Samir Nasri: «Aujourd’hui, je ressens l’amour des gens»
18 Jan 2025 - L'Équipe
SACHA NOKOVITCH
Consultant de Canal+ depuis 2021 lors des soirées Ligue des champions, l’ancien international savoure sa nouvelle cote de popularité et regrette de ne pas avoir mieux appréhendé les médias lorsqu’il était joueur.
“Je ne juge que la performance, je ne lâche jamais une pique pour faire le buzz
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“Si tu veux faire passer un message, appelle un journaliste dont c’est le métier, dont tu apprécies l’écriture ou la vision des choses
Depuis trois ans et demi, la vie de Samir Nasri se déroule entre Dubaï, où vit son fils, Marseille avec sa famille, et Paris pour parler football sur Canal+… en attendant de passer ses diplômes d’entraîneur « dans un futur
proche ». Mardi et mercredi prochains, l’exinternational français (41 sélections) sera sur le plateau du Canal Champions Club.
«Consultant, c’ était votre plan post-carrière?
Pas du tout. Avant, je vivais onze mois sur douze àDub aï. Quand Canal me l’ a proposé, ma mère est tombée malade et je voulais revenir plus souvent en France pour être auprès d’ elle. Mais déjà, lorsque je participais aux émissions de Canal comme joueur, on me disait :“Après ta
carrière, il y a une place pour toi, ici !” La chaîne cherchait quelqu’ un pour la Ligue des champions et les affiches de Premier Le ague. Avec mon franc-parler et mon vécu dans ces compétitions, j’ avais le profil. Et je kiffe!
Trouvez-vous la nouvelle formule de la Ligue des champions plus excitante quel’ancienne?
J’aime beau coup, elle nous permet d’avoir plus d’affiches. Au départ, tout le monde pensait que ça avant agerait les gros clubs. Au final, pas du tout. Et Brest, c’est mon coup de coeur. C’estincroyable de les voir vraiment jouer la Coupe d’Europe! Comme il n’ya pas de double confrontation, on vit leur épopée comme celle d’une Coupe de France.
Vous êtes très cash à l’antenne, n’avez-vous pas peur de vous griller avec certains clubs?
Je ne juge que la performance, je ne lâche jamais une pique pour faire le buzz. Mais les téléspectateurs attendent qu’ on leur dise ce qu’ il sont vu, avec une critique constructive. Je suis marseillais, mais s’ il faut encenser le PSG, jelefais.
Et critiquer vos amis, comme Medhi Benatia, directeur du football de l’OM?
Déjà, je commencer ais par lui parler en privé. Entre amis, on se dit les choses. Si une critique doit être faite à l’ antenne, c’ est le jeu. Mais comme je n’ interviens pas trop sur la Ligue 1 cette saison( Canal+ ne la diffuse pas ), jen’aipas de raisons de me fâcher avec mon ami( rires ).
Enrevanche,vousconsommezlaLigue1…
Déjà, je regarde tous les match es de l’ O M! Et de toute façon, depuis mes 6 ans, dès qu’ il y a un match de foot à la télé, je suis devant. Chaque week-end, j’ en regarde entre dix et douze, en me focalisant sur les équipes qui jouent la Ligue des champions. Surtout, j’ aime en débattre. En privé ou à la télé.
D’où votre préférence pour l’avant et l’après match au lieu du commentaire en direct?
Absolument! J’ aime avoir le recul nécessaire pour parler tactique, bénéficier de plus d’ angles de vue, etc. C’est un autre métier le commentaire en direct. Il faut savoir faire partager les émotions, ne pas avoir un ton monotone… Et si je devais commenter lePSG, ce ne serait pas évident de crier sur un but, de fairevivreletruc…
Durant votre carrière, votre rapport aux médias n’ a pas été simple…
J’ ai toujours essayé d’ être authentique. Lorsque je trouvais des critiques in justes, je le vivais mal. Mais dans mes rapports conflictuels avec la presse, les torts étaient partagés. J’ étais jeune, sans la maturité pour comprendre ce que représentaient les médias. Lorsque je refusais une interview, je ne comprenais pas que je me privais d’ un lien avec les fans.
Travailler dans les médias change-t-il votre vision?
Complètement. Aujourd’ hui, je ressens l’ amour des gens. Dans la rue, on me dit: “J’ adore ta façon de parler de foot, tues souriant en vérité, t’ es super sympa !” C’ est le seul regret de toute ma carrière: ne pas avoir appréhendé les médias en souriant, en répondant davantage aux interviews, en donnant plus. J’ aurais aimé renvoyer ma vraie image et comprendre qu’ à travers eux, je parlaisaupublic.
Ce doigt sur la bouche et ce“Ferme ta gueule” adressés à la presse en célébrant votre but contre l’ Angleterre à l’ E uro 2012,vouslesregrettez?
Non!Cetteannée-là,onm’avait notamment traité de mercenaire (le journaliste Pi ers Morgan ). Les attaques venaient aussi d’ anciens joueurs, je l’ ai mal vécu. Quelques années plus tôt, j’ avais gagné le prix Orange du joueur le plus sympa avec les médias. Et là, j’ étais limite devenu un pari a. Avant l’ E uro, j’ avais lu que je devais sortir de l’ équipe… Donc quand je marque, je libère quelquechose qui traîneau fond de moi.
Vous aviez aussi insulté un reporter en zone mixte après l’ élimination face à l’Espagne…
Ce journaliste de l’ A F Pavait commencé par medire:“Casse-toi!” Sinon,jen’aurais jamais eu cette réaction. Il avait d’ ailleurs appelé mon père ensuite pour lui présenter sesexcuses.
Aujourd’ hui, on sent parfois un peu de tension dans vos échanges avec le journaliste Bertrand La tour…
C’est bien de ne pas avoir les mêmes visions, d’ argumenter. Sur Bertrand, sur les réseaux,onmedit:“Détruis-le!”(Rires.) Mais c’ est mon pote, et avant même son arrivée à Canal… Bertrand, contrairement à d’ autres, n’ est pas fermé, il peut entendre un raisonnement qui n’ est pas le sien.
Queconseilleriez-vousaujourd’hui à un joueur en termes decom ’?
De miser sur les médias traditionnels. Les réseaux sociaux ouvrent la porte à tellement de fuites, de choses non maîtrisé es, de messages subliminaux… Je ne suis pas fan des publications à chaud parce qu’ on peut les regretter dès le lendemain. Si tu veux faire passer un message, appelle un journaliste dont c’ est le métier, dont tu apprécies l’ écriture ou la vision des choses. Et en choisissant un média spécialisé, pour rester sur le terrain du foot.
Kylian Mbappé a choisi Mouloud Ac hour, un journaliste société…
J’ aurais préféré un journaliste foot… Mais je comprends qu’ il ait choisi d’ élargir pour rassurer le grand public. Et la meilleure réponse, il l’ a donnée sur le terrain puis qu’ il retrouve son niveau de jeu.
Le public sembles’ éloigner du foot… Comment l’ expliquez-vous?
Il y a trop de compétition set certaines sont bateaux, comme la Ligue des nations. Tout le monde essaie aussi de jouer de la même façon, à la Pep Guard io la pour schématiser. Il y a moins de personnalité et de créativité donc certains s’ identifient peut-être plus difficilement. Et la consommation change aussi. La nouvelle génération vision ne des extrait set des résumés. Plus grand monde ne regarde une rencontre en entier.
Justement, vous avez participé à la Kings World Cup (version internationale de la Kings League) un for mat court se jouant à 7, diffusé sur Twitch…C’est l’ avenir du foot?
Non, le foot se jouera toujours à onze. Mais le monde du digital est très important. Je l’ ai vécu avec cette aventure. Lorsque je me baladeavecAmine( lestreamer Ami ne Ma Tué, sélectionneur de l’ équipe ), les jeunes le reconnais sent immédiatement. Y ou Tube etTwit ch ont pris une énorme importance.
Au point de prendre le pas sur le foot traditionnel?
Jamais! Les jeunes rêvent toujours de Mbappé, pas du joueur de la Kings League.»
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