UNE VIE DE FOOT

5 Feb 2025 - L'Équipe
RÉGIS DUPONT
Cristiano Ronaldo fête aujourd’hui ses 40 ans. L’occasion de revenir, de dizaine en dizaine, sur une trajectoire unique.
From page 1 Il a, toute sa carrière, repoussé les limites, alors la ligne d’arrivée posée pour le moment à l’été 2026, à l’issue de son contrat en cours à Al-Nassr, demeure une hypothèse. Cristiano Ronaldo, 40 ans aujourd’hui, est toujours le capitaine de la sélection portugaise et toujours le footballeur le mieux payé au monde, à défaut de prétendre encore être le meilleur de la planète. Il a un dernier record en tête, ces 1 000 buts en pro qui célébreraient son exceptionnelle longévité, sa capacité à décliner moins vite et moins fort que ses congénères, lui qui a débuté en Championnat portugais sur un doublé, le 29 septembre 2002. L’année du deuxième Ballon d’Or d’un autre Ronaldo.
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HORS DU COMMUN
5 Feb 2025 - L'Équipe
Régis Dupont
Entre la première fois qu’on l’a vu sur une pelouse, le 15novembre 2003 à Guimaraes, et la dernière, le 10décembre 2022 à Doha, Cristiano Ronaldo a connu plusieurs vies. Du duel face à Bernard Mendy et les Espoirs français au quart de finale de Coupe du monde perdu contre le Maroc, vingt ans plus tard, il est pourtant resté le même. Un attaquant centré sur sa propre performance, intolérant à la frustration, convaincu de son incomparable statut. La différence? L’électricité que CR7 pouvait encore produire sur le terrain à la fin des années 2010 a lentement disparu. Avanthier, son but de la tête en Ligue des champions asiatique avec Al-Nassr a rappelé ses plus belles envolées, les soirs de vraie C1, dans le ciel de Rome avec Manchester United ou celui de Turin avec le Real Madrid. Sans masquer la réalité. Regarder un match de Cristiano Ronaldo aujourd’hui, c’est un peu comme assister à la dernière des dernières tournées de Michel Sardou: il est encore un joueur, mais plus le même joueur.
À 40ans, il tente de repousser matin après matin les lois de la physiologie, conforme à l’impression qu’il nous avait laissée à 17ans, en claquettes au centre d’entraînement du Sporting Portugal, lors de notre premier échange. Déjà, il voulait être le meilleur, sans restrictions. Il a passé les trois quarts de son existence à poursuivre cette quête irrépressible, cette manière de maintenir à travers le foot le lien avec un père taiseux disparu dès 2005, rongé par ses démons intérieurs et l’alcool. Ronaldo perçoit en une seconde ce que José Dinis engrangeait et buvait en une journée, personne au monde n’est plus suivi que lui sur les réseaux sociaux. Dans une interview accordée à un confrère espagnol pour son 40e anniversaire, il s’est autoproclamé «le meilleur de l’histoire» . Il reste en tout cas un phénomène qui a gagné, au-delà de l’évaluation toute fraîche de la «marque Ronaldo» à 850millions d’euros, l’admiration planétaire. Avant le troisième match de groupes de la Coupe du monde 2022, nous avions échangé avec un quinquagénaire dans une rame de métro remplie à 99,9% de supporters portant le maillot portugais floqué du numéro7 portugais. Il nous avait demandé si CR7 allait bien être titularisé malgré le caractère sans enjeu de l’affrontement contre la Corée du Sud. Une fois rassuré, il nous avait avoué, presque la larme à l’oeil, qu’il venait de quitter pour la première fois de son existence le sous-continent indien: «J’ai pris une semaine de vacances au Qatar pour ça, je voulais le voir jouer une fois dans ma vie.»
Ronaldo nous avait encore mis une claque.
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FUORI DEL COMUNE
5 febbraio 2025 - L'Équipe
Régis Dupont
Tra la prima volta che lo abbiamo visto in campo, il 15 novembre 2003 a Guimarães, e l'ultima, il 10 dicembre 2022 a Doha, Cristiano Ronaldo ha vissuto diverse vite. Dal duello con Bernard Mendy e la squadra francese U-21 alla sconfitta nei quarti di finale dei mondiali contro il Marocco, vent'anni dopo, è rimasto lo stesso. Un attaccante concentrato sulle proprie prestazioni, intollerante alla frustrazione, convinto del suo incomparabile status. La differenza? L'elettricità che CR7 poteva ancora produrre in campo alla fine degli anni 2010 è lentamente scomparsa. L'altro ieri, il suo colpo di testa in Champions League asiatica con l'Al-Nassr ricordava i suoi migliori voli nelle notti della vera Champions League, nei cieli di Roma con il Manchester United o di Torino con il Real Madrid. Ma non c'era modo di nascondere la realtà. Guardare una partita di Cristiano Ronaldo oggi è un po' come guardare l'ultima tournée di Michel Sardou (cantante pop e attore francese, ndr): è ancora un giocatore, ma non è più lo stesso.
A 40 anni, giorno dopo giorno, tenta di respingere le leggi della fisiologia, in linea con l'impressione che ci ha lasciato a 17 anni, indossando le infradito nel centro di allenamento dello Sporting Lisbona, durante il nostro primo incontro. Già allora voleva essere il migliore, senza restrizioni. Ha passato tre quarti della sua vita a perseguire questa ricerca irrefrenabile, questo modo di mantenere un legame con il padre silenzioso attraverso il calcio, morto nel 2005, consumato dai suoi demoni interiori e dall'alcool. Ronaldo vede in un secondo quello che José Dinis raccoglieva e beveva in un giorno, e nessuno al mondo ha un seguito maggiore di lui sui social network. In un'intervista rilasciata a un giornale spagnolo in occasione del suo 40° compleanno, si è proclamato “il migliore della storia”. In ogni caso, rimane un fenomeno che ha conquistato l'ammirazione di tutto il mondo, per non parlare della nuova valutazione del “marchio Ronaldo” a 850 milioni di euro. Prima della terza partita della fase a gironi del mondiale 2022, abbiamo parlato con un uomo sulla cinquantina in un treno della metropolitana pieno al 99,9% di tifosi che indossavano magliette portoghesi con il numero 7. Ci ha chiesto se CR7 sarebbe stato titolare, nonostante non ci fosse nulla in gioco contro la Corea del Sud. Mi sono preso una settimana di vacanza in Qatar per questo”, ha detto, ‘volevo vederlo giocare una volta nella vita’.
Ronaldo ci ha dato un altro schiaffo.
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