Eux aussi s’y sont frotté


Comme Tadej Pogacar dimanche prochain, d’autres vainqueurs du Tour de France ont tenté l’aventure sur les pavés de Roubaix alors qu’ils comptaient déjà la Grande Boucle à leur palmarès. 
Avec plus ou moins de bonheur.

10 Apr 2025 - L'Équipe
PHILIPPE LE GARS

ROUBAIX (NORD) – Les passerelles entre Paris-Roubaix et le Tour de France sont rares, mais elles existent. Depuis l’instauration du nouveau parcours en 1968, avec l’ajout des secteurs pavés et de la tranchée d’Arenberg, ils sont sept vainqueurs du Tour à avoir pris, la saison suivante ou plusieurs années plus tard, le départ à Compiègne. Eddy Merckx et Bernard Hinault sont les deux seuls à avoir remporté jusqu’ici ParisRoubaix et le Tour la même année. Mais si Tadej Pogacar s’imposait sur le vélodrome, il entrerait dès dimanche dans le cercle très serré de ceux qui, depuis la guerre, ont remporté l’Enfer du Nord l’année qui a suivi leur sacre en juillet : Merckx (1970 et 1973) et Fausto Coppi (1950). D’autres comme Luis Ocana (en 1973), Stephen Roche (de 1981 à 1984) et Chris Froome (2008) ont aussi couru sur les pavés de Roubaix, mais c’était avant de gagner le Tour.

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EDDY MERCKX (BEL)
1er en 1970
Vainqueur de son premier Tour en 1969
Tout-terrain

Si le Cannibale avait déjà gagné ParisRoubaix en 1968, il ne s’était alors pas encore imposé sur le Tour. C’est donc en 1970 qu’il prend le départ de Compiègne pour la première fois dans la peau d’un vainqueur de la Grande Boucle (remportée pour la première fois en 1969).

Il ne fait évidemment déjà plus partie des néophytes depuis bien longtemps et arrive au départ dans la peau du grand favori. « À l’époque, on classait moins les coureurs dans des catégories, explique-t-il. Un coureur léger pouvait faire Paris-Roubaix, seuls les purs grimpeurs n’y venaient pas. Ce n’était pas exceptionnel de voir les coureurs du Tour sur les pavés. Moi, en tout cas, je ne faisais aucune différence, c’étaient les pavés en avril et la montagne en juillet (il a participé à Paris-Roubaix chaque année entre 1966 et 1977).Jepenseque Pogacar est dans le même état d’esprit, il est autant un coureur de grand Tour qu’un spécialiste des classiques. »

Après son succès de 1970, il récidivera trois ans plus tard.

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BERNARD HINAULT
11e en 1979
Vainqueur de son premier Tour en 1978
Un Enfer à apprivoiser

Le Breton a découvert Paris-Roubaix en 1978, quatre mois avant de remporter son premier Tour de France. Il avait alors fini 13e (à plus de 7’ de Francesco Moser) et il y revient en 1979 avec de vraies ambitions. « Je ne voyais pas pourquoi un coureur du Tour n’y avait pas sa place, se souvient-il. Je m’étais mis en tête que c’était une course comme les autres, je ne faisais aucun complexe par rapport aux favoris, je n’étais pas plus maladroit qu’eux. »

Il est victime ce jour-là de trois chutes, « mais ça ne m’avait pas empêché de me rapprocher de la tête (à moins de 2’30” de Moser), sans ça j’aurais pu jouer la gagne ».

Il y reviendra l’année suivante (4e) avant de s’imposer avec le maillot arc-en-ciel en 1981. Cette course ne lui déplaisait pas tant que ça finalement : il était à nouveau présent au départ en 1982 (9e).

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JAN JANSSEN (HOL)
7e en 1970
Vainqueur de son premier Tour en 1968
Moins à l’aise sur les pavés

Le Néerlandais revient sur Paris-Roubaix trois ans après sa victoire en 1967, la dernière édition qui passait par la côte de Doullens et le bassin minier d’Hénin-Beaumont avant le changement de parcours. C’est donc deux ans après sa victoire sur le Tour 1968 qu’il découvre ces nouvelles routes jusqu’à Roubaix, avec ces secteurs pavés qui lui permettent moins d’espérer une arrivée au sprint, comme en 1967. Ça ne l’empêche pas de finir 7e dans un groupe de spécialistes (Godefroot, Verbeeck et Rosiers) mais loin du vainqueur, Merckx, qui a déjà franchi la ligne depuis plus de 7 minutes.

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JOOP ZOETEMELK (HOL)
36e en 1984
Vainqueur de son premier Tour en 1980
Au service de Kuiper

Le Néerlandais n‘est pas un novice quand il prend le départ de cette édition de 1984, quatre ans après avoir remporté le Tour de France. Il avait couru Paris-Roubaix à six reprises auparavant, avec des places plus que correctes (autour de la 20e), à une époque où les spécialistes comme Merckx, Roger De Vlaeminck, Jan Raas et Moser faisaientela loi. Ça ne l’avait pas empêché en 1979 de finir 4 dans un petit groupe avec Hennie Kuiper et De Vlaeminck, à 40” de Moser. Mais il avait déjà en tête le passage du Tour à suivre sur les pavés et l’arrivée sur le Vélodrome, où, fort de cette expérience, il allait s’emparer du maillot jaune, reléguant Hinault sur cette étape à près de 3’30”. Quand il revient en 1984, c’est plus dans la peau d’un équipier pour son compatriote Kuiper dans l’équipe Kwantum. Sa 36e place, à près d’une demi-heure de Sean Kelly, est donc anecdotique.

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LAURENT FIGNON
3e en 1988
Vainqueur de son premier Tour en 1983
Première renversante

Le double vainqueur du Tour de France (1983, 1984) n’a jamais couru Paris-Roubaix jusqu’en 1988. Sa victoire à Milan-San Remo, un mois plus tôt, le place parmi les outsiders les plus sérieux, surtout après une belle 13e place au Tour des Flandres une semaine plus tôt. Il ne fait pas attention à une échappée de deux coureurs peu connus alors, le Belge Dirk Demol et le Suisse Thomas Wegmüller qui prend le large. À l’attaque dans la deuxième partie de la course au sein d’un petit groupe de poursuivants, le Français ne réussit pas son pari et doit se contenter du sprint pour la 3e place, qu’il remporte à 1’55” du vainqueur, Demol. Il reste à ce jour le dernier vainqueur du Tour de France à être monté sur le podium à Roubaix.

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GREG LEMOND (USA)
55e en 1991
Vainqueur de son premier Tour en 1986
Équipier modèle de Duclos-Lassalle

Avant Pogacar dimanche, l’Américain était le dernier vainqueur sortant du Tour à prendre le départ de Paris-Roubaix. Il l’avait déjà couru deux fois avant de gagner la Grande Boucle en 1986, 1989 et 1990, avec une belle performance en 1985 (4e) et une plus modeste l’année suivante (30e). Soucieux de donner un coup de main à Gilbert Duclos-Lassalle, le leader de l’équipe Z sur cette classique, il finit loin de la tête à la 55e place mais c’est surtout en 1992 qu’il contribue à la victoire du Palois (il termine 9e).

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BRADLEY WIGGINS (GBR)
9e en 2014
Vainqueur de son premier Tour en 2012
Plaisir de fin de carrière

La présence du Britannique au départ de Compiègne, deux ans après sa victoire sur le Tour, ressemble plus à un coup de coeur de fin de carrière, alors qu’il avait déjà couru six fois Paris-Roubaix entre 2003 et 2011. Débarrassé de ses craintes de chute en vue du Tour, qu’il a remporté en 2012, il veut se faire plaisir une dernière fois et rouler sur ces pavés qui le faisaient rêver plus jeune, quand il supportait Johan Museeuw. Ses qualités de rouleur lui permettent de réaliser une très grosse performance, 9e dans un petit groupe à 20’’ de Niki Terpstra. Il y reviendra en 2015 (18e) et y mettra symboliquement un terme officiel à sa carrière au haut niveau.

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Anche loro ci si sono trovati a contatto

Come Tadej Pogacar domenica prossima, altri vincitori del Tour de France hanno tentato l'avventura sui ciottoli della Roubaix, pur avendo già all'attivo la Grande Boucle.
Con più o meno successo.

10 aprile 2025 - L'Équipe
PHILIPPE LE GARS

ROUBAIX (NORD) – I collegamenti tra la Parigi-Roubaix e il Tour de France sono rari, ma esistono. Dall'introduzione del nuovo percorso nel 1968, con l'aggiunta dei tratti in pavé e del fosso di Arenberg, sette vincitori del Tour sono partiti da Compiègne la stagione successiva o diversi anni dopo. Eddy Merckx e Bernard Hinault sono gli unici due ciclisti ad aver vinto la Parigi-Roubaix e il Tour nello stesso anno. Ma se Tadej Pogacar vincesse sul velodromo, entrerebbe nella strettissima cerchia di coloro che, dal dopoguerra ad oggi, hanno vinto l'Inferno del Nord l'anno successivo alla loro incoronazione a luglio: Merckx (1970 e 1973) e Fausto Coppi (1950). Anche altri come Luis Ocana (nel 1973), Stephen Roche (dal 1981 al 1984) e Chris Froome (2008) hanno corso sul pavé di Roubaix, ma questo prima di vincere il Tour.

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EDDY MERCKX (BEL)
1er en 1970
Vainqueur de son premier Tour en 1969
Su tutti i terreni

Nonostante il Cannibale avesse già vinto la Parigi-Roubaix nel 1968, non aveva ancora vinto il Tour. Nel 1970 partì per la prima volta da Compiègne in qualità di vincitore della Grande Boucle (vinta per la prima volta nel 1969).

A quanto pare non è un novizio da molto tempo e si presenta alla partenza come il grande favorito. "A quei tempi i corridori erano meno categorizzati", spiega. Un corridore leggero avrebbe potuto partecipare alla Parigi-Roubaix, ma gli scalatori puri non si sarebbero presentati. Non era insolito vedere i corridori del Tour sui ciottoli. Io, in ogni caso, non facevo distinzioni: ad aprile correvo sul pavé e a luglio in montagna (partecipò alla Parigi-Roubaix ogni anno dal 1966 al 1977). Penso che Pogacar sia nella stessa situazione: è tanto un corridore da Grandi Giri quanto uno specialista delle classiche. » 

Dopo il successo del 1970, ripeté l'impresa tre anni dopo.

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BERNARD HINAULT
11e en 1979
Vainqueur de son premier Tour en 1978
Un Inferno da domare

Il bretone scoprì la Parigi-Roubaix nel 1978, quattro mesi prima di vincere il suo primo Tour de France. Poi si classificò 13° (a più di 7 minuti da Francesco Moser) e tornò nel 1979 con autentiche ambizioni. "Non capivo perché un corridore del Tour non dovesse avere un posto lì", ricorda. Mi ero messo in testa che si trattasse di una gara come tutte le altre, non avevo complessi verso i favoriti, non ero più goffo di loro. »

Quel giorno subì tre cadute, "ma ciò non mi impedì di avvicinarmi al comando (meno di 2'30" da Moser), altrimenti avrei potuto giocarmi la vittoria".

Tornò l'anno seguente (4°) prima di vincere la maglia iridata nel 1981. Dopotutto la gara non gli dispiacque più di tanto: fu di nuovo al via nel 1982 (9°).

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JAN JANSSEN (HOL)
7e en 1970
Vainqueur de son premier Tour en 1968
Meno a suo agio sui ciottoli

L'olandese torna alla Parigi-Roubaix tre anni dopo la vittoria del 1967, ultima edizione che prima del cambio di percorso passò per la collina di Doullens e il bacino minerario di Hénin-Beaumont. Fu due anni dopo la vittoria al Tour del 1968 che scoprì queste nuove strade fino a Roubaix, con quei tratti in pavé che gli davano meno speranze di uno sprint finale, come nel 1967. Ciò non gli impedì di concludere 7° in un gruppo di specialisti (Godefroot, Verbeeck e Rosiers) ma lontano dal vincitore, Merckx, che aveva già tagliato il traguardo più di 7 minuti prima.

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JOOP ZOETEMELK (HOL)
36e en 1984
Vainqueur de son premier Tour en 1980
Al servizio di Kuiper

L'olandese non era un novellino quando prese il via nell'edizione del 1984, quattro anni dopo aver vinto il Tour de France. Aveva già corso la Parigi-Roubaix sei volte, ottenendo piazzamenti più che discreti (intorno al 20° posto), in un periodo in cui specialisti come Merckx, Roger De Vlaeminck, Jan Raas e Moser la facevano da padroni. Questo non gli impedì di arrivare quarto in un gruppetto con Hennie Kuiper e De Vlaeminck nel 1979, a 40" da Moser. Aveva però già in mente il tratto del Tour da percorrere sul pavé e l'arrivo al Vélodrome, dove, grazie a quella esperienza, indosserà la maglia gialla, relegando Hinault in quella tappa a quasi 3'30". Al suo ritorno nel 1984, corse più come compagno di squadra del suo connazionale Kuiper nel team Kwantum. Il suo 36° posto, a quasi mezz'ora di distanza da Sean Kelly, è quindi aneddotico.

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LAURENT FIGNON
3e en 1988
Vainqueur de son premier Tour en 1983
Debutto sbalorditivo

Il due volte vincitore del Tour de France (1983, 1984) non aveva mai corso la Parigi-Roubaix fino al 1988. La sua vittoria alla Milano-Sanremo, un mese prima, lo aveva posto tra gli outsider più seri, soprattutto dopo l'ottimo 13° posto al Giro delle Fiandre di una settimana prima. Non prestò attenzione alla fuga di due corridori allora poco conosciuti, il belga Dirk Demol e lo svizzero Thomas Wegmüller, che presero il largo. Attaccando nella seconda parte di gara in un gruppetto di inseguitori, al francese non riuscì l'azzardo e dovette accontentarsi dello sprint per il terzo posto, che vinse a 1'55" dal vincitore, Demol. Rimane a tutt'oggi l'ultimo vincitore del Tour de France a essere salito sul podio a Roubaix.

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GREG LEMOND (USA)
55e en 1991
Vainqueur de son premier Tour en 1986
Il compagno di squadra-modello di Duclos-Lassalle

Prima di Pogacar di domenica, l'americano è stato l'ultimo vincitore del Tour a prendere il via della Parigi-Roubaix. L'aveva già corsa due volte prima di vincere la Grande Boucle nel 1986, 1989 e 1990, con una buona prestazione nel 1985 (4°) e una più modesta l'anno successivo (30°). Desideroso di dare una mano a Gilbert Duclos-Lassalle, leader della Z in questa classica, concluse lontano dai primi, al 55° posto, ma fu soprattutto nel 1992 che contribuì alla vittoria del corridore di Pau (LeMond concluse al 9° posto).

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BRADLEY WIGGINS
9e en 2014
Vainqueur de son premier Tour en 2012
Sfizio di fine carriera

La presenza del britannico al via di Compiègne, due anni dopo la vittoria al Tour, sembra più uno sfizio di fine carriera, avendo già corso la Parigi-Roubaix sei volte tra il 2003 e il 2011. Superata la paura di cadere in vista del Tour, vinto nel 2012, vuole divertirsi un'ultima volta e pedalare sui sampietrini che sognava da giovane, quando tifava per Johan Museeuw. Le sue doti di guida gli hanno permesso di ottenere una grande prestazione, classificandosi al 9° posto in un gruppetto, a 20 secondi da Niki Terpstra. Vi ritornò nel 2015 (18°) e pose simbolicamente la fine ufficiale della sua carriera ad alto livello.

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