DE ZERBI PROVOQUE UN DÉBUT DE MUTINERIE


Lundi, Roberto De Zerbi a annoncé à ses joueurs qu’il ne les entraînerait pas, jugeant leur attitude indigne. Lassé par cette nouvelle vexation, le vestiaire marseillais a un temps refusé de chausser les crampons.

"Vous voulez me faire échouer ? 
Alors on va échouer tous ensemble" 
   - ROBERTO DE ZERBI, L’ENTRAÎNEUR DE L’OM, 
     À PROPOS DE SES JOUEURS

4 Apr 2025 - L'Équipe
MATHIEU GRÉGOIRE et BAPTISTE CHAUMIER (avec A. Cl.)

Le lundi, c’est mutinerie ? Ce 31 mars, sur les hauteurs de Marseille, la Commanderie a été le théâtre d’une scène rare, un intense moment de défiance entre un coach et son groupe de joueurs professionnels. En début d’après-midi, se disant dégoûté par l’attitude générale, Roberto De Zerbi a expliqué à son vestiaire: «Je ne vous entraînerai pas aujourd’hui.»

Face à cet abandon, et à une séance laissée aux soins d’un staff pléthorique, le vestiaire a décidé, collectivement, de ne pas chausser les crampons : «On n’ira pas sur le terrain alors. » Les minutes se sont écoulées, Medhi Benatia s’est pointé pour déminer la situation. Le dialogue avec les joueurs a duré près d’une heure. Le directeur du football a demandé aux Olympiens de respecter leur mission, deux jours après la claque reçue à Reims (1-3), d’être à la hauteur des investissements consentis pour les rémunérer et les accompagner au quotidien.

Les joueurs ne se sont pas défilés, interpellant Benatia sur son parcours dans des grandes institutions (AS Rome, Bayern, Juventus...), lui demandant s’il avait déjà connu un coach se comportant ainsi dans des clubs d’un tel standing. Et que si De Zerbi ne souhaitait pas les accompagner la semaine, il pourrait aussi ne pas s’asseoir sur le banc, le week-end, en toute logique. Ils ont dénoncé une certaine hypocrisie, ce côté «grande famille» quand les résultats sont bons, qui contraste avec la vindicte populaire réservée aux joueurs à chaque contre-performance. « Face à ce Reims, avec votre niveau et l’équipe alignée, vousauriez dû gagner, même sans entraîneur pour vous diriger », a insisté le médiateur Benatia. Les joueurs se sont finalement entraînés en fin d’après-midi, et De Zerbi (45 ans) était sur le pré, à quelques dizaines de mètres, froid comme une lame, même avec ses adjoints de toujours.

Depuis son arrivée à l’OM, l’Italien pratique un management émotionnel, alternant la carotte et le bâton, se qualifiant de père de famille tantôt fouettard, tantôt aimant. Après la désillusion à Reims, il a décidé d’une mise au vert à la Commanderie, leur répétant qu’il serait le seul décideur au quotidien. Ce qui était déjà le cas, comme l’ont noté certains joueurs. Dimanche, dans le vestiaire, outre ses cibles classiques Luis Henrique et Mason Greenwood, il a assaisonné Pol Lirola, déjà dans son collimateur pendant la première période, les deux hommes s’engueulant copieusement. En substance, De Zerbi a dit au latéral espagnol :«Personne ne voulait de toidans ce club

Lundi, à la Commanderie, Roberto De Zerbi n’a pas apprécié l’attitude à la cantine de Pol Lirola (à gauche, face à Reims, samedi). Ce jour-là, Medhi Benatia (à droite), le directeur du football, a dû, lui, déminer une situation tendue entre les joueurs et leur coach. l’été dernier. J’ai été le seul à croire en toi. Et tu me remercies en défendant comme cela ?»

Ce dimanche a été marqué par le visionnage en équipe de Toulouse-Brest (2-4), pour étudier le TFC, futur adversaire de l’OM ce week-end, et les joueurs ont été autorisés à quitter les lieux à 20h30. En privé, sansesclandre,certainsjoueursdeconfession musulmane ont regretté de ne pas avoir pu célébrer l’Aïd-el-Fitr, la fête qui marque la fin du mois de ramadan, auprès des leurs.

La famille, il en a été question lors d’un échange glacial. « Moi, je ne vois jamais ma famille. Donc, vous n’allez pas voir les vôtres non plus », a expliqué De Zerbi. « Sauf que pour lui, c’est un choix», a soupiré un cadre auprèsdesonentourage.Lundi,lasituation a basculé dans l’irrationnel quand De Zerbi a trouvé certaines attitudes trop décontractées à la cantine, notamment celle de Lirola, reprochant les sourires épars. «Vous voulez me faire échouer ? Alors on va échouer tous ensemble», a pesté le coach, des propos rappelant sa sortie à chaud après la défaite contre Auxerre (1-3), le 8novembre.

Des différences de traitement qui ne passent pas

«Vous m’avez humilié, vous avez humilié notre club devant notre public, avait-il crié ce soir-là, en substance. Vous avez manqué de couilles!» Et il avait visé Leonardo Balerdi, capitaine «sans couilles» et pourtant désigné comme son meilleur défenseur cinq mois après, à Reims, samedi. Ainsi est De Zerbi, passionnel, excessif, tendu comme unarc.Iln’apastantvarié,sil’onsesouvient des propos vexants ciblant Lilian Brassier à l’automne, ou Ismaël Koné: le Canadien et son coach ont failli en venir aux mains, un jour d’énième remarque. La semaine précédant le Classique (1-3), mi-mars, il a arrêté deux entraînements au bout de quinze minutes, renvoyant le groupe se rhabiller. Mais la réception du vestiaire à ses messages, elle, semble avoir changé, les coups de bâton déréglant des têtes déjà lourdes après la mauvaise série sportive.

Les propos d’Adrien Rabiot, samedi, à Reims, étaient censés prévenir une certaine désunion dans l’équipe. «Il reste sept matches, il faut savoir ce qu’on veut faire, sionveut aller en Ligue des champions, déclarait le milieu des Bleus. Moi, je suis venu pour ça. Si d’autres n’ont pas envie, ils doivent le dire avant les matches et laisser d’autres jouer.»

En interne, certains se sont interrogés quant à l’impact du mercato hivernal sur l’équilibre du vestiaire, ou sur les différences de traitement, Pierre-Emile Höjbjerg obtenant ainsi une dérogation, lundi, pour se rendre à un dîner à l’Élysée, siégeant à la table d’honneur aux côtés du roi du Danemark Frederik X,envisiteofficielle, et d’Emmanuel Macron – un déplacement prévu de longue date. La décision de De Zerbi de ne pas les entraîner aura au moins eu un effet, celui de souder ses joueurs contre lui, momentanément.

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