Van der Poel, la masterclass


Mathieu Van der Poel a écrasé le Championnat du monde pour conquérir un septième maillot arc-en-ciel et égaler le record vieux de plus de cinquante ans d’Eric De Vlaeminck.

“J’ai vraiment eu de super sensations dès le départ, j’étais super relax, je le suis de plus en plus avec l’âge ''

3 Feb 2025 - L'Équipe
ALEXANDRE ROOS

LIÉVIN (PAS-DE-CALAIS) – Quand il retire son casque et ses lunettes, qu’il desserre ses mâchoires, Mathieu Van der Poel retrouve une bouille pouponne qu’on aurait presque du mal à reconnaître. Un faux air de premier communiant qu’il trimballait l’air de ne pas y toucher sur le podium du Championnat du monde, alors qu’en coulisses, il avait dû laisser traîner le costume de vélociraptor qu’il avait enfilé pour déchiqueter ses adversaires, avec cette détermination, ce visage et cette bouche fermés du carnassier concentré à ne pas laisser échapper sa proie, léger mouchetage de boue au coin des babines.Pour remporter son septième titre de champion du monde de cyclo-cross, le Néerlandais Mathieu Van der Poel a une nouvelle fois fait parler sa puissance et sa technique pour échapper rapidement à ses poursuivants, devant quelque 30 000 spectateurs, et s’imposer largement devant l’autre superstar, Wout Van Aert (ci-contre à gauche) et le jeune Thibau Nys.

Devinez quoi? Mathieu Van der Poel a remporté le Championnat du monde de cyclo-cross et il ne lui a même pas fallu un demitour pour laisser tout le monde en kit derrière, 20 secondes d’avance au bout de la première boucle, 25 de plus après la deuxi– me, rideau.

Il n’y a pas eu de suspense, on s’en doutait, mais l’édition de Liévin, au-delà de son succès populaire – 30 000 spectateurs hier, 50 000 sur les trois jours de Championnats –, a accouché du «meilleur» podium possible, avec Wout Van Aert en argent et derrière les deux superstars, l’avenir de la discipline, le Belge Thibau Nys (22 ans). Contrairement à certaines batailles mondiales passées (lire par ailleurs), au sommet de leur antagonisme, Mathieu Van der Poel et Wout Van Aert avaient tous les deux le sourire après l’arrivée, l’atmosphère était paisible, car chacun était à sa place et le savait.

MATHIEU VAN DER POEL Le Néerlandais a ainsi égalé la marque d’Eric De Vlaeminck, le frère de Roger qui n’a jamais eu la caisse de son frère pour briller autant sur la route, un record vieux de plus de cinquante ans. Mais comme souvent, Van der Poel a vite balayé ces références poussiéreuses de quelques formules d’usage, tout juste a-t-il concédé qu’il en était « fier » , et refusé de voir plus loin. Alors écrivons-le pour lui: bien sûr qu’il voudra conquérir une huitième couronne l’an prochain, être tout seul au panthéon du cyclo-cross, d’autant plus que le Mondial aura lieu chez lui, aux Pays-Bas, à Hulst.

Mais il est indéniable que le petit «Poupou» préfère parler vélo, ou plutôt laisser parler son vélo pour lui. Il n’y avait qu’à le voir hier poser ses roues au millimètre dans les ornières pour ne pas glisser ou s’embourber, constater comment il avait rectifié ses trajectoires entre le premier et le deuxième tour, juste le temps de s’adapter à la boue glissante de l’après-midi, notamment dans le passage très technique, en dévers, qui précédait la ligne, ou comment il avait amorti les méfaits d’une crevaison de la roue avant lors du troisième tour. Un artiste.

« Ça a l’air d’être une évidence, mais ça ne l’est pas, soufflait-il après le podium, un bonnet orange à pompon sur la tête. C’était un circuit dur techniquement, pour le matériel aussi c’était dur, donc je suis très heureux, j’ai vraiment eu de super sensations dès le départ, j’étais super relax, je le suis de plus en plus avec l’âge (30ans). Je suis parti à fond, c’est toujours le mieux, ensuite tu peux gérer ton truc. » Le cyclo-cross est un terrain de jeu idéal pour le Néerlandais, il lui permet d’exprimer sa puissance et sa technique, sans les aléas qui encombrent parfois sa destinée sur la route. C’est là le fondement de sa fidélité à la discipline. Bien sûr qu’il aime gagner, enchaîner les titres, mais le cross est un jeu qui lui permet d’être le coursier ultime qu’il est, en même temps que d’affirmer une suprématie, physique, technique, dans un combat animal, d’homme à homme, sans discussions ni excuses.

Une rampe de lancement à choisir avant Milan San Remo

D’excuses, Wout Van Aert n’en a d’ailleurs cherché aucune. Le Belge a complètement raté son départ et le premier virage, noyé dans le trafic. «Mais j’ai pris la décision de ne faire que peu de cross cet hiver, donc je devais partir en 4e ligne, c’est comme ça, souriait-il. Je savais que le premier demi-tour était crucial et ça n’a pas du tout marché comme prévu. J’ai perdu beaucoup dans le premier virage, à partir de là ç’a été une grosse bataille pour remonter à l’avant. Il m’a fallu un tour pour trouver de l’espace et pouvoir bouger un peu. Mais je n’ai pas à me plaindre.»

Le Belge a fini le cuissard déchiré, après avoir accroché de nombreuses barrières dans cette première boucle où il cherchait l’ouverture pour remonter, mais il se disait «heureux» parce que le résultat était « logique » . On le sentait également serein, satisfait de sa deuxième place, mais surtout de sa condition en ce début d’année, qui doit lui permettre de jouer la gagne au Tour des Flandres ou à Paris-Roubaix. Les classiques vont désormais arriver rapidement. Le chapitre des cyclo-cross refermé, Mathieu Van der Poel va également basculer sur sa quête de nouveaux Monuments. Le tout frais champion du monde a confirmé qu’il serait à Milan-San Remo (22 mars), avec une rampe de lancement qui reste à déterminer, entre Paris-Nice (9-16mars) et Tirreno-Adriatico (10-16mars). Et de l’imaginer recroiser le fer avec Tadej Pogacar en haut du Poggio nous suffisait pour quitter Liévin, sa joie et sa ferveur avec un immense sourire.

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Les 6 précédents de VdP

2015 LA RÉVÉLATION
Pour son 1er Mondial chez les Élites, à Tabor (RTC), Mathieu Van der Poel, les traits encore poupons à 20 ans, ne se pose aucune question. Seul en tête dès le premier tour, il conserve une quinzaine de secondes d’avance jusqu’au bout sur son rival belge Wout Van Aert, deuxième.

2019 L’ÉMOTION
Après 3 éditions remportées par Van Aert, le Néerlandais (5e, 2e et 3e) réussit la course parfaite, quand le Belge peine sur un dévers piégeux à Bogense (DAN). En larmes à l’arrivée, Van der Poel lève son vélo, geste devenu iconique.

2020 LA DÉMONSTRATION
Sous la pluie, le circuit de Dübendorf (SUI) devient un champ de boue, où la technique de Van der Poel fait des merveilles. Ce dernier écrase la concurrence (1’20’’ sur Pidcock, 2e) pour remporter un troisième titre.

2021 L’OCCASION
À domicile à Ostende (BEL), Van Aert semble prendre le dessus sur son rival, qui chute. Mais le Belge est victime d’une crevaison et laisse Van der Poel prendre une dizaine de secondes d’avance. Il ne le reverra jamais.

2023 LA GRANDE EXPLICATION
Isolés en tête après 3 minutes de course,
Van der Poel et Van Aert s’attaquent tour à tour sans parvenir à faire la différence à Hoogerheide (Pays-Bas). Le premier, parti dans la roue du second, fait la différence au sprint.

2024 LE MODE GESTION
Sans son concurrent belge, le double vainqueur de Paris-Roubaix se balade sur le circuit de Tabor (RTC), échappé dans le premier tour puis en gestion totale, dans un gigantesque bourbier.

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Il capolavoro di van der Poel

Conquistando la settima maglia iridata nel cross, Mathieu van der Poel ha eguagliato il cinquantennale record di Eric De Vlaeminck.

“Ho avuto ottime  sensazioni fin dall'inizio, ero super rilassato, 
e lo sto diventando sempre più man mano che invecchio”.
   - MATHIEU VAN DER POEL 

3 febbraio 2025 - L'Équipe
ALEXANDRE ROOS

LIÉVIN (PAS-DE-CALAIS) - Quando si toglie casco e occhiali e allenta le mascelle, il volto da bambola di Mathieu van der Poel è quasi irriconoscibile. Una falsa aria da ragazzino della prima comunione che ha portato sul podio del mondiale di cross con l'aria di non toccarlo, mentre nel backstage ha dovuto abbandonare il costume da velociraptor che aveva indossato per fare a pezzi i suoi avversari, con la determinazione, il volto e la bocca chiusa del carnivoro concentrato a non lasciarsi sfuggire la preda, un leggero granello di fango all'angolo delle labbra. Per conquistare il suo settimo titolo iridato di ciclocross, l'olandese Mathieu van der Poel ha usato ancora una volta la sua potenza e la sua tecnica per staccare rapidamente gli inseguitori, davanti a circa 30.000 spettatori, e vincere comodamente davanti all'altra superstar, Wout Van Aert (a sinistra) e al giovane Thibau Nys.

Indovinate un po'? Mathieu Van der Poel ha vinto i campionati del mondo di ciclocross e non gli è bastato nemmeno mezzo giro per lasciarsi alle spalle tutti quelli in kit: 20 secondi di vantaggio alla fine del primo giro, altri 25 dopo il secondo, sipario alzato.

Non c'è stata suspense, come sospettavamo, ma l'edizione di Liévin, al di là del successo popolare - 30.000 spettatori ieri, 50.000 nei tre giorni di Campionati - ha prodotto il “miglior” podio possibile, con Wout Van Aert d'argento e dietro le due superstar, il futuro della disciplina, il 22enne belga Thibau Nys. A differenza di alcune battaglie mondiali del passato (vedi altrove), all'apice del loro antagonismo, Mathieu Van der Poel e Wout Van Aert erano entrambi sorridenti dopo il traguardo, l'atmosfera era tranquilla, perché ognuno era al suo posto e lo sapeva.

Così facendo, l'olandese ha eguagliato il record stabilito da Eric De Vlaeminck, fratello di Roger, che non ha mai avuto il corpo del fratello per brillare così tanto sulla strada, un record che ha più di cinquant'anni. Ma come spesso accade, Van der Poel si è affrettato a spazzare via questi riferimenti polverosi con alcune formule abituali. e si è rifiutato di guardare oltre. Allora scriviamolo per lui: è ovvio che l'anno prossimo vorrà vincere l'ottava corona, per essere solo nel pantheon del ciclocross, tanto più che i Mondiali si svolgeranno nella sua terra d'origine, in Olanda, a Hulst.

Ma non si può negare che il piccolo “Poupou” preferisca parlare di ciclismo, o piuttosto lasciare che sia la sua bicicletta a parlare per lui. Bastava guardarlo ieri mentre metteva le ruote al millimetro nei solchi per evitare di scivolare o di impantanarsi, vedere come rettificava le traiettorie tra il primo e il secondo giro, giusto il tempo di adattarsi al fango scivoloso del pomeriggio, in particolare nel tratto altamente tecnico e in pendenza prima del traguardo, o come ammortizzava i danni causati da una ruota anteriore forata al terzo giro. Un artista.

"Può sembrare ovvio, ma non lo è”, ha sbuffato dopo il podio, indossando un cappello arancione con un ponpon in testa. Era un circuito difficile dal punto di vista tecnico, e anche l'equipaggiamento lo era, quindi sono molto contento. Ho avuto davvero un ottimo feeling fin dall'inizio, ero super rilassato, e lo sto diventando sempre più con l'avanzare dell'età (30 anni). Sono andato a tavoletta, che è sempre la cosa migliore, e poi puoi gestirti". Il ciclocross è un terreno di gioco ideale per l'olandese, gli permette di esprimere la sua potenza e la sua tecnica, senza i pericoli che a volte ne ostacolano il destino su strada. Questa è la base della sua fedeltà alla disciplina. Naturalmente gli piace vincere, mettere insieme titoli, ma il cross è un gioco che gli permette di essere il destriero definitivo che è, affermando allo stesso tempo la sua supremazia fisica e tecnica in una battaglia animalesca, da uomo a uomo, senza discussioni e senza scuse.

Una rampa di lancio da scegliere prima della Milano Sanremo

Wout Van Aert non cercava scuse. Il belga ha sbagliato la partenza e la prima curva, annegata nel traffico. "Ma ho deciso di non fare molto cross-country quest'inverno, quindi ho dovuto partire in quarta fila, è così e basta”, ha sorriso. Sapevo che il primo mezzo giro sarebbe stato cruciale e non è andato affatto come previsto. Ho perso molto alla prima curva e da quel momento in poi è stata una gran battaglia per tornare davanti. Mi ci è voluto un giro per trovare spazio e riuscire a muovermi un po'. Ma non posso lamentarmi”.

Il belga ha concluso con i pantaloncini strappati, avendo urtato alcune barriere nel primo giro dove cercava un varco per rimontare, ma si è detto “felice” perché il risultato era “logico”. È apparso anche sereno, soddisfatto del suo secondo posto, ma soprattutto della sua condizione di inizio anno, che dovrebbe consentirgli di lottare per la vittoria al Giro delle Fiandre o alla Parigi-Roubaix. Le classiche si avvicinano rapidamente. Chiuso il capitolo del ciclocross, Mathieu van der Poel si dedicherà anche alla caccia a nuovi monumenti. Il neo-campione del mondo ha confermato che sarà alla Milano-Sanremo (22 marzo), con una rampa di lancio ancora da definire, tra la Parigi-Nizza (9-16 marzo) e la Tirreno-Adriatico (10-16 marzo). E immaginarlo incrociare di nuovo le spade con Tadej Pogacar in cima al Poggio ci è bastato per lasciare Liévin, la sua gioia e il suo fervore con un enorme sorriso.

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I 6 precedenti di VdP

2015 - LA RIVELAZIONE
Per il suo primo mondiale Elite, a Tabor (RTC), Mathieu van der Poel, ancora giovanissimo a 20 anni, non si è posto domande. Da solo in testa fin dal primo giro, ha mantenuto un vantaggio di circa quindici secondi fino alla fine sul rivale belga Wout Van Aert, giunto secondo.

2019 - L'EMOZIONE
Dopo 3 edizioni vinte da Van Aert, l'olandese (5°, 2° e 3°) ha corso una gara perfetta, mentre il belga ha faticato su una pista insidiosa a Bogense (Danimarca). In lacrime al traguardo, van der Poel ha sollevato la sua bicicletta in quello che è diventato un gesto iconico.

2020 LA DIMOSTRAZIONE
Sotto la pioggia, il circuito di Dübendorf (Svizzera) è diventato un campo di fango, dove la tecnica di van der Poel ha fatto miracoli. Ha sbaragliato la concorrenza (1'20'' su Pidcock, secondo) per conquistare il suo terzo titolo.

2021 - L'OPPORTUNITÀ
In casa, a Ostenda (Belgio), Van Aert sembra avere la meglio sul suo rivale, che cade. Ma il belga ha subito una foratura e ha lasciato che van der Poel prendesse un vantaggio di circa dieci secondi. Non lo ha più rivisto.

2023 - LA GRANDE SPIEGAZIONE
Isolato in testa dopo 3 minuti di gara, van der Poel e Van Aert hanno attaccato a turno, ma non sono riusciti a fare la differenza a Hoogerheide (Paesi Bassi). Il primo, partito alla guida del secondo, ha fatto la differenza in volata.

2024 - IN MODALITÀ-GESTIONE 
Senza il suo rivale belga, il due volte vincitore della Parigi-Roubaix ha percorso il circuito del Tabor (Repubblica ceca), andando in fuga nel primo giro e poi in modalità di gestione totale, in un gigantesco tracciato piatto.

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