Guercilena: «Tout le monde peut m’appeler, même à minuit»


L’Italien est depuis dix ans le patron d’une équipe ambitieuse, devenue Lidl-Trek avant le Tour.
Atteint d’un lymphome, celui qui n’a pas de carrière pro derrière lui gère à distance et avec humilité ses coureurs.

“On a commencé avec des grands champions comme les frères Schleck, Fabian Cancellara… 
Mais ces trois dernières années, on a fait des investissements sur les jeunes. 
Et avec eux, c’est plus facile de courir de façon très agressive"

6 Jul 2023 - L'Équipe
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL ANTHONY CLÉMENT

LARUNS (PYRÉNÉES-ATLANTIQUES) – Luca Guercilena n’était pas à Laruns, hier, pour féliciter Giulio Ciccone après sa deuxième place. Le manager italien de Lidl-Trek (49 ans) doit travailler à la maison car il est fragilisé par un lymphome (cancer des gang lions lymphatiques), qui l’ avait forcé à quitter son poste en août 2021. Il l’a retrouvé en 2022, avec la même ambition de faire grandir le groupe qu’il dirige depuis 2013. Ancien coureur amateur entré dans le monde pro comme entraîneur, il n’était pas programmé pour tenir un rôle aussi important mais il a bâti sa légitimité au fil des saisons, en toute discrétion. Accompagné par différents sponsors, Trek s’est installé dans le paysage et l’arrivée de Lidl à la place de Segafredo, officialisée avant le départ du Tour de France, doit faire basculer l’équipe de Mads Pedersen et Mattias Skjelmose dans le monde des géants, à la lutte avec Jumbo-Visma ou UAE Emirates.

«Qu’ est-ce qui est le plus difficile: diriger une équipe avec beaucoup de coureurs différents, des ego, ou trouver des partenaires économiques?

On a toujours été une équipe globale, avec un patron américain mais des coureurs de dix-huit nationalités différentes. Quand tu es le manager et que tu cherches un sponsor, tu gardes en tête que Trekest une entreprise mondiale, que son partenaire doit avoir la même visibilité, et ça correspond ait à Lidl-Segafredo avait aussi une image planétaire, tout en étant l’ un des derniers sponsors italiens du World Tour. En Europe, il y a la culture sportive du cyclisme, maison peut chercher des partenaires avec une vision globale du marketing, capables de faire de gros investissements pour rivaliser avec les nouveauxacteurs.

Est-ce plus facile de les trouver qu’ avant?

Dans les années 1990, le cyclisme pro était encore amateur. Avec Mapei, Telekom, Once, on a élevé le niveau. C’ était la première étape. Les sponsors sont devenus plus importants, avant une période noire où il était compliqué d’ en trouver. Maintenant, l’ image du cyclisme est très bonne et on est devenu un vrai sport professionnel, ce qui veut dire que les aspects financiers pèsent plus lourd, et ça devient plus difficile d’ avoir un budget compétitif pour avoir comme nous un staff de quarante personnes sur le Tour, afin de s’ occuper de huit coureurs.

Avec Lidl, votre équipe change-t-elle dedimension?

On n’ est pas hypocrites. C’ est un soutien financier important et ça change nos objectifs: on est toujours partis pour gagner des courses maison veut maintenant se positionner autrement, dans les 3-4 premières équipes. On n’ en est pas loin et on veut se battre, dans le futur, pour être numéro 1. C’ est très clair, même si on sait bien que ce n’ est pas facile, je ne vais pas faire le grand chef… Jumbo, Quick-Step, UAE Emirates, ont été montés depuis des années, avec des structures très fortes. On construit pour arriver à ce niveau. D’ où vient votre façon de courir, tournée vers l’attaque? On a commencé avec des grands champions comme les frères Schleck, Fabian Cancellara… Mais ces trois dernières années, on a fait des investissements sur les jeunes. Et avec eux, c’ est plus facile de courir de façon très agressive. Après, si on veut être une équipe très compétitive, on a besoin d’avoir des mecs pour le général des grands tours, des courses d’ une semaine, et il y aura un équilibre à trouver entre agressivité et résultats sur le long terme. Ce sera un changement mais il ne faudra pas perdre ce goût de l’ attaque. Comment donne-t-on une identité à un groupe de cyclistes, souvent séparés? Le boulot des directeurs sportifs est fondamental. Ce sont eux qui ont le contact personnel avec le coureur et ils conduisent la stratégie sur les courses. En tant que manager, c’ est crucial de comprendre la culture et la façon de nouer des relations. Tu ne parles pas de la même façon à un Italien qu’ à un Danois, et il faut toujours travailler sur la spécificité des relations. Quand tu travailles bien individuelle ment, ça devient facile d’ associer les coureurs pour que chacun fasse bien son travail.

Quel lien entre tenez-vous avec eux pendant leTour?

J’ai des problèmes de santé qui m’ obligent à rester chez moi mais normalement, je discute constamment avec le groupe. Au final, les interventions d’ un manager se résument souvent à la motivation et à la résolution des grands problèmes. C’ est mon boulot d’être le premier à se dé mener pour trouver une solution, mais ça n’ a jamais été très difficile.

Qu’ a changé votre maladie?

J’ ai un problème de système immunitaire, je ne peux pas avoir du monde autour de moi et ça m’ empêche d’ être sur la course. J’ espère pouvoir venir à Paris pour la fin du Tour. Maintenant, je donne plus d’ importance à certaines choses. Le rapport aux soucis change beaucoup quand tues malade, tu relativises ceux du vélo, et j’ ai cette capacité à bien l’ expliquer au staff, aux coureurs. Parfois, on peut devenir fou pour des choses stupides, dépenser énormément d’ énergie et ça ne change rien. Il faut se concentrer sur une série de priorités, et être heureux.

Ne pas voir les coureurs vous manque?

Ça fait mal, mêmes ile management est souvent virtuel de nos jours. J’ espère que c’ est temporaire. J’ essaie de garder le contact, c’ est clair que ce n’ est pas pareil que d’ être sur la course. Mais les coureurs savent tous que même si je ne suis pas là, je suis présent pour régler leurs problèmes. Tout le monde peut m’ appeler, même à minuit. J’ ai besoin de vivre la course, de discuter de tactique, d’ idées, des avoir comment ça va, c’ est la passion. Quel regard portez-vous sur les grands coureurs que vous avez dirigés? 

Le plus fort, c’ était Fabian (Cancellara), que j’ ai aussi entraîné. Andy Schleck était le plus talentueux, avec une impressionnante facilité. Le vrai leader, c’est Alberto (Contador), le mec qui n’ a que la victoire dans la tête et qui connaît l’ importance du collectif. Il est toujours capable de motiver les équipiers. Vincenzo Nibali est arrivé dans les dernières années de sa carrière (2020-2021), et j’ai vu sa souffrance car il n’était plus capable de gagner les courses dont il rêvait. C’est là qu’on peut voir l’esprit du champion, très différent de celui d’un équipier. Richie Porte a fini troisième du Tour avec nous (en 2020) et il était toujours très gentil, très motivé. J’ai appris quelque chose de chaque leader.

Vous étiez proche des frères Schleck. Andy (vainqueur du Tour 2010) n’aurait-il pas dû aller plus haut?

Oh oui, il n’a pas remporté toutes les courses qu’il aurait dû remporter avec son talent. Il aurait vraiment dû gagner beaucoup plus, mais quand vous parlez de champions, vous parlez aussi d’ êtres humains. Vous devez respecter leurs particularités et il faut accepter qu’ il ait voulu arrêter sac arrière très tôt (en 2014, à 29ans).

N’ avoir jamais été prof ait-il de vous un manager différent?

Les managers qui ont été des grands coureur sont la possibilité de parler aux champions les yeux dans les yeux, en partageant des expériences. Je ne peux pas faire ça. Mais j’ ai souffert beaucoup sur le vélo, car j’ étais un petit coureur, et je sais quand un cycliste est en difficulté. J’ ai d’ autres atouts, j’ ai étudié la science du sport, j’ ai entraîné pendant vingt-cinq ans, je me suis intéressé aux relations entre un groupe et un staff.

Est-ce plus compliqué d’ être écouté quand on n’ a pas été pro?

Quand j’ ai commencé chez Mapei,c’ était plus difficile de gagner le respect des coureurs. J’ai noué des relations avec les jeunes, mais c’ était plus dur avec les autres. Après, quand tu travailles, la relation se construit.

Comment êtes-vous devenu manager?

Quand le patron de Leopard a cherché le successeur de Johan Bruyneel, en 2013, il m’a désigné pour diriger l’ équipe en se disant qu’ on verrait plus tard pour la suite. On a gagné toutes les plus grandes classiques avec Fabian,l est aff était content, et j’ ai proposé de partir avec Trek qui serait accompagné par différents sponsors dans le temps, à l’ image d’ un constructeur de Formule 1. L’idée était d’ être comme Ferrari, qui peut avoir quatre sponsors mais qui reste Ferrari.

Vous avez été choisi pour succéder à Bruyneel alors que vous êtes bien plus discret que lui…

Je n’ ai jamais changé mon attitude. Je n’ aime pas trop la visibilité car les étoiles sont les coureurs et la lumière doit être sur eux. Seuls les collaborateurs proches peuvent savoir que tues un bon manager, pas les personnes extérieur es. D’ autres ont un fonctionnement différent, en s’ exprimant davantage surTwit ter, et je le respecte. Comme je n’ ai pas été pro, je me position ne au-dessous des coureurs. Lors d’ une course, ce sont eux qui ont le dossard sur le dos, il sont le pouvoir. Nous, c’ est notre passion, un boulot fantastique, mais on ne peut pas être des stars.




Quelle est l’origine de votre engagement dans le cyclisme féminin?

La proposition est partie des États-Unis, et on atout de suite voulu arriver à une vraie pari té avec le même minimum salarial, la maternité payée, avant quel’UCI ne le décide. Et on amis les femmes et les hommes ensemble, dans le même camp d’ entraînement hivernal, avec le même staff. Lidl-Trek c’est 45 coureurs, ce n’est pas 30 hommes et 15 femmes. Ça donne une émulation. Je ne me suis pas toujours intéressé au cyclisme féminin mais en 2019, quand on a commencé, j’ ai vu qu’on pouvait vraiment se développer. C’est encore un cyclisme où on s’ amuse beaucoup, où la pression n’est pas maximale, mais c’ est le professionnalisme des athlètes qui m’ a plu. Je savais qu’ elles progresser aient vite avec de l’aide.»

***

Avec Patrick Lefévère, le chef et le gendarme

Il est patron d’équipe mais, quand il croise Patrick Lefévère, Luca Guercilena l’appelle «capo», chef en italien. Le boss de Quick-Step le fréquente depuis les années Mapei, à la fin des années 1990, et a suivi son évolution avec fierté: «Il était entraîneur chez nous et il me disait toujours qu’il voulait être directeur sportif. Je lui répondais qu’il n’en était pas un, car il était un carabinieri. De son éducation, il est gendarme (sourire). Quand des concurrents se sont plaints de notre grand nombre de coureurs, j’ai créé un super groupe de jeunes pour diviser notre équipe en deux, et il est allé avec eux dans le monde entier. Ils gagnaient tout, en Argentine, à Cuba. Et quand Mapei a arrêté, il est venu avec moi chez Quick-Step, au début des années 2000. Il voulait encore devenir directeur sportif. Quand il a eu l’occasion d’aller chez Leopard, je lui ai dit qu’il était libre, même s’il avait un contrat, car il a toujours été correct. Comme Lance Armstrong a été viré avec Johan Bruyneel, il est devenu manager général de façon inattendue. Il l’est toujours car il est crédible, très sérieux. C’est un pro, même s’il n’a pas été un grand coureur. Chez Mapei, il a vécu ce que j’ai connu quand j’avais 25 ans et que je dirigeais des coureurs qui avaient dix ans de plus que moi. Peut-être que derrière ton dos, ils rigolent un peu, mais quand ils voient que tu travailles bien, le respect arrive.» 
(A. Cl.)

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Guercilena: “Chiunque può chiamarmi, anche a mezzanotte”.

Negli ultimi dieci anni, l'italiano è stato a capo di una squadra ambiziosa, diventata Lidl-Trek prima del Tour.
Ora affetto da un linfoma, e senza alle spalle una carriera da professionista, gestisce i suoi corridori a distanza e con umiltà.

"Abbiamo iniziato con grandi campioni come i fratelli Schleck, Fabian Cancellara... 
Ma negli ultimi tre anni abbiamo investito sui giovani. 
E con loro è più facile correre in modo molto aggressivo".

6 luglio 2023 - L'Équipe
DAL NOSTRO INVIATO SPECIALE ANTHONY CLÉMENT

LARUNS - Luca Guercilena non era a Laruns ieri per congratularsi con Giulio Ciccone per il secondo posto finale. Il manager italiano della Lidl-Trek (49 anni) deve lavorare da casa perché è indebolito da un linfoma (cancro ai linfonodi), che lo ha costretto a lasciare il suo posto nell'agosto 2021. Tornerà al lavoro nel 2022, con la stessa ambizione di far crescere il gruppo che guida dal 2013. Un ex corridore dilettante che è entrato nel mondo dei professionisti come preparatore, non era "programmato" per ricoprire un ruolo così importante, ma ha costruito silenziosamente la propria legittimità nel corso delle stagioni. Con l'aiuto di vari sponsor, la Trek si è affermata nel panorama e l'arrivo della Lidl al posto della Segafredo, ufficializzato prima dell'inizio del Tour de France, dovrebbe proiettare la squadra di Mads Pedersen e Mattias Skjelmose nel mondo dei giganti, in lotta con la Jumbo-Visma e la UAE Emirates.

Che cosa è più difficile: gestire una squadra con tanti corridori ed ego diversi, o trovare partner finanziari?

Siamo sempre stati una squadra globale, con un capo americano e corridori di diciotto nazionalità. Quando sei il manager e cerchi uno sponsor, tieni presente che la Trek è un'azienda globale, e che il suo partner deve avere pari visibilità, e questo corrisponde alla Lidl-Segafredo che aveva anch'essa un'immagine globale, pur avendo uno degli ultimi co-sponsor italiani del World Tour. In Europa abbiamo la cultura sportiva del ciclismo e possiamo cercare partner con una visione globale del marketing, in grado di fare investimenti importanti per competere con i nuovi attori.

È più facile trovarli, rispetto al passato?

Negli anni '90 il ciclismo professionistico era ancora dilettantistico. Con Mapei, Telekom e Once abbiamo alzato il livello. Quella è stata la prima tappa. Gli sponsor sono diventati più importanti, prima di un periodo buio in cui era complicato trovarli. Ora l'immagine del ciclismo è molto buona e siamo diventati uno sport davvero professionistico, il che significa che gli aspetti finanziari pesano di più, ed è sempre più difficile avere un budget competitivo per avere uno staff di quaranta persone, come noi al Tour, per occuparsi di otto corridori.

Lo sponsor Lidl sta cambiando le dimensioni della vostra squadra?

Non siamo ipocriti. Abbiamo sempre puntato a vincere le gare, ma ora vogliamo posizionarci in modo diverso, tra le prime 3-4 squadre. Non siamo lontani da questo obiettivo e vogliamo lottare per essere la numero 1 in futuro. Jumbo, Quick-Step e UAE Emirates sono state costruite in molti anni, con strutture molto forti. Stiamo costruendo per arrivare a quel livello. 

Da dove viene il vostro stile di corsa d'attacco? 

Abbiamo iniziato con grandi campioni come i fratelli Schleck, Fabian Cancellara... Ma negli ultimi tre anni abbiamo investito su giovani corridori. E con loro è più facile correre in modo molto aggressivo. Dopodiché, se vogliamo essere una squadra molto competitiva, dovremo avere uomini per la classifica generale dei grandi giri e delle corse di una settimana, e ci sarà bisogno di un equilibrio tra aggressività e risultati a lungo termine. Sarà un cambiamento, ma non dobbiamo perdere il gusto dell'attacco. 

Come si fa a dare un'identità a un gruppo di corridori spesso separati? 

Il lavoro dei team manager è fondamentale. Sono loro che hanno il contatto personale con il corridore e guidano la tattica durante le gare. Come manager, è fondamentale capire la cultura e come costruire i rapporti. Non si parla allo stesso modo a un italiano e a un danese, e bisogna sempre lavorare sulla natura specifica del rapporto. Quando si lavora bene come individui, è facile unire i corridori in modo che ognuno svolga il proprio lavoro correttamente.

Qual è il suo rapporto con loro durante il Tour?

Ho problemi di salute che mi costringono a stare a casa, ma di solito parlo continuamente con il gruppo. In fin dei conti, il ruolo di un manager si riduce spesso alla motivazione e alla risoluzione dei problemi principali. Il mio compito è quello di essere il primo a darmi da fare per trovare una soluzione, ma non è mai stato molto difficile.

Che cosa le ha cambiato la sua malattia?

Ho un problema al sistema immunitario, quindi non posso avere persone intorno a me e questo mi impedisce di partecipare alle corse. Spero di poter venire a Parigi per la fine del Tour. Ora do più importanza a certe cose. Il rapporto con le preoccupazioni cambia molto quando si è malati, si mettono in prospettiva le preoccupazioni del ciclismo e sono in grado di spiegarlo allo staff e ai corridori. A volte si può impazzire per cose stupide, spendere molte energie e non cambiare niente. Bisogna concentrarsi su una serie di priorità ed essere felici.

Le manca vedere i corridori?

Fa male, anche se oggi la gestione è spesso virtuale. Spero sia una cosa temporanea. Cerco di tenermi in contatto, è chiaro che non è come essere in gara. Ma tutti i corridori sanno che, anche se non sono presente, sono a disposizione per risolvere i loro problemi. Chiunque può chiamarmi, anche a mezzanotte. Ho bisogno di vivere la gara, di discutere tattiche e idee, di sapere come vanno le cose. 

Che cosa pensa dei grandi corridori che ha gestito?

Il più forte è stato Fabian (Cancellara), che ho anche allenato. Andy Schleck era il più talentuoso, con una facilità impressionante. Il vero leader è Alberto (Contador), quello che vuole solo vincere e che conosce l'importanza della squadra. È sempre in grado di motivare i suoi compagni di squadra. Vincenzo Nibali è arrivato negli ultimi anni della sua carriera (2020-2021), e ho visto la sua sofferenza perché non era più in grado di vincere le corse che sognava. È lì che si vede lo spirito di un campione, che è molto diverso da quello di un compagno di squadra. Richie Porte è arrivato terzo al Tour con noi (nel 2020) ed è sempre stato molto gentile, molto motivato. Ho imparato qualcosa da ogni leader.

Lei era vicino ai fratelli Schleck. Andy (vincitore del Tour 2010) non sarebbe dovuto arrivare più in alto?

Sì, non ha vinto tutte le corse che, con il suo talento, avrebbe potuto vincere. Avrebbe dovuto vincere molto di più, ma quando si parla di campioni, si parla anche di esseri umani. Bisogna rispettare le loro peculiarità e bisogna accettare il fatto che abbia voluto smettere di correre molto presto (nel 2014, a 29 anni).

Il fatto di non essere mai stato un campione la rende un manager diverso?

I manager che sono stati grandi corridori sono in grado di parlare con i campioni alla pari, condividendo le esperienze. Io non posso farlo. Ma ho sofferto molto in bicicletta, perché ero un corridore mediocre, e so quando un corridore è in difficoltà. Ho altre qualità: ho studiato scienze dello sport, ho allenato per venticinque anni, mi sono interessato ai rapporti tra un gruppo e uno staff.

È più complicato essere ascoltati quando non si è stati corridori professionisti?

Quando ho iniziato alla Mapei, era più difficile ottenere il rispetto dei corridori. Ho instaurato un rapporto con i giovani, ma con gli altri è stato più difficile. In seguito, quando si lavora, si costruiscono relazioni.

Come è diventato manager?

Quando nel 2013 il capo della Leopard stava cercando il successore di Johan Bruyneel, mi ha incaricato di guidare la squadra, dicendo che dopo avremmo visto come sarebbe andata. Con Fabian (Cancellara) avevamo vinto tutte le grandi classiche e lui era contento, così ho suggerito di puntare sulla Trek, che sarebbe stata sostenuta da diversi sponsor nel tempo, proprio come un costruttore di Formula 1. L'idea era quella di diventare come la Ferrari, che ha un'immagine di grande successo. Potrà anche avere quattro sponsor ma rimane pur sempre la Ferrari.

Lei è stato scelto come successore di Bruyneel anche se è molto più discreto di lui...

Non ho mai cambiato atteggiamento. Non mi piace molto la visibilità perché le stelle sono i corridori e la luce deve essere su di loro. Solo chi lavora a stretto contatto con te può sapere se sei un buon manager, non gli estranei. Altri operano in modo diverso, esprimendosi maggiormente su Twitter, e io lo rispetto. Non essendo stato un professionista, non credo di essere all'altezza dei corridori. Durante una gara, sono loro quelli con il dorsale sulla schiena, sono loro il potere. Per noi è una passione e un lavoro fantastico, ma non possiamo essere delle star.

Come è nato il suo coinvolgimento nel ciclismo femminile?

La proposta è arrivata dagli Stati Uniti, e noi abbiamo voluto subito stabilire una vera partnership con lo stesso salario minimo, e il congedo di maternità retribuito, prima ancora che fosse la UCI a farlo. E abbiamo uomini e donne insieme, nello stesso training camp invernale, con lo stesso staff. La Lidl-Trek ha 45 corridori, non 30 atleti e 15 atlete. Si crea un senso di competizione. Non sono sempre stato interessato al ciclismo femminile, ma nel 2019, quando abbiamo iniziato, ho visto che potevamo davvero crescere. È ancora un ciclismo in cui ci si diverte molto, in cui la pressione non è così forte come potrebbe essere, ma è la professionalità delle atlete che mi ha attratto. Sapevo che con il giusto aiuto sarebbero migliorate rapidamente.

***

Con Patrick Lefévère, il capo e il poliziotto

È un caposquadra, ma quando incontra Patrick Lefévère, Luca Guercilena lo chiama “capo”. Il capo della Quick-Step lo frequenta fin dai tempi della Mapei, alla fine degli anni '90, e ne ha seguito la crescita con orgoglio: "Era un preparatore da noi e mi ha sempre detto che voleva diventare un team manager. Io gli dicevo che non lo era, perché era un carabiniere. Dalla sua educazione, è un gendarme (sorride). Quando la concorrenza si lamentava del nostro alto numero di corridori, ho creato un grande gruppo di giovani per dividere la nostra squadra in due, e lui è andato con loro in tutto il mondo. Hanno vinto tutto, in Argentina e a Cuba. Quando la Mapei si fermò, venne con me alla Quick-Step nei primi anni 2000. Voleva ancora diventare direttore sportivo. Quando ha avuto l'opportunità di andare alla Leopard, gli ho detto che era libero, anche se aveva un contratto, perché è sempre stato corretto. Quando Lance Armstrong è stato licenziato insieme con Johan Bruyneel, è diventato inaspettatamente direttore generale. È ancora direttore generale perché è credibile e molto serio. È un professionista, anche se non è stato un grande corridore. Alla Mapei ha vissuto quello che ho vissuto io quando avevo 25 anni e gestivo corridori che avevano dieci anni più di me. Magari ridono alle tue spalle, ma quando vedono che stai facendo un buon lavoro, ti rispettano.  (A. Cl.)

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