GENE HACKMAN - Dernière poursuite
Morts suspectes de l’acteur et de sa femme à Santa Fe
Devenu star avec «French Connection», l’acteur rugueux, figure du Nouvel Hollywood, a été retrouvé mort mercredi dans sa maison avec sa femme, la pianiste Betsy Arakawa. Il avait 95 ans.
28 Feb 2025 - Libération
Par LÉO SOESANTO
Il existe un astéroïde numéroté «55397 Hackman», en l’honneur de Gene Hackman. Il lui ressemble sûrement, rugueux, minéral, dégarni, incoercible et au-dessus de la mêlée. L’acteur confiait avoir plutôt une gueule de pomme de terre. Oui, mais c’étaient ses partenaires ou nous, spectateurs, qu’il rissolait d’un simple regard. Soudain, un navet comme Superman IV reprenait un peu de goût dès qu’il était dans une scène. «Il est de ceux prêts à plonger le bras dans le feu pour voir jusqu’où ils peuvent aller», disait le réalisateur Arthur Penn. A James Cagney, dont il était fan, Hackman avait emprunté ce bouillonnement de cocotte-minute prête à sauter, cette habileté à faire adhérer à des personnages pas sympathiques. Au hasard, Popeye Doyle, le flic qui tire franco dans le dos
d’un malfrat dans French Connection. Ou l’odieux shérif Little Bill Daggett dans Impitoyable. «Je ne mérite pas de mourir comme ça, j’étais en train de construire une maison», y croassait-il. Génie de Hackman pour, l’espace de quelques secondes, faire éprouver un peu d’empathie à l’égard de celui qui a torturé à mort la vertu incarnée – Morgan Freeman.
Gene Hackman, 95 ans, et sa femme, la pianiste classique Betsy Arakawa, 63 ans, ont été retrouvés morts mercredi 26 février après-midi, chez eux, dans leur maison de Santa Fe Summit, au Nouveau-Mexique. La police du comté avait d’abord déclaré mercredi soir qu’il n’y avait aucun indice accréditant la thèse d’un acte criminel, sans toutefois préciser les causes du décès du couple, avant d’ouvrir une enquête, dans la journée de jeudi, pour deux morts qualifiées de «suspectes» (lire ci-contre).
Eugene «Gene» Hackman naît le 30 janvier 1930 à San Bernardino, Californie. Sa première leçon de cinéma se fait à 13 ans : il joue dans la cour de la maison d’un copain, voit son père imprimeur passer en voiture et lui faire un signe de la main. Il ne le reverra plus avant très longtemps. «Je n’avais jamais compris tout ce qu’un petit geste peut convoyer, dira-t-il. C’est peut-être pour ça que je suis devenu acteur.» Mais avant la lumière, il y a d’abord les marines dans lesquels il s’engage. Envoyé en Chine en 1947, le timide Hackman lit les nouvelles à la radio militaire en guise de premiers textes. De retour aux Etats-Unis, il envisage un temps des études de journalisme, puis entame des cours d’art dramatique en 1956 au théâtre de Pasadena, Californie. Son double menton et son cheveu frisottant détonnent chez ses condisciples au physique de surfeurs. Eux se pavanent avec des revolvers en toc, s’entraînant à dégainer pour des rôles de western télé. Lui préfère jouer aux bongos sur le toit du théâtre avec un autre débutant aux airs de beatnik, portant veste en cuir et sandales. On prédit aux deux qu’ils auront peu de chances de réussir avec leur physique «atypique». Ce camarade s’appelle Dustin Hoffman.
TRONCHE DE «DEMEURÉ»
Hackman persiste, déménage à New York au début des années 1960 où il devient colocataire en rotation de Hoffman et d’autres Californiens ivres de faire carrière – les jeunes Robert Duvall et Robert Redford. Il peine, bosse comme vendeur de chaussures ou portier. Un soir, Dustin Hoffman reçoit une visite de son père, qui rencontre Hackman pour la première fois. «C’est qui ce type, un chauffeur de camion ?» s’exclamera-t-il. Pourtant, le «camionneur» perce déjà dans de petits rôles au théâtre et à la télé, dont celui d’un extraterrestre teigneux dans la série des Envahisseurs en 1967. Cette même année le consacre: c’est la sortie de Bonnie & Clyde d’Arthur Penn, où Warren Beatty l’a fait embaucher en grande gueule naïve et frère agité du braqueur de banques Barrow. Première nomination aux oscars comme meilleur second rôle: le grand écran sait enfin exploiter cette tronche de «demeuré» (dixit Hackman lui-même, jamais avare d’autodépréciation) qui n’attendait que de voir le jour. Il sera entraîneur de ski de Robert Redford dans la Descente infernale (1969) de Michael Ritchie ou fils délaissant son papa vieillissant dans le mélo Je n’ai jamais chanté pour mon père de Gilbert Cates (1970). Ironiquement, Hackman devient une star grâce à un cinéaste qui ne sait pas quoi faire de lui. Du moins au début. A court de choix d’acteurs idéaux (Paul Newman est trop cher, Steve McQueen refuse de refaire une poursuite de voitures à la Bullitt), William Friedkin doit employer par défaut Hackman pour son French Connection s’il ne veut pas perdre les droits d’adaptation. Leur premier déjeuner débute mal : «Il n’avait pas l’air drôle du tout, écrit le cinéaste dans ses mémoires, Friedkin Connection. Je me suis presque endormi.»
Si Hackman sera une évidence en policier abrasif, il a d’abord du mal à rentrer dans le rôle. Au premier jour du tournage, il lui faut 35 prises pour paraître convaincant lorsqu’il doit rosser un suspect. Une scène clé qui doit poser son personnage. En privé, Hackman, «tourmenté, souvent dans son coin», selon son ami Robert Duvall, n’aime pas la violence. Il a beau suivre Eddie Egan (l’inspecteur qui sert d’inspiration à Popeye Doyle) dans de vraies descentes de police, il n’adhère toujours pas à ses méthodes rentre-dedans. Jouer les gros bras gêne la haute idée qu’il a de son métier : «J’ai des problèmes pour incarner la violence mais je trouve toujours un moyen de le faire», déclarait-il Film Comment en 1988: «J’écoute les cascadeurs, et je fais très attention, j’insiste pour que ce soit totalement chorégraphié. Mais c’est toujours difficile, peut-être parce qu’il y a une telle contradiction entre se taper dessus et l’art de l’acteur. Si on se bat vraiment dans une scène, c’est une négation de mon art. Et comme mon art est tout ce qui m’intéresse, ça doit être résolu à chaque fois.»
Friedkin et Hackman se disputent souvent sur le tournage – ce sont les débuts de la réputation d’acteur difficile de Hackman, toujours pardonné au vu du résultat. Mais, à coups de directives agressives, le cinéaste trouve le truc pour exploiter le feu intérieur de l’acteur : «Sa colère était davantage dirigée sur moi que sur les trafiquants de drogue.» Hackman sera toujours perplexe face à French Connection : «Je ne sais vraiment pas ce que j’en pense», dira-t-il lorsque Friedkin le lui projette. Ce sera la seule fois qu’il le regardera. «S’il y a une postérité, je ne suis pas sûr de ce que c’est», renchérira-t-il à l’occasion des 50 ans du film.
French Connection lui vaudra l’oscar 1972 du meilleur acteur et jette les fondations de l’«homo hackmanus» qu’il façonne au fil de ses rôles: un type affligé d’une idée fixe et prêt à tout pour aller jusqu’au bout en faisant fi des conséquences pour son entourage. C’est Doyle roulant à tombeau ouvert lors de la spectaculaire poursuite de French Connection. «Ce fils de pute est ici, je l’ai vu, je vais l’avoir» : voilà sa dernière réplique avant le générique de fin. C’est le révérend Scott dans l’Aventure du Poseidon (1972) de Ronald Neame, menant les survivants d’un paquebot naufragé tel un prophète illuminé, éructant en col roulé contre Dieu. C’est Max dans l’Epouvantail (1973) de Jerry Schatzberg, un exdétenu partant bille en tête fonder une affaire de lavage de voitures, et qui embarque Al Pacino dans un road movie mélancolique, cachant sa rage sous une double couche de vêtements, tout comme Doyle semblait nu sans son chapeau, même si trop petit pour sa tête. Pour la critique Pauline Kael, Hackman «illumine la médiocrité».
RECROQUEVILLÉ À CÔTÉ DES WC
Le rôle favori de Hackman est celui d’un introverti parano, buté, planqué derrière ses magnétos : Harry Caul, le spécialiste en surveillance de Conversation secrète (1974) de Francis Ford Coppola. Un binoclard qui continue aujourd’hui de hanter les spectateurs, et qui a livré deux des images décisives du Nouvel Hollywood: Caul inquiet, écouteur à l’oreille, recroquevillé sous un lavabo à côté de la cuvette des WC d’un hôtel et Caul jouant une complainte au saxo, dans les ruines de son appartement en lambeaux après y avoir vainement cherché un micro. «C’était le sommet de ma carrière en termes de développement d’un personnage, juge-t-il. Il n’y avait aucune catharsis satisfaisante dans le film.»
Gene Hackman enchaîne les rôles, avec la boulimie de la star devenue célèbre sur le tard. Avec l’angoisse de voir le boulot se tarir. Avec un plaisir masochiste: «Régurgiter la douleur, c’est le plaisir du travail. Quand on opère à plein régime, bourré d’émotions – la scène marche, les larmes coulent, et une forme de chaleur vous envahit –, il n’y a rien de meilleur !» Pour un personnage, Hackman n’est pas du genre à se replier sur on ne sait quelle obscurité intérieure façon Marlon Brando en mode Actors Studio. Ou à se rendre méconnaissable, caméléon.
ÉPONGER LES DETTES
Pour une prise, il pioche sur le moment, son environnement, un souvenir bon ou mauvais. French Connection fonctionnait en partie car j’avais tellement besoin de me prouver quelque chose… J’avais 40 ans, j’étais encore un inconnu et je ne craignais pas de prendre des risques. Je n’avais pas grand-chose à perdre. Et j’étais un type qui avait bossé pour des jobs de merde pendant vingt ans en attendant de percer. Donc, oui, il y avait une vraie frustration qui sortait de moi dans ce rôle.»
Dans les années 1970, il apparaît dans une vingtaine de films. Certains pour le chèque et éponger les dettes d’un train de vie luxueux (investissements malheureux, achats d’avions privés) : il est perdu dans Un pont trop loin (1977) de Richard Attenborough, film de guerre au casting pléthorique ; il cabotine en méchant Lex Luthor dans Superman (1978) de Richard Donner et y force une veine nerveusement comique révélée dans Frankenstein Junior (1974) de Mel Brooks. D’autres méconnus sont à redécouvrir. French Connection 2 (1975) de John Frankenheimer est très recommandable, à contrepied du Friedkin : le New-Yorkais Doyle est jeté à Marseille, et sa légendaire mauvaise humeur tient à un sentiment d’aliénation en terre étrangère, avec la barrière culturelle. Une scène de sevrage brutal d’un Doyle drogué contre son gré compte parmi les préférées de Hackman. La Fugue (1975) d’Arthur Penn est un polar opaque qui vaudrait presque pour cette réplique immortelle de l’acteur: «J’ai vu un film de Rohmer une fois, c’était comme regarder de la peinture sécher.»
Les décennies suivantes ne le voient pas flancher. Pas mal de films seront moins remarquables, mais Hackman régale au moindre plissement des yeux ou rictus. «C’est comme utiliser une Ferrari pour guider un troupeau de moutons», commentait James Foley, qui le dirige dans l’Héritage de la haine (1996). Les rôles sont testostéronés, souvent des militaires (sept des
1980 à 2000), toujours droits dans leurs bottes. Un comble pour ce démocrate qui avouait avoir des problèmes avec l’autorité (mais admirait Ronald Reagan). Mais il y a toujours un petit détail dissonant, la touche du chef, comme dans USS Alabama (1995) de Tony Scott où, en commandant de sous-marin, il assène un discours enflammé à son équipage tout en promenant son petit chien sous la pluie battante. Mississippi Burning (1988) d’Alan Parker a la subtilité d’un bulldozer mais Hackman y livre une de ses meilleures performances: en agent du FBI guerroyant avec le Ku Klux Klan, il y prend un raciste par les couilles et Frances McDormand par les sentiments. Hackman cultive aussi une veine plus sensible : ouvrier divorcé dans Soleil d’AuLibération tomne (1985) de Bud Yorkin, écrivain largué par Gena Rowlands dans Une autre femme (1988) de Woody Allen, mari cocufié par Susan Sarandon dans l’Heure magique (1998) de Robert Benton. «L’une des choses les plus attirantes chez les hommes est leur part de féminité – s’ils peuvent l’atteindre et faire avec», disait Hackman à l’époque de Mississippi Burning. «Je ne pense pas être devenu plus sensible, mais je suis devenu plus conscient de ce qui est important.»
CHARMANT BONIMENTEUR
Ça ne l’empêche pas d’être un salaud absolu en politicien dans Sens unique (1987) de Roger Donaldson, en président des Etats-Unis dans les Pleins Pouvoirs de Clint Eastwood (1997) ou en notaannées ble jugé d’office coupable de meurtre dans Suspicion (2000) de Stephen Hopkins. Ce remake du Garde à vue (1981) de Claude Miller est un projet cher au coeur de Hackman, qui en est l’initiateur et le producteur. Il caressera également des idées de mise en scène avec, comme occasion manquée la plus célèbre, l’adaptation du thriller le Silence des agneaux. Hackman en achète les droits, imagine Robert Duvall en Hannibal Lecter mais se rétracte lorsque sa fille, dégoûtée par le livre, le supplie d’abandonner («Mon film aurait été plus modeste et plus sombre que celui de Jonathan Demme, estime-t-il, et il n’aurait jamais aussi bien marché, commercialement et artistiquement.»)
«MON PÈRE ÉTAIT UN DRÔLE DE TYPE»
Las de la violence à l’écran, Hackman refuse d’abord son rôle dans Impitoyable (1992) de Clint Eastwood. Il fait bien de se raviser puisqu’il remporte l’oscar 1993 du meilleur second rôle. Il annonce doucement sa retraite en 2004 pour raisons de santé (problèmes de coeur et de stress), s’en retournant à une vie privée pépère. Deux mariages et le pilotage de voitures de course dans les années 1970 comme hobby, l’achat d’un vélo électrique en 2018 : voilà les détails les plus tapageurs d’une existence discrète, dédiée aux plateaux, rétive à la promo et aux interviews. Peu d’héritiers nous viennent en tête : John C. Reilly a le même pif de tubercule mais le met au service de la comédie. Avec son coauteur Daniel Lenihan ou solo, Hackman écrit alors des romans historiques, avec des pirates ou des cow-boys (Payback at Morning Peak en 2011) et même un thriller (Pursuit en 2013, version légère du Silence des agneaux où une policière traque un tueur de femmes). Des romans faciles, des scénarios de film par procuration, des histoires à dormir debout.
Pas étonnant alors que le dernier acmé de Hackman avant sa retraite fut un rôle de fieffé mais charmant bonimenteur : Royal, le patriarche de la Famille Tenenbaum (2001) de Wes Anderson. «J’aime ce type, j’aime les menteurs», dira-t-il. Un père qui quitte sa famille, puis revient vingtdeux ans plus tard squatter chez elle, prétextant un cancer en phase terminale. Comme pour Popeye Doyle, Hackman mettra un temps à trouver son personnage sur le tournage, gueulant «connard» sur un pauvre Anderson ayant bâti le film autour de lui. «Je ne pense pas être aussi mauvais que le personnage, mais il y a eu des moments où j’ai eu peu d’égards pour mes enfants et mon exfemme, expliquera-t-il, donc, j’ai été peut-être plus juste que je ne le pensais.»
Difficile aussi de ne pas penser à son propre paternel ayant lui aussi pris la tangente : «Mon père était un drôle de type. Il disparaît et je ne le vois plus pendant des années. Puis d’un coup, on se croise et on passe des journées ensemble, comme des vieux potes.» C’est donc Royal qui emmène ses petits-enfants assister à des combats de chiens ou faire des virées en camion poubelle. C’est Royal peinant à briser la glace avec ses grimaces embarrassées. «Je me considère comme un enfoiré, mais c’est mon style», juge son personnage. Ce à quoi son fils (Ben Stiller) répond : «Je ne crois pas que tu sois un enfoiré, Royal, je pense que tu es un fils de pute.» Oui, mais avec une décontraction débraillée qu’on ne lui connaissait pas forcément. Au magazine GQ, qui lui demandait de «résumer [sa] vie en une phrase», Hackman répondait : «Il a essayé.»
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La cause et les circonstances de leur décès sont encore brumeuses. Les corps de Gene Hackman et de Betsy Arakawa, 63 ans, ont été retrouvés dans deux pièces différentes à leur domicile de Santa Fe (Nouveau-Mexique), selon AP. La dépouille de l’acteur été découverte dans une «mudroom», une pièce entre l’intérieur et l’extérieur d’une maison. Le média people TMZ précise que l’acteur «était habillé». Les enquêteurs suspectent qu’il soit tombé car «ses lunettes de soleil ont été retrouvées à côté». Betsy Arakawa a, elle, été retrouvée dans une salle de bains, à côté d’un radiateur, d’après le mandat de perquisition du bureau du shérif de Santa Fe. Le document fait état de pilules éparpillées autour d’elle.
D’après un document cité par TMZ, «la mort des deux personnes est suffisamment suspecte pour nécessiter une recherche et une enquête approfondies». Selon les enquêteurs, une des «portes d’entrée» était «non sécurisée et ouverte». Le couple était apparemment mort depuis un certain temps. Les enquêteurs ont constaté la présence de trois chiens : deux «en bonne santé» et un berger allemand, retrouvé mort dans «un placard de la salle de bains». Leur rapport souligne qu’après inspection des conduites, «aucun signe évident de fuite de gaz» n’a été détecté, contrairement à ce que suspectait la fille de l’acteur. Le couple aurait été retrouvé par deux ouvriers assurant l’entretien dans la propriété qui ne les avaient pas croisés «depuis environ deux semaines».
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DUE MORTI “SOSPETTE
Le cause e le circostanze della loro morte non sono ancora chiare. I corpi di Gene Hackman e Betsy Arakawa, 63 anni, sono stati trovati in due stanze diverse della loro casa a Santa Fe (New Mexico), secondo quanto riportato dalla AP. I resti dell'attore sono stati scoperti in una stanza di passaggio, una stanza che si trova tra l'interno e l'esterno della casa. Il sito TMZ ha riferito che l'attore “era vestito”. Gli investigatori sospettano che possa essere caduto, dato che “i suoi occhiali da sole sono stati trovati accanto a lui”. Betsy Arakawa è stata trovata in un bagno, accanto a un termosifone, secondo un mandato di perquisizione emesso dall'ufficio dello sceriffo di Santa Fe. Il documento parla di pillole sparse intorno a lei.
Secondo il documento citato da TMZ, “le morti dei due individui sono sufficientemente sospette da richiedere una ricerca e un'indagine approfondite”. Secondo gli investigatori, una delle “porte d'ingresso” era “non protetta e aperta”. La coppia pare fosse morta da tempo. Gli investigatori hanno notato la presenza di tre cani: due “in buona salute” e un pastore tedesco, trovato morto in “un armadietto del bagno”. Il rapporto sottolinea che dopo l'ispezione delle tubature non è stato rilevato “alcun segno evidente di una fuga di gas”, contrariamente a quanto sospettato da una delle figlie dell'attore. La coppia sarebbe stata trovata da due addetti alla manutenzione che non li vedevano “da circa due settimane”.
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GENE HACKMAN - Ultimo Inseguimento
Morte sospetta dell'attore e della moglie a Santa Fe
Dopo essere diventato una star con “French Connection”, il robusto attore e figura della New Hollywood è stato trovato morto mercoledì nella sua casa insieme con la moglie, la pianista Betsy Arakawa. Aveva 95 anni.
28 febbraio 2025 - Libération
Di LÉO SOESANTO
Esiste un asteroide numerato “55397 Hackman”, in onore di Gene Hackman. Gli assomiglia certamente, ruvido, minerale, calvo, incoercibile e al di sopra della mischia. L'attore ha confessato di avere più che altro una faccia da patata. Sì, ma era il suo partner o noi spettatori che lui rosolava con un semplice sguardo. Improvvisamente, una rapa come Superman IV acquistava un po' di sapore non appena si trovava lui in una scena. “È una di quelle persone disposte a mettere il braccio nel fuoco per vedere fin dove può arrivare”, ha detto il regista Arthur Penn. Da James Cagney, di cui era un fan, Hackman aveva preso in prestito questo ribollire di una pentola a pressione pronta a esplodere, questa capacità di far aderire personaggi poco simpatici. Popeye Doyle, ad esempio, il poliziotto che spara alle spalle di un malvivente in French Connection. O l'odioso sceriffo Little Bill Daggett in Unforgiven. “Non merito di morire così, mi stavo costruendo una casa”, gracchiava. È stato il genio di Hackman a farci provare, per l'arco di pochi secondi, un po' di empatia per l'uomo che ha torturato a morte la virtù incarnata - Morgan Freeman.
Gene Hackman, 95 anni, e sua moglie, la pianista classica Betsy Arakawa, 63 anni, sono stati trovati morti nel pomeriggio di mercoledì 26 febbraio nella loro casa di Santa Fe Summit, nel New Mexico. La polizia della contea ha inizialmente dichiarato mercoledì sera che non c'erano prove che facessero pensare a un omicidio, ma non ha specificato la causa della morte della coppia, prima di aprire giovedì un'indagine sulle due morti, descritte come “sospette” (vedi a lato).
Eugene “Gene” Hackman era nato il 30 gennaio 1930 a San Bernardino, in California. La sua prima lezione di cinema risale all'età di 13 anni, quando, giocando nel cortile della casa di un amico, vide suo padre, un tipografo, passare in macchina e salutarlo. Non lo avrebbe rivisto per molto tempo. Non avevo mai capito cosa potesse significare un piccolo gesto”, dice. Forse è per questo che sono diventato un attore. Ma prima delle luci della ribalta, c'erano i marines in cui era coinvolto. Inviato in Cina nel 1947, il timido Hackman leggeva le notizie alla radio militare come primi testi. Al suo ritorno negli Stati Uniti, considera brevemente l'idea di studiare giornalismo, prima di prendere lezioni di teatro nel 1956 al Pasadena Theatre in California. Il suo doppio mento e i capelli crespi erano in netto contrasto con i suoi compagni di corso, che sembravano surfisti. Si pavoneggiano con revolver finti, esercitandosi con le pistole per i ruoli western in TV. Lui preferisce suonare i bonghi sul tetto del teatro con un'altra recluta dall'aspetto beatnik, con giacca di pelle e sandali. Si prevede che entrambi abbiano poche possibilità di successo a causa del loro fisico “atipico”. Quel tipo è Dustin Hoffman.
FACCIA “STUPIDA
Hackman perseverò, trasferendosi a New York all'inizio degli anni Sessanta, dove divenne coinquilino a rotazione con Hoffman e altri californiani ubriachi di carriera - i giovani Robert Duvall e Robert Redford. Lottò, lavorando come venditore di scarpe e portiere. Una sera, Dustin Hoffman ricevette la visita del padre, che incontrò Hackman per la prima volta. “Chi è questo tizio, un camionista?”, esclama. Tuttavia, il “camionista” si era già fatto un nome in piccoli ruoli a teatro e in TV, tra cui quello di un duro alieno nella serie The Invaders nel 1967. Nello stesso anno, il film Bonnie & Clyde di Arthur Penn, in cui Warren Beatty gli affidò il ruolo dell'ingenuo e sbruffone fratello del rapinatore di banche Barrow, lo portò alla ribalta. La sua prima nomination all'Oscar come miglior attore non protagonista significa che il grande schermo ha potuto finalmente sfruttare questa faccia “stupida” (Hackman stesso, mai avaro di autoironia), che aspettava solo di vedere la luce. È l'allenatore di sci di Robert Redford in Discesa dall'inferno (1969) di Michael Ritchie e il figlio che abbandona il padre anziano nel melodramma di Gilbert Cates Non ho mai cantato a mio padre (1970). Ironicamente, Hackman diventa una star grazie a un regista che non sa cosa fare con lui. Almeno non all'inizio. A corto di attori ideali (Paul Newman era troppo costoso, Steve McQueen si rifiutava di fare un altro inseguimento in auto in stile Bullitt), William Friedkin dovette usare Hackman per il suo French Connection di default se non voleva perdere i diritti di adattamento. Il loro primo pranzo iniziò male: “Non sembrava affatto divertente”, ha scritto il regista nel suo libro di memorie, Friedkin Connection. Mi sono quasi addormentato”.
Sebbene fosse una scelta ovvia per il ruolo del poliziotto abrasivo, inizialmente Hackman ha faticato a calarsi nel ruolo. Il primo giorno di riprese, ha avuto bisogno di 35 ciak per apparire convincente quando ha dovuto picchiare un sospetto. Si trattava di una scena-chiave che doveva stabilire il suo personaggio. In privato, Hackman, “tormentato, spesso in un angolo”, secondo l'amico Robert Duvall, non ama la violenza. Può seguire Eddie Egan (il detective che funge da ispirazione per Popeye Doyle) in autentiche incursioni della polizia, ma non accetta comunque i suoi metodi da duro. Interpretare il killer più pesante è d'intralcio all'idea che ha del suo mestiere: “Ho dei problemi a incarnare la violenza, ma trovo sempre un modo per farlo”, ha dichiarato a Film Comment nel 1988: “Ascolto gli stuntman e sono molto attento, insisto perché sia totalmente coreografato. Ma è sempre difficile, forse perché c'è una tale contraddizione tra il picchiarsi a vicenda e l'arte della recitazione. Se litighiamo davvero in una scena, è una negazione della mia arte. E poiché la mia arte è l'unica cosa che mi interessa, deve essere risolta ogni volta”.
Friedkin e Hackman litigavano spesso sul set - l'inizio della reputazione di Hackman come attore difficile, sempre perdonato in vista del risultato. Ma con una regia aggressiva, il regista trovò il modo di attingere al fuoco interiore dell'attore: “La sua rabbia era rivolta più a me che agli spacciatori”. Hackman è sempre stato perplesso da French Connection: “Non so davvero cosa ne penso”, disse quando Friedkin glielo mostrò. Fu l'unica volta che lo guardò. “Se esiste una posterità, non sono sicuro di quale sia”, ha aggiunto in occasione del 50° anniversario del film.
French Connection gli valse l'Oscar 1972 come miglior attore e gettò le basi per l'homo hackmanus che ha plasmato nei suoi vari ruoli: un uomo con un'idea fissa che farà di tutto per portarla a termine, senza curarsi delle conseguenze per coloro che lo circondano. Questo è Doyle che guida a rotta di collo durante lo spettacolare inseguimento in French Connection. “Quel figlio di puttana è qui, l'ho visto, lo prenderò” è la sua ultima battuta prima dei titoli di coda. È il reverendo Scott ne L'avventura del Poseidon (1972) di Ronald Neame, che guida i superstiti di un transatlantico naufragato come un profeta illuminato, ruttando contro Dio in dolcevita. È Max in Lo spaventapasseri (1973) di Jerry Schatzberg, un ex galeotto che si butta a capofitto nella fondazione di un'impresa di autolavaggio e accompagna Al Pacino in un malinconico road movie, nascondendo la sua rabbia sotto un doppio strato di vestiti, così come Doyle sembrava nudo senza il suo cappello, anche se era troppo piccolo per la sua testa. Per la critica Pauline Kael, Hackman “illumina la mediocrità”.
RANNICCHIATO VICINO ALLA TOILETTE
Il ruolo preferito di Hackman è quello di un introverso paranoico e testardo che si nasconde dietro i suoi registratori: Harry Caul, lo specialista della sorveglianza in La conversazione (1974) di Francis Ford Coppola. Un uomo a due facce che continua a perseguitare gli spettatori ancora oggi e che ha dato vita a due delle immagini decisive della New Hollywood: Caul preoccupato, con l'auricolare all'orecchio, rannicchiato sotto un lavandino accanto alla toilette di un hotel, e Caul che suona un lamento al sassofono tra le rovine del suo appartamento a pezzi dopo aver cercato invano un microfono. È stato l'apice della mia carriera in termini di sviluppo del personaggio”, dice. Non c'era una catarsi soddisfacente nel film”.
Gene Hackman interpreta un ruolo dopo l'altro, con la bulimia di una star diventata famosa tardi. Con l'angoscia di vedere il lavoro esaurirsi. Con un piacere masochistico: “Rigurgitare dolore è il piacere del lavoro. Quando si lavora a pieno ritmo, pieni di emozioni - la scena funziona, le lacrime scorrono e una sorta di calore ti assale - non c'è niente di meglio!”. Per un personaggio, Hackman non è il tipo che si ritira in chissà quale oscurità interiore, come Marlon Brando in modalità Actors Studio. O da rendersi irriconoscibile, un camaleonte.
RIPULIRE I DEBITI
Per una ripresa, attinge al momento, all'ambiente, a un ricordo buono o cattivo. French Connection ha funzionato in parte perché avevo una gran voglia di dimostrare qualcosa a me stesso... Avevo 40 anni, ero ancora uno sconosciuto e non avevo paura di rischiare. Non avevo molto da perdere. E poi ero uno che aveva fatto lavori di merda per vent'anni in attesa di sfondare. Quindi, sì, c'era una vera frustrazione che usciva da me in quel ruolo”.
Negli anni Settanta partecipa a una ventina di film. Alcuni erano per il libretto degli assegni e per pagare i debiti di uno stile di vita sfarzoso (investimenti sfortunati, acquisti di aerei privati): si perse in Un ponte troppo lontano (1977) di Richard Attenborough, un film di guerra con un cast enorme; fece il capriccioso nei panni del cattivo Lex Luthor in Superman (1978) di Richard Donner e mise in luce una vena nervosamente comica in Frankenstein Junior (1974) di Mel Brooks. Altri film meno conosciuti meritano di essere riscoperti. French Connection 2 (1975) di John Frankenheimer è altamente raccomandabile, come contrappunto a Friedkin: il newyorkese Doyle viene scaricato a Marsiglia e il suo leggendario caratteraccio deriva dal senso di alienazione in una terra straniera, con la sua barriera culturale. Una delle scene preferite di Hackman riguarda il brutale ritiro di Doyle, che viene drogato contro la sua volontà. Night Moves/Bersaglio di notte (1975) di Arthur Penn è un thriller opaco che vale quasi la battuta immortale dell'attore: “Una volta ho visto un film di Rohmer, era come guardare la vernice asciugarsi”.
Nei decenni successivi non ha mai vacillato. Molti dei suoi film sono stati meno notevoli, ma Hackman ha deliziato con il minimo strabismo o sorriso. “È come usare una Ferrari per guidare un gregge di pecore”, ha commentato James Foley, che lo ha diretto in Legacy of Hate (1996). I ruoli sono carichi di testosterone, spesso militari (sette dal 1980 al 2000), sempre dritti negli stivali. Il colmo per un democratico che ammetteva di avere problemi con l'autorità (ma ammirava Ronald Reagan). Ma c'è sempre un dettaglio dissonante, il tocco del leader, come in USS Alabama (1995) di Tony Scott dove, come comandante di un sottomarino, tiene un discorso infuocato all'equipaggio mentre porta a spasso il suo cagnolino sotto la pioggia battente. Mississippi Burning (1988) di Alan Parker ha la sottigliezza di un bulldozer, ma Hackman offre una delle sue migliori interpretazioni: nei panni di un agente dell'FBI in guerra con il Ku Klux Klan, prende un razzista per le palle e Frances McDormand per i sentimenti. Hackman coltiva anche una vena più sensibile: operaio divorziato in Twice in a Lifetime/Due volte nella vita (1985) di Bud Yorkin, scrittore scaricato da Gena Rowlands in Another Woman/Un'altra donna (1988) di Woody Allen, marito cornificato da Susan Sarandon in Twilight (1998) di Robert Benton. “Una delle cose più attraenti degli uomini è il loro lato femminile, se riescono a raggiungerlo e a gestirlo”, ha detto Hackman all'epoca di Mississippi Burning. “Non credo di essere diventato più sensibile, ma sono diventato più consapevole di ciò che è importante”.
AFFASCINANTE AFFABULATORE
Questo non gli impedisce di essere un gran bastardo come politico in One Way (1987) di Roger Donaldson, come Presidente degli Stati Uniti in Full Powers (1997) di Clint Eastwood o come notabile colpevole di omicidio in Suspicion (2000) di Stephen Hopkins. Questo remake di Garde à vue (1981) di Claude Miller era un progetto che stava molto a cuore ad Hackman, che lo ha voluto e prodotto. Ha anche accarezzato l'idea di dirigere, e la sua più famosa occasione mancata è stata l'adattamento del thriller Il silenzio degli innocenti. Hackman acquistò i diritti e immaginò Robert Duvall nei panni di Hannibal Lecter, ma si tirò indietro quando sua figlia, disgustata dal libro, lo pregò di rinunciare (“Il mio film sarebbe stato più modesto e più cupo di quello di Jonathan Demme”, dice, “e non avrebbe mai avuto lo stesso successo, commerciale o artistico”).
“MIO PADRE ERA UN TIPO DIVERTENTE”
Stanco della violenza sullo schermo, Hackman ha inizialmente rifiutato un ruolo in Merciless (1992) di Clint Eastwood. Ha fatto bene a cambiare idea, vincendo l'Oscar 1993 come miglior attore non protagonista. Nel 2004 ha annunciato in sordina il suo ritiro per motivi di salute (problemi cardiaci e stress), tornando a una tranquilla vita privata. Due matrimoni e la guida di auto da corsa come hobby negli anni '70, l'acquisto di una bicicletta elettrica nel 2018: questi i dettagli più appariscenti di un'esistenza discreta, dedicata ai set cinematografici, avversa alla promozione e alle interviste. Pochi eredi vengono in mente: John C. Reilly ha lo stesso naso tuberoso, ma lo usa al servizio della commedia. Con il co-sceneggiatore Daniel Lenihan o da solo, Hackman ha poi scritto romanzi storici, con pirati o cowboy (Payback at Morning Peak del 2011) e persino un thriller (Pursuit del 2013, una versione leggera de Il silenzio degli innocenti in cui una poliziotta dà la caccia a un assassino di donne). Romanzi facili, sceneggiature cinematografiche vicarie, storie della buonanotte.
Non sorprende quindi che l'ultimo apice raggiunto da Hackman prima di ritirarsi sia stato il ruolo di un imbroglione spudorato ma affascinante: Royal, il patriarca de I Tenenbaum (2001) di Wes Anderson. “Amo questo ragazzo, amo i bugiardi”, dice. Un padre che abbandona la famiglia e poi torna ventidue anni dopo per occupare abusivamente la loro casa, sostenendo di avere un cancro terminale. Come per Popeye Doyle, Hackman ci ha messo un po' a ritrovare il suo personaggio sul set, urlando “stronzo” al povero Anderson che aveva costruito il film intorno a lui. “Non credo di essere cattivo come il personaggio, ma ci sono stati momenti in cui ho avuto poca considerazione dei miei figli e della mia ex moglie”, spiegherà, ‘quindi, forse sono stato più giusto di quanto pensassi’.
È anche difficile non pensare a suo padre, che è partito per la tangente: “Mio padre era un tipo strano. È scomparso e non l'ho visto per anni. Poi all'improvviso ci siamo incontrati e abbiamo trascorso giorni insieme, come vecchi amici”. Quindi è Royal che porta i nipoti ai combattimenti tra cani e ai viaggi con i camion della spazzatura. È Royal che fatica a rompere il ghiaccio con le sue smorfie imbarazzate. “Mi considero uno stronzo, ma è il mio stile”, dice il suo personaggio. Al che il figlio (Ben Stiller) risponde: “Non penso che tu sia uno stronzo, Royal, penso che tu sia un figlio di puttana”. Sì, ma con una disinvoltura trasandata che non sapevamo necessariamente di avere. Alla rivista GQ, che gli ha chiesto di “riassumere la [sua] vita in una frase”, Hackman ha risposto: “Ci ha provato”.
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