Madiot : « J’ai peur pour l’équilibre éthique du vélo »
À l’orée de 2025, où le cyclisme est à l’entrée d’un « grand virage », le manager de Groupama-FDJ exprime ses appréhensions face à un nouveau modèle qui pourrait menacer l’état général de son sport.
“Je ne voudrais pas que ce qui était du dopage autrefois s’appelle aujourd’hui de l’ hyper- professionnalisation"
“Le vélo a quand même cette particularité que de temps en temps il a des grosses merdes et ça ralentit"
31 Dec 2024 - L'Équipe
ALEXANDRE ROOS
Marc Madiot profit ait lundi d’ un dernier jour de repos dans son fief de Mayenne avant de reprendre le boulot en région parisienne. Dans la matinée, nous l’avions appelé pour savoir ce qu’ il ressent ait après la retraite de Patrick Lefévère, représentant comme lui de la génération des managers « à l’ancienne », mais rapidement la conversation a débordé sur l’état général du cyclisme. Alors qu’il se promenait dans la campagne, le manager de Groupama-FDJ s’inquiétait de la nouvelle réalité économique des on sport. Avant d’ attaquer 2025,illancel’alerte. Marc Madiot est attentif à l'évolution actuelle qui va faire passer le cyclisme dans une autre dimension.
«Avec le départ à la retraite de Patrick Lefévère,o na l’ im pression que l’ époque des managers issus du sérail se termine et que celle des chefs d’ entreprise acommencé…
Il y a une évolution, mais ça dépasse ce cadre-là. Je réfléchissais àl’ édi toque j’ écris dans mon petit magazine des anciens, Vélo Star. Je vais titrer“De la 504 au jet privé ”. Dans le temps, les coureurs se déplaçaient dans la 504 blanche, je me souviens d’ André Foucher (un coureur ma yen nais, équipier no tamment d’Henry Anglade ou de Raymond Poulidor) avec les vélos sur le coffre, on faisait une trentaine de kilomètres pour aller d’ un critérium à un autre. Là, ce n’ est pas du tout une critique, je vois van der Poel qui arrive sur les cross en Belgique avec sa Lamborg hi ni, qui va à Besançon avec un jet privé, qui prend 50.000 euros par course (1). Tant mieux pour lui, mais je me disque le vélo est en train de changer de monde et d’ époque. Quand on voit que Red Bull a déjà des participations dans deux équipes(Red Bull - Bora-hansgrohe et Tudor),qu’ ils sont dans plusieurs clubs de football, en Formule 1, dans le bateau, partout… Ineos, même chose. Je pense qu’en 2025-2026, on entre dans un grand virage.
Avec quelles répercussions?
Le modèle va changer. On était des petits épiciers, Lefév ère, moi ou d’ autres, et c’ est la fin d’ une époque. Ça peut se casser la gueule, mais aujourd’ hui on va vers cinq-six groupes, ça ne sert plus à rien de les appeler“équipes ”, qui sont à 50 millions (d’ euros de budget ), à terme il yen aura sans doute 10 ou 15. Des équipes comme les nôtres, on était confortables, installé es dans le temps et la durée, mais il y a des questions qui vont se poser. En France, on est sur un modèle où avec le sponsor, s’ il met dix millions, il espère faire un peu plus en retour sur investissement d’ image, ce qui est logique. Mais ces sponsors ou ces États, ils veulent faire du pognon comme dans le foot. Alors que nous on était davantage sur un modèle d’ équilibre. Ça va forcément influencer l’ avenir. Peut-être que demain il n’ y aura plus que deux ou trois courses en France. Est-ce qu’ on est prêtsàça? Est-cequ’onveutça?
Mais les sources de revenus sont moins évident es dans le cyclisme…
Justement, ce sera le match suivant, je pense. Les droits télé, les transferts, les nouveaux marchés… Si on regarde les autres grands sports, on voit bien que c’ est de plus en plus globalisé, ce qui, aujourd’ hui, n’ est pas le cas du cyclisme. Toutes ces grandes puissances financières qui arrivent dans ce milieu vont vouloir, je suppose, reproduire les mêmes mouvements pour arriver à des résultats identiques. Ils ne viennent pas là par plaisir. Le vélo a cette qualité, par rapport à d’ autres sports, il n’ est pas cher. C’ est donc la bonne période pour y venir.
Vous parlez de la fin d’ une époque. Commentl’abordez-vous?
Je le vis bien, parceque j’ ai à la fois la chance et la malchance d’ avoir un certain âge (65 ans ). Mais j’ ai quand même des appréhensions. Parceque ces gens-là arrivent avec d’ autres expériences, dans d’ autres mi lieux, sportif sou économiques, et j’ ai peur pour l’ équilibre éthique du vélo, dans tous les domaines. Dans tous les domaines( il insiste). Jemerendscompte qu’ avec les gens de ma génération, il y a encore une forme de sonnette d’ alarme. J’ ai peur que dans cette transformation, qui est inéluctable, on n’ ait plus tellement ça en mémoire, qu’ on soit plus dans les gains marginaux, dans la professionnalisation à outrance. Je ne voudrais pas que ce qui était du do page autrefoiss’ appelle au jourd’ hui del’ hyperprofessionnalisation sans qu’ on s’ en rende compte.
Vous avez peur qu’ il y ait moins degarde-fous?
Oui, parceque dans ce système, on ne va plus accepter de perdre. Alors que jusqu’ à présent dans le vélo, on acceptait d’ être battus. Ça fait peut-être vieux con de dire ça, mais c’ est un énorme danger. On pourrait vous rétorquer que rien ne nous garantit que si vous aviez davantage de budget, vous n’ iriez pas également vers la recherche de nouvelles méthodes…
(Il rigole...) Ben là je vais me jeter des fleurs, j’ ai envie de vous dire que par rapport à d’ autres, j’ ai le bénéfice de mon âge et de mon passé dans ce milieu, de mon vécu surtout. Auderniersé mi na ire World Tour, où je n’ avais pas pu me rendre, j’ avais transmis un message à David L appartient sur ces sujets, sur le monoxyde de carbone (2) notamment. Je sais qu’il l’a évoqué dans son discours (le président del’ U CI a annoncé vouloir l’interdire).
Vous êtes fat a liste ?
Je pense qu’ il y a des choses à faire, maintenant où se situe la volonté et qui va la dicter? C’ est le problème. On est à la fois dans une zone de progrès et une zone à risques. Reprenons l’ histoire du monoxyde de carbone, on est dedans. On va t’ enrubanner ça pour que ce ne soit pas du do page, mais quand même…
Les cétones sont aussi dans la zone grise et pourtant certains de vos coureurs enprennent…
Les cétones, c’ est comme le reste, ça a servi de para vent. Pendant qu’ on parlait de ça, on ne parlait pas d’ autre chose et tout le monde s’ est agglutiné là-dessus. Il n’ y a jamais eu de décision del’ U CI, d’ interdiction antidopage formel le sur ce sujet. Ce qu’ on a constaté, c’ est qu’ en course ça ne sert à rien, en tout cas ça a plus d’ inconvénients que d’ avantages, par contre pour la récupération, c’ est pas mal. Mais ce n’ est pas la même chose que le monoxyde de carbone, non ( il insiste ), l’une est considérée comme un complément alimentaire, l’ autre c’ est quand même un gaz létal. Ce qui m’emmerde, c’ est le côté recherche, dans le para médical ou le médical. En fait il sont remplacé les soigneurs dedans le temps.
On a l’ impression que l’ accélération est exponentielle d’ année en année…
Oui, c’ est assez vertigineux. Mais le vélo a quand même cette particularité que de temps en temps il a des grosses merdes et ça ralentit. On peut être à la veille d’ une grosse merde. Je fais juste un constat. Et jesuis vigilant». (1) Un chiffre avancé parla« Gazzetta dello sport», que l’intéressé n’a pas confirmé. (2) L’ inhalation du monoxyde de carbone permet de mesurer les bienfaits de l’altitude sur l’organisme, mais pour certains, elle pourrait avoir des effets dopants.
***
Madiot: “Temo per l'equilibrio etico del ciclismo”.
Alla vigilia del 2025, quando il ciclismo sta entrando in una “grande svolta”, il manager di Groupama-FDJ esprime le sue preoccupazioni per un nuovo modello che potrebbe minacciare lo stato generale del suo sport.
“Non vorrei che quello che una volta era doping oggi si chiamasse iper-professionalizzazione”.
“Il ciclismo ha la particolarità che di tanto in tanto ha delle grosse fregature e questo lo rallenta”.
31 dicembre 2024 - L'Équipe
ALESSANDRO ROOS
Marc Madiot lunedì si è goduto un ultimo giorno di riposo nella sua città natale, Mayenne, prima di tornare al lavoro nella regione di Parigi. In mattinata lo abbiamo chiamato per sapere che cosa ne pensasse del ritiro di Patrick Lefévère, che come lui rappresenta la generazione dei dirigenti “vecchio stile”, ma la conversazione si è subito spostata sullo stato generale del ciclismo. Mentre passeggiava per la campagna, il manager di Groupama-FDJ era preoccupato per la nuova realtà economica dello sport. Marc Madiot è molto attento agli sviluppi attuali che porteranno il ciclismo in una nuova dimensione.
- Con il ritiro di Patrick Lefévère, abbiamo l'impressione che l'èra dei dirigenti provenienti dai ranghi stia finendo e che sia iniziata l'èra dei direttori d'azienda...
C'è stata un'evoluzione, ma va oltre. Stavo pensando a quello che scriverò nella mia piccola rivista per i vecchietti, Vélo Star. Lo intitolerò “Dalla [Peugeot] 504 al jet privato”. Ricordo André Foucher (corridore di Mayen, compagno di squadra, tra gli altri, di Henry Anglade e Raymond Poulidor) con le sue biciclette nel bagagliaio, e viaggiavamo per una trentina di chilometri da un criterium all'altro. Vedo van der Poel arrivare alle corse campestri in Belgio con la sua Lamborghini, volare a Besançon con un jet privato e farsi pagare 50.000 euro a gara (1). Tanto meglio per lui, ma credo che il ciclismo stia cambiando mondo e tempi. Quando si vede che la Red Bull ha già partecipazioni in due squadre (Red Bull Bora-Hansgrohe e Tudor), che è presente in diverse squadre di calcio, in Formula 1, nelle barche, ovunque... Ineos, stessa cosa. Penso che nel 2025-26 entreremo in una svolta importante.
- Quali ripercussioni avrà?
Il modello sta per cambiare. Eravamo dei piccoli produttori, Lefévère, io e altri, e questa è la fine di un'epoca. Può darsi che tutto vada in frantumi, ma oggi si va verso cinque o sei gruppi, e non ha più senso chiamarli “squadre”: hanno un budget di 50 milioni di euro, e a lungo termine probabilmente saranno 10 o 15. Squadre come la nostra, ci siamo trovati a nostro agio, si sono sistemate nel tempo e nella durata, ma ci sono domande che sorgeranno. In Francia, abbiamo un modello in cui se uno sponsor mette dieci milioni di euro, spera di ottenere un po' di più in cambio del suo investimento in immagine, il che è logico. Ma gli sponsor e i governi vogliono guadagnare, proprio come nel calcio. Mentre noi eravamo più favorevoli a un modello equilibrato. Questo influenzerà il futuro. Forse domani ci saranno solo due o tre gare in Francia. Siamo pronti per questo, o lo vogliamo?
- Ma le fonti di reddito sono meno ovvie nel ciclismo...
Credo che questa sarà la prossima partita. Diritti televisivi, trasferimenti, nuovi mercati... Se si guarda agli altri grandi sport, si nota che le cose si stanno globalizzando sempre di più, cosa che oggi non avviene nel ciclismo. Immagino che tutte le grandi potenze finanziarie che entreranno in questo sport vorranno riprodurre gli stessi movimenti per ottenere gli stessi risultati. Non vengono qui per piacere. Rispetto ad altri sport, il ciclismo è economico. Quindi è un buon momento per venire.
- Lei parla della fine di un'epoca. Come la sta vivendo?
La sto vivendo bene, perché ho la fortuna e la sfortuna di avere una certa età (65 anni). Ma ho ancora delle perplessità. Perché queste persone arrivano con altre esperienze, in altri ambiti, sportivi o economici, e ho paura per l'equilibrio etico del ciclismo, in tutti gli ambiti. In tutti gli ambiti (insiste). Mi rendo conto che le persone della mia generazione stanno ancora lanciando l'allarme. Ho paura che in questa trasformazione, che è inevitabile, non ci ricorderemo più di tanto, che saremo più portati al guadagno marginale, all'iper-professionalizzazione. Non vorrei che quella che prima era una “pagina da fare” ora diventasse “iper-professionalizzazione” senza che ce ne rendiamo conto.
- Teme ci siano meno tutele?
Sì, perché in questo sistema non si può più accettare di perdere. Mentre finora nel ciclismo si accettava di essere battuti. Potrà sembrare un'affermazione da vecchio rimbambito, ma è un pericolo enorme. Potremmo ribattere che non è detto che se si avesse un budget maggiore, non si andrebbe anche a cercare nuove metodologie... (Ride...) Beh, mi permetto di fare una battuta, ma vorrei dirvi che rispetto ad altri ho il vantaggio della mia età e del mio passato in questo settore, soprattutto della mia esperienza. All'ultimo World Tour, al quale non ho potuto partecipare, ho inviato un messaggio a David Lappartient su questi temi, in particolare sul monossido di carbonio (2). So che ne ha parlato nel suo discorso (il presidente dell'UCI ha annunciato di volerlo vietare).
- Siete in lista?
Penso che ci siano cose da fare, ma dov'è la volontà e chi la detterà? Questo è il problema. Ci troviamo sia in una zona di progresso che in una zona di rischio. Riprendiamo la storia del monossido di carbonio. La chiuderemo in modo che non sembri una pagina da fare, ma comunque...
- Anche i chetoni si trovano nella zona grigia, eppure alcuni ciclisti li assumono...
I chetoni, come tutto il resto, sono stati utilizzati come barriera contro il vento. Mentre si parlava di questo, non si parlava di nient'altro, e tutti si sono messi all'opera. Non c'è mai stata una decisione della UCI, un divieto antidoping formale su questo argomento. Quello che abbiamo visto è che nelle gare è inutile, o almeno ha più svantaggi che vantaggi, ma per il recupero non è male. Ma non è la stessa cosa del monossido di carbonio, no (insiste), uno è considerato un integratore alimentare, l'altro è comunque un gas letale. Quello che mi fa incazzare è l'aspetto della ricerca, in campo para-medico o medico. In effetti, in passato hanno sostituito le badanti.
- Si ha l'impressione che l'accelerazione sia esponenziale di anno in anno...
Sì, è piuttosto vertiginosa. Ma il ciclismo ha la particolarità che di tanto in tanto ha dei grossi cedimenti e rallenta. Si può essere sull'orlo di una grande cagata. La mia è solo un'osservazione. E sono vigile”.
(1) Cifra riportata dalla “Gazzetta dello sport”, non confermata dall'interessato.
(2) L'inalazione di monossido di carbonio è un modo per misurare i benefici dell'altitudine sull'organismo, ma per alcuni potrebbe avere effetti dopanti.
Commenti
Posta un commento