A HISTORY OF VIOLENCE


Le candidat et ex-président américain a réchappé à une tentative d’assassinat ce week-end lors nd d’un meeting en Pennsylvanie. Un séisme politique.

Trump a édifié sa candidature sur des voeux de vengeance et toute une rhétorique incendiaire, déclinée depuis à chaque discours.

15 Jul 2024 - Libération
Par Julien Gester Correspondant à New York

Le feu qui convulsait les mots d’ordre et les promesses furieuses agités dans une campagne présidentielle déjà intensément hors norme aux Etats-Unis a franchi un nouveau seuil dramatique, samedi, quand Donald Trump, ancien président et actuel candidat à la reconquête de la Maison Blanche, a été pris pour cible par des tirs lors d’un meeting en Pennsylvanie. L’Amérique, ses divisions, sa passion autodévorante des armes à feu, sa tradition présidentielle déjà tant de fois ensanglantée (d’Abraham Lincoln à JFK) et brutalisée par d’autres tentatives d’assassinat (de Theodore Roosevelt à Ronald Reagan), est une fois encore rattrapée par la violence qui innerve son histoire moderne comme celle d’aucune autre démocratie de son rang (lire pages 6-7).


Photo Evan Vucci. AP - Donald Trump blessé et poing levé, 
une photo du coeur brûlant de l’histoire 

Avec sa chorégraphie des corps, le cliché provoque un effet de fascination, tout en héroïsant et en glamourisant en martyr le leader républicain. Analyse à lire en intégralité sur le site.

En en briguant pour la troisième fois les commandes, après en avoir été déchu en 2020 sans reconnaître alors sa défaite, Trump a édifié sa candidature sur des voeux de vengeance et toute une rhétorique revancharde, incendiaire, déclinée depuis à chaque discours, au gré d’une surenchère ouvertement fascisante. L’attentat auquel il vient de réchapper, en miraculé sain et sauf, ne fait pas seulement écho à la sauvagerie meurtrière qui a marqué la vie publique américaine des années 60. Elle s’inscrit dans un continuum bien présent d’autres tragédies consommées ou déjoués de peu dans la vie politique du pays: attaque du Capitole par des milices et fanatiques trumpistes appelant à pendre le vice-président Mike Pence le 6 janvier 2021, blessure par balles de l’élu conservateur au Congrès Steve Scalise en 2017, tentative d’enlèvement de la gouverneure progressiste du Michigan Gretchen Whitmer en 2020, agression violente du mari de la dignitaire démocrate Nancy Pelosi à leur domicile californien en 2022…

Bande-annonce ravageuse

Cette image de Trump qui pavoise, dressé sous le drapeau américain aussitôt la menace écartée, du sang sur les joues et le poing en l’air, exhortant les siens de se battre, promet de s’inscrire au firmament d’une iconographie personnelle déjà surchargée en visions impensables, médusantes offertes à sa postérité – cette fois plus martyr que jamais. Elle promet surtout de s’imposer comme l’affiche et la bande-annonce ravageuse de son baroud sur la route d’un retour au Bureau ovale en janvier dont les données viennent fatalement d’être bouleversées. D’ici-là, rien dans cette vision n’appelle à l’apaisement.

L’après-midi touchait à sa fin, samedi à Butler, dans l’ouest de la Pennsylvanie, quand Donald Trump est apparu au micro vers 18 h 15 devant une foule qui l’attendait depuis des heures sous une chaleur accablante. Son discours débutait tout juste, par des saluts et des plaisanteries décousues, quand une salve de détonations assourdies s’est fait entendre, et une balle a alors semblet-il érafflé le haut de son oreille droite, fusant à quelques millimètres de son crâne. «J’ai tout de suite su que quelque chose n’allait pas car j’ai entendu un sifflement, des coups de feu et j’ai immédiatement senti la balle traverser la peau. J’ai saigné abondamment et j’ai alors compris ce qui se passait», décrira-t-il dans sa première déclaration a posteriori, postée sur son réseau Truth Social.

A droite de la scène, un spectateur touché en pleine tête est tué sur le coup : Corey Comperatore, ancien pompier, «est mort en héros» en tentant de protéger ses proches, lui rendra hommage le lendemain le gouverneur de Pennsylvanie. Deux autres personnes ont été grièvement blessées. Portant la main à sa blessure, Trump s’est aussitôt accroupi au sol, où les agents du Secret Service, en charge de sa protection, se sont rués pour le couvrir de leurs corps, criant «A terre, à terre !» S’ensuivit une autre rafale de tirs sous les cris d’effroi panique de l’assistance, tandis que les forces de l’ordre abattaient le tireur, posté sur le toit d’un bâtiment agricole à 125 mètres de là. Alors seulement, la nuée d’agents s’est relevée, enserrant toujours l’ex-président, prête à le reconduire à la hâte jusqu’à la voiture qu’il avait laissée au pied de l’estrade.

***

Par Dov Alfon
Ultime signe de défi
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Un geste de défiance après un retour de bâton aussi violent qu’inattendu. Blessé à l’oreille, plaqué au sol par le Secret Service, une coulée de sang ruisselant sur son visage, pressé par son entourage d’évacuer l’estrade, hagard et marmonnant des bouts de phrases incohérents sur ses chaussures, l’ex-président américain Donald Trump a eu un seul instinct, le seul qui comptait : se remettre debout, pour lever le poing en l’air à plusieurs reprises, boxant un ennemi invisible face aux caméras et sous les acclamations de ses partisans. Un ultime signe de défi.

Et c’est l’image qui restera dans l’histoire. Car si les faits concernant la tentative d’assassinat de Donald Trump samedi lors d’un meeting de campagne en Pennsylvanie sont loin d’être complètement établis, on en sait suffisamment pour craindre l’ouverture d’une séquence inédite de violence politique aux Etats-Unis. Les meetings de campagne de Donald Trump ont souvent été marqués par la violence ou par la menace de violence, mais dans le sens inverse. Des manifestants ont été agressés, quelques fois avec les encouragements du candidat républicain. Et le cas de violence politique le plus grave de l’histoire récente des Etats-Unis s’est produit le 6 janvier 2021, après un rassemblement de Trump à Washington, lorsqu’une foule incitée par le président sortant a attaqué et mis à sac le Congrès au Capitole, blessant grièvement des policiers. Certains manifestants avaient érigé une potence, et déclaré qu’ils recherchaient la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, et le vice-président, Mike Pence, accusé d’infidélité envers leur idole. Dans la tentative d’assassinat de samedi, que le mobile de l’assaillant soit politique ou qu’il soit lié à des troubles mentaux, la conséquence risque d’être la même : plonger l’Amérique dans une nouvelle ère de violence et contre-violence politiques. Le soutien d’Elon Musk à la candidature de Donald Trump publié moins d’une heure après l’attentat sur X, le réseau social que le milliardaire a acheté lorsqu’il s’appelait encore Twitter pour le transformer en machine de haine et désinformation, ne doit rien au hasard. Sous l’encouragement incessant du candidat républicain, les Etats-Unis vivent ces dernières années une sorte de guerre civile au ralenti, caractérisée par des divisions croissantes et menée par des citoyens radicalisés se nourrissant d’une haine propagée par leur chambre d’écho sur les réseaux sociaux. Il appartient maintenant aux leaders du camp de la raison américain de bloquer une possible escalade de la violence, dont les conséquences seraient plus terribles encore.

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