4 Fantastiques, stratégies


Les principaux candidats à la victoire sur ce 111e Tour disposent d’atouts bien différents les uns des autres. Comment doivent-ils s’y prendre pour gagner?

29 Jun 2024 - L'Équipe
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL PIERRE MENJOT

FLORENCE (ITA) – Les cinéphiles le savent, les Quatre Fantastiques n’ont pas les mêmes super-pouvoirs. On se gardera bien de dire lequel brasse le plus d’air ou qui peut prendre feu, mais pour les quatre favoris du Tour qui démarre aujourd’hui, c’est la même chose: chacun dispose de ses propres qualités qu’il peut mettre à profit sur un parcours très varié, riche d’étapes punchy dès ce week-end en Italie, de presque soixante kilomètres de contre-lamontre, d’arrivées au sommet et de journées piégeuses (Troyes, le Lioran…). Comment s’y prendre, alors, afin de gagner ce Tour pour chacun d’entre eux? Nous avons posé la question à l’Écossaise Philippa York, 4e et meilleur grimpeur du Tour 1984 sous le nom de Robert Millar, et à l’Italien Paolo Bettini, au palmarès rondelet (deux titres mondiaux, cinq Monuments, champion olympique 2004), réputé pour son sens tactique en course.

JONAS VINGEGAARD 
27 ans (DAN). Visma-Lease a bike. 
4e participation au Tour, 2 victoires au classement général, 3 étapes.

« Rester loin des ennuis et attendre la dernière semaine »

Tout le monde se pose bien sûr la question de sa forme réelle, Vingegaard lui-même, alors une stratégie prudente fait l’unanimité chez nos interlocuteurs. «Il va regarder la course, les adversaires, et faire une course tactique, pense Paolo Bettini. Regarder jour après jour comment va la condition et surtout son niveau par rapport aux autres concurrents. Mais même s’il va très bien, il va rester dans les roues et ne pas attaquer.» On est donc à l’inverse du plan pop-corn de ces deux dernières années, où les Visma-Lease a bike durcissaient la course chaque jour pour vider le réservoir de Pogacar. «Il doit rester calme et attendre la dernière semaine», pose Philippa York, qui imagine en plus le Danois «manquer d’intensité et de technique de course en peloton, après trois mois sans courir», et lui conseille donc de «rester loin des ennuis» les premiers jours. La Britannique relève en plus «son manque de travail sur le vélo de contre-lamontre, qui est crucial» . Dans son esprit, tout se jouerait donc en montagne, lors de l’enchaînement alpestre final.

REMCO EVENEPOEL
24 ans (BEL). Soudal Quick-Step. 
1re participation au Tour.

« Chercher à prendre le maillot dès Bologne »

Pour son premier Tour, Evenepoel pourrait se contenter d’observer à l’ombre des meilleurs avant de tenter sa chance, comme il l’a annoncé jeudi. «Je m’attends à ce qu’il rivalise avec Pogacar ce week-end, qu’il soit offensif s’il y a une opportunité», répond au contraire York. Ce que Bettini développe : «Remco est très nerveux en course et je le vois partir très fort, chercher à gagner à Bologne ( demain, 2e étape). Lui et Pogacar peuvent gagner, il peut prendre le maillot et ensuite beaucoup travailler avec son équipe.» «Puis il y a le premier test en montagne sur la 4e étape, s’interroge York. Il faudra qu’il ait progressé par rapport au Dauphiné ( 7e). Il ne sera pas loin de Pogacar lors du premier contre-la-montre ( vendredi, 7e étape). » À travers les vignes de Bourgogne, «il va chercher à prendre le plus de temps possible, car il est le plus fort» , imagine l’Italien. Ensuite ? Les pièges ne manqueront pas. «Rester devant tout le temps va être un challenge mental qui peut l’irriter, croit l’Écossaise. La compétition au Tour peut être un vrai choc, même quelqu’un d’aussi talentueux que lui doit apprendre. Son équipe ne pourra pas rivaliser en haute montagne, donc il risque de se retrouver isolé par rapport à Roglic ou Pogacar.» Avant de tout jouer le dernier jour conte la montre.

TADEJ POGACAR
25 ans (SLN). UAE Emirates. 5
e participation au Tour, 2 victoires au classement général, 11 étapes.

« Plier le Tour en quatre jours »

Il est le favori au départ, les deux premières étapes lui conviennent parfaitement, alors la stratégie à adopter pour le Slovène de 25 ans paraît limpide. «Moi, je m’appelle Pogacar, je n’attends n pas, sourit Marc Madiot, manager général de Groupama-FDJ. Il sort s avec une condition physique exceptionnelle du Giro ( maillot rose et vainqueur de six étapes) où il a plié le match le plus vite possible pour gérer. On ne sait pas trop où en est la concurrence donc à sa place, j’en profite, et le Tour va être plié au bout de quatre jours» , insiste le Mayennais, qui va même plus loin et «imagine les UAE faire 1er, 2e, 3e et 4e du Tour si tout se passe bien pour eux».

Philippa York valide l’idée, nuance un peu l’issue – «Il se battra peut-être pour prendre quelques secondes seulement, mais il doit prendre le contrôle dès les premiers jours» –, et détaille un chemin clair pour le double vainqueur du Tour. «Troyes ( l’étape des chemins blancs, dimanche 7 juillet, 9e étape) est une chance pour lui de mettre la pression sur Vingegaard et Evenepoel. J’attends aussi qu’il gagne le premier contrela-montre ( vendredi, 7e étape). Et je ne pense pas qu’il fatiguera en troisième semaine, mais il ppourra courir plus sur la défensive lors des étapes qui finissent au-delà des 2000 mètres.»

PRIMOZ ROGLIC
34 ans (SLN). Red Bull - Bora-Hansgrohe. 
6e participation au Tour, 3 victoires d’étapes.

« Gagner du temps quand ça deviendra vraiment difficile »

Pour la première fois depuis 2020 (2e), revoilà Roglic dans la peau du leader unique, après son passage chez Red Bull-Bora. Et un premier écueil va se poser à lui: «Il doit rester proche de Pogacar les premiers jours, mais surtout ne pas être pris dans une chute» , relève Philippa York. Ce que le triple vainqueur de la Vuelta n’a pas réussi lors des trois courses disputées cette saison (Paris-Nice, Tour du Pays Basque, Dauphiné). Les premiers jours lui plaisent, notamment cette côte de San Luca (demain, 2e étape) apprivoisée maintes fois (trois succès au Giro d’Emilia, chrono inaugural du Giro 2019). «Mais il doit courir de manière prudente et donner son maximum seulement quand Pogacar teste tout le monde», tempère York, rejointe par Paolo Bettini: «Il doit essayer de gagner du temps seulement quand ça deviendra vraiment difficile», comme il sait faire, en attaquant souvent dans le final. Jouer les morpions donc, accroché au dossard du grand favori, et attendre son heure. «S’il est toujours à la lutte en troisième semaine, il aura une chance de perturber UAE», pense l’Écossaise. «Et il est le plus régulier sur les chronos» , rappelle Bettini. Alors si tout se joue sur l’exercice solitaire le dernier jour, pourquoi pas lui?

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