Hervé, la mort du grand frère
Pascal Hervé sous le maillot Festina pendant le Tour de France 1998
Taulier de Festina où il épaulait Richard Virenque, le Tourangeau, connu pour son intelligence et son mordant, est décédé d’un cancer, à 60 ans, dans la nuit de mardi à mercredi.
26 Dec 2024 - L'Équipe
ALEXANDRE ROOS
Hervé, la mort du grand frère
De lui, on entendait parler de son intelligence, de cet esprit vif, entier, parfois provocateur, qui ne se laissait pas marcher sur les pieds en tout cas, autant, voire plus, que de son palmarès sur les routes. C’est sans doute pour cela que l’on se souvient beaucoup de Pascal Hervé au moment de l’affaire Festina, qui restera, disons-le sans détour, un moment incontournable de sa «carrière».
Taulier de la formation de Bruno Roussel, le Tourangeau avait joué dans les tourbillons du scandale né au moment du Tour de France 1998 le rôle de grand frère, notamment auprès de Richard Virenque, de cinq ans son cadet, qu’il avait épaulé au coeur de ses tourments.
Le dernier à passer aux aveux dans l’affaire Festina
Hervé avait été le dernier à passer aux aveux, d’une manière un peu théâtrale, désinvolte, en octobre 2000 au tribunal correctionnel de Lille où il était entendu comme partie civile dans le procès Festina. «Je vais donner des aveux puisque ça va soulager tout le monde, avait-il persiflé. Est-ce que je me suis dopé? Oui, je me suis dopé. » Hervé avait estimé qu’il était déjà passé à confesse, de façon implicite, quand il avait décidé par solidarité de ne pas courir pendant la période où ses équipiers, qui avaient avoué au moment de leur garde à vue, avaient été suspendus. Lui sera resté longtemps imperturbable et sera finalement suspendu deux mois à la suite du procès et, à ce moment-là, ce fut au tour de Virenque de lui tendre la main et de l’aider à signer chez Polti.
L’année suivante, en 2001, il s’engagera pour une autre formation italienne, Alexia Alluminio, mais un contrôle positif lors du Tour d’Italie cette saison-là marquera le terminus de sa carrière. Le Giro aura donc été à la fois un tombeau et un sommet pour ses ambitions. En 1996, il avait en effet remporté la 6e étape du grand Tour transalpin, à Catanzaro, ce qui lui avait permis de porter le maillot rose une journée. Ce n’était alors que sa troisième saison chez les pros, un échelon qu’il avait découvert sur le tard, à 30ans, mais où il s’était illustré d’entrée, notamment en remportant une étape du Critérium du Dauphiné libéré, au collet d’Allevard. Jusque-là, Hervé avait brillé chez les amateurs, champion de France de la catégorie en 1992, auteur d’une saison 1993 éblouissante (classement général du Regio Tour, une étape du Tour des Régions Italiennes) qui rendait le passage à l’étage supérieur inévitable, d’autant plus que Roussel lui avait installé un marchepied.
Hervé était arrivé tard dans le métier, notamment en raison d’une coupure de cinq ans après les rangs juniors, parce qu’il avait préféré suivre une formation d’imprimeur, se marier, vivre une vie ordinaire. «J’avais fait du vélo pour faire un sport, mais après, je n’avais pas envie de tout sacrifier», avait-il balayé. Cette maturation lente expliquait en grande partie qu’il était un coureur d’une sacrée trempe, au caractère particulier, avec un certain détachement.
Exilé au Québec
Le vélo raccroché, il avait ouvert plusieurs restaurants à Limoges, puis s’était exilé en 2013 au Québec. Là-bas, il encadrait des jeunes cyclistes, donnait des conférences dans des écoles pour raconter son expérience. Il appréciait qu’au Canada il n’était pas jugé en fonction de son passé, qu’on estimait qu’il «avait payé» . Au coeur de sa carrière, il avait formulé: «Je n’ai aucun regret, je ne regarde jamais derrière.»
Hervé est mort dans la nuit de mardi à mercredi, à 60 ans, d’un cancer foudroyant, alors qu’il avait déjà dû être opéré au printemps d’ une tumeur sans métastase à l’ estomac .« Tues parti la nuit de Noël mon ami, tu es tellement rock’n’roll jusqu’à la fin » , lui a rendu hommage Laurent Brochard, un de ses anciens équipiers, sur ses réseaux sociaux. Hervé est parti sans jamais avoir renié ce qu’il a été, ce qu’il a fait. Toujours sans regrets. À sa famille et à ses proches, L’Équipe adresse ses condoléances attristées.
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Hervé, la morte di un fratello maggiore
Figura-chiave alla Festina, al fianco di Richard Virenque, il corridore di Tourangeau, noto per la sua intelligenza e il suo mordente, è morto di cancro all'età di 60 anni martedì sera.
26 dicembre 2024 - L'Équipe
ALESSANDRO ROOS
Abbiamo sentito parlare della sua intelligenza, del suo spirito vivace, non ostinato, a volte provocatorio, che non si faceva mai pestare i piedi da nessuno, in ogni caso, tanto quanto, se non più, del suo record di successi sulle strade. È questo il motivo per cui Pascal Hervé è ricordato con tanto affetto all'epoca dell'affaire-Festina, che, diciamocelo, è stato un momento decisivo della sua carriera.
Figura-centrale della squadra di Bruno Roussel, il corridore di Tourangeau ha svolto il ruolo di fratello maggiore nel vorticoso scandalo scoppiato all'epoca del Tour de France 1998, in particolare con Richard Virenque, di cinque anni più giovane, che lui aveva sostenuto nel pieno dei suoi tormenti.
L'ultimo a confessare nel caso Festina
Hervé è stato l'ultimo a confessare, in un modo un po' teatrale e fuori luogo, nell'ottobre 2000 presso il Tribunale penale di Lille, dove era stato ascoltato come parte civile nel processo Festina. Confesserò perché così tutti si sentiranno meglio”, disse. Se mi sono dopato? Sì, mi sono dopato. Hervé sentiva di aver già confessato, implicitamente, quando decise, per solidarietà, di non gareggiare nel periodo in cui i suoi compagni di squadra, che avevano confessato sotto custodia della polizia, erano stati sospesi. Rimase a lungo imperturbabile e alla fine fu sospeso per due mesi dopo il processo; a quel punto toccò a Virenque raggiungerlo e aiutarlo a firmare con Polti.
L'anno successivo, nel 2001, firmò per un'altra squadra italiana, l'Alexia Alluminio, ma un test positivo durante il Giro d'Italia di quella stagione ne segnò la fine della carriera. Il Giro è stato sia una tomba sia l'apice delle sue ambizioni. Nel 1996, vinse la 6a tappa del grande Giro d'Italia, a Catanzaro, che gli permise di indossare la maglia rosa per un giorno. All'epoca, era solo la sua terza stagione tra i professionisti, un livello che aveva scoperto tardi, a 30 anni, ma in cui si era distinto fin dall'inizio, in particolare vincendo una tappa del Delfinato, sul Collet d'Allevard. Fino a quel momento, Hervé si era distinto fra i dilettanti, vincendo il titolo francese nel 1992 e disputando una stagione 1993 folgorante (classifica generale del Regio Tour, una tappa del Giro delle Regioni d'Italia) che rendeva inevitabile il passaggio al livello superiore, tanto più che Roussel aveva creato per lui un trampolino di lancio.
Hervé era arrivato tardi al professionismo, soprattutto a causa di un'interruzione di cinque anni dopo le giovanili, perché aveva preferito continuare ad allenarsi ma lavorando come tipografo, sposarsi e vivere una vita ordinaria. “Avevo fatto ciclismo per sport, ma poi non me la sono sentita di sacrificare tutto”, racconta. Quella lenta maturazione spiega in gran parte perché fosse un ciclista così forte, con un carattere particolare e un certo distacco.
L'esilio in Quebec
Dopo aver appeso la bicicletta al chiodo, ha aperto diversi ristoranti a Limoges, prima di trasferirsi in Québec nel 2013. Lì ha fatto da mentore a giovani ciclisti e ha tenuto conferenze nelle scuole sulla sua esperienza. Apprezzava che in Canada non venisse giudicato in base al suo passato, e che fosse considerato “all'altezza”. A proposito della sua carriera, diceva: “Non ho rimpianti, non mi guardo mai indietro”.
Hervé è morto martedì sera all'età di 60 anni a causa di un cancro, dopo essere stato operato in primavera per un tumore allo stomaco non metastatico. "Te ne sei andato la notte di Natale, amico mio, sei stato così rock'n'roll fino alla fine”, gli ha reso omaggio sui social network Laurent Brochard, uno dei suoi ex compagni di squadra. Hervé se n'è andato senza aver mai rinnegato ciò che era e ciò che faceva. Sempre senza rimpianti. L'Équipe porge le sue più sentite condoglianze alla famiglia e agli amici.
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