La NBA avance ses pions en Europe

Adam Silver (ci-contre) le 23 janvier à l’Accor Arena lors du Paris Games 2025 

avec la première victoire des Spurs de Victor Wembanyama (140-110) 

contre les Indiana Pacers (photo de droite), le même jour.

Adam Silver, le patron de la Ligue américaine, a officialisé hier à New York son projet de nouvelle compétition européenne en partenariat avec la Fédération internationale de basket. Si tous les détails ne sont pas encore connus, les premiers contours ont émergé.

28 Mar 2025 - L'Équipe

MAXIME AUBIN (avec S. S. et A. H.)

NEW YORK (USA) – La NBA n’aurait pas pu trouver meilleur endroit que l’hôtel St. Regis de Manhattan, luxueux établissement au charme européen avec ses moulures et ses chandeliers rutilants, pour annoncer son nouveau projet de ligue de basket sur le Vieux Continent. « Nous sommes prêts à passer un cap et explorer la création d'une ligue en Europe en partenariat avec la FIBA », a confirmé son grand patron Adam Silver, hier, à l’issue d’une réunion avec les trente propriétaires des franchises de la ligue nord-américaine. Il était accompagné par Andreas Zagklis, secrétaire général de la FIBA, l’instance gouvernante du basket mondial. « Je suis enchanté d'annoncer qu'après un bureau exécutif de la FIBA, nous avons un soutien unanime pour passer ce cap avec la NBA », a précisé Zagklis. Après ce court laïus, les deux hommes ont répondu aux questions d’une quinzaine de journalistes présents sur place. Si aucune annonce folle n’a eu lieu, les premiers contours de cette nouvelle compétition ont émergé. Voici ce qu’on en sait aujourd’hui.

Quel format ?

Cette nouvelle compétition dont le nom n’est pas encore déterminé pourrait compter 16 équipes dont 12 membres permanents, et ne serait ainsi pas une ligue totalement fermée comme la NBA. «L’avantage en créant une ligue de toute pièce, c’est qu’on peut prendre le meilleur des deux mondes », a expliqué Silver, donnant l’exemple des Championnats de football européen qui sont ouverts aux promotions et auxrelégations.

Concrètement, le modèle de cette «NBA Europe» pourrait être semi-ouvert avec quatre équipes qui pourraient rejoindre la Ligue sur un système de mérite, en fonction de leurs résultats dans leurs Championnats respectifs. L'épreuve se disputerait avec des règles FIBA, avec notamment quatre quart-temps de 10 minutes et une ligne à trois points à 6,75 m (les matches de NBA durent 48 minutes avec une ligne à trois points si tuée à7,23m ).« Tous les détails n’ ont pas encore été décidés à cette étape. Maison respecter a la tradition du basket européen », a tenu à rassurer Silver. En termes d’ infrastructures, laNBA espère « bien entendu garder certaines salles déjà existantes en Europe, et en même temps imaginer de nouvelles enceintes pour encourager les investisseurs et les futurs propriétaires de franchise ».

Avec quelles équipes ?

La question demeurait en suspens après cette conférence de presse. Selon les informations du site américain The Athletic, quatre équipes actuellement en Euroligue, compétition phare du basket européen, pourraient décider de rejoindre ce nouveau championnat : le Real Madrid, le FC Barcelone, le Fenerbahçe Istanbul et l’ As vel, le club français présidé par Tony Parker. Interrogé par L’Équipe à l’issue de la conférence de presse, Adam Silver a confirmé que l’ équipe basée à Villeurbanne, dans la banlieue de Lyon, était intéressée par le projet.

Cette nouvelle compétition devrait également accueillir plusieurs équipes d’expansion associées à de grandes maisons du foot européen, comme le PSG à Paris. Qatar sports Investments (QSI), propriétaire du PSG, a reconnu mercredi dans nos colonnes « avoir été approché au sujet d’une franchise de basket-ball à Paris pour laquelle nous avons exprimé un intérêt ». Cet intérêt pourrait prendre la forme d’une nouvelle franchise créée in extenso ou du rachat d’un club existant, le Paris Basketball. Les discussions entre QSI et la NBA seraient plus larges, puisque le Qatar se verrait bien aussi, dans le cadre du développement du basket US à l’étranger, accueillir des rencontres de saison régulière de NBA, comme ce fut le cas en France ces dernières années. La possible diffusion de la nouvelle compétition, si elle voit le jour, sur les antennes de beIN Media Group constitue aussi un des aspects de la négociation.

Un lancement pour quand ?

Là aussi, la NBA est restée très floue sur le sujet. Mais il ne faut pas s’attendre à un lancement à court terme. « L’idée de la tenue de cette conférence était surtout d’annoncer notre intention pour le marché européen. Il est encore bien tôt pour évoquer une date. Ce ne sera pas en 2026», nous a précisé Silver après la conférence de presse, insistant sur la volonté de la NBA de « lancer des discussions ouvertes avec les parties prenantes ». Une fois que le projet sera ficelé, il de-vra être présenté au« board of de la NBA, soit les trente propriétaires des franchises, pour un vote qui devrait se faire à la majorité simple (16 voix su 30).

Pourquoi venir en Europe ?

La première motivation est forcément financière. Après avoir testé le marché européen depuis de nombreuses années en y délocalisant plusieurs matches NBA, la ligue nord-américaine estime aujourd’hui qu’elle pourrait engranger environ 3 milliards de dollars (2,8 milliards d’euros) avec la création d’une ligue sur le Vieux Continent. « Le basket est le deuxième sport le plus populaire en Europe. Il compte des centaines de millions de fans. Mais je pense qu'il y a un énorme fossé entre cet intérêt et le développement professionnel qu’on peut voir ici en Amérique du Nord », a ajouté Silver, dans ce qui ressemblait à un pied de nez à l’Euroligue.

Faute d’accord, la compétition historique du basket européen ne devrait pas faire partie de ce projet avec la NBA. Elle pourrait aussi se retrouver déplumée, avec le départ de plusieurs équipes vers cette nouvelle compétition. «Si nous comprenons l’avantage d’avoir des structures permanentes (en Europe), je pense que plus la pyramide de clubs est large, plus le développement de cette pyramide sera facilité », a complété Andreas Zagklis, insistant sur le soutien sans faille de la FIBA au projet.