Sur fond de conflit
Le peloton dans Kigali, lors de la dernière étape du Tour du Rwanda 2024.
À sept mois des Mondiaux organisés à Kigali, au Rwanda, la plus grande épreuve du continent africain prend aujourd’hui son envol à l’ombre d’un lourd contentieux géopolitique avec son voisin congolais, qui a effrayé les Belges de Soudal Quick-Step, finale
“Nous tenons autant à la sécurité des coureurs que de notre public,
qui va venir en masse les acclamer durant toute la semaine,
pour ne pas rendre des risques insensés ''
- FREDDY KAMUZINZI, DIRECTEUR GÉNÉRAL DU TOUR DU RWANDA
23 Feb 2025 - L'Équipe
PHILIPPE LE GARS
KIGALI – L’hémorragie n’a pas eu lieu. Quand le nouveau patron de l’équipe Soudal Quick-Step, Jurgen Foré, a annoncé qu’il ne déplacerait pas son équipe au Tour du Rwanda (23 février-2 mars ), les organisateur sont craint que cette défection ne fasse boule de neige auprès des autres équipes étrangères. Les violents affrontements sur venus de l’ autre côté de la frontière, à Goma (RD Congo) fin janvier, entre les forces gouvernementales de la République démocratique du Congo et les milices rebelles soutenu es parle Rwanda ont bien failli mettre end angerl’ organisation de l’ épreuve, en raison surtoutdes deux arrivées d’ étapes située sàquelqu es kilomètres des lieux d’affrontements de ces dernières semaines, au nord du lac Ki vu, et de Bu vaku, au sud, le deuxièmepoint de passage entre les deux pays.
Depuis une dizaine de jours, tout semble s’être apaisé de ce côté-ci de la frontière, même si à Kigali, où auront lieu les premiers Mondiaux sur le continent africain, en septembre, la vie n’ a jamais semblé perturbée. Réputée pour son calme( elle était classée en2epositi on en 2024 parle magazine Jeune Afrique des villes africain es les plus attractives, notamment pour son cadre de vie ), la capitale située à près de trois heures de route du conflit n’ a pas été emportée parla panique, savamment entretenue en Occident, selon les Rwandais, par le puissant voisin congolais, dont les ramifications politiques notamment en Belgique ne sont un secret pour personne. « La vision en Europe n’est pas la même qu’ici en Afrique,explique un diplomate qui était en poste dans cette région des Grands Lacs. Le Rwanda de Paul Kagame attise des jalousies car il prend à contre-pied l’idéologie post-coloniale encore en cours dans certains pays européens. Comme en 1994, avant les terribles événements (qui ont fait un million de morts parmi les Tutsis), il y avait ces derniers mois les mêmes indices qui annonçaient un nouveau génocide. Même si les moyens utilisés ont été violents, le Rwanda s’est défendu pour se protéger et ne pas connaître la même tragédie trente ans après. »
Que la seule équipe à avoir refusé devenir au Tour du Rwanda soit belge a pu provoquer quelques agacements dans les arcanes du pouvoir à Kigali, et l’annonce du gouvernement rwandais, mardi dernier, de la rupture des échanges de coopération avec Bruxelles peut être considérée comme une réponse politique. Mais d’après nos informations, la décision de Jurgen Foré de suivre les seules recommandations du nouveau ministre des Affaires étrangères belges aurait sus cité également une part d’ in compréhension dans l’ entourage des on équipe .« Tous les coureurs et le staff voulaient y aller car ils connaissent bien cette course et savent qu’elle est très bien organisée »,assure-t-onsouscouvert d’ anonymat. Un devoir de réserve que n’a plus Patrick Lefévère, l’ ancien boss, qui n’ a pas manqué non plus de critiquer indirectement cette décision à travers quelques messages bien ciblés.
Depuis plusieurs jours, les Rwandais ont vu un net regain de demandes d’accréditations delapartdemédias « mais on sait très bien qu’ils ne veulent pas venir poursuivre la course mais pour chercher à faire du buzzavecd es images qu’ils ne trouveront pas au Rwanda, car tout est toujours aussi calme chez nous », explique un journaliste local.
Le directeur général de l’épreuve Freddy Kamuzinzi est resté impassible face aux nombreuses sollicitations : « Nous avons une course à organiser comme on le fait depuis seize ans, a-t-il martelé.Nous avons toujours apporté la preuve qu’on pouvait connaître, ici au Rwanda, le même degré de qualité d’organisation qu’en Europe. Le Tour du Rwanda ne doit pas être au centre d’un débat. Nous tenons autant à la sécurité des coureurs que de notre public, qui va venir en masse les acclamer durant toute la semaine, pour ne pas prendre des risques insensés. Nous n’avons pas, non plus, à apporter plus de réponses que d’autres organisateurs de compétitions sportives proches de vraies zones de guerre. »
Avec dure cul, les SoudalQuickStep apparaissent aujourd’hui bien isolés, alors que les autres équipes sont toutes arrivées normalement à Kigali depuis vendredi. Leurs dirigeants avaient pris le temps de se renseigner et surtout de voir que les zones frontalières du conflit qui étaient en rouge sur les sites gouvernementaux pendant les événements sont passées depuis deux semaines en orange et pourraient même être rétrogradées en jaune en milieu de semaine, au moment où passeront les coureurs.
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