Le mur jaune
Visma-Lease a bike a écrasé le contre-la-montre par équipes dans des proportions inattendues et placé son duo Jorgenson-Vingegaard aux commandes de Paris-Nice, avant la première arrivée au sommet, aujourd’hui, où la concurrence devra se découvrir.
12 Mar 2025 - L'Équipe
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL PIERRE MENJOT
NEVERS – Le Maillot Jaune Tim Merlier a franchi la ligne loin des meilleurs, cette fois, après une vingtaine de kilomètres tout droit à travers les champs sous un ciel bleu sans pollution : ça y est, la capitale est loin derrière, ParisNice a débuté hier après deux victoires du Belge au sprint. N’est-il pas déjà fini ?
Les Visma-lease a bike ont écrasé le contre-la-montre entre Magny-Cours et Nevers, « en prenant plus de temps que l’on pensait », avouait le directeur sportif Grischa Niermann (14’’ au deuxième Jayco-AlUla, 24’’ à Red Bull-Bora, 41’’ à UAE), et placé leurs deux leaders en tête du général avec un vrai gap sur la concurrence, au terme « d’une journée parfaite », s’exclamait Jonas Vingegaard.
Le chrono parfait
La perfection, il en a beaucoup été question devant le car néerlandais, où les coureurs effectuaient leur décrassage en rembobinant les 28 kilomètres du chrono. Bart Lemmen mimait son coeur qui s’affolait dans la roue de Matteo Jorgenson, Per Strand Hagenes s’emballait auprès d’Axel Zingle de la vitesse ressentie (55,9 km/h de moyenne mais de longs passages à plus de 70), qui ne leur a sans doute pas permis de lire les pancartes des syndicats agricoles locaux ou de repérer Panoramix sur le bascôté. « C’est une des spécialités de l’équipe et on attendait cette journée avec impatience, on l’avait beaucoup préparée, dès janvier », expliquaitle Français.
Edoardo Affini et Hagenes, « nos deux motos », selon Jorgenson, ont beaucoup travaillé dans la première partie du parcours, très roulante. Puis les deux leaders ont pris les commandes dans la côte de la Pisserotte, à cinq kilomètres de l’arrivée. « On voulait basculer à quatre et on a réussi, soulignait Victor Campenaerts, qui s’est accroché, comme Lemmen. On a vraiment roulé super vite sur chaque mètre, on a utilisé tout ce qu’on avait. C’est presque la perfection, après une journée de stress pour tout le monde, le staff, les mécanos, et nous, et une victoire de toute l’équipe. » Conclue par le passage de Jorgenson sur la ligne avec Vingegaard dans sa roue.
Jorgenson conforté
Vainqueur sortant, l’Américain est le nouveau Maillot Jaune, avec six secondes d’avance sur le Danois, grâce aux bonifications grattées les deux premiers jours. Interrogé sur les derniers hectomètres en pente, où Vingegaard a semblé souffrir dans sa roue, le dossard numéro 1 a pouffé : « Ça, c’est pas vrai du tout, Jonas a fait le show je crois. » Le fait est que Jorgenson est en grande forme, il portera pour la première fois « ce maillot que j’ai passé beaucoup de temps à regarder », disait-il, alors qu’il ne l’avait pris qu’au terme de la dernière étape l’an passé. Et il compte le défendre. « J’espère conserver mon titre, ce serait le scénario idéal. »
D’ici Nice, la cohésion du duo sera mise à l’épreuve ces prochains jours. À quel point Vingegaard se sacrifiera-t-il pour Jorgenson, comme il l’a annoncé avant le départ, et vice versa ? « Nous sommes co-leaders, c’est un luxe d’avoir cet écart avec nos concurrents », a balayé l’ancien de Movistar. « Nous sommes 1er et 2e du général, on va essayer de garder ces positions jusqu’à la fin de la semaine », embrayait le double vainqueur du Tour, sans préciser lequel terminait à quel rang. « On a un certain historique avec plusieurs leaders en course, on a même fait un grand Tour avec trois coureurs sur le podium (la Vuelta 2023) », souriait leur DS.
Et maintenant, plusieurs possibilités
En Espagne, la supériorité des frelons avait totalement cade- nassé la course, et il avait fallu une intervention du patron Richard Plugge pour geler les positions. Cette fois, les écarts sont encore trop faibles pour siffler la fin des hostilités, d’autant qu’une première arrivée au sommet se profile aujourd’hui, à la Loge des Gardes (6,7 km à 7,1 %), un mauvais souvenir pour Jonas Vingegaard, qui y avait perdu plus de 40 secondes sur Tadej Pogacar et David Gaudu en 2023. Une rampe idéale pour certains rivaux qui ont des secondes à grappiller, comme Santiago Buitrago (Bahrain-Victorious) ou les duos de Red Bull-Bora et UAE.
Et les Visma ? Ils peuvent tout faire. « Ces écarts nous donnent de la place pour jouer, jaugeait Grischa Niermann. On peut courir de manière plus défensive, mais nous sommes aussi là pour gagner des étapes, surtout en montagne. Nous sommes dans une super position et nous allons voir ces prochains jours. » De Nevers à Nice, la route est encore longue, mais les favoris ont de quoi voir venir.
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Pour UAE, Nevers était si blues
Grand adversaire de Visma-Lease a bike, la formation de Joao Almeida a pris une claque hier.
12 Mar 2025 - L'Équipe
THOMAS PEROTTO
O'Connor et Vlasov prêts à jouer les trouble-fêtes
« Je ne pense pas que nous pouvions aller plus vite. C’est dommage d’avoir perdu Luke Durbridge (lundi sur abandon après une blessure à l’épaule), c’est un moteur énorme, et il y a eu des moments où un gars supplémentaire aurait aidé », regrettait O’Connor, le mieux placé derrière Jorgenson et Vingegaard. « Il est dans une bonne forme, il s’est entraîné dur et il attend les derniers jours avec impatience », confiait également Mathew Hayman, le directeur sportif des Jayco.

THOMAS PEROTTO
NEVERS – Il y a assez peu de chances que le responsable musical d’UAE Team Emirates ait diffusé hier soir les Wampas et leur chanson Nevers était si bleu pour rentrer à l’hôtel. En 2009, les paroles faisaient : Et le soleil brillait/Et toi qui souriais/Et moi qui hésitais/Oh oui si bleu.
La moitié des phrases seulement s’appliquait hier à la formation émirienne qui, sous le soleil nivernais a tiré la tronche plutôt que souri, hésité plutôt que maîtrisé, pour finalement voir la journée en blues plutôt qu’en bleu.
L’idée n’était pas franchement de retrouver UAE et son hydre à trois têtes (Almeida-McNulty-Sivakov) à la 8e place, trois secondes derrière Decathlon-AG2R La Mondiale et 42 derrière Visma-Lease a bike. «Onafaitce qu’on a pu, lâchait le Portugais Joao Almeida, qui a terminé deux secondes devant ses coéquipiers Brandon McNulty et Jhonatan Narvaez. C’est dommage de perdre autant de temps mais c’est comme ça. On aurait peutêtre pu faire mieux certaines petites choses mais on peut être fiers de ce qu’on a fait. »
La claque chronométrique est importante pour UAE, qui va devoir combler beaucoup de terrain alors que la montagne n’a pas encore commencé. L’an dernier, à Auxerre, déjà à la 3e étape, Almeida et ses partenaires s’étaient imposés dans le même exercice et avaient relégué Visma (6e) à 38 secondes. Ce qui n’avait pas empêché la formation néerlandaise de s’imposer à Nice avec Jorgenson.
O'Connor et Vlasov prêts à jouer les trouble-fêtes
Pendant que ses hommes tournaient les jambes la tête basse, le directeur sportif Fabio Baldato tentait donc de remotiver les troupes, petites tapes dans le dos et grands sourires. Pour infuser le message que rien n’est encore joué. « On espérait être bien plus proches de Visma… On prend 40 secondes, l’équipe a pourtant bien marché selon moi mais Visma avait quelque chose en plus », soufflait-il quelques instants plus tard en aparté. Avant de se tourner vers la suite :« On va jouer différemment maintenant, on a toujours trois leaders. Dès demain (aujourd’hui) et surtout les deux dernières étapes à Nice qui sont toujours particulières, il faudra être offensifs. » UAE regarde Visma de loin, mais d’autres adversaires se sont mis entre eux. Ben O’Connor (Jayco AlUla, 2e) est 4e au général, à 21’’ de Jorgenson, et Vlasov (Red Bull-BoraHansgrohe, 3e hier), 5e à 31 secondes, voire Mattias Skjelmose (Lidl-Trek, 4e), 9e à 36 secondes, ont limité la casse.
« Je ne pense pas que nous pouvions aller plus vite. C’est dommage d’avoir perdu Luke Durbridge (lundi sur abandon après une blessure à l’épaule), c’est un moteur énorme, et il y a eu des moments où un gars supplémentaire aurait aidé », regrettait O’Connor, le mieux placé derrière Jorgenson et Vingegaard. « Il est dans une bonne forme, il s’est entraîné dur et il attend les derniers jours avec impatience », confiait également Mathew Hayman, le directeur sportif des Jayco.
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TIRRENO ADRIATICO
Gaudu dans une mauvaise spirale
Tombé deux fois sur les Strade Bianche, le grimpeur de Groupama-FDJ a encore chuté hier et a dû quitter les routes de Tirreno-Adriatico, blessé à un coude. Un contretemps dans la perspective du Giro.
“S’il n’y a rien de cassé,
ça ira, ce n’est pas rédhibitoire.
Même si ça crée du doute"
- THIERRY BRICAUD,
DIRECTEUR SPORTIF DE GROUPAMA-FDJ
12 Mar 2025 - L'Équipe
ALEXANDRE ROOS
FOLLONICA (ITA) – Au départ de Tirreno-Adriatico, David Gaudu plaisantait sur ses mésaventures récentes, estimait qu’avec ses trois gamelles en trois semaines, il avait atteint son quota annuel. Mais le Breton est encore allé au sol hier, à 39 km de l’arrivée, pas loin d’une zone de ravitaillement. Le paquet qui pile, Gaudu pris en sandwich et un autre coureur qui le fauche par l’arrière. Réfugié sur le bas-côté, touché à un coude et une main amochée, le leader allait abandonner quelques minutes plus tard. Trois jours après son abandon aux Strade Bianche, où il était tombé à deux reprises en très peu de temps. Moins de trois semaines après une autre gamelle, à l’entraînement, à cause du passage d’un animal errant, qui l’avait privé du week-end de la Classic Var et du Tour des Alpes Maritimes.Le sort s’acharne sur David Gaudu: à 39 km de l’arrivée, hier, le grimpeur de Groupama (FDJ) a chuté et s’est blessé à un coude.
«C’est une très mauvaise spirale», soupirait Thierry Bricaud, le directeur sportif de Groupama-FDJ au pied de son car hier soir. D’autant plus qu’elle coupe un bel élan de début de saison, où Gaudu avait notamment levé les bras sur le Tour d’Oman, dans l’étape d’Eastern Mountain où il avait dominé Adam Yates. «On était justement là pour valider le travail hivernal, poursuivait Bricaud, et on se retrouve un peu à contretemps. S’ il n’ y a rien de cassé, ça ira, ce n’est pas rédhibitoire. Même si ça crée du doute.» Les nouvelles définitives sur l’état du grimpeur breton seront connues ce matin, mais une fracture serait pour l’heure écartée.
Elles détermineront la suite dans la perspective du Giro (9mai1erju in ), un des grands objectifs de la saison pour Gaudu, qui après Tirreno devait observer une plage de récupération avant d’enchaîner avec un stage et le Tour de Romandie comme rampe de lancement. L’équipe de Marc Madiot, déjà mal chanceuse sur les St rade Bianche, s’est mis un peu de baume au coeur avec la troisième place de Paul Penhoët dans le sprint, le premier podium World Tour de sa carrière, derrière Jonathan Milan, intraitable sur la côte toscane.
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