EN RÉSISTANCE
Mathieu van der Poel (en bas) n’a pas résisté hier au retour du peloton, réglé au sprint
par Tim Merlier (en maillot blanc) devant le maillot vert Jonathan Milan (à gauche).
Au pied de la montagne
Mathieu Van der Poel, avec son équipier Jonas Rickaert, a tout tenté hier pour faire dérailler les trains des sprinteurs, mais Tim Merlier a remporté le sprint devant Jonathan Milan, alors que Jonas Vingegaard doit porter le glaive aujourd’hui dans le Massif central pour troubler la suprématie de Tadej Pogacar.
14 Jul 2025 - L'Équipe
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL ALEXANDRE ROOS
CHÂTEAUROUX – Pas facile de faire entrer Mathieu Van der Poel dans une boîte, encore moins dans une case, et on ne parle pas en premier lieu de ses épaules de videur, mais davantage de son statut et de l’idée qu’il se fait de son rang, qui lui dicte de ne pas se laisser enfermer dans des schémas entendus ou de trop se plier aux convenances. Canaliser le phénomène est le boulot qui a été confié sur cette planète, en tout cas pour les débuts, à ses parents, Corinne et Adrie, et ce dernier a sans doute trouvé plus aisé de remporter le Tour des Flandres et Liège-Bastogne-Liège que de remplir cette mission.
On le sait, le fiston ne nourrit pas une passion folle pour le Tour de France, il suffoque dans son carcan, ce format long qui ne lui convient pas, toutes ces journées où il n’a rien à jouer qui sont pour lui une hérésie, alors s’il faut absolument rallier Paris, autant s’amuser un peu en route. Sa première semaine a été très solide, avec une victoire d’étape à Boulogne-sur-Mer et quatre jours en jaune, mais avec une pointe de frustration de s’être cramé dans l’échappée de Vire, ce qui a hypothéqué ses chances le lendemain à Mûr-de-Bretagne, alors que les occasions vont désormais se faire bien plus rares dans cette édition.
Et puis, le Néerlandais, champion du monde, triple vainqueur de Paris-Roubaix et du Tour des Flandres, a l’habitude de donner le tempo, de tordre les courses en sa faveur, en fonction de ses exigences et de ses objectifs, pas de les subir, et il compte bien appliquer cela même sur le Tour de France. Personne ne rognera sa liberté et c’est un peu ce qui l’a poussé à se lancer hier avec son coéquipier Jonas Rickaert dès le kilomètre 0 ( voir page20) dans une aventure à laquelle lui-même ne devait pas vraiment croire.
Le suspense a tenu jusqu’à 800 m de la ligne d’arrivée
C’était n’importe quoi, une offense aux stratégies conventionnelles, une opération suicidaire ? Et alors ? C’était bien, non ? D’autant plus que tout le monde s’attendait à une journée de bâillements. Le suspense a tenu presque jusqu’au bout, à 800 m de la ligne d’arrivée, quand Van der Poel, qui avait délaissé son compagnon cinq bornes plus tôt, fut englouti par le peloton. À l’arrivée, il expliqua qu’il avait en tête de faire monter Rickaert sur le podium protocolaire à l’arrivée, un honneur qu’il n’avait jamais connu et que Van der Poel parvint à lui « offrir », puisque le travailleur de l’ombre belge fut désigné combatif de l’étape.
Après avoir compté près de six minutes d’avance, le duo d’Alpecin-Deceuninck reprit espoir dans le final, où leur avantage repartit un temps à la hausse, et c’est là que Van der Poel sentit le coup fumeux. Derrière, tout le monde s’employait pour les reprendre, même des « petites » équipes qui n’avaient pas beaucoup de chances dans le sprint, et encore moins en travaillant pour les Lidl-Trek de Jonathan Milan et les Soudal-Quick Step de Tim Merlier, les Uno X, les Arkéa-B&B Hotels, les Tudor, entre autres, qui conduisaient le corbillard pour leur propre enterrement à Châteauroux.
Au terme d’une journée qui n’a rien eu à voir avec celle de la veille vers Laval, beaucoup plus nerveuse avec un vent qui scinda le paquet à plusieurs reprises, menée à un rythme dément, 50,013 km/h de moyenne, soit la deuxième étape la plus rapide de l’histoire du Tour de France après les 50,36 entre Laval et Blois en 1999, Merlier a donc repris le manche dans son duel face à Jonathan Milan, deux succès à un. La victoire du champion d’Europe a été nette et cette seconde confrontation directe a confirmé l’impression de la première, à Dunkerque, à savoir que si tout se goupille comme il le souhaite, Merlier va pour l’instant plus vite que son rival.
Après la rébellion de Van der Poel, on attend celle de Vingegaard
Il faudra désormais attendre un bon bout avant de revoir ces deux-là à l’oeuvre, pas avant la troisième semaine et Valence (étape 17). Car pour l’heure, la montagne est là, avec une journée de guérilla qui s’annonce dans le Massif central, à travers les cols de Guéry, de la Croix-Morand, de la Croix Saint-Robert, le puy de Sancy, des endroits touchés par la grâce qui ravivent le souvenir de l’étape de folie d’il y a deux ans, vers Issoire, remportée par Pello Bilbao, une des plus magnifiques de ces dernières années.
Après la rébellion de Van der Poel, on attend désormais celle de Jonas Vingegaard.
Le terrain n’est peut-être pas le plus favorable pour le Danois, plutôt punchy, sans longues ascensions, mais après tout, il a répondu à la giclette de Tadej Pogacar en gardant sa roue à Rouen ou dans le sprint de Mûr-de-Bretagne. C’est en revanche un relief idéal pour mettre en place une stratégie d’équipe, avec des pions à différents échelons pour développer une stratégie de harcèlement, et les Visma sont outillés pour cela. D’autant plus que les UAE, eux, vont devoir procéder à quelques ajustements avec l’abandon dimanche de Joao Almeida, qui ne pouvait plus continuer, trop esquinté par sa chute à Mûr-de-Bretagne vendredi.
Le Maillot Jaune peut sans doute faire sans son principal lieutenant en montagne, mais sa perte n’est pas anodine pour autant, car elle pourrait impliquer qu’il se retrouve esseulé plus rapidement en haute altitude. Au-delà de la bataille des collectifs, Vingegaard a besoin de montrer un signe de révolte, d’étaler l’intensité de la réponse qu’il peut opposer à son adversaire, pour garder sa flamme déjà bien vacillante en vie. Car Pogacar, lui, n’a qu’un plan: la souffler définitivement le plus vite possible.
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DI RESISTENZA
Mathieu van der Poel (in basso) non ha resistito al ritorno del gruppo ieri, che si è risolto in uno sprint
di Tim Merlier (in maglia bianca) davanti alla maglia verde Jonathan Milan (a sinistra).
Ai piedi della montagna
Mathieu Van der Poel, con il compagno di squadra Jonas Rickaert, ha tentato di tutto ieri per far deragliare i treni dei velocisti, ma Tim Merlier ha vinto lo sprint davanti a Jonathan Milan, mentre Jonas Vingegaard dovrà portare la spada oggi nel Massiccio Centrale per disturbare la supremazia di Tadej Pogacar.
14 luglio 2025 - La squadra
DALL'INVIATO SPECIALE ALEXANDRE ROOS
CHÂTEAUROUX - Non è facile inserire Mathieu van der Poel in una categoria, tanto meno inscatolarlo, e non stiamo parlando principalmente delle sue spalle da buttafuori, ma più che altro del suo status e dell'idea che ha del suo rango, che gli impone di non lasciarsi intrappolare in schemi accettati o piegarsi troppo alle convenzioni. Canalizzare il fenomeno è il compito affidato ai suoi genitori, Corinne e Adrie, su questo pianeta, almeno nei primi tempi, e per Adrie è stato più facile vincere il Giro delle Fiandre e la Liegi-Bastogne-Liegi che adempiere a questa missione.
Come tutti sappiamo, il 30enne non ha una grande passione per il Tour de France, soffoca nella sua camicia di forza, nel formato lungo che non gli si addice, in tutti quei giorni in cui non ha nulla da giocarsi, che per lui sono un'eresia, quindi se deve arrivare a Parigi, tanto vale divertirsi un po' lungo il percorso. La sua prima settimana è stata molto solida, con una vittoria di tappa a Boulogne-sur-Mer e quattro giorni in giallo, ma con un pizzico di frustrazione per essersi bruciato nella fuga a Vire, che ha ipotecato le sue possibilità il giorno successivo a Mûr-de-Bretagne, mentre le occasioni saranno molto più rare in questa edizione.
Inoltre, l'olandese, campione del mondo e tre volte vincitore della Parigi-Roubaix e del Giro delle Fiandre, è abituato a dettare il ritmo e a stravolgere le corse a suo favore, in base alle sue richieste e ai suoi obiettivi, piuttosto che a subirle, e intende fare lo stesso al Tour de France. Nessuno interferirà con la sua libertà, ed è questo che ha spinto lui e il suo compagno di squadra Jonas Rickaert a partire ieri al chilometro 0 (vedi pagina 20) per un'avventura in cui lui stesso non credeva molto.
La suspense è durata fino a 800 m dal traguardo.
Era un'assurdità, un'offesa alle strategie convenzionali, un'operazione suicida? E allora? Era buona, no? Soprattutto perché tutti si aspettavano una giornata di sbadigli. La suspense è durata quasi fino alla fine, a 800 metri dal traguardo, quando Van der Poel, che aveva lasciato il compagno cinque chilometri prima, è stato inghiottito dal gruppo. All'arrivo, ha spiegato che aveva in mente di far salire Rickaert sul podio ufficiale del traguardo, un onore che non aveva mai provato e che Van der Poel è riuscito a “offrirgli”, visto che il laborioso belga è stato nominato vincitore della tappa.
Dopo aver accumulato un vantaggio di quasi sei minuti, il duo Alpecin-Deceuninck ha ritrovato la speranza nel finale, dove il loro vantaggio è aumentato ancora per un po', ed è stato allora che Van der Poel ha sentito l'odore del fumo. Dietro di loro, tutti cercavano di prenderli, anche le squadre “piccole” che non avevano molte possibilità in volata, e ancor meno quando si trattava di lavorare per la Lidl-Trek di Jonathan Milan e la Soudal-Quick Step di Tim Merlier, Uno X, Arkéa-B&B Hotels e Tudor, tra gli altri, che stavano guidando il carro funebre per il proprio funerale a Châteauroux.
Al termine di una giornata che non ha nulla a che vedere con la tappa del giorno precedente a Laval, molto più nervosa, con un vento che ha spaccato più volte il gruppo, corsa a un ritmo folle, 50,013 km/h di velocità media, la seconda tappa più veloce nella storia del Tour de France dopo i 50,36 tra Laval e Blois nel 1999, Merlier ha preso il comando del duello con Jonathan Milan, due vittorie a una. La vittoria del campione europeo è stata netta e questo secondo confronto diretto ha confermato l'impressione del primo, a Dunkerque, e cioè che se tutto va secondo i piani, Merlier va attualmente più veloce del suo rivale.
Dopo la ribellione di Van der Poel, attendiamo quella di Vingegaard.
Il terreno non è forse il più favorevole per il danese, piuttosto incisivo, senza lunghe salite, ma dopotutto ha risposto alle giclette di Tadej Pogacar tenendogli la ruota a Rouen o in volata a Mûr-de-Bretagne. D'altra parte, si tratta di un terreno ideale per l'attuazione di una strategia di squadra, con pedine a diversi livelli per sviluppare una strategia di disturbo, e Visma è attrezzata per questo. Tanto più che la UAE dovrà fare qualche aggiustamento con il ritiro domenica di Joao Almeida, che non ha potuto continuare perché troppo malconcio per la caduta di venerdì a Mûr-de-Bretagne.
La Maglia Gialla può indubbiamente fare a meno del suo principale luogotenente in montagna, ma la sua perdita non è di poco conto perché potrebbe significare che si ritrova più rapidamente da solo in alta quota. Al di là della battaglia dei collettivi, Vingegaard ha bisogno di dare un segno di rivolta, di mostrare l'intensità della risposta che può opporre all'avversario, per mantenere viva la sua fiamma già accesa. Pogacar, dal canto suo, ha un solo piano: farlo fuori dal sistema il più rapidamente possibile.
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