«Je ne suis qu’un enfant»
Comme chaque année, Christian Prudhomme, le patron du Tour, réalise la tournée des médias en véritable VRP. Il ne semble pas s’en lasser, ni vouloir passer la main tout de suite.
"Au bout de vingt ans,
vous connaissez du monde"
29 Jun 2024 - L'Équipe
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL YOHANN HAUTBOIS
FLORENCE (ITA) – Habitué de l’ exercice médiatique, Christian Prudhomme (63 ans) va «ouvrir» son 26e Tour de France, son 18e comme directeur de l’ épreuve, sans ressentir la moindre lassitude malgré les kilomètres, les repas accumulés, porté selon lui par l’ idée que la Grande Boucle est le prolongement de l’ enfance. Avez-vous compté le nombre de présentations d’ équipes, de dé parts de Tour, que vous avez couverts? C’est assez simple à découper: c’ est mon 18e Tou rentant que directeur, j’en ai également trois comme adjoint( de Jean-Marie Le blanc, son prédécesseur ), cinq comme journaliste. J’en suis donc à 26. Je me disque ce n’ est pas possible, je ne me rends pas compte du temps passé. C’est affolant comme ça va vite, peutêtre aussi parce qu’ avec le Tour, on est toujours sur les routes. À part les intermèdes très courts de Jean-François Naquet-Radiguet (1987) et Xavier Louy (1988), les directeurs du Tour comme Henri Desgrange (1903-1936), Jacques Goddet (1937-1987) ou Jean-Marie Leblanc (1987-2007) ont toujours connu de longs règnes.
- Comment vous si tuez-vous dans l’histoire?
Je ne peux pas me si tuer par rapport à des grands noms comme eux. Jean-Mariea été magnifique avec moi quand j’ étais son adjoint, il m’ a adoubé auprès de tous les élus. Donc, non, je ne me situe pas par rapport à eux, mais en revanche, je sais qu’ on a la chance quand on est directeur du Tour de rester assez longtemps. Mais cela tient à la famille Amaury (propriétaire d’ASO, l’organisateur de la course, et de L’Équipe), au fait que ce soit une entreprise familiale. Mais pour rejoindre Jacques Goddet, il faudrait que je me prépare à une retraite à 95 ans et ce n’est pas mon objectif (rires). Mais j’ai conscience qu’il y a très peu denoms depuis 1903.
- À 63 ans, vous pensez à la retraite?
À la retraite, non, à la transmission, oui. Je proposer ai forcément un nom.
- Vous avez un calendrier en tête, une échéance?
Non, mais ce qui est important, ce sont les gens autour de moi qui tissent des liens avec ceux qui, demain, seront maire de ville, président ou présidente de département… En 2005, lors des Championnats du monde à Madrid, une délégation de Rotterdam vient me voir. Je leur demande alors s’ il sont échangé avec Jean-Marie Le blanc. Ils me répondent: “Vous êtes bien son successeur? C’est alors à vous qu’ on veut parler.” Cela implique de prendre son bâton de pèlerin, de déjeuner, de dîner, une centaine de fois par an. Au bout de vingt ans, vous connaissez dumonde.
- Vous avez encore la foi depuis 2004?
La même foi, oui, le même foie, cen’est pas sûr( rires). Ilfaut une bonne santé! Mon grandpère faisait des concours de bouffe, il les gagnait tous, sauf le jour où quelqu’ un amis du camembert dans son assiette. Il était allergique et il a perdu! Quand-Jean-Marie-Leblanc, en 2004, me demande de m’ occuper du parcours de Paris-Nice, j’ ai été très marqué parle fait que les gens contactés au téléphone ou par mail m’ ont tous dit non, tous. Et tous ceux que je suis allé voir m’ ont tous dit oui. Si j’ ai encore la foi, c’ est parceque je ne suis qu’ un enfant: c’ est le Tour qui m’ a donné envie de devenir journaliste. C’ est un prolongement de l’ enfance, tout vient du Tour. Je l’ aime viscéralement, c’ est ma vie.
- Le cyclisme a évolué depuis vingt ans. Va-t-il trop vite?
Oui, ça va trop vite. Et c’ est lié au parcours, bien sûr, mais aussi au matériel et au comportement des coureurs. On ne peut pas demander à des champions de ralentir, c’ est l’ essence même de la compétition, mais il faut trouver des mesures sur les pneus, les oreillettes, l’ inattention lié eaux compteurs, les développements… Les cartons jaunes et rouges sont une bonne chose, mais hélas, ils ne seront pas testés sur le Tour. Mais le premier protecteur du coureur, c’ est le coureur lui-même.»
Commenti
Posta un commento