«On avait l’air de cyclos»


Lieu de l’attaque de Mathieu van der Poel, le Koppenberg a été, hier, un obstacle quasi infranchissable sur le vélo pour la plupart des autres coureurs, ramenés à leur simple condition d’humain.

1 Apr 2024 - L'Équipe
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL 
YOHANN HAUTBOIS

AUDENARDE - Quand, en début de semaine, on l’a visité (en voiture, évidemment), le Koppenberg s’était présenté sous ses meilleurs atours. Plutôt accueillant sous le soleil, presque bucolique avec ses jonquilles sauvages, à peine menaçant malgré ses souches d’arbres larges comme des cous de lutteurs.

Hier, sous la pluie, pour sa trente-deuxième représentation sur le Tour des Flandres, il avait mué en une sombre bande de pavés gras et glissants sur laquelle la plupart des coureurs, malgré les panneaux qui signalent les risques d’ « aquaplanage » sur les routes belges, ont patiné, petits pantins en déséquilibre, avant de poser pied à terre, presque tous.

Sauf Mathieu Van der Poel, Matteo Jorgenson et Mads Pedersen, arrivés lancés, avec assez de vitesse et de force dans les reins pour ne pas caler dès les premiers mètres.

Si, il y a fort longtemps, certains coursiers se jetaient volontairement au sol pour ralentir les leaders adverses, Ivan Garcia Cortina, arrivé en éclaireur, fut le premier à se lancer sur la rampe, avant de tanguer, incapable de rester sur sa bécane.

De la terre flamande dans les oreilles malgré la douche, l’Espagnol de Movistar (26e) expliquait ainsi avoir essayé de s’engager «sur la trace la plus propre mais il n’y en avait pas. Je n’étais pas si mal sur le vélo et c’est pour ça que je me suis arrêté pour enlever un peu de pression au niveau du pneu et avoir plus d’adhérence. Je savais que les autres derrière auraient les mêmes problèmes et que je ne perdrais pas beaucoup de temps. Mais je ne pouvais plus avancer alors j’ai commencé à courir.»

D’autres l’imitèrent, avec plus ou moins de dextérité, certains tentèrent même de remonter sur le vélo à l’image de Michael Matthews (11e) s’appuyant aux barrières, poussés par des spectateurs ou même des photographes.

Un spectacle « d’un autre temps» pour l’ancien vainqueur Philippe Gilbert (2017), qui avait connu une seule fois cette mésaventure «mais j’avais pu repartir.»

Pas Yves Lampaert, englué sur «ces pavés très espacés, arrondis» et qui a «couru jusqu’au sommet. C’est un secteur très difficile et quand le coureur devant toi tombe, tu t’arrêtes, il n’y a pas beaucoup de place pour prendre une autre trace.» L’an passé, sur le Nieuwsblad, le Belge de Soudal - QuickStep avait fait du surplace mais Ivan Garcia Cortina a vécu ce petit moment de solitude pour la première fois de sa carrière. Ce qu’il préférait relativiser car «le Koppenberg, c’est le Koppenberg. Spécial? Une sacrée merde oui! ( rires) À l’entraînement, il y a deux jours, il était sec, tout allait bien» .

Le Koppenberg effacé de la carte 
du Ronde pendant quinze ans

Stefan Küng, victime d’une chute avant le Molenberg, avait déjà perdu une partie de ses illusions au moment d’attaquer le morceau et le Suisse de GroupamaFDJ a accepté, comme tout le monde, de redevenir humain face à la pente luisante : « Je n’ai rien contre eux mais on avait l’air de cyclos. (Rires.) C’est quand même particulier. Ce mont aussi est particulier parce qu’il est plus raide que les autres où les voitures peuvent circuler. Là, pas grand monde n’était passé avant, les pavés étaient glissants. Tu ajoutes un peu de pluie, un peu de boue et c’est comme une patinoire.»

Le cocktail parfait pour décider de la course à un endroit qui a suscité la polémique par le passé et qui fut même effacé de la carte du Ronde pendant quinze ans quand, en 1987, Jesper Skibby, en tête, avait chuté, écrasé par une voiture de l’organisation. À son retour, en 2002, le Koppenberg a continué de faire des dégâts: en 2006, seulement huit coureurs le passèrent sur les pédales et il fut là encore éconduit pour une année. Mais le garçon est collant, à tout point de vue, et hier, il s’est invité de nouveau « dans l’histoire, selon Ivan Cortina. J’aurais voulu faire partie des coureurs qui l’ont monté à vélo mais je l’ai fait en marchant» .

Valentin Madouas n’y a pas échappé, un bizutage pour lui aussi. «Et je m’en souviendrai! On n’avançait pas sur le pavé mouillé et pourtant on a battu le record de l’épreuve. Mais on avait l’impression d’être comme des amateurs. Je me suis tenu à une barrière pour rechausser et je suis parti sur le replat.»

Trop tard car devant Mathieu Van der Poel avait pris le large depuis un moment après avoir écrasé le secteur et si le Néerlandais mit finalement pied à terre, il le fit sur la ligne d’arrivée pour brandir son vélo, en vainqueur.

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