Fonseca a écrit aux arbitres


4 Mar 2025 - L'Équipe
HUGO GUILLEMET

Au lendemain du match contre Brest à l’issue duquel il avait perdu ses nerfs face à Benoît Millot, lui hurlant au visage, l’entraîneur portugais de l’OL a adressé une lettre d’excuses à la direction de l’arbitrage français.

Les images déplorables de l’agression de Benoît Millot par Paulo Fonseca, dimanche aprèsmidi à la fin d’OL-Brest (2-1), ont choqué le monde du football et relégué au second plan la victoire lyonnaise. L’entraîneur portugais avait complètement perdu ses nerfs, se collant front contre front à l’arbitre pour lui hurler au visage, et il avait été écarté par son propre joueur Corentin Tolisso, à deux reprises.Paulo Fonseca dimanche à l’occasion de Lyon-Brest (2-1).

Quelques minutes plus tard, le technicien lyonnais (51 ans), de retour dans un état normal, avait présenté ses excuses pour son comportement, au micro de DAZN, puis en conférence de presse, mais le mal était fait et ce geste devrait lui valoir une lourde sanction, demain, devant la commission de discipline de la Ligue 1.

Au lendemain de ces événements, qu’il regrette amèrement et qu’il ne s’explique pas en privé, Fonseca a décidé d’écrire aux arbitres français pour une nouvelle fois présenter des excuses, de manière plus officielle et formelle. Il a adressé sa missive par e-mai là Antony Gautier( directeur del’ arbitrage) et àAmaury De le rue( manager des arbitre s français ).« Tout d’ abord, je tiens à présentermes plus sincères excuses à l’ arbitre Benoît M il lot et à son équipe pour mon comportement dimanche. J’ assume l’ entière responsabilité́ de mon erreur sans vouloir inventer une quelconque excuse à ce geste irréfléchi, a exprimé le Portugais dans son message, que L’Équipe a pu consulter. (…) Je regrette d’avoir eu une attitude contraire à ce que sont mes principes de vie. Je vous garantis que, malgré l’ agressivité avec laquelle j’ ai parlé à M. Millot, il n’y a jamais eu d’autre intention que d’ exprimer à tort mon mécontentement. Je tiens également à m’excuser auprès de la commission des arbitre set de la Ligue 1.» Il avait précisé en début d’ e-mail que sa démarche était strictement personnelle, sincère et honnête, et qu’elle n’avait pas pour but d’atténuer sa faute.

L’OL va le sanctionner financièrement

L’ex-coach de l’AC Milan a ensuite proposé à la direction de l’ arbitrage de se soumettre à des travauxd’ intérêt général, en venant à la rencontre d’arbitres amateurs dans la région lyonnaise ces prochaines semaines. À la demande de son entraîneur, l’OL a donc pris contact hier matin avec la Ville de Lyon, qui a bien accueilli l’initiative.

Fonseca devrait ainsi bientôt se soumettre à des rendez-vous de sensibilisation auprès des jeunes dans plusieurs clubs de la métropole,au soutien des arbitre s amateurs .« Paulo est une personne respectueuse et polie, tous ceux qui l’ont côtoyé le savent, dit l’ancien joueur duLOSCJoséF on te, surprisparle coup de sang des on ex entraîneur. C’était une situation anormale et exceptionnelle, je suis sûr qu’ elle ne se reproduira plus jamais .»

Mais elle s’est produite et, de son côté, le club lyonnais devrait punir financièrement son coach, recruté il y a un mois pour remplacer Pierre Sage. «Àl’OL,quand il y a des problèmes de comportement, que ça concerne un joueur, un membre du staff ou éventuellement moi-même, des sanctions sont prévues», a confirmé le DG Laurent Prud’homme, hier, au micro de la chaîne L’Équipe.

Vu la gravité de la situation et malgré ses excuses, il semble très probable que sa prime d’ éthique ne lui sera pas versée. Les dirigeantsseront aussi très attentif s à la durée de la suspension et aux possibilités qui s’offriront à Fonseca pour continuer à diriger l’équipe (voirci-dessous). Une longue absence des zones officielles est attendue, et il faudra donc trouver les moyens – au moins jusqu’au début de la saison prochaine – de ne pas perturber la marche de l’équipe. L’équation s’ annonce bien compliquée.

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ÉTIENNE MOATTI

Une suspension au-delà de la France?

Si la FFF demande l’extension de sa sanction au niveau mondial, Paulo Fonseca ne pourra plus être sur le banc en Coupe d’Europe ni exercer sans contrainte à l’étranger non plus.

Demain soir, Paulo Fonseca défendra son cas devant la commission de discipline de la LFP en visioconférence depuis son hôtel de Bucarest, où son équipe disputer a, jeudi, son8e de finale aller de Ligue Europa. Il aura fort à faire pour convaincre l’organe disciplinaire de ne pas lui infliger une lourde sanction pour son «pétage de plombs» à la fin de Lyon-Brest (2-1), dimanche.

Après avoir reçu un carton rouge, il a «bondi» sur Benoît M il lot« avec une attitude d’ intimidation », collant son visage contre celui de l’arbitre. «Il a cette attitude encore plus impressionnante de tenter de donner un coup, en fait. Un coup de tête », racontait hier l’ arbitre de la rencontre dans nos colonnes. Pour cette incroyable sortie de route, Fonseca risque sept mois de suspension, comme le détail le l’article 8 (« comportement intimidant/menaçant») du règlement disciplinaire de la FFF applicable dans les Championnats professionnels.

Sa future suspension s’appliquera dans les compétitions nationales. Mais elle pourrait aller bien au-delà. Lorsqu’un joueur ou un entraîneur est l’objet d’une longue suspension, il est en effet habituel que la Fédération concernée demande à la FIFA l’extension à la planète entière de cette sanction. L’intéressé ne peut alors pas poursuivre son activité alors qu’il s’est rendu coupable d’un acte très grave. Et s’il quitte le pays, il n’en a pas fini avec sa peine qu’il continue de purger dans sa terre d’accueil.

Le précédent Tonali

Dans le cas de Fonseca, la FFF pourrait donc demander à la Fédération internationale d’étendre sa peine à l’échelon mondial. Cela aurait pour conséquence de la voir s’appliquer en Ligue Europa, une épreuve dans laquelle l’OL nourrit de l’ambition. Au vu du retentissement de son geste, de l’émotion qu’il a suscitée, notamment auprès du corps arbitral, il est fort possible que la Fédération française saisisse la FIFA. Laquelle exauce généralement les voeux en ce sens.

Dans un passé récent, la Fédération italienne a suspendu dix mois le milieu de terrain Sandro Tonali pour infraction aux règles sur les paris et a demandé à la FIFA d’étendre cette sanction partout dans le monde. Ce qu’elle a accepté, le 28octobre 2023. Résultat: l’international transalpin n’a plus joué et s’est vu privé du reste de la saison avec New castle, son club anglais. Cette pratique est ancienne puisque, en2007,l’ UE FA avait par exemple suspendu sept mois le défenseur de Valence Javi Navarro à la suite d’une bagarre en Ligue des champions face à l’Inter Milan. L’instance européenne avait demandé et obtenu de la FIFA une extension de cette sanction sur tous les territoires et dans toutes les compétitions.

***

« Un entraîneur est un parano qui s’ignore »

Après la sortie de route de Paulo Fonseca, dimanche lors de Lyon-Brest, Pascal Dupraz et plusieurs de ses collègues tentent d’expliquer comment un coach peut en arriver à déraper à ce point.

"C’est difficilement défendable de se mettre dans cet état second. 2
La pression, je l’entends, mais il faut garder un minimum de contrôle"
   - THIERRY LAUREY

"Quand le travail d’une semaine 
ùpeut être détruit en une seconde, 
oui, ça peut exploser"
   - FRÉDÉRIC ANTONETTI

RÉGIS TESTELIN

Comment Paulo Fonseca en est-il arrivé à tout oublier, au point de se retrouver front contre front avec M. Millot parce qu’il n’était pas d’accord avec lui ? Son sens des responsabilités. Son devoir d’exemplarité. Son job, sa fonction, son image, son avenir… Comment a-t-il pu se déconnecter à ce point du contexte électrique dans lequel se débat le football français ? À quel point ce métier peut-il affecter le discernement d’un coach et le conduire vers un tel dérapage ? Ce ne sont pas d’excuses dont cette affaire a besoin, le Portugais s’en est chargé lui-même et elles ne changeront pas grand-chose (voir ci-contre). Mais d’explications et de quelques pistes, venues de ses confrères. «F on se cas’ est fait prendre au piège, mais il n’ y avait pas chez lui l’ envie d’ en venir aux mains, considère Luis Fernandez (65 ans), ancien entraîneur du Paris SG (1994-1996), aujourd’hui consultant à beIN Sports. Il a vécu un truc avec son coeur. J’avais le sang chaud aussi, j’étais entier, je sais ce que c’est. Tu prépares un match et un groupe toute la semaine, et puis le sentiment d’injustice arrive et il emporte tout. On est tous plus ou moins pareil. Vous en connaissez des entraîneurs qui ne bronchent pas ? Même (Carlo) Ancelotti s’énerve. (Roberto) De Zerbi met une pression de fou avec l’OM. On a tous un caractère de malade. On défend tous nos couleurs, notre club, nos joueurs. Moi, à Cannes, au PSG, à Bilbao, j’ ai souvent été à la limite, c’ est la pression qui veut cela. » Il l’a même allègrement franchie en 2002, récoltant six mois de suspension après son expulsion au cours d’une demi-finale de Coupe de la Ligue perdue par le PSG contre Bordeaux (0-1).

Pascal Dupraz, ancien entraîneur d’Evian TG, Toulouse, Caen et SaintÉtienne, a dirigé plus de 300 matches professionnels. « Une semaine après le scandale Longoria, Fonseca a mal choisi sonmoment, estime le Haut-Savoyard de 62 ans. Comme souvent, il y a peut-être eu un sentiment d’injustice. Dans ces cas-là, le ressenti peut être amplifié selon les attitude sou les commentaires des joueurs, des adjoints, du banc de touche ou du public. Comme par l’interventionnisme du quatrième arbitre, ou d’ éventuels antécédentsavec l’ arbitre central. Il yapleind’ explications et la pression en est une. Mais aucune ne peut justifier cette attitude. Bien sûr que ce métier rend fou. Pourtant Fonseca a de l’expérience, il est intelligent. Un entraîneur est un parano qui s’ ignore, car il ne prend généralement jamais soin de lui. Il est tellement tourné vers les autres .»

Expliquer le dérapage de Fonseca est une chose, l’excuser en est une autre et Thierry Laurey (61 ans), remercié de Martigues en décembre après avoir entraîné le Paris FC, Strasbourg ou le Gazélec Ajaccio, ne s’y risque pas. «Jeneveux pas l’accabler mais, là, il a poussé le bouchonunpeuloin, regrette-t-il. Quandj’aivu ça, j’ai surtout été surpris. D’abord, parce que Fonseca avait l’image d’un gars cool, maître des es émotions, expérimenté, avec un sacré CV. Ensuite, s’il est un arbitre qui ne pose jamais de problème, c’est bien M. Millot. Il échange beaucoup, c’est un bon communicant, dans le style de M. Bastien. M. M il lot a arbitré plusieurs fois Strasbourg quand j’étais l’entraîneur, il était bon, il cherchait toujours à discuter. Enfin, le timingest ahurissant: Lyon menait au score (2-1), l’ O Le st plutôt bien en ce moment, ce n’ est pas la“ca ta” quand même. Comment a-t-ilpuenarriverlà?» Laurey le dit souvent, son père était arbitre, et cela a influencé son regard. « On peut être énervé et faire des mauvaises réflexions, ça m’ est arrivé, mais aller jusque-là, je ne pourrais pas. C’est difficilement défendable de se mettre dans cet état second. La pression, je l’entends, mais il faut garder un minimum de contrôle. Là, on est dans un comportementd’ entraîneur de U 19 Région aux .»

La fameuse pression, c’est elle que vise Frédéric Antonetti (63 ans), également connu pour ses montées d’adrénaline lors de ses passages à Saint-Étienne, Nice, Rennes, Lille ou Metz. Lui non plus n’excuse pas Fonseca, mais on dirait qu’il le comprend. « Entraîneur est un métier où tues seul, quelle que soit l’ importance de ton staff, explique l’ actuel coordinateurs port if de Bastia. Et dans lequel tues tributaire des autres: les joueurs, le président, le staff, les médecins, l’arbitre, autant de personnes pour lesquelles la pression n’est pas la même que celle de l’ entraîneur. Mais le président, lui, ne reconnaît qu’une seule personne, l’entraîneur, c’est son seul responsable. Ce trop-plein de pression et de responsabilité peut entraîner des réactions démesuréesquand un coach est confronté à l’ injustice. Un entraîneur qui s’ investit–et je sais que F on se caen fait partie–ne pense qu’à cela vingt-quatre heures sur vingt quatre, il délaisses a vie privée, il est obsédé,certains sont suivis par des psychologues. Il est très seul et mille fois plus sous pression qu’ un arbitre. Donc quand le travail d’une semaine peut être détruit en une seconde, oui, ça peut exploser .»

Antonetti est une figure du Championnat de France .« J’ étais sanguin, c’ est vrai, mais je savais m’arrêter, estime-t-il. Fonseca, lui, est allé un peu loin. Au-delà des risques de ce métier, deux autres facteursont dû le pousser à s’ emporter. Déjà, il sort d’un échec à l’AC Milan (démis de ses fonctions le 29décembre), etça,c’est très dur de s’en remettre. Inconsciemment, cela a dû jouer. Après, le contexte lyonnais semble étrange de l’ extérieur. La pression y semble démesurée et pas forcément justifiée. Ça a l’air très compliqué et pas très stable là-bas. Combien d’entraîneurs le propriétaire a-t-il déjà utilisés? » Paulo Fonseca est le quatrième depuis l’arrivée de John Textor en décembre 2022, après Laurent Blanc, Fabio Grosso et Pierre Sage. Une suspension de sept mois lui pend au nez alors qu’il n’a dirigé que cinq matches de Lyon.

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