Dans la machine à laver avec Ganna


Filippo Ganna mène la reconnaissance du parcours de Paris-Roubaix par l’équipe Ineos, hier, dans la trouée d’Arenberg (en haut) et dans le secteur de Viesly à Quievy (en bas).

L’Italien était un des premiers favoris sur les pavés hier en reconnaissance. 165 km et tous les secteurs jusqu’au vélodrome pour relancer la machine après les Flandres.

"On avait sélectionné environ cinq secteurs 
où il devait pousser plutôt fort (…) 
avec des pointes à l’entrée à chaque fois 
pour essayer de simuler la course" 
   - DAJO SANDERS, ENTRAÎNEUR DE FILIPPO GANNA

"C’est surtout les bras qui font mal avec les vibrations, 
parce que c’est une partie de notre corps 
qu’on n’utilise pas beaucoup en général. 
Mais les jambes vont bien"
   - FILIPPO GANNA

10 Apr 2025 - L'Équipe
ALEXANDRE ROOS

ENTRE TROISVILLES ET ROUBAIX (NORD) – Il y a plusieurs moyens de reconnaître Filippo Ganna au milieu de l’essaim des Ineos. La barbe bien sûr, le bras gauche complètement tatoué éventuellement, mais il y a plus simple. Quand le train de la formation britannique se détache avec en arrièreplan le ciel infini du Nord, il suffit de repérer celui sur le dos duquel on pourrait poser un niveau dont la bulle serait au centre, plat comme une table à repasser.

Hier, l’Italien de 28 ans n’avait pas l’air enchanté par la perspective de cette journée où il devait avaler 165 km et les 30 secteurs pour une sortie de cinq heures. Il n’aime pas les reconnaissances, encore moins sur les pavés. Pour ne rien arranger, il faisait à peine 7 degrés en milieu de matinée et le vent, métallique, rasait les joues au milieu de la plaine qui entoure Troisvilles. Ganna, bobine de Popeye mal réveillé, toisait ses coéquipiers britanniques qui piapiataient dans la fraîcheur, pris de jactance folle de bon matin, dans un concours d’accents incompréhensibles.

On l’a vu une première fois aux affaires à la sortie du secteur 26 (3 étoiles), entre Vertain et Saint-Martin-sur-Écaillon, figure de proue allongée sur son vélo, les manchettes abaissées, prêt à brasser un peu d’air. À Haveluy (4 étoiles), les champs de colza et les sillons de plantations de pommes de terre masquent la caillasse, mais les wagonnets orange tracent le secteur avec cohésion. Le groupe va rapidement se déliter dans la trouée d’Arenberg. Au milieu de la forêt, il se désagrège, certains mettent le clignotant à droite pour rouler hors des pavés. Ganna, lui, file sur le haut du caillou jusqu’au bout.

« Le plan était que tous les secteurs devaient être traversés à un rythme correct, mais pas trop fort, détaille son entraîneur, Dajo Sanders. Ensuite on avait sélectionné environ cinq secteurs où il devait pousser plutôt fort. Pas au maximum non plus, mais pas mal quand même, avec des pointes à l’entrée à chaque fois pour essayer de simuler la course où ça attaque chaque secteur à fond.» On verra ainsi Ganna jouer de la poignée à plusieurs autres moments. Dans le secteur de Bersée (4 étoiles), un endroit clé du parcours, évidemment, à 50 km de l’arrivée. Dans l’enchaînement des quelques virages techniques, le Piémontais a appuyé et allumé les réacteurs sous le regard de deux gros labradors en plein milieu d’une sieste baveuse au pied d’un camping-car déjà installé.

À l’entrée du terrible pavé de Mons-enPévèle (5 étoiles), Ganna a attaqué en tête et à la sortie, il n’a pas débranché dans le faux plat désespérément dur de Méri- gnies, en compagnie de Ben Turner et Connor Swift, les plus aériens à son côté hier. Derrière, Ian Stannard, posé sur son scooter, se chargeait de ramener ceux qui avaient pété dans le tronçon. Pendant la reconnaissance, sur les parties asphaltées, le directeur sportif se plaçait avec son petit engin devant ses coureurs pour maintenir un rythme élevé et les protéger du vent.

Sans abri, Ganna prolongeait son effort. Avec ses deux lieutenants, ils ont rattrapé les jeunots de la formation belge Acrog-Tormans. Les juniors attrapaient les roues des pros alors qu’à la sortie de Pont-àMarcq, le rouleur transalpin étirait la chenille à plus de 55 km/h. Sur le secteur qui mène à Ennevelin (3 étoiles), ses coups de savate faisaient souffrir les petiots, qui se sont désarticulés progressivement sur leur vélo avant d’être catapultés. Un dernier coup de vis dans le carrefour de l’Arbre (5 étoiles) et c’en fut fini de la corvée.

FILIPPO GANNA À Roubaix, des petits chasseurs de bidons bourdonnaient autour des véhicules Ineos. Stannard s’activait à ranger son scooter dans une camionnette. « C’était important de se rafraîchir la mémoire, souriait-il avec sa bouille d’ourson. En Belgique, tu cours toujours un peu sur les mêmes routes, la combinaison change juste en fonction des courses, mais ici ce n’est vraiment qu’une fois dans l’année.» Sanders avait l’air satisfait. «C’était une session pour redémarrer le moteur après les Flandres, expliquait l’entraîneur, avec quelques intensités, mais ce n’était pas censé le vider. »

Assis dans le car, Ganna avalait du riz dans une boîte cartonnée. « C’était assez dur, je me suis souvenu immédiatement de ce qu’étaient les pavés de Roubaix, toujours la même machine à laver, riait-il. C’est surtout les bras qui font mal avec les vibrations, parce que c’est une partie de notre corps qu’on n’utilise pas beaucoup en général. Mais les jambes vont bien. »

Il vole dans cette campagne (2e de Milan-San Remo, 3e du GP E3, 8e du Tour des Flandres et vainqueur du sprint du peloton), alors on lui a demandé s’il tenait la meilleure forme de sa carrière sur les classiques. Il a souri. « Il faut demander au coach. » Ce dernier passait par là. « Je dirais que oui. »

Paris-Roubaix est le Monument qui doit le mieux lui convenir, même s’il n’a pas encore pu s’approcher de la victoire (6e en 2023). Un élément inquiète le clan Ineos : les prévisions de pluie, car le pavé sec est un meilleur vecteur pour la puissance de leur leader, qui n’est par ailleurs pas le pilote le plus agile ni le « frotteur » le plus à l’aise. « J’espère qu’il ne pleuvra pas », lâchait l’Italien, qui touchait, par superstition, tout ce qui pouvait ressembler à du bois autour de lui.

***

Filippo Ganna ha guidato la ricognizione del team Ineos sul percorso della Parigi-Roubaix ieri, 
nella trouée d'Arenberg (in alto) e nel settore di Viesly à Quievy (in basso).

Nella centrifuga con Ganna

L'italiano, uno dei grandi favoriti sul pavé, nella ricognizione di ieri: 165 km 
e tutti i settori fino al velodromo per riavviare il motore dopo il Fiandre.

“Abbiamo selezionato circa cinque settori 
dove ha dovuto spingere molto (...) 
ogni volta con picchi all'ingresso 
per cercare di simulare la gara”. 
   - DAJO SANDERS, PREPARATORE DI FILIPPO GANNA

“Sono soprattutto le braccia a soffrire per le vibrazioni, 
perché sono una parte del corpo che di solito usiamo poco. 
Ma le gambe sono a posto”.
   - FILIPPO GANNA

10 aprile 2025 - L'Équipe
ALESSANDRO ROOS

TRA TROISVILLES E ROUBAIX (NORD) - Ci sono diversi modi per riconoscere Filippo Ganna in mezzo allo sciame Ineos. La barba, ovviamente, e forse il braccio sinistro completamente tatuato, ma ci sono modi più semplici. Quando il treno della squadra britannica si allontana sullo sfondo dell'infinito cielo del nord, basta individuare l'uomo sulla cui schiena si potrebbe posizionare una livella con la bolla al centro, piatta come un asse da stiro.

Ieri, il 28enne italiano non sembrava molto contento della prospettiva di una giornata in cui avrebbe dovuto percorrere 165 km e 30 settori in cinque ore di corsa. Non ama le ricognizioni, ancor meno quelle sul pavé. A peggiorare le cose, a metà mattina c'erano appena 7 gradi e il vento era metallico e gli sfiorava le guance in mezzo alla pianura che circonda Troisvilles. Ganna, con l'aspetto di un Braccio di Ferro che non si è ancora svegliato, guardava i suoi compagni di squadra britannici che chiacchieravano nel fresco del primo mattino, in una gara di accenti incomprensibili.

Lo abbiamo visto per la prima volta in azione all'uscita del settore 26 (3 stelle), tra Vertain e Saint-Martin-sur-Écaillon, con la testa allungata sulla bicicletta, mani basse, pronto ad fendere l'aria. A Haveluy (4 stelle), i campi di colza e i solchi delle piantagioni di patate mascherano la roccia, ma i vagoni arancioni delimitano il settore con coesione. Il gruppo si è rapidamente disgregato nel vuoto di Arenberg. In mezzo al bosco, il gruppo si è disintegrato, con alcuni che hanno svoltato a destra per evitare il pavé. Ganna, invece, ha pedalato in cima ai ciottoli fino alla fine.

Il piano prevedeva che tutti i settori dovessero essere attraversati a un ritmo alto, ma non troppo forte”, spiega il suo preparatore, Dajo Sanders. Poi abbiamo selezionato circa cinque settori in cui ha dovuto spingere parecchio. Non al massimo, ma comunque in modo intenso, con punte all'ingresso ogni volta per cercare di simulare la gara in cui si attacca ogni settore a tutta velocità”. Ganna si è impegnato anche in altri tratti. Nel settore Bersée (4 stelle), un punto-chiave del percorso, a 50 km dall'arrivo. Nella serie di curve tecniche, il piemontese ha premuto e acceso i motori mentre due grossi Labrador lo guardavano, nel bel mezzo di una siesta sbavante ai piedi di un camper già allestito.

All'inizio del terribile tratto in pavé di Mons-en-Pévèle (5 stelle), Ganna ha attaccato in testa e in uscita non ha staccato la spina sul durissimo falsopiano di Mérignies, in compagnia di Ben Turner e Connor Swift, i corridori più "leggeri" al suo fianco ieri. Dietro di lui, Ian Stannard (terzo a Roubaix nel 2016 dietro Mathew Hayman e Tom Boonen, ndr), in sella al suo scooter, aveva il compito di riportare indietro coloro che si erano staccati nel settore. Durante la ricognizione, sui tratti di asfalto, il team manager si è piazzato col suo motorino davanti ai suoi corridori per mantenere un ritmo elevato e proteggerli dal vento.

Senza alcun riparo, Ganna ha continuato nel proprio sforzo. Con i suoi due luogotenenti, ha raggiunto i giovani della squadra belga Acrog-Tormans. Gli juniores hanno preso le ruote dei professionisti, mentre alla periferia di Pont-à-Marcq, il passista italiano ha spinto il caterpillar a più di 55 km/h. Nel settore che porta a Ennevelin (3 stelle), i suoi colpi di savate (boxe francese, ndr) hanno fatto male ai più giovani, che si sono progressivamente disarticolati sulle loro biciclette prima di essere rimbalzati. Un ultimo avvitamento sul Carrefour de l'Arbre (5 stelle) e il gioco era fatto.

A Roubaix, i piccoli cacciatori di borracce ronzavano intorno ai veicoli della Ineos. Stannard era impegnato a caricare il suo scooter in un furgone. "Era importante rinfrescarmi la memoria", ha scherzato con un sorriso da orsacchiotto. "In Belgio si corre sempre più o meno sulle stesse strade, la combinazione cambia solo a seconda delle gare, ma qui è davvero solo una volta l'anno”. Sanders è parso soddisfatto. “È stata una seduta per riavviare il motore dopo il Fiandre”, ha spiegato il preparatore, "con una certa intensità, ma non per svuotare il serbatoio".

Seduto sul pullman, Ganna stava ingerendo del riso da un contenitore di cartone. Mi sono subito ricordato com'era il pavé della Roubaix, sempre la stessa centrifuga”, ha riso. "Le vibrazioni fanno male soprattutto alle braccia, perché è una parte del corpo che di solito non usiamo molto. Ma le gambe sono a posto”.

Sta volando in questa campagna di primavera (2° alla Milano-Sanremo, 3° al GP E3, 8° al Giro delle Fiandre e vincitore dello sprint di gruppo), quindi gli abbiamo chiesto se sta godendo della migliore forma della sua carriera nelle classiche. Ha sorriso. “Dovete chiederlo al preparatore". Quest'ultimo stava passando di lì. “Direi di sì".

La Parigi-Roubaix è la monumento che più gli si addice, anche se non ha ancora sfiorato la vittoria (6° nel 2023). Una cosa preoccupa il clan Ineos: le previsioni di pioggia, perché l'asfalto asciutto è un vettore migliore per la potenza del loro leader, che non è il corridore più agile o la "ruota" più comoda. “Spero non piova”, ha detto l'italiano, toccando scaramanticamente tutto ciò che sembrava legno intorno a lui.

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