Doué, l’autre «o monstro»

Au-delà de sa créativité technique, l’attaquant parisien, étincelant lors du quart de finale aller, se distingue par un profil athlétique peu commun. Décryptage d’un « phénomène » physique.

13 Apr 2025 - L'Équipe
HUGO DELOM (avec LOÏC TANZI)

Spectaculaire roulette, accélération tranchante, changements de rythme et frappe: il y a, dans cette action de la 45e minute du quart de finale aller face à Aston Villa mercredi (3-1), un fidèle résumé de ce que l’on voit chez Désiré Doué depuis des mois.

Un cocktail peu commun de technique, de vitesse et de puissance. Perçu avant tout par le grand public comme un joueur créatif, le Parisien (19ans, 1,81m, 79kg) s’appuie également sur une dimension athlétique de haut niveau. Le gamin joufflu aperçu à la Piverdière a bien changé.

Des appuis exceptionnels

Le jeu de Désiré Doué se construit avant tout sur des un-contre-un. Dans cet exercice, il consolide son arsenal créatif avec des appuis très solides. Et des cuisses dessinées et volumineuses. « Au duel, en plus de sa grande créativité et sa vitesse sur les premiers appuis, c’est difficile de lui prendre la balle parce qu’il est puissant du haut et du bas du corps, décrypte son ex-coéquipier à Rennes Jeanuël Belocian, désormais à Leverkusen. Il a une masse corporelle assez importante qui lui permet d’être explosif. » «On le sait, c’est un joueur totalement imprévisible mais au-delà de sa technique, je le trouve très complet, prolonge le milieu Brestois Pierre Lees-Melou. Il est très costaud sur ses jambes, il a des appuis solides, il est très puissant, il reste tout le temps debout, c’est une grande force.»

Le néo-international, déjà doté naturellement de ces aptitudes physiques, a su développer cette puissance. «En U17, il y avait encore une certaine fragilité. Il y a eu une évolution les deux années suivantes. Il a été impressionnant ensuite sur sa qualité d’appuis, le fait d’être fort sur les jambes, de résister aux charges, de pouvoir changer de direction très rapidement, analyse Philippe Bizeul, ex-adjoint de Bruno Genesio au Stade Rennais. C’est un bon mélange de puissance et de dynamisme au sol. La génétique l’a bien gâté à ce niveau-là.»

«Il y a eu une forme de métamorphose athlétique en arrivant en pros, prolonge Mathieu Le Scornet, un de ses formateurs en Bretagne. C’était déjà un bolide, un 4x4, avec des ischios déjà massifs mais après, il a mis toutes les options (rires). Il est fort du dos, des pecs, des quadri, des bras. Ce qui me saute aux yeux aussi, c’est sa capacité à absorber le contact au bon moment. Il a le bon timing de gainage, comme s’il arrivait à lire le duel. C’est du haut niveau ça.»

Les techniciens interrogés se rejoignent sur un élément: les préférences motrices de Doué font qu’il résiste mieux aux duels quand il se situe côté gauche.

Une endurance peu commune

Les appuis d’un sprinteur, l’endurance d’un marathonien: voici, pour caricaturer, le profil athlétique de Doué. «C’est l’un des athlètes les plus complets que j’aie pu diriger, analyse Alan Berrou, le préparateur physique de l’équipe de France Espoirs. Il a une très grande endurance. Dans nos tests physiques, sur cet aspect, il était premier sur les joueurs présents aux JO. Ça comprend deux aspects: la capacité à courir longtemps mais aussi à multiplier les sprints à haute intensité.»

À Paris, il fait partie aussi des cinq meilleurs dans ce type d’exercice. Doué n’est pas un attaquant ultra-rapide. En Ligue des champions, sa vitesse maximale s’établit cette saison à 32,9 km /h. Très loin des dragsters (Erling Haaland, Achraf Hakimi, Kylian Mbappé et leurs 36 km/h). Il n’apparaît pas parmi les cent joueurs les plus rapides de la compétition cette saison. Mais sur les premiers appuis, il sait faire parler sa puissance et son explosivité. «Si on prend les références de ses coéquipiers aux JO, il fait partie des plus rapides sur courte distance, détaille Berrou. Sur longue distance aussi, mais il a encore une marge à gagner. De manière générale, il a 19ans, son curseur est déjà élevé mais il peut encore progresser sur la dimension athlétique dans la vitesse comme dans l’endurance. Il est à 80% de ses capacités.»

Une exigence totale

Si vous cherchez un jour Désiré Doué, il y a une bonne chance que vous le trouviez entre le terrain, la salle de sports et la piscine du Campus d’entraînement de Poissy. L’attaquant est l’un des Parisiens les plus assidus. À son âge, son exigence de travail impressionne au PSG. Mais pas seulement. «Ces dernières années, il a été très pro sur sa façon de se développer – salle, alimentation, repos, résume Belocian. C’est ce qui explique les qualités physiques qu’il a et ça le rend très fort aujourd’hui. C’est une personne qui aime se faire mal pour avoir ce qu’il veut.»

En mars, lors de sa première semaine à Clairefontaine avec les Bleus, Doué a marqué les esprits du staff comme de ses coéquipiers. Par ses habitudes en salle mais aussi par certaines demandes de travail supplémentaires. Sa volonté, en plus de la séance prévue par le préparateur physique Cyril Moine pour les remplaçants du match en Croatie, de « s’infliger » des exercices supplémentaires (de 15/15) n’est ainsi pas passée inaperçue. « Il est plus que perfectionniste, il cherche constamment à devenir meilleur. Il a une vision du travail rare, prolonge Berrou. Pendant les JO, très régulièrement après les séances, on faisait du travail en plus. » Une exigence développée auprès d’un père boxeur, particulièrement attentif à ce que ses fils s’investissent à 100%.

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L. T.
Tous sur le pont

Après plus d’une journée de repos entre la fin de l’entraînement jeudi midi et la reprise hier à 17 heures, les Parisiens sont entrés dans le vif de leur préparation du quart de finale retour, hier. Ce week-end sans match est une occasion parfaite pour Luis Enrique d’organiser des séances un peu plus poussées tactiquement. Le groupe entier était sur le pont hier après-midi pour débuter les exercices tactiques, accompagnés de vidéos collectives et individuelles. Paris s’attend à avoir plus d’espaces à Villa Park, mardi, que lors de la première rencontre au Parc des Princes (3-1). C’est autour de ces espaces que les joueurs et leur entraîneur vont pouvoir tenter d’exploiter certaines faiblesses adverses, toujours avec la même idée de jeu.

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Décès de Lionel Justier

Issu d’une des premières promotions du centre de formation du PSG, Lionel Justier avait formé, au milieu des années 1970, avec Jean-Marc Pilorget, François Brisson et Thierry Morin, un carré remarqué. Âgé de 68 ans, il a succombé hier à un malaise cardiaque. En 1975, il était devenu le plus jeune buteur de l’histoire du PSG, à 17 ans et 5 mois, et ne fut détrôné que 25 ans plus tard par le Nigérian Bartholomew Ogbeche (17 ans, 1 mois et 25 jours). Prêté une saison au Paris FC en 1978, il avait ensuite poursuivi sa carrière à Brest, Nîmes, Angoulême, Montceau-les-Mines, Châtellerault et enfin Beauvais, où il avait pris sa retraite en 1989.

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