Del Toro, atours d’un grand

Isaac del Toro (maillot blanc, à gauche) 

et le peloton passent devant le Colisée.

Le Mexicain d’UAE Emirates a perdu le Giro la veille de l’arrivée mais a pris date pour les prochaines années sur les Grands Tours.

2 Jun 2025 - L'Équipe

Th. P.

Maillot rose pendant onze jours sur les routes italiennes, avant de tout perdre samedi dans le col du Finestre et vers Sestrières, Isaac del Toro a affiché une forme physique étincelante, un caractère de leader et une aura qui ne va cesser de grandir. Adoubé par Tadej Pogacar chez UAE Emirates, le Mexicain a pris date pour l’avenir.

Naissance d’un champion

Sentant venir la polémique sur la stratégie qu’il aurait fallu adopter et sur l’immense déception de perdre un Giro qui tendait les bras à sa pépite mexicaine et sa formation, Mauro Gianetti a sorti l’extincteur et son plus beau sourire pour éteindre les braises qui commençaient à naître. Del Toro n’a peut-être pas remporté le Giro, mais ses trois semaines sur les routes italiennes, à 21 ans, sont un passeport pour l’avenir. « On a découvert un coureur de haut niveau, un champion, clamait le patron suisse d’UAE Emirates, samedi soir dans la brume de Sestrières. Isaac a fait un Giro exceptionnel et il a fini très fort. Il n’a jamais vraiment faibli. Je ne peux qu’être heureux de ce qu’il a fait, comme toute l’équipe. On a découvert un coureur avec du caractère, qui plaît aux gens. Il a envie, il attaque, c’est ça qui plaît aux gens dans le cyclisme. »

Hommage aussi d’un vétéran qui a vu passer du beau monde: « Les gars, il a 21 ans ! Moi, j’ai beaucoup de respect pour lui, le défendait son coéquipier Rafal Majka. Il va devenir un grand champion. Cela prend un peu de temps, moi je suis déjà vieux (35 ans), mais ce gars-là a un bel avenir, et j’espère qu’un jour il remportera le Giro ou le Tour...»

Naissance d’un caractère

Le Mexicain, passé la déception, retenait avant tout cette aventure en rose lors de laquelle il a fait trembler Richard Carapaz, Primoz Roglic, Simon Yates et même le leader de son équipe, Juan Ayuso. « Je ne peux pas être plus heureux, parce qu’au départ, pas grand monde pensait que je pouvais être dans cette situation » , remarque Del Toro.

Il y a dix jours, il disait dans la même veine: « Tous les coureurs du top 20 sont incroyablement forts: ils ont gagné des Grands Tours, sont montés sur le podium,etc. Et moi je suis le nouveau venu. Je suis content d’être là. Je prends confiance en moi, en mes capacités. Je suis le même gars après tout ça, juste un peu plus optimiste peut-être. » « Isaac est un jeune garçon qu’il faut respecter. Ne lui mettez pas trop de pression. Mais en même temps, c’est un garçon qui sait gagner et il l’a déjà démontré, analysait Fernandez Matxin, son manager, lundi dernier. Il sait tenir ses projets, il est ambitieux, il sait être prêt. »

Naissance d’un statut

Vainqueur d’une étape sur le Tour Down Under en janvier 2024 pour son deuxième jour de course chez les professionnels, le Mexicain, arrivé en Europe en 2021, a confirmé cette année son potentiel de très grand coureur. Il a remporté Milan-Turin le 19 mars, aidé Tadej Pogacar à Milan-San Remo et remporté une étape en rose sur ce Giro. Son apprentissage n’est pas terminé mais il franchit les échelons avec une facilité désarmante. «C’est la première fois qu’il avait à gérer la position de leader dans une course par étapes, note Gianetti. Il a vu que c’était “joli” d’être leader mais il y a tout ce qu’il y a autour: le public, l’heure et demie chaque jour pour répondre aux médias, la cérémonie, le contrôle antidopage et tout le protocole. C’est du temps en plus par rapport aux autres coureurs. Ça fait partie de la dimension qu’il doit apprendre. Mais il doit s’habituer à ça. Je lui ai dit que ça, c’était son avenir. »

Ce n’est pas pour autant qu’il sera sur les routes du Tour en juillet pour épauler Pogacar. La question s’est posée en interne ces derniers jours, mais elle a très vite été évacuée. Du repos, du calme. Et d’autres objectifs à venir. Sa jeunesse et son futur radieux l’emmèneront un jour sur la Grande Boucle, mais patience.