Rennes et Lyon dos au mur - La formation n’est pas au centre


Rennes et Lyon dos au mur 

La formation n’est pas au centre
 
Si Brest s’est installé dans le paysage du football français, au point de découvrir la Ligue des champions cette saison, il ne sait pas faire émerger de jeunes joueurs.

Lorenzi : « Ça fait des années qu’on me dit que des joueurs arriveront » 
 
18 Jan 2025 - L'Équipe
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL FRANCK LE DORZE 
 
BREST (FINISTÈRE) – Sur les hauteurs de la cité du Ponant, en ce jeudi après-midi, se démènent des garçons dans le vent de Pen Helen. Deux aires de jeu, encastrées entre les habitations, sont posées au côté de vestiaires d’un autre temps. Difficile d’imaginer qu’il s’agisse d’infrastructures d’un cador de Ligue des champions. Seulement, lorsque le regard surplombe le chemin attenant, l’édifice rutilant ne laisse aucun doute : nous sommes au Stade Brestois, comme écrit en grosses lettres sur la façade du siège, collé au centre de formation, sorti de terre en 2016. Le duo de synthétiques n’est pas l’apanage d’un modeste club local, mais est bien réservé aux jeunes de l’équipe phare de cette pointe du Finistère, vestige de l’antre des professionnels. 

L’été dernier, le SB29 a enfin pu racheter les terrains à la Ville pour la somme de 375000 €. Histoire de se sentir chez lui, même à l’étroit, et d’y réaliser les travaux nécessaires. Car ici, cela fait un moment que la formation n’est pas au centre des préoccupations. Elle est incapable de nourrir l’effectif premier, de l’oxygéner au moins, alors que celui-ci en aurait parfois besoin, comme actuellement, miné par les blessés.

Aucun n’a le niveau, aujourd’hui, pour s’installer dans le groupe, malgré l’expérience d’une campagne de Youth League ( voir par ailleurs) et quelques présences aux séances des pros. D’autant que la réserve est tombée en R1 (6e niveau), en 2023. « Les jeunes, quand ils viennent avec nous, il faut qu’ils prouvent, déclarait Éric Roy, l’entraîneur, le 9 janvier. C’est comme ça qu’on a tous fait carrière. Pour l’instant, personne ne s’est réellement dégagé.»

Robin Le Normand est parti libre...

D’ailleurs, très peu de premiers contrats pros sont signés (6 depuis 2019) et encore moins parviennent à s’imposer en équipe A. Gautier Larsonneur (27 ans, 2017-2022), gardien de SaintÉtienne, et Brendan Chardonnet (30 ans), l’actuel capitaine, sont les deux seuls contre-exemples depuis… On ne se rappelle même plus! Mais on se souvient qu’un garçon comme Robin Le Normand (Atlético de Madrid), devenu international espagnol, est parti libre, à 19 ans (2016), à la Real Sociedad, en n’ayant joué qu’un match de Ligue 2.

Ces éléments du cru symbolisent une politique concentrée presque exclusivement sur un petit périmètre. Directeur du centre, dont le budget annuel se situe entre 2 et 2,5 M€ - à titre de comparaison, Rennes y consacre entre 6,5 et 7M€ –, Nicolas Mariller reconnaît que le contexte est

compliqué. «Nous sommes dans une région très concurrentielle, analyse-t-il. On doit d’abord être très bon chez soi. La proximité a fait ses preuves, c’est un rapport de confiance. On a treize clubs partenaires dans le département. À terme, il faut améliorer les infrastructures et ajuster les ressources humaines.»

Dans les hautes sphères, on est conscient des contraintes, mais elles ne peuvent servir d’excuses. « Le problème des structures, je l’entends, juge Grégory Lorenzi, le directeur sportif. L’éloignement, je peux l’entendre, même si ce n’est pas un critère. La concurrence, c’est vrai aussi. Mais ce n’est pas parce que tu as peu de moyens que tu ne peux pas, de temps en temps, faire émerger un joueur qui te rapporte l’investissement de ton centre. Je ne dis pas 10 M€, mais 2 ou 3 suffiraient à le faire fonctionner. Depuis que je suis en poste (2016), je n’ai vendu qu’un joueur, Ibrahima Sissoko, à Strasbourg, pour 2,7 M€ ( 2018). »

C’est donc une refonte de la formation qui est envisagée, avec l’ambition d’intégrer le Challenge des réserves pros, créé cette saison et ouvert aux centres classés en catégorie Prestige (ils sont 7) et 1 (20) et non en 2, celle du SB29 (5). «Quand tu vois que ça ne marche pas, tu es en droit de changer, tranche Lorenzi. Il y a une interrogation sur l’organisation. On a des résultats en U17 et en U19, mais pas les profils pour aller au-dessus. Moi, je veux supprimer la réserve. La R1, ça ne m’intéresse pas. Pour l’instant, je ne peux pas le faire, parce que je veux accéder au Championnatdesréserves.Lesgamins joueront en U19 ou en Championnat des réserves, pour les meilleurs, renforcé de quelques jeunes pros. Mais ce ne sera pas possible avant deux ans.»

D’ici là, il faut continuer à oeuvrer avec les moyens du bord, sans oublier d’être meilleur, au quotidien. Avec les mêmes éducateurs? Le directeur sportif, qui a pris les choses en main, n’exclut rien, visiblement. «Ça fait des années qu’on me dit que des joueurs arriveront, on les attend toujours, insiste-t-il. Dans la compétence, le jugement du joueur, on est défaillants. J’ai peut-être une part de responsabilité. Quand j’ai pris mes fonctions, on allait me juger sur les résultats de l’équipe première. Et comme je n’ai pas une structure élargie, je me suis toujours focalisé sur les pros. Moi, en tant que directeur sportif, tout gentil, tout sympa que je peux être, si demain je n’avais pas de résultats, je pense que le président me changerait. » Comme un avertissement.

Désormais propriétaire du foncier, le SB29 veut déjà se donner un cadre pour exister. «On a racheté, on va tout casser, prévient-il. On a vite réagi, puisque le 18 décembre, on était avec Nico (Mariller) à la Fédé, on a rencontré le DTN, le responsable de l’agrément, pour exposer notre projet.» À Brest, il faut donc encore que jeunesse pousse, au sein d’une terre aride dans ce domaine depuis bien trop longtemps. 

***

« On n’est pas au niveau »

18 Jan 2025 - L'Équipe
F. L. D.

Olivier Auriac, l’entraîneur des U19 brestois, analyse sans concession le parcours en Youth League (C1 de la catégorie), avec 2 nuls et 4 défaites.

“Paris, c’est 3 millions d’habitants, Brest, à peine 200.000. 
Forcément, ton ratio de qualité n’est pas le même'' 

Cette compétition vous a-t-elle aus si fait grandir, vous et votre staff?

«Quel bilan tirez-vous de cette compétition (achevée le 10 décembre)?

Quand on ne se qualifie pas, c’est qu’on n’est pas au niveau (*). C’est ce que j’ai dit aux garçons. On a progressé, mais pas assezvite. Ça doit faire prendre conscience de la marge qu’il ya entre le très haut niveau et le niveau quotidien. Un moment donné, il faut se poser la question de savoir où vous voulez aller,à quel niveau vous voulez jouer. Les ingrédients que vous avez mis pour être performant en Youth League, il faut les mettre tous les mois, toutes les semaines, tous les jours, tout es les minutes, toutes les secondes… pour arriver au plus haut niveau.

Espérez-vous, désormais, capitaliser sur ces matches?

Je sui squand même fier de mes joueurs carils se sont tout le temps accrochés, avec leurs armes. En U19, je vois des garçons beau coup plus matures, quiont pris de l’expérience sur certaines situations, dans les temps forts, les temps faibles. Il ya une vraie évolution. En Youth League, t’esobligé de progresser plus vite cart uner encontres pratiquement que des internationaux. Ilmetardedevoircette générationdansunan. Il ya potentiellement des joueurs quipeuvent vivre du foot, mais à quel niveau, c’est encore autre chose.

C’est formateurpourlesjoueurs,maisaussipournous. Tout le club a beaucoup appris. On sortir a forcément grandis de cette aventure. Au début, il fallait gérer plein de choses, c’était un peu fouillis, maison a fini en sachant faire. On va avoir l’impression des’ennuyer un peu dans les prochains mois (sourire).

La formation n’est-el le pas le point faible du Stade Brestois?

On sait qu’à la formation on a du travail. J’espère que cette épopée, que ce que font les pros, que ce qu’on met en place de puis quel ques années, ce la donner a à certains l’en vie de nous rejoindre. Il faut un peu plus de temps, chez nous, pour sortir car, aujourd’hui, on n’est pas un club de premier choix. Sur la feuille de match (contre le PSV, 1-3), au moins la moitié des joueur sétait issue du coin. C’est une fierté, mais ça limite aussi les performances. Paris, c’est 3millions d’habitants, Brest, à peine 200.000. Forcément, tonratio de qualité n’est pas le même.»

(*)
Brest - Sturm Graz (AUT): 1-4;
RB Salzbourg(AUT)-Brest: 5-1;
Brest - Bayer Leverkusen (ALL):1-1;
Sparta Prague(RTC) - Brest: 1-1;
FC Barcelone(ESP) - Brest: 2-0;
Brest - PSV (HOL): 1-3.

***

1 _ Rennes n’a perdu qu’un seul de ses 12 derniers matches à domicile contre Brest toutes compétitions confondues (6 victoires, 5 nuls), mais c’était le plus récent, le 28 avril 2024 en Ligue 1 (4-5).

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