe SD Worx. Comme sur le dernier Tour de France, où Vollering avait bien senti qu’elle n’avait plus l’adhésion totale de ses coéquipières, en l’absence de Kopecky, concentrée sur les Jeux. L’annonce de son départ à la fin de cette saison pour une nouvelle équipe dont elle devrait révéler le nom dans les prochains jours a cassé la confiance mutuelle qui l’unissait à l’équipe belge depuis 2021.
L’attitude de Kopecky, il y a trois semaines, lors de la dernière étape de montagne du Tour de Romandie, quand elle a rivalisé avec Vollering pour conserver son maillot de leader, comme si les deux couraient déjà pour des équipes différentes, a été le point de rupture. «Ça m’a surpris de la voir à ce niveau et comme je vais quitter l’équipe, c’était peut-être normal qu’on la protège plus que moi », avait seulement convenu Vollering en se projetant déjà sur ce Mondial de Zurich, où elle disposera d’une équipe (nationale) à son service cette fois. «Mais par le passé, on a bien vu que les Néerlandaises n’ont pas toujours été à la hauteur, même avec une multitude de championnes» , a relevé Kopecky. Comme pour bien lancerle match.
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Le drame Furrer
La jeune Suissesse de 18 ans, victime d’une chute lors de l’épreuve en ligne juniors jeudi, est décédée hier, plongeant la fin des Mondiaux dans une profonde tristesse.
28 Sep 2024 - L'Équipe
PHILIPPE LE GARS
ZURICH (SUI) – C’est un peu avant 15 heures hier après-midi que l’Union cycliste internationale (UCI) a annoncé la sombre nouvelle du décès de la jeune Zurichoise de 18 ans Muriel Furrer, survenu quelques heures plus tôt à l’hôpital de Zurich où elle avait été admise la veille dans un état très grave à la suite de sa terrible chute lors de l’épreuve en ligne juniors. Souffrant d’un traumatisme crânien, elle n’a pas survécu malgré l’intervention chirurgicale.Muriel Furrer à l’occasion des Championnats du monde, mardi à Zurich.
« Le monde du cyclisme perd une coureuse promise à un grand avenir, a déclaré l’UCI, bouleversée par ce terrible accident. La famille de Muriel demande que sa vie privée soit respectée en ce moment particulièrement difficile. » On apprenait plus tard que ses parents avaient souhaité que les Championnats du monde se poursuivent normalement malgré leur douleur. Les drapeaux seront en berne jusqu’à dimanche et les cérémonies protocolaires limitées.
Hier après-midi, Peter Van den Abeele, le directeur des sports de l’UCI, a précisé qu’une enquête judiciaire avait été ouverte pour déterminer les circonstances de l’accident. «Les informations fournies par les traceurs installés sur les vélos seront utilisées par les autorités dans le cadre de cette enquête», a-t-il déclaré.
Car de nombreuses questions demeurent. Non seulement sur les raisons de la chute mais également sur les conditions et l’arrivée jugée trop tardive des secours. Les organisateurs, tenus par le secret du début de l’enquête, n’ont pas voulu répondre à ces interrogations. Les responsables de la Fédération suisse, déjà marqués par le décès de Gino Mäder l’an passé sur le Tour de Suisse, ont tenu à rappeler leur «douleur et (leur) chagrin. Il n’y a pas de place pour l’instant à la compréhension (des événements). Nous savons que vous avez beaucoup de questions, mais nous devons respecter l’intimité de la famille. L’enquête du procureur et de la police est en cours, nous devons nous en tenir aux faits et ne pas suivre les rumeurs.»
Un parcours très glissant en raison de fortes pluies
Plusieurs versions sont déjà avancées, surtout concernant le parcours rendu très glissant jeudi matin par les fortes pluies. Furrer serait tombée à un endroit isolé au passage d’une forêt, et c’est là qu’elle serait restée inconsciente durant une durée encore indéterminée mais suffisamment longue pour que son absence au passage de la ligne d’arrivée plonge son staff dans l’inquiétude et qu’il lance l’alerte. C’est un hélicoptère de la sécurité civile qui a pu la localiser avant de l’évacuer en urgence vers l’hôpital de Zurich dans un état critique.
Furrer était depuis le mois de juin vice-championne nationale sur l’épreuve en ligne et sur le contre-la-montre. Elle s’était également récemment mise en évidence sur le VTT, une discipline où elle avait terminé cinquième lors des derniers Championnats d’Europe. Mardi, elle avait fini à la 44e place du chrono juniors.
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La tragedia Furrer
La 18enne svizzera, caduta giovedì durante la corsa su strada juniores, è morta ieri, gettando l'ultima parte del mondiale in una profonda tristezza.
28 settembre 2024 - L'Équipe
PHILIPPE LE GARS
ZURICH (SUI) - Poco prima delle 15.00 di ieri pomeriggio, l'Unione Ciclistica Internazionale (UCI) ha annunciato la triste notizia della morte della 18enne zurighese Muriel Furrer, deceduta poche ore prima all'ospedale di Zurigo, dove era stata ricoverata il giorno precedente in condizioni gravissime a seguito di una terribile caduta durante la gara junior su strada. Muriel Furrer ai Campionati del mondo di Zurigo, martedì scorso, ha subito un trauma cranico e non è sopravvissuta nonostante sia stata sottoposta a un intervento chirurgico.
Il mondo del ciclismo ha perso una ciclista dal grande futuro”, ha dichiarato l'UCI, sconvolta da questo terribile incidente. La famiglia di Muriel chiede che venga rispettata la sua privacy in questo momento particolarmente difficile”. È stato poi rivelato che i suoi genitori avevano chiesto che i Campionati del Mondo continuassero normalmente nonostante il loro dolore. Le bandiere saranno esposte a mezz'asta fino a domenica e le cerimonie ufficiali saranno limitate.
Ieri pomeriggio, Peter Van den Abeele, direttore sportivo dell'UCI, ha dichiarato che è stata aperta un'inchiesta giudiziaria per determinare le circostanze dell'incidente. “Le informazioni fornite dai localizzatori installati sulle biciclette saranno utilizzate dalle autorità nell'ambito di questa indagine”, ha dichiarato.
Restano molti interrogativi. Non solo sui motivi della caduta, ma anche sulle condizioni e sull'arrivo tardivo dei servizi di emergenza. Gli organizzatori, vincolati al segreto fin dall'inizio dell'indagine, non hanno voluto rispondere a queste domande. I responsabili della Federazione svizzera, già profondamente colpiti dalla morte di Gino Mäder lo scorso anno al Tour de Suisse, hanno voluto ribadire il loro “dolore e cordoglio”. Non c'è spazio per la comprensione (degli eventi) in questo momento. Sappiamo che avete molte domande, ma dobbiamo rispettare la privacy della famiglia”. Le indagini del pubblico ministero e della polizia sono in corso, quindi dobbiamo attenerci ai fatti e non seguire le voci”.
Un percorso molto scivoloso a causa della forte pioggia
Sono già state avanzate diverse versioni, soprattutto per quanto riguarda il percorso, che giovedì mattina era molto scivoloso a causa della forte pioggia. Furrer sarebbe caduta in un punto isolato, mentre attraversava un bosco, e lì sarebbe rimasta priva di sensi per un tempo ancora imprecisato, ma abbastanza lungo perché la sua assenza al momento del passaggio sul traguardo preoccupasse i suoi collaboratori e li spingesse a dare l'allarme. Un elicottero della sicurezza civile è riuscito a localizzarla prima che venisse trasportata d'urgenza all'ospedale di Zurigo in condizioni critiche.
Da giugno Furrer era vicecampionessa nazionale su strada e a cronometro. Di recente si era fatta notare anche nella mountain bike, disciplina in cui si era classificata quinta agli ultimi Campionati europei. Martedì, si era classificata 44ª nella cronometro juniores.
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