Vauquelin, la grosse cote
Kévin Vauquelin, ici au côté de Quinn Simmons, vainqueur d’étape mardi,
prend goût au maillot jaune. Derrière lui, à droite, Julian Alaphilippe,
toujours 2e du classement général, à 29’’ du jeune Normand.
Dans le peloton, les avis, plus ou moins objectifs, sont partagés sur la capacité du coureur d’ArkéaB&B Hotels à remporter l’épreuve, dimanche.
"Vauquelin peut réussir.
Pour moi, c’est le grand favori.
Almeida a plus d’expérience,
mais Vauquelin a le maillot sur le dos,
c’est important"
- WILFRIED PEETERS,
DIRECTEUR SPORTIF DE SOUDAL QUICK-STEP
"Trente-neuf secondes, c’est un écart intéressant
et Vauquelin est vraiment très fort.
Cela se jouera à pas grand-chose"
- SYLVAIN 'BLA'NQUEFORT,
DIRECTEUR SPORTIF DE TUDOR
21 Jun 2025 - L'Équipe
YOHANN HAUTBOIS
NEUHAUSEN AM RHEINFALL (SUI) – En traversant hier la cité de Maienfeld, patrie de la petite Heidi, on se serait bien laissé aller à un petit somme dans les foins fauchés, bercé par les souvenirs du Club Dorothée ( oui, c’était en couleurs) et cerné par des paysages alpestres célestes. Mais ce Tour de Suisse n’est pas plié, et le peloton qui ne tient pas en place depuis le début de l’épreuve helvète a foncé vers Neuhausen am Rheinfall et les jolies chutes du Rhin.
La cité est longée par le fleuve, et si certains coureurs encore en surchauffe auraient aimé s’y jeter après la victoire au sprint de Jordi Meeus (voir ci-dessous), son débit les aurait probablement emmenés par le fond, alors que les deux jours à venir vont suffisamment les brasser comme ça, dès aujourd’hui, en direction d’Emmetten.
On en saura un peu plus, en fin d’après-midi, sur les chances de Kévin Vauquelin (24 ans) de succéder à Christophe Moreau et de dépoussiérer cette statistique du dernier Français vainqueur d’une course à étapes World Tour, qui a déjà 18ans. Hier, personne ne se mouillait vraiment, et le Normand suscite, auprès de ses pairs, des réponses assez… normandes.
Dans les rangs de sa formation Arkéa-B&B Hotels, on a évidemment choisi son camp et on chérit ce petit matelas de 39 secondes sur Joao Almeida tel l’enfant qui recouvre de son oreiller sa dent tombée. Chez UAE, qui a perdu Jan Christen hier, on se montre un peu plus optimiste qu’au début, mais peut-être pas assez pour laisser le coureur de Bayeux au frais dans les trois cols du jour, dont l’arrivée au sommet (3,9km à 8,3 %), et jouer toute cette semaine à la roulette.
D’autant plus que les troupes bretonnes fondent sous le soleil suisse et qu’il ne reste que trois équipiers autour du Maillot Jaune. « Il y a des possibilités que cela bouge demain (aujourd’hui), anticipe le directeur sportif de Tudor, Sylvain Blanquefort. C’est une étape difficile, très longue, avec un final assez dur. Les jambes vont parler et des équipes voudront encore gagner du temps au général, comme celle d’Oscar Onley ou de Felix Gall, des concurrents directs de Julian (Alaphilippe, 2e du général) pour le podium.» Cette course de mouvement pourrait servir les intérêts du leader d’UAE, « qui reste le favori, souligne Tony Gallopin, directeur sportif de Lotto. Je ne connais pas l’état de forme de Vauquelin. Ce qu’on sait, c’est qu’il ne visait pas le général en arrivant sur le Tour de Suisse, c’est-à-dire qu’il voulait optimiser en vue du Tour de France. Peut-être qu’il n’est pas encore à 100%, et pourtant il a montré des choses intéressantes. Si cela reste comme ça demain (aujourd’hui), il a un coup à jouer dimanche.»
Du côté d’une autre formation belge, Soudal Quick-Step, Wilfried Peeters croit que tout va se jouer sur le contre-la-montre en côte de dimanche (10 km): «La montée de demain (aujourd’hui) est courte (abordable pour Vauquelin), ça va donc se jouer sur le chrono, qui est très dur. Il ne dure que dix kilomètres et la pression est sur UAE. Vauquelin peut réussir. Pour moi, c’est le grand favori. Almeida a plus d’expérience, mais Vauquelin a le maillot sur le dos, c’est important.»
Un argument qui ne séduit pas Gallopin, par expérience personnelle : « J’ai été leader sur Paris-Nice (en 2015) et j’avais explosé le dernier jour ( rires). Mais il y a moins de pression sur le Tour de Suisse, Kévin est un très bon coureur, il n’a rien à perdre.»
Si on fait abstraction des projections (quelle avance lui faut-il avant d’aborder le chrono ?), les petits coeurs français penchent franchement pour le vainqueur de Bessèges en janvier, de Blanquefort, pourtant chez Tudor («Je lui souhaite grandement de gagner, car c’est un jeune coureur français que j’aime beaucoup, avec de l’avenir»), à Groupama-FDJ qui a ferraillé avec le leader normand depuis dimanche : « On préfère que ce soit une équipe comme Arkéa qui s’impose, évidemment, mais je crois que ça va être dur.» Huitième de l’étape, Paul Lapeira, son ami (« on court ensemble depuis qu’on a 10ans»), symbolisait cette quête d’équilibre, en pleine récupération devant son leader Felix Gall. Il cachait assez peu son penchant tricolore devant l’Autrichien (7e), qui visera, de toute façon, plutôt un top 5: «Je crains qu’Almeida soit fort, mais j’ai très envie que Kévin gagne. La raison, c’est plutôt Almeida. Mais sérieusement, c’est jouable, Kévin montre qu’il vole depuis le début de semaine. L’effort du chrono ne lui fait pas peur. Il n’a pas énormément de temps d’avance, il ne faudra pas qu’il traîne, mais il y a de la place.» «Trente-neuf secondes, c’est un écart intéressant, et il est vraiment très fort, estime Blanquefort. Cela ne se jouera à pas grand-chose.» Cela ne nous aide pas beaucoup tout ça au moment de mettre un billet de francs suisses.
***
Y. H. à Neuhausen am Rheinfall.
Meeus avait les bonnes jambes
Jordi Meeus ne connaîtra vraisemblablement plus l’extase d’une victoire sur les Champs-Élysées comme en 2023 devant Jasper Philipsen et Dylan Groenewegen, mais il saura se contenter d’un succès sur le Tour de Suisse, où il n’avait jamais été très heureux ces dernières années. Le coureur belge, vainqueur d’une étape du Tour d’Algarve cette saison, s’est imposé hier après une journée à chasser les quatre échappés (les Suisses Mauro Schmid et Stefan Küng, l’Australien Harry Sweeny et l’ancien leader du général Romain Grégoire). Si le Français, épuisé, a mis le clignotant à 44 kilomètres de l’arrivée, le trio a tenu jusqu’à la flamme où l’équipe Red Bull-Bora-Hansgrohe a parfaitement lancé le sprinteur de Lommel, heureux de bien terminer la semaine. Au micro de Cycling Pro Net, il expliquait avoir eu « plutôt de très bonnes jambes. Je sentais que ça allait de mieux en mieux. Je n’ai jamais été en difficulté dans les ascensions, et mon équipe a fait un travail incroyable pour me placer parfaitement en vue du sprint. Je suis vraiment heureux d’avoir pu conclure. Le sprint était vraiment difficile. » Il a devancé Davide Ballerini et Lewis Askey, l’autre carte que Groupama-FDJ envisageait de jouer avec Küng.
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