Le Tour au pays des légendes italiennes


Déjà vainqueur en 2020 et 2021, Tadej Pogacar (ici, à gauche, lors de la présentation au public 
toscan des coureurs D’UAE Team Emirates, jeudi, devant la cathédrale Santa Maria del Fiore) 
tentera de remporter la Grande Boucle, qui s’élancera, samedi, de Florence.
(ANDREA MARTINI/NURPHOTO via AFP)

Virée italienne de Trois jours pour la grande boucle

29 Jun 2024 - Le Figaro
Armel Le Bescon Florence

Depuis 1954 et un premier départ de l’étranger à Amsterdam, le Tour de France a beaucoup voyagé en Europe. Pourtant, l’italie n’avait jamais lancé la Grande Boucle jusqu’à ce jour même si le pays a donné sept vainqueurs et une dizaine de victoires entre 1924 et 2014. Une incongruité quand on connaît l’importance du cyclisme dans la botte italienne qui trouve enfin chaussure à son pied depuis Florence en fêtant également le centenaire de la victoire d’ottavio Bottecchia.


Le directeur du Tour, Christian Prudhomme, remonte le cours des choses : « En 2012, Wiggins remporte le Tour et les Jeux de Londres sont un immense succès populaire derrière la figure du Maillot jaune, la reine Élizabeth et James Bond. Deux ans plus tard, l’italie aurait dû organiser le Grand Départ avec le centenaire de la naissance de Bartali. Mais nous ne pouvions pas oublier le Royaume-uni et ce fut donc le Yorkshire. J’ai dû appeler Matteo Renzi - maire de Florence à l’époque - la mort dans l’âme.» Convaincu aussi que l’italie reviendrait frapper à la porte. Ce sera en pleine pandémie de Covid. «Je reçois en mars 2020 un message de Dario Nardella, alors maire, qui m’écrit “Florence si belle et déserte… Je n’ai pas oublié mon rêve du Grand Départ. Voyons-nous quand la pandémie sera terminée.”»

Si Dario Nardella a troqué récemment son siège pour un mandat de député européen, il partage un sentiment de fierté avec non seulement les Florentins mais tout un pays heureux d’accueillir le Tour dans l’une des villes les plus brillantes au monde entre un savant mélange de l’art et d’architecture. « Je pense que c’est le Tour des records d’une certaine manière, dit-il. Nos trois étapes italiennes passent par des sites inscrits au Patrimoine mondial de l’unesco. Le centre de Florence, les arcades de Bologne avec la prestigieuse montée de San Luca et le paysage du sud Piémont avec la traversée des Langhe tellement typiques de cette région avant d’arriver à Turin. » ASO (Amaury Sport Organisation) retiendra la grande histoire même si ce sont bien deux candidatures qui furent déposées sur le bureau de Christian Prudhomme avec celle de Bologne présentée par le président de l’émilie-romagne, Stefano Bonaccini. Mais l’italie est aussi un pays de coalition et le Tour de France valait bien un compromis depuis la Toscane et la majestueuse capitale de la Renaissance avec l’aval d’alberto Cirio, le président de la région Piémont.

« Un musée à ciel ouvert »

Christian Prudhomme est convaincu de toucher l’exceptionnel avec ce 26e Grand Départ depuis l’étranger: «Nous sommes dans une des plus belles villes du monde. C’est un musée à ciel ouvert. Chacun s’en rend compte dès qu’il pose les pieds à Florence.» Le peloton évoluera pendant trois jours dans un paysage de cartes postales même si l’organisation n’imaginait pas des étapes aussi longues. Trois rallyes dépassant les 200 km, le Tour a connu des entames plus sobres et bien moins difficiles. «On n’a jamais cherché à durcir dès le premier jour. Simplement quand on va de Florence à Rimini, on n’a pas le choix car on est au coeur des Apennins», note le directeur du Tour. Des parcours triés sur le volet avec l’aide de Davide Cassani, l’ancien champion italien. Et des exigences à sortir des sentiers battus. « Il y avait une envie de notre part et des Italiens de rendre hommage à leurs légendes. On va passer chez Bartali (Ponte a Ema). On va prendre les routes d’entraînement de Nencini. On arrive ensuite chez Pantani entre ombre et lumière mais ce qui est fascinant c’est de voir que son nom est encore marqué au sol dans l’ascension du sanctuaire de San Luca », constate le patron du Tour. « 48 heures avant le départ, les sépultures de Bottecchia, Bartali, Coppi, Nencini, Pantani mais aussi celle de Gimondi tous vainqueurs de la Grande Boucle ont été fleuries au même moment. L’hommage est présent, avant d’emprunter la route de ces champions», souligne Christian Prudhomme.

L’Italie sera du voyage bien au-delà des Alpes dans cette édition qui prendra fin à Nice. Gastone Nencini vainqueur du Tour 1960 qui serre la main du général De Gaulle à Colombey, ville d’arrivée le 6 juillet, rembobine le film mémoriel et justifie un peu plus ce Grand Départ de Toscane. Il y aura enfin l’hommage à Fabio Casartelli le 14 juillet comme à chaque passage au Portet-d’Aspet depuis 1995, date de sa chute mortelle. Le Tour a ses objectifs comme son hôte florentin. Dario Nardella connaît la force de frappe de l’événement mais plus encore son impact: «C’est surtout important pour l’histoire du cyclisme en Toscane et plus largement en Italie. Mais le premier objectif est de relancer le cyclisme car on n’a plus de grand champion.» Si le Tour crée les légendes, alors l’Italie, merveilleuse rampe de lancement, garde toujours espoir de revenir sur le devant de la scène. Et de retrouver un 29e porteur du maillot jaune au plus vite.

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