L’oeil de BARDET - « Et maintenant Liège ? »

Pour la première fois, un coureur encore en activité endosse le rôle de consultant pour «L’Équipe». Romain Bardet apportera au long de la saison son expertise tout en nous faisant profiter de son expérience au coeur du peloton.

1 Apr 2024 - L'Équipe

ROMAIN BARDET 

(33ANS, DSM-Firmenich Post-NL) 

2e Tour de France 2016, 3e 2017, 2e du Mondial 2018.

Protagoniste des deux premiers monuments de la saison, que peut-on attendre de van der Poel désormais? Il endossera à nouveaule costume d’immense favori sur Paris-Roubaix, dimanche. Entant que vainqueur sortant et a près sa démonstration d’hier, seule la malchance semble pouvoir le priver d’un doublé historique avec le maillot arc-en-ciel sur le vélodrome roubaisien. 

Mais van der Poel rêve d’horizons nouveaux et ainsi épingler l’ensemble des Monuments à sa besace, comme sic’était le seul défi à sa mesure. Premier sur la liste? Liège-Bastogne-Liège, dans trois semaines (21avril). L’idée d’une bataille homérique avec Remco Evenepoel et Tadej Pogacar dans les Ardennes nous fait déjà saliver. L’antagonisme entre les Flandriennes et les Ardennaises pour rait-elle avoir raison del’omniscience du Néerlandais? 

L’équation n’a jamais été aussi favorable pour le champion du monde. Son calendrier de course a été pensé pour minimiser les risques d’un surmenage sur la dernière partie du printemps. Endécalant son retour à la compétition sur Milan-SanRemo, van der Poel ne comptera que 6jours de course au départ de la Doyenne, maximisant la fraicheur physique pour anéantir la frontière supposée entre les classiques de printemps. Révolue la période où les  Flandriens collectionnaient les jours de course à l’approche de la semaine sainte pour atteindre leur pic de forme. 

Tom Boonen comptait 32 jours de course saumatin desontroisième sacre sur le Ronde en 2012, contre 3 petits jours pour van der Poel cette année. Tandisqueles Flandriensfinissaientéreintésleurcampagnesurle vélodrome roubaisien, van der Poel semble avoir ménagé un équilibre suffisant dans ses apparitions pour envisager un niveau de forme optimal sur les cinq semaines qui séparent Liège de SanRemo. Moins c’est mieux. Aussi rare qu’impitoyable.

“Il possède les qualités intrinsèques pour venir à bout, 

une à une, des difficultés ardennaises"

Ce contraste est révélateur d’un changement radical de paradigme  ces dernières années, où dés ormais les coureurs (et leurs équipes) préfèrent avoir le contrôle total sur leur charge de travail comprenant  entraînement, sommeil (en altitude réelle ou simulée) en stage au détriment des jours de courses de préparation. Optimiser pour abolir les frontières supposées entre deux universant agonistes. Van der Poel peut-il encore davantage brouiller les codes d’un cyclisme inféodé aux genres classique quiont bercé nos enfances? À l’instar de Pogacar sur les Flandriennes, peut-il triompher sur un terrain historiquement acquis à la cause des coureurs de Grands Tours? 

Même si les côtes sont plus longuesque sur le Ronde, elles excèdent rarement une dizaine de minutes, et les plus décisives d’entreelles, dont la Redoute et le pied de la Roche aux Faucons, sont proches d’un effort maximum aérobie de cinq minutes, soit le terrain de prédilection du champion du monde. Sur le plan physique, rienne contredit donc une telle affirmation, van der Poel possé dant les qualités intrinsèques pour venir à bout, une à une, des difficultés ardennaises. Dans un printemps bercé par l’euphorie du maillot irisé, il reviendra à ses adversaires d’utiliser  chaque mètre de dénivelé pour espérer fatiguer le colosse néerlandais et doucher l’hégémonie d’un champion à son apogée. La similitude de la Doyenne avec une étape de montagne d’un Grand Tour reste à ce jour, encore, le seul domaine où Mathieu ne nous ait pas scotché. 

On évalue les champions de notre époque à leur capacité à nous extasier sur un terrain in connu, et la campagne printanière qui court pour rait bien être celle qui consacre le premier vainqueur des Flandres et de Liège la même année, depuis Eddy Merckx en 1975.