Pogacar prêt pour un nouveau feu d’artifice
Le Maillot jaune disposera, ce lundi, d’un terrain favorable pour s’envoler. Avant la première journée de repos.
14 Jul 2025 - Le Figaro
Jean-Julien Ezvan Envoyé spécial à Châteauroux
Depuis Lille, théâtre du grand départ, le Tour a essuyé la pluie, avalé le vent, vu pleuvoir les chutes, couler les larmes, avant d’accompagner un Maillot jaune intouchable diffusant durant sa parade une lumière aveuglante, une chaleur accablante. Tadej Pogacar brille de mille feux. Roi soleil. Comme prévu. Le Slovène, qui vise un quatrième succès sur la Grande Boucle (après 2020, 2021 et 2024, il a terminé 2e en 2022 et 2023) a déjà remporté deux étapes (à Rouen, 4e étape et Mûr-de-Bretagne, 7e étape) et a porté le maillot jaune durant quatre jours. Impatient de voir défiler la suite et de poser une poigne encore plus ferme sur la course.
Ni les conditions, ni les rivaux, ni le parcours ne semblent, pour l’instant, en mesure de faire de l’ombre au démiurge du peloton. Riche de 19 victoires d’étapes, le leader de l’équipe UAE Team Emirates se rapproche du Top 5 des collectionneurs sur la Grande Boucle dominés par le Britannique Mark Cavendish (35 de 2008 à 2024), devant le Belge Eddy Merckx (34 de 1969 à 1975, les Français Bernard Hinault (28, de 1978 à 1986), André Leducq (25, de 1927 à 1938) et André Darrigade (22, de 1953 à 1964).
« Huit ascensions classées »
Pogacar a l’avantage. L’élan, la dynamique, la confiance sont de son côté. Et le terrain accidenté, éreintant, déroule ce lundi un profil idéal pour une nouvelle démonstration que redoute un peloton dans lequel l’équipe Visma Lease a Bike a pris le temps de rassembler ses esprits et de reconstruire doucement une ambition après le coup de massue reçu lors du contre-la-montre de Caen (5e étape). Le Danois Jonas Vingegaard voit les jours passer en espérant retrouver des jambes et de l’espoir. Pour profiter des profils haut perchés de la deuxième semaine et parvenir à instiller le doute sous le casque de l’insaisissable Pogacar qui n’a enregistré qu’un accroc dans un début de Tour parfait, l’abandon ce dimanche de son premier lieutenant, le Portugais João Almeida qui a serré les dents après une chute lors de la 7e étape arrivant au sommet de Mûr-debretagne, avant d’être contraint de renoncer 48 heures après…
Le 14 Juillet, une date toujours attendue sur le Tour, tombe un lundi et chamboule les habitudes. La première journée de repos se décale et se posera à Toulouse le mardi 15 juillet (et non un lundi). Au lendemain de la 10e étape, Ennezat-le Mont-dore Puy de Sancy, qui sera conclue avec la première arrivée au sommet (1 324 m ; avec 3,3 km à 8 %) et un dénivelé positif de 4 400 m. « Cette étape du Puy-de-dôme est une vraie étape de montagne, même si ça ne monte pas à 2 000 mètres. Les ascensions s’enchaînent et il y a des pentes fortes. Une journée 100% Puy-de-dôme le 14 Juillet, avec huit ascensions classées, il aurait pu y en avoir le double. Et là aussi, on va chercher des rampes, avec ces routes qui tournent à droite, à gauche, qui montent, qui descendent. Tout est fait pour une grosse bagarre, dans des paysages absolument sublimes. Le col de Guéry est magnifique. Par ses caractéristiques, son tracé. Je ne sais pas après comment cela se passera, cela ressemble à l’étape du Lioran (remportée d’un boyau par Jonas Vingegaard devant Tadej Pogacar le 10 juillet 2024) qui a été exceptionnelle. Une étape qui m’a comblé de bonheur. Cela fait des années qu’on se bat pour démontrer qu’à côté des Alpes et des Pyrénées, qui sont incontournables et indispensables, on peut avoir des étapes très sélectives dans les autres massifs », signe Christian Prudhomme, le directeur du Tour.
Une étape qui sera très suivie. Depuis Lille, le Tour est escorté par une foule considérable. La fête bat son plein. La course se fait une obligation d’être à la hauteur. Les Français, qui attendent une première victoire d’étape, se languissent d’un succès le 14 Juillet depuis Warren Barguil, à Foix en 2017. L’étape clé du 14 juillet promet du spectacle. Et à l’indigeste cocktail vitesse et fatigue qui éprouve les coureurs lors d’une première partie de course exigeante, la chaleur a ajouté de la difficulté. Cédric Vasseur, manager de l’équipe Cofidis, observe et tempère : « Tant qu’on est en course sur des températures de 30-31 degrés, ça va. En revanche, si le thermomètre venait à atteindre les 38-40 degrés, là, on aurait vraiment un effet négatif sur le rendement des coureurs. Mais là, pour l’instant, il y a quand même beaucoup de coureurs, notamment au sein de notre équipe, qui disent : “Il fait chaud, mais ça reste acceptable”. Ce n’est pas la chaleur étouffante du Sahara… »
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À Châteauroux, rebaptisée « Cavendish City », dans un clin d’oeil au sprinter de l’île de Man, recordman de victoires d’étape sur le Tour (35, toutes au sprint, dont 3 à Châteauroux), le Belge Tim Merlier (SOQ) s’est imposé au sprint après une journée animée par Jonas Rickaert et Mathieu Van der Poel, repris à 700 mètres de la ligne après 173 km d’échappée.
Classement général:
1. Pogacar (Slo/ UAD) 33 h 17 min 22 s ;
2. Evenepoel (BEL/SOQ) à 54 s ;
3. Vauquelin (Fra/ ARK) à 1 min 11 s ;
4. Vingegaard (Dan/ TVL) à 1 min 17 s ; 5. Jorgenson (E-U/ TVL) à 1 min 34 s…
10e étape, ce lundi : Ennezat-le Mont-dore (165,3 km).
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