YATES HE CAN


Le Britannique a décroché hier son deuxième Grand Tour, après la Vuelta il y a sept ans. Un succès qui vient récompenser une carrière faite de rebonds.

"Ce n’était peut-être pas le plus fort sur tout le Giro, 
mais il gagne avec quatre minutes d’avance" 
   - COÉQUIPIE'RD'E AXEL ZINGLE, 
     SIMON YATES CHEZ VISMA-LEASE A BIKE

"Je ne pense pas que cela puisse être surpassé"
   - SON ÉMOTION SIMON YATES, 
     À PROPOS DE LIÉE À SA VICTOIRE SUR LE GIRO

2 Jun 2025 - L'Équipe
THOMAS PEROTTO

ROME – C’est une vie presque à l’ombre, alors que la lumière s’est déjà posée à intervalles réguliers sur son casque. Une vie presque à l’ombre, mais même pas celle de son jumeau, Adam, coureur de talent lui aussi et plus souvent équipier que leader. Une vie à l’ombre, parce que d’autres Britanniques ont collectionné les succès sur la même période, de Chris Froome à Geraint Thomas, en passant par Mark Cavendish ou Bradley Wiggins, bien plus forts ou charismatiques que lui.Simon Yates a remporté le Giro pour la première fois de sa carrière, hier à Rome.

La vie cycliste de Simon Yates (32 ans) est celle des rebonds, inattendus ou forcés. En 2016, celui qui est entré en tête hier dans le circuit final passant devant le Colisée était suspendu quatre mois pour un contrôle positif à la terbutaline sur Paris-Nice, que son équipe OricaGreenEdge avait imputé à une erreur administrative commise par le médecin, celui-ci ayant oublié de transmettre le document d’autorisation thérapeutique pour un produit luttant contre l’asthme. Privé de Tour de France en juillet, Yates avait découvert la Vuelta fin août et signé une victoire d’étape en moyenne montagne, le premier vrai succès de sa carrière.

Sa vie de citoyen britannique aurait pu, ou dû, lui ouvrir les portes de la célèbre équipe Sky, en 2014, mais il avait préféré rejoindre les Australiens d’Orica-GreenEdge car Sky ne voulait pas de son jumeau, Adam. Renversé par Froome dans le col du Finestre en 2018, il avait perdu le Giro et c’est précisément à cet endroit qu’il a changé le cours de l’édition 2025, samedi. « Je ne suis pas quelqu’un d’émotif, mais je n’ai pas pu retenir mes larmes, lâchait le Britannique à Sestrières, en se parant de rose pour la première fois en trois semaines. C’est un objectif pour lequel j’ai travaillé tout au long de ma carrière, année après année. J’ai connu beaucoup d’échecs, alors oui, j’ai enfin réussi. C’est le sommet de ma carrière, sans aucun doute. »

Les victoires ont pourtant émaillé toutes ses années pro, du général de la Vuelta en 2018 à celui de Tirreno-Adriatico en 2020 en passant par dix étapes sur les Grands Tours. Après onze années passées au sein de l’équipe australienne aujourd’hui nommée Jayco AlUla, c’est en passant chez Visma-Lease a bike, en janvier, qu’il a changé de logiciel. Avec réussite. « Je suis tellement content pour Simon, confie le Français Axel Zingle, qui a aussi rejoint cet hiver la formation hollandaise.

J’étais en stage avec lui en février à Tenerife (îles Canaries), c’est un super mec. Il symbolise la mentalité de l’équipe.

C’est de l’optimisation et savoir tirer le meilleur de chacun.

On l’avu au Giro, il y a un côté “un pour tous, tous pour un” dans l’équipe. Il n’y a pas de carotte, pas de bâton, c’est vraiment une motivation collective. Ça a marché pour Simon. Ce n’était peut être pas le plus fort sur tout le Giro, mais il gagne avec quatre minutes d’avance. C’est la preuve qu’on peut faire des grandes choses en étant soudés. »

L’effort de Wout Van Aert, placé dans l’échappée pour servir de point d’appui dans le final, a été décisif dans la conquête. Même le début d’ascension du Finestre de Yates semblait relever de la fine stratégie. Laisser Isaac del Toro et Richard Carapaz se mettre des peignées dès le pied, revenir au train, l’air de rien, et attaquer au moment où les deux hispanophones se remettaient de leurs efforts.

« On a été coéquipiers pendant quelques années, j’ai souvent travaillé avec lui, et je sais à quel point il est fort, témoigne l’Australien Chris Harper (Jayco AlUla), vainqueur de l’étape de samedi à Sestrières.

J’étais un peu nerveux, je pensais qu’il allait me rattraper. Mais dans l’oreillette, j’ai compris qu’il allait prendre le maillot rose. Mon entraîneur, Josh (Joshua Hunt), est aussi celui de Simon. Je pense que personne ne mérite le maillot rose plus que lui. » « Samedi, on savait que c’était le “D-Day” (pour tenter de renverser le classement général) nous avons réussi, avec toute l’équipe, confie Richard Plugge, manager de Visma-Lease a bike. Simon est nouveau, il a dû s’habituer dans les premières semaines au fonctionnement de l’équipe. Mais il s’est parfaitement intégré tout de suite et on a vu que c’était un grand leader.»

Les dernières années du Britannique avaient été marquées par plusieurs abandons sur les Grands Tours, quatre fois sur cinq entre le Giro 2020 et la Vuelta 2022 (deux fois à cause du Covid-19). C’est un nouvel élan, un rebond, qu’il est venu chercher chez les frelons hollandais. « Nos directeurs sportifs nous avaient dit au début du Giro : “Vous verrez, Yates, on ne le verra pas pendant toute la course, et il gagnera le Giro.” Et c’est exactement ce qui s’est passé » , rigolait sur la ligne l’Italien et meilleur grimpeur Lorenzo Fortunato (XDS-Astana).

Avant le dernier weekend, Adam, à propos de son frère, avait expliqué à Sporza: « Avec Simon, on parle toujours. Nous sommes et resterons proches et nous nous parlons tous les jours. Je lui demande toujours quelle est sa tactique, mais il ne me le dit jamais ( rires). Je suis heureux qu’il se débrouille très bien. » Samedi soir, le Britannique d’UAE Emirates ajoutait: « Si un autre devait gagner ce Giro (plutôt que son coéquipier Del Toro), autant que ce soit mon frère. »

Hier soir, à Rome, la lumière et la chaleur irradiaient la totalité du Circo Massimo. Sur le podium, en surplomb du Belvédère de Romulus et Rémus, le soleil avait des reflets de rose. La Ville éternelle, deux frères, de la lumière, un maillot pour la gloire. Clin d’oeil évident. « Je vieillis, et réaliser ce que j’ai toujours voulu au Giro, c’est exceptionnel, réfléchissait Simon Yates. Et je ne pense pas que cela puisse être surpassé. »

***


La joie d’Olav Kooij après sa victoire au sprint hier à Rome.

Visma-Lease a bike, les victoires et l’hommage

2 Jun 2025 - L'Équipe
Th. P.

Richard Plugge a sorti sa plus belle veste de costume. Rose, forcément. Ses coureurs décapsulent des bières à quelques mètres, mais le manager de VismaLease a bike hésite toujours entre le sourire et le recueillement. « Je crois que c’est un peu mélangé. Nous avons perdu ce week-end la femme de Robert Gesink, qui est un grand ami de notre équipe et de nos coureurs ( il a pris sa retraite l’année dernière après dix-huit saisons au sein de l’équipe néerlandaise), confiet-il. C’est pour cette raison que nous avons porté un maillot noir pour cette dernière étape et que nous avons décidé de faire une minute de silence au départ. Elle aimait ce genre d’endroits, les arrivées à la fin d’une course. Elle était toujours avec l’équipe et nous la connaissions très bien. D’un autre côté, c’est évidemment une belle journée car il y a la victoire de Simon (Yates) au général et celle d’Olav (Kooij) au sprint. Le Giro est réussi. »

Les coureurs néerlandais sont entrés en tête dans le circuit final, à Rome, et Kooij est allé signer sa deuxième victoire au sprint, après la 12e étape, bien emmené, une fois de plus, par un immense Wout Van Aert. Les deux hommes, bientôt rejoints par le maillot rose et tout le reste de l’équipe, sont longtemps restés dans une grande étreinte collective après la ligne. La joie d’un Grand Tour réussi, la fierté des résultats et l’hommage à leur ancien coéquipier et sa femme décédée pendant le week-end. Il y avait tout cela sur la ligne.

***

YATES, HE CAN

Il britannico ha vinto ieri il suo secondo grande giro, dopo la Vuelta di sette anni fa. Un successo che premia una carriera fatta di molti alti e bassi.

“Forse non è stato il corridore più forte di tutto il Giro, 
ma ha vinto con quattro minuti di vantaggio”. 
   - AXEL ZINGLE, COMPAGNO DI  SIMON YATES 
     ALLA VISMA-LEASE A BIKE

“Non credo possa essere superata”.
   - SIMON YATES, SULL'EMOZIONE 
     PER LA SUA VITTORIA AL GIRO

2 giugno 2025 - L'Équipe
TOMMASO PEROTTO

ROMA - Una vita quasi in ombra, anche se la luce è già caduta sul suo casco a intervalli regolari. Una vita quasi in ombra, ma nemmeno quella del suo gemello Adam, anche lui corridore di talento e più spesso compagno di squadra che leader. Simon Yates ha vinto il Giro per la prima volta nella sua carriera ieri a Roma.

La vita ciclistica di Simon Yates (32 anni) è fatta di rimbalzi, inaspettati o forzati. Nel 2016, il corridore che ieri si è imposto nel circuito finale davanti al Colosseo è stato sospeso per quattro mesi per un test positivo alla terbutalina nella Parigi-Nizza, che la sua squadra Orica-GreenEdge ha imputato a un errore amministrativo del medico, che aveva dimenticato di inviare il documento di autorizzazione terapeutica per un prodotto usato per trattare l'asma. Privato del Tour de France a luglio, Yates scopre la Vuelta a fine agosto e vince una tappa di mezza montagna, il primo vero successo della sua carriera.

La sua vita da cittadino britannico avrebbe potuto, o dovuto, aprirgli le porte della famosa squadra Sky, nel 2014, ma ha preferito unirsi agli australiani della Orica-GreenEdge perché la Sky non voleva il suo gemello, Adam. Abbattuto da Froome sul Col du Finestre nel 2018, ha perso il Giro e proprio lì, sabato, ha cambiato il corso dell'edizione 2025. "Non sono una persona emotiva, ma non sono riuscito a trattenere le lacrime", ha detto il britannico a Sestriere, per la prima volta vestito di rosa dopo tre settimane. "È un obiettivo per il quale ho lavorato per tutta la carriera, anno dopo anno. Ho avuto molti fallimenti, quindi sì, finalmente l'ho raggiunto. È l'apice della mia carriera, senza dubbio".

Tuttavia, ha vinto tappe per tutta la sua carriera da professionista, dalla classifica generale della Vuelta nel 2018 a quella della Tirreno-Adriatico nel 2020, oltre a dieci frazioni nei grandi giri. Dopo undici anni con la squadra australiana ora chiamata Jayco-AlUla, è stato quando è passato alla Visma-Lease a gennaio che ha cambiato software. Con successo. "Sono felicissimo per Simon", dice il francese Axel Zingle, che quest'inverno si è unito alla squadra olandese. "Ho partecipato a un camp con lui a febbraio a Tenerife (Isole Canarie), ed è un ragazzo fantastico. È il simbolo della mentalità della squadra. Si tratta di ottimizzare e ottenere il meglio da ogni singolo individuo. Come abbiamo visto al Giro, in squadra c'è una mentalità del tipo 'uno per tutti, tutti per uno'. Non ci sono né bastoni né carote, è una motivazione collettiva. Per Simon ha funzionato. Non sarà stato il corridore più forte di tutto il Giro, ma ha vinto con quattro minuti di vantaggio. È la prova che si possono fare grandi cose se si rimane uniti".

Lo sforzo di Wout Van Aert, inserito nella fuga per fare da appoggio nel finale, è stato decisivo per la vittoria finale. Anche l'inizio della salita delle Finestre da parte di Yates è sembrato una questione di strategia. Ha lasciato che Isaac del Toro e Richard Carapaz se la prendessero comoda ai piedi della salita, tornando sul treno e attaccando proprio quando i due ispanici si stavano riprendendo dallo sforzo.

“Siamo stati compagni di squadra per qualche anno, ho lavorato spesso con lui e so quanto è forte”, dice l'australiano Chris Harper (Jayco-AlUla), vincitore della tappa di sabato a Sestriere. "Ero un po' nervoso, pensavo che mi avrebbe preso. Ma all'auricolare ho capito che avrebbe preso la maglia rosa. Il mio preparatore, Josh (Joshua Hunt), lo è anche di Simon. Credo che nessuno meriti la maglia rosa più di lui". "Sabato sapevamo che sarebbe stato il 'D-Day' (per cercare di ribaltare la classifica generale) e ci siamo riusciti, con tutta la squadra”, ha confidato Richard Plugge, direttore sportivo della Visma-Lease a bike. "Simon è nuovo nella squadra, quindi nelle prime settimane ha dovuto ambientarsi. Ma si è integrato subito alla perfezione e abbiamo visto che è un ottimo leader”.

Gli ultimi anni della carriera del britannico erano stati segnati da diversi ritiri dai grandi giri, quattro volte su cinque tra il Giro 2020 e la Vuelta 2022 (due volte a causa del Covid-19). È stato un nuovo slancio, una ripresa, che è venuto a cercare dai Calabroni neerlandesi. “I nostri direttori sportivi ci avevano detto all'inizio del Giro: “Guardate Yates, non lo vedremo per tutta la corsa, e vincerà il Giro”. Ed è esattamente quello che è successo”, ha detto ridendo l'italiano e miglior scalatore Lorenzo Fortunato (XDS-Astana) al traguardo.

Parlando di suo fratello prima del weekend finale, Adam ha detto a Sporza: “Simon e io parliamo sempre. Siamo e resteremo vicini e parliamo ogni giorno. Gli chiedo sempre di quali siano le sue tattiche, ma non me le dice mai (ride). Sono felice che stia andando molto bene”. Sabato sera, il corridore della UAE Emirates-XRG ha aggiunto: “Se c'è qualcuno che vincerà questo Giro (invece del proprio compagno di squadra Del Toro), potrebbe essere mio fratello”.

Ieri sera a Roma, il Circo Massimo era immerso nella luce e nel calore. Sul podio, affacciato sul Belvedere di Romolo e Remo, il sole brillava con riflessi rosa. La Città Eterna, due fratelli, la luce, una maglia per la gloria. Un evidente ammiccamento. "Sto invecchiando, e raggiungere quello che ho sempre desiderato al Giro è eccezionale”, riflette Simon Yates. "E non credo possa essere superato”.

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La gioia di Olav Kooij dopo la vittoria allo sprint di ieri a Roma.

Visma-Lease una bicicletta, vittorie e tributi

2 giugno 2025 - L'Équipe
Th. P.

Richard Plugge ha tirato fuori la sua giacca migliore. Rosa, ovviamente. I suoi corridori stanno aprendo le birre a pochi metri di distanza, ma il manager di VismaLease a bike è ancora indeciso tra il sorriso e la contemplazione. “Penso che sia un po' un misto di cose. Questo fine settimana abbiamo perso la moglie di Robert Gesink, un grande amico della nostra squadra e dei nostri corridori (si è ritirato l'anno scorso dopo diciotto stagioni con la squadra olandese)”, confida. Per questo motivo abbiamo indossato una maglia nera per quest'ultima tappa e abbiamo deciso di tenere un minuto di silenzio alla partenza. Lei amava luoghi come questo, gli arrivi alla fine di una corsa. Era sempre con la squadra e la conoscevamo molto bene. D'altra parte, è ovviamente una grande giornata perché Simon (Yates) ha vinto la classifica generale e Olav (Kooij) ha vinto la volata. Il Giro è stato un successo.

I corridori olandesi hanno preso il comando sul circuito finale di Roma e Kooij ha conquistato la sua seconda vittoria in volata dopo la 12ª tappa, ancora una volta ben guidato da un immenso Wout Van Aert. I due uomini, presto raggiunti dalla maglia rosa e dal resto della squadra, sono rimasti a lungo in un abbraccio collettivo dopo il traguardo. La gioia per il successo di un Grande Giro, l'orgoglio per i risultati ottenuti e il tributo all'ex compagno di squadra e a sua moglie, morti durante il fine settimana. Era tutto lì, sul traguardo.

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