Le show avant le show


Depuis au moins dix ans, la routine d’échauffement de Stephen Curry est devenue une attraction, de celles qui font venir les fans plus tôt dans la salle. « L’Équipe » était à San Francisco le jour de Noël avant le match des Warriors perdu contre les Laker

27 Dec 2024 - L'Équipe
LOÏC PIALAT

SAN FRANCISCO – Il est 15 h 50 mercredi. Encore 70 minutes à attendre avant le match de Noël entre les Warriors et les Lakers au Chase Center de San Francisco. Le public n’ est pas là pour admirer Brandin Podziemski jongler avec trois balles de tennis mais, agglutinés par centaines, ils sont prêts pour le show avant le show. Celui de Stephen Curry. Lemeneur de Golden State apparaît, la tête dans sa capuche, escorté par un peu discret garde du corps. Hasard ou pas, le DJ joue Santa Claus is coming to town (le Père Noël arrive en ville), version Jackson 5. Lequadruple champion NBA (36ans) pose sa basket verte sur un siège du bord terrain pour refaire ses lacets. Puis, avec Bruce Fraser, coach adjoint et fidèle partenaire d’échauffement, il tend le bras vers les tribunes. La routine est lancée.Stephen Curry à l’entraînement avant la rencontre perdue dans les dernières secondes face aux Lakers le jour de Noël.

ACTE I - Le maniement de balle

Sous le panier, Curry commence par dribbler avec deux ballons àla fois. «C’est vrai que “Steph” est un facteur pour que les gens arrivent plus tôt à la salle», reconnaît Tosh, habitant de la région mais supporter des Lakers. Il est lui aussi venu voir Curry. Et vu le nombre de téléphones portables pointés sur le double MVP, le jeune homme n’est pas le seul. Un confrère date de la saison 2014 le début de cette passion pour ce qui ne reste, après tout, qu’un échauffement. « Les gens ont compris qu’ils étaient témoins de quelque chose de grand, Mozart en train de composer de la musique», suggère Steve Kerr. Paradoxalement, l’entraîneur de Golden State ne croit pas avoir vu en personne la routine de son joueur, puisqu’il a toujours le match à préparer au même moment. «C’est le plus grand de tous les temps dans sa spécialité, ajoute-t-il. C’est beau d’observer au travail quelqu’un avec un tel talent et une telle détermination.»

Les exercices de dribble ont démarré lors de sa première saison, en 2009, guidés par Stephen Silas, assistant à Détroit aujourd’hui. Le meneur n’avait pas la même aisance à l’époque paraît-il. Fraser, ancien coéquipier de Kerr à l’University of Arizona, passé ensuite par Hollywood, travaillant sur le son de la Liste de Schindler notamment, a pris le relais en 2014. Avec sa barbe blanche dure à ne pas remarquer, « Q », son surnom (ilposait beaucoup de questions à l’université), alimente en ballons le numéro30, désormais dans la deuxième phase de sa routine.

ACTE II - L’enchaînement des tirs

À 15h54, Curr yen lève la capuche. Côté gauche, il empile les shoots à une main près du panier avec un ballon qui monte très haut avant de retomber– presque toujours – dans le filet. Même chose à droite. « Le plus cool, c’est de voir combien de tirs d’affilée il rentre», admire Jacob, placé juste derrière le banc des Warriors. « Quand tu regardes d’autres joueurs, ils ratent un tir après l’autre. Pas Steph!» La réussite ne veut pas dire grand-chose. «Je l’ai vu faire de mauvais échauffements et mettre 50 points derrière », a confié Fraser lors d’une routine commentée en direct pour NBA TV il y a quelques années. À quoi sert alors tout cet échauffement élaboré? «À sentir le ballon », a résumé le joueur. Curry enchaîne maintenant les tirs dans la raquette, avec ou sans dribble, en catch and shoot, en stepback. Mais soudain, quelqu’un se jette sur lui pour le contrer. C’est LeBron James, son adversaire du soir sous le maillot des Lakers, venu l’enlacer. Poussée d’excitation chez les spectateurs à voir de près les deux superstars de la Ligue.

ACTE III - le tour de la raquette

Place désormais au Around the world (autour du monde). Currydémarre dans le coin droit et tire de loin en remontant l’arc. Là encore dans différentes positions, immobile ou en mouvement, avec ou sans dribble, ouvert ou avec Fraser sur sa route. Une fois au centre, il recule sur chaque tir, retenté à chaque (rare) échec. Le voilà assez vite là où tous ces spectateurs, levés et téléphones dressés, l’attendent: dans le logo. Première tentative ratée. De peu. Deuxième aussi. D’un rien. La troisième est la bonne. Les spectateurs hurlent, comme s’ils venaient d’assister à un shoot au buzzer. Et ce n’est pas qu’à San Francisco. Danny Emerman, qui suit l’équipe pour le Bay Area News Group, est toujours frappé par la réaction de la foule, dans les autres salles du pays, parfois ouvertes au public plus tôt que d’habitude pour ne pas rater l’événement : « C’est vraiment incroyable à observer parce que Steph a des fans dans le monde entier. Et on ne voit pas ça avec beaucoup d’athlètes, des gars acclamés en déplacement dans les salles d’adverses.»

ACTE IV - La mise en configuration « match »

Retour à l’intérieur de la ligne des 3 points pour une nouvelle série de tirs. Curry veut tester toutes les positions dans lesquelles il va se retrouver une heure plus tard. J.J. Redick, anciens niper devenu entraîneur des Lakers,com prend la logique. « Pour être dans de bonnes conditions mentales quand vous jouez, vous essayez de contrôler ce que vous pouvez contrôler, explique l’ancien de Philadelphie. Et quand vous êtes le shooteur, vous pouvez mettre trop de pression sur votre qualité de tir et baser votre valeur sur un shoot qui rentre ou pas. Mais si vous faites le travail et suivez votre routine, c’estcontrôlable.» À 16h05, Curry agite le ballon devant son visage comme pour se dégager d’un adversaire imaginaire. Il part ensuite au dunk, deuxième à l’applaudimètre derrière le tir du logo. De retour au sol, il enchaîne quelques pas de danse. « Il a le sens du spectacle. Il a un coeur de showman, note Kerr. Avec le temps, il a compris que les gens regardaient sa routine et il veut leur en donner pour leur argent.»

ACTE V - L’amusement comme touche finale

Curry ne nie pas cette notion de spectacle et d’amusement : «Lajoie fait partie de mon approche de tout dans la vie. Alors vous allez me voir sourire et m’amuser. Si je ne prends pas de plaisir, autant arrêter parce que c’est généralement en m’amusant que je suis à mon meilleur. » Ce plaisir se ressent, par exemple, dans ces jongles, du pied ou de la tête, quiconcluent son échauffement. La dernière phase en quelque sorte. Il est 16 h 10. L’artilleur quitte le parquet et signe quelques maillots dans le couloir.

À l’Oracle Arena d’Oakland, l’ancienne salle des Warriors jusqu’en 2019, il avait dans sa panoplie un tir depuis le tunnel, inspiré par Monta Ellis, vedette de Golden State dans les années 2000. Mais le Chase Center n’a pas de tunnel… Les Warriors savent qu’ils disposent d’une attraction unique avec cette routine. Saufquand la star avait brièvement choisi, un jour, de s’entraîner plus tôt dans une salle vide, à distance de l’effervescence. « Vous ne manquez rien», avait-il répondu à des journalistes intrigués. Passi sûr.

***

Lo show prima dello show

Da almeno dieci anni, la routine di riscaldamento di Stephen Curry è diventata un'attrazione, che porta i fan in palestra in anticipo. 
L'Équipe era a San Francisco il giorno di Natale, prima che i Warriors perdessero contro i Lakers.

27 dicembre 2024 - L'Équipe
LOÏC PIALAT

Gestione della palla

SAN FRANCISCO - Sono le 15.50 di mercoledì. Mancano ancora 70 minuti alla partita di Natale tra Warriors e Lakers al Chase Center di San Francisco. I tifosi non sono lì per vedere Brandin Podziemski destreggiarsi con tre palline da tennis, ma sono lì a centinaia, pronti per lo spettacolo prima dello spettacolo. Lo spettacolo di Stephen Curry. Il playmaker di Golden State appare con la testa nel cappuccio della felpa, scortato da una guardia del corpo poco invadente. Per coincidenza, il DJ sta suonando una versione dei Jackson 5 di Santa Claus is coming to town. Il quattro volte campione NBA (36 anni) ha appoggiato il suo allenatore verde su un sedile a bordo campo per allacciarsi le scarpe. Poi, con Bruce Fraser, assistente allenatore e fedele compagno di riscaldamento, allunga il braccio verso gli spalti. Stephen Curry in allenamento prima della sconfitta all'ultimo respiro contro i Lakers il giorno di Natale.

ATTO I - 

Sotto il canestro, Curry inizia a palleggiare con due palloni alla volta. “È vero che 'Steph' è un fattore che spinge la gente a venire prima”, ammette Tosh, un tifoso locale dei Lakers. Anche lui è venuto a vedere Curry. E visto il numero di cellulari puntati sul due volte MVP, non è l'unico. Un collega fa risalire l'inizio di questa passione per quella che, in fondo, è solo una partita di riscaldamento alla stagione 2014. “La gente ha capito che stava assistendo a qualcosa di grande, Mozart che componeva musica”, suggerisce Steve Kerr. Paradossalmente, l'allenatore di Golden State non crede di aver visto di persona la routine dei suoi giocatori, perché ha sempre la partita da preparare in contemporanea. È il più grande di tutti i tempi nella sua specialità”, aggiunge. È bello vedere all'opera una persona con tanto talento e determinazione”.

Gli esercizi di palleggio sono iniziati nella sua prima stagione, nel 2009, sotto la guida di Stephen Silas, ora assistente a Detroit. All'epoca il playmaker non aveva la stessa facilità, a quanto pare. Fraser, ex compagno di squadra di Kerr all'Università dell'Arizona e poi passato a Hollywood, lavorando in particolare al suono di Schindler's List, è subentrato nel 2014. Con la sua barba bianca difficile da notare, “Q”, il suo soprannome (faceva molte domande all'università), alimenta i palloni al numero 30, ora nella seconda fase della sua routine.

ATTO II - La sequenza di tiro

Alle 15.54, Curr yen si alza il cappuccio. A sinistra, impila tiri a una mano vicino al canestro con una palla che sale molto in alto prima di ricadere - quasi sempre - nella rete. Stessa cosa a destra. “La cosa più bella è vedere quanti tiri fa di fila”, ammira Jacob, seduto dietro la panchina dei Warriors. “Quando guardi gli altri giocatori, sbagliano un tiro dopo l'altro. Non Steph!”. Il successo non significa molto. “L'ho visto fare un pessimo riscaldamento e mettere 50 punti di scarto”, ha confidato Fraser durante una telecronaca in diretta per NBA TV qualche anno fa. Allora a cosa serve tutto questo elaborato riscaldamento? “Per prendere confidenza con la palla”, ha riassunto il giocatore. Ora Curry sta eseguendo un tiro dopo l'altro nel pitturato, con o senza palleggio, catch and shoot, stepback. Ma all'improvviso qualcuno si avventa su di lui per contrastarlo. È LeBron James, il suo avversario della serata in maglia Lakers, che è venuto ad abbracciarlo. Gli spettatori sono entusiasti di vedere da vicino le due superstar della lega.

ATTO III - Il giro del mondo

Curry parte dall'angolo destro e tira dalla distanza sull'arco. Anche in questo caso in una varietà di posizioni, da fermo o in movimento, con o senza dribbling, aperto o con Fraser in mezzo. Una volta al centro, ha fatto un passo indietro su ogni tiro, riprovando ogni (raro) errore. Non è passato molto tempo prima che si trovasse dove tutti gli spettatori, con i telefoni alzati, lo stavano aspettando: nel logo. Primo tentativo fallito. Non di molto. Anche il secondo tentativo. Per un soffio. La terza volta è quella buona. La folla urla, come se avesse appena assistito a un buzzer-beater. E non solo a San Francisco. Danny Emerman, che segue la squadra per il Bay Area News Group, è sempre colpito dalla reazione della folla in altre sedi del paese, che a volte aprono al pubblico prima del solito per non perdere l'evento: “È davvero incredibile da guardare perché Steph ha fan in tutto il mondo. E questo non si vede con molti atleti, che fanno il tifo per i ragazzi in trasferta nelle sedi avversarie”.

ATTO IV - Entrare in modalità-partita

Torna sulla linea dei tre punti per un'altra serie di tiri. Curry vuole testare tutte le posizioni in cui si troverà un'ora dopo. J.J. Redick, ex tiratore divenuto allenatore dei Lakers, prende in mano la logica. "Per essere in buone condizioni mentali quando si gioca, si cerca di controllare ciò che si può controllare”, spiega l'ex Philadelphia. E quando sei il tiratore, puoi mettere troppa pressione sulla qualità del tuo tiro e basare il tuo valore sul fatto che un tiro vada o meno a segno. Ma se si lavora e si segue la routine, tutto è controllabile”. Al minuto 16:05, Curry ha agitato la palla davanti al viso come per liberarsi da un avversario immaginario. Poi ha effettuato una schiacciata, seconda sul contatore degli applausi dopo il tiro con il logo. Tornato a terra, esegue qualche passo di danza. “Ha un'attitudine allo spettacolo. Ha il cuore di un uomo di spettacolo”, osserva Kerr. Nel corso del tempo, ha capito che le persone guardano il suo numero e lui vuole dare loro il massimo”.

ACT V - Il divertimento come tocco finale

Curry non nega questo concetto di spettacolo e divertimento: “L'allegria fa parte del mio approccio a tutto nella vita. Quindi mi vedrete sorridere e divertirmi. Se non mi diverto, tanto vale smettere, perché di solito è proprio quando mi diverto che do il meglio di me”. Questo piacere si percepisce, ad esempio, nel giocare con i piedi o con la testa che conclude il suo riscaldamento. L'ultima fase, in un certo senso. Sono le 16.10. L'artigliere lascia la pista e firma alcune maglie nel corridoio.

All'Oracle Arena di Oakland, vecchia sede dei Warriors fino al 2019, aveva nel suo kit uno scatto dal tunnel, ispirato a Monta Ellis, stella di Golden State negli anni 2000. Ma il Chase Center non ha un tunnel... I Warriors sanno di avere un'attrazione unica con questa routine. Tranne quando un giorno la stella ha scelto di allenarsi prima in una stanza vuota, lontano dal trambusto. “Non vi state perdendo nulla”, ha risposto ai giornalisti incuriositi. Passi, di sicuro.

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