Philip Roodhooft: « Sa force est autant mentale que physique »


Mathieu Van der Poel, maillot de champion du monde sur le dos à l’arrivée de Paris-Roubaix l’année dernière, avec à sa gauche Philip Roodhooft, manager de son équipe Alpecin-Deceuninck, 
et son partenaire Jasper Philipsen dans son dos.

Philip Roodhooft, le manager de l’équipe Alpecin-Deceuninck, raconte comment son leader Mathieu Van der Poel, qui vise un troisième succès sur Paris-Roubaix aujourd’hui, est devenu le champion qu’il est.

13 Apr 2025 - L'Équipe
PHILIPPE LE GARS

COMPIÈGNE (OISE) – Chez les van der Poel, on n’aime pas spécialement s’épancher, que ce soit pour révéler les détails ou les traits de caractère de Mathieu, ou pour fanfaronner après une énième victoire. Entre Adrie, le papa ancien pro, et Corinne, la maman, fille de Raymond Poulidor, on sent le clan familial très soudé.

Mais derrière la réussite du champion, il y a aussi les frères Roodhooft, Philip et Christoph, les managers de l’équipe Alpecin-Deceuninck qui ont fait grandir Mathieu Van der Poel depuis l’âge de 15 ans dans leur structure, plus modeste et à l’époque consacrée essentiellement au cyclocross.

Pendant que Christoph était occupé à préparer les derniers détails de la logistique en fonction de la pluie annoncée, mais aussi à affiner la stratégie pour aujourd’hui, Philip a pris le temps pour raconter les relations qu’ils entretiennent avec leur champion et comment ils l’ont vu grandir.


L'après-Tour des Flanders
« Pas dans ses habitudes de faire de longs discours »

« On n’a pas eu besoin de beaucoupseparleravecMathieuaprès le Tour des Flandres (3e dimanche dernier, derrière Tadej Pogacar et Mads Pedersen). Ce n’est pas dans ses habitudes de faire des longs discours après les courses, ni dans les nôtres non plus. Dimanche soir et les jours qui ont suivi, nous n’avions pas grandchose à nous dire, la course avait été très claire pour tout le monde. Il y avait juste cette déception d’avoir attrapé ce virus dans la semaine qui précédait. On n’a pas voulu chercher d’excuses pour autant, c’était seulement un regret de ne pas avoir pu préparer le Tour des Flandres tout à fait normalement. »

L'évolution de van der Poel
« Il ne nous surprend plus »

« Ce n’est pas négatif d’affirmer que Mathieu ne nous surprend plus vraiment. Ça ne veut pas dire qu’il ne nous impressionne pas pour autant. Si on prend l’exemple de Milan-San Remo, on ne peut pas cacher qu’on était confiants et lui aussi, par ce qu’on savait tous que Pogacar aurait du mal à le lâcher dans le Poggio. Mais on ne s’attendait pas que ça se déroule aus si facilement pour Mathieu. Il a atteint un tel niveau, une telle maturité qu’il ne peut plus nous surprendre. »

Ses point forts
« Il sait optimiser toutes les circonstances »

« Sa force est autant mentale que physique. C’est difficile d’expliqueràquelpointlapartdesonassurance influe sur ses prestations.Ilaunecapacitéincroyableà se préparer à 100 % pour les objectifs qu’il se fixe. Là, durant cette période, il est imperturbable. Il s’était inscrit sur Tirreno-Adriatico (50edu général) pour faire du rythmeavantsesquatreobjectifs: Milan-San Remo, l’E3 à Harelbeke, le Tour des Flandres et Paris-Roubaix. Il gagne les deux premiers et fait troisième sur le Ronde. Mais dimanche soir dernier, son esprit était déjà tourné vers le dernier, car il sait s’organiser mentalement, tout est bien compartimenté chez lui. Du coup, ça le rend encore plus fort dans la gestion de la pression, ce qu’on retrouve aussi dans sa façon de courir, où il sait optimiser toutes les circonstances. C’est en cela qu’il est un athlète complet. Physiquement, il n’y a pas grandchose à redire, il allie la puissance à la souplesse, on ne le sent jamais laborieux. »

Son parcours chez Alpecin-Deceuninck
« Sa carrière n’est plus à construire »

« On l’a vu grandir chez nous depuis quinze ans, c’est devenu un adulte. Son titre de champion du monde en 2023 a été une étape importante dans sa prise de conscience de son niveau. Son palmarès est tellement riche maintenant que ça le rend encore plus relax, il sait que sa carrière n’est plus à construire. Je sens aussi qu’il est tranquille à 30 ans d’avoir su faire les bons choix dans sa carrière, de lui avoir donné un sens. Il n’a pas de regrets à avoir sur ce qu’il a fait ou pas, il a passé ce cap important dans la vie d’un sportif de haut niveau. Mentalement, c’est quel qu’un detrèssain, que ce soit professionnellement ou dans sa vie privée. Il est vraiment stable. »

Sa polyvalence entre la route, le cyclo-cross et le VTT
« Il faut lui laisser sa liberté »

« Quand on l’a eu très jeune, on ne pouvait prévoir une telle carrière. Mais ça vaut pour tous les champions, à 15 ans personne n’avait imaginé que Pogacar gagnerait trois Tours de France, on n’aurait pas cru nous non plus que Mathieu aurait gagné 53 courses dont 7 Monuments à 30 ans. On a toujours essayé d’en tirer le maximum et on peut admettre que c’est une belle réussite. Tout s’est fait de manière naturelle, son passage du cyclo-cross à la route n’a jamais été une contrainte pour lui. Quand il a senti qu’il avait fait le tour de la question sur le cyclo-cross, il s’est plus concentré sur la route, mais on ne lui a jamais rien imposé. Il faut lui laisser sa liberté. Maisiln’apasabandonnélecyclocross pour autant, il n’est pas sept fois champion du monde par hasard. Ça fait partie de son équilibre, car tout est toujours une question de logique chez lui. Il savait qu’il ne pouvait pas commencer la route à 30 ans, mais en revanche, il peut le faire sur le VTT où il lui reste encore quelque chose à atteindre (un titre de champion du monde). Plus tard, à un âge plus avancé, ce sera encore jouable. »

Sa rivalité avec Tadej Pogacar
« Il n’a pas besoin de Pogacar pour vouloir gagner à Roubaix »

« Ce n’est pas seulement la présence du vainqueur du Tour sur Paris-Roubaix qui est importante, c’est le fait que les plus grands champions puissent s’affronter partout qui prime. Ça aide dans sa motivation, c’est sûr, mais Mathieu n’a pas besoin de Pogacar pour vouloir gagner à Roubaix. C’est juste que la victoire est toujours plus belle quand elle est acquise face aux meilleurs rivaux. Il avait connu ça déjà sur le cyclo-cross avec (Wout) Van Aert, c’est vrai qu’il était toujours un peu plus heureux quand il le battait lui plus qu’un autre.»

Commenti

Post popolari in questo blog

Dalla periferia del continente al Grand Continent

Chi sono Augusto e Giorgio Perfetti, i fratelli nella Top 10 dei più ricchi d’Italia?

I 100 cattivi del calcio