L’effroi du chaud-froid


Après un début de saison sous les tropiques, une partie des coureurs va s’élancer avec appréhension sur les épreuves belges, rudes et humides, avec, dès demain, l’Omloop Nieuwsblad en ouverture.

"Le plus compliqué est de changer de logiciel, 
de passer d’une route trois voies, voire plus, 
à de petites routes belges avec pavés, des droite gauche" 
   - GRÉGORY RAST, DIRIGEANT DE LIDL-TREK

"Les pavés, cela ne se perd pas, 
soit tu as les aptitudes, soit tu ne les as pas"
   - ADRIEN PETIT, INTERMARCHÉ-WANTY

28 Feb 2025 - L'Équipe
YOHANN HAUTBOIS (avec P. Me.)

En quittant Abu Dhabi et le Tour UAE, dimanche soir, une partie du peloton pouvait craindre le retour en Europe, avec sa pluie et ses températures pas vraiment printanières. Heureusement, la compagnie aérienne avait pensé à tout en poussant à fond la climatisation et en refilant des couvertures lilliputiennes aux grandes carcasses de certains coureurs. Une bonne transition avant de retrouver le chemin des classiques, à commencer, dès demain, par l’Omloop Nieuwsblad.Les coureurs de Lotto à l’entraînement hier dans les environs de Gand, d’où s’élancera l’Omloop Niewsblaad, samedi.

Au départ (Gand, BEL), comme àl’arrivée(Ninove)évidemment,il fera à peu près le même temps : un petit deux degrés au baromètre le matin, cinq de plus si tout va bien dans l’après-midi. Le choc thermique est ce que craignent le plus les coureurs, à commencer par le Suisse Stefan Bissegger, qui parle en connaissance de cause: « Je suis tombé malade les deux années où j’ai disputé le Tour UAE (2021 et 2022). Donc mon objectif est de faire attention en revenant, même s’il n’y a pas grandchose à faire.»

Le peloton n’a pas beaucoup de temps pour s’acclimater : arrivé lundi en Europe, une majorité a pris la direction de la Belgique dès mercredi. Par exemple, Mikkel Bjerg. Lieutenant de Tadej Pogacar, le Danois a déjà disputé l’Omloop Nieuwsblad (abandon, en 2020) mais jamais il n’avait effectué « cette transition» (d’un climat chaud à moins clément) : «C’est une course difficile, j’ai donc réalisé une longue sortie mercredi pour me préparer à ce qui nous attend samedi (demain) et dimanche (Kuurne). Je prévois des sorties plus courtes et intenses les deux jours précédant le départ.»

Le Nordiste Adrien Petit, en voisin, sera peut-être le moins perturbé («avec un froid sec, tu as l’impressionderespirer,contrairement à Abu Dhabi »), mais il reconnaît tout de même qu’« on va être tout desuitedanslebain». Top10(7een 2016, 10e en 2017) sur la course de reprise belge, le coureur d’Intermarché-Wanty est préparé psychologiquement à perdre quelques dizaines de degrés : « Sur le Tour UAE, on a mis le strict minimum, juste une combinaison. Belgique, il nous faudra bien une demi-heure à trois quarts d’heure pour nous préparer, nous habiller, si les conditions sont dantesques.»

Surtout que certains ont passé deux mois sous le soleil australien puis du Moyen-Orient, comme Pier-André Côté, qui a préféré renouer cette semaine avec l’Europe en Drôme et en Ardèche avant de basculer sur les flandriennes, fin mars: «La transition entre les deux est le plus difficile, indépendamment d’où tu arrives, quelle course tu as fait avant. La plupart des gars ont, comme moi, enchaîné Tour Down Under et UAE. Et tu arrives à l’Omloop, il y a des matins, il fait deux degrés ! Le choc est important pour le système. »

D’autres écueils attendent les participants, entre les préparations disparates, ceux qui ont repris la compétition et ceux qui descendent d’altitude sans un jour de compétition dans les pattes: « Bien sûr qu’il y a toujours un risque de reprendre directement lors des classiques. Vous arrivez d’un camp en altitude, où c’est assez relax, comme ce sera le cas de Matteo (Jorgenson) et Victor (Campenaerts), qui seront là pendant le week-end d’ouverture, prévient Frans Maassen, directeur sportif de Visma-Lease a bike.

Mais c’est important pour Matteo et pour l’équipe. Même s’il doit aussi penser à Paris-Nice, il est très motivé pour ça. On pense qu’il sera très bon après le camp d’altitude pour Paris-Nice, on espère qu’il le sera aussi pour le Nieuwsblad mais c’est une sorte de pari. » Avec des heures de route plus qualitatives sous le soleil, plutôt que dans la souffrance d’entraînements pénibles pour le moral sous des hallebardes.

Le dirigeant de Lidl-Trek, GrégoryRast,estimequ’iln’yapasde programme idoine, que même leTour UAE «estunebonnepréparation» : « Par le passé, on avait de longues étapes plates de 200 kilomètres. Cette année, il y a eu un chrono, deux arrivées au sommet, ce n’est plus aussi facile. Mais le plus compliqué est de changer de logiciel, de passer d’une route trois voies, voire plus, à de petites routes belges avec pavés, des droite gauche. Il faut vraiment être prêt à ça.»

Se jeter dans le grand bain, Jan Tratnik, vainqueur l’an passé de la 77e édition, a connu : « J’ai retenu les leçons de 2023. Je revenais d’altitude puis j’ai commencé directeEn ment au Nieuwsblad (94e). De mon point de vue, c’est bien de commencer un peu avant le week-end d’ouverture, pour reprendre les habitudes, sentir le peloton, avoir ces kilomètres de course dans les jambes. »

Malgré le froid, la pluie et les éventuelles chutes, les coursiers ne cachent pas leur excitation de retrouver l’essence même du cyclisme, premier vrai rendez-vous de la saison. « J’ai hâte, sourit Adrien Petit. Les pavés, cela ne se perd pas, soit tu as les aptitudes, soit tu ne les as pas. Il faut retrouver ses repères, la pression des pneus, des ajustements, mais les bases pures du truc, tu ne les perds pas après seulement un hiver. »

Chez UAE, Mikkel Bjerg, qui sera en soutien de Florian Vermeersch, jure se sentir « prêt mentalement. Il faut avoir faim pour disputer cette course. » Malgré sa fracture du scaphoïde l’an passé au Nieuwsblad, le Québécois d’Israël-Premier Tech, PierAndré Côté, n’est pas rancunier : « J’aime les courses rythmées et pas celles où tu te demandes ce que tu fais sur le vélo par moments. Ce sont des courses difficiles mais historiques.»

Bien que l’épreuve belge soitune reprise, Grégory Rast n’y voit pas « un échauffement. (Rires.) C’est une course à bloc, elle compte beaucoup, c’est un marqueur dans le calendrier de beaucoup d’équipes, pour se mettre dans l’ambiance des classiques. L’Omloop est dangereuse et difficile: si tupeux la gagner, tu rentres dans les livres d’histoire.»

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