DOUÉ - Naissance d’un géant
Double buteur et passeur décisif à 19 ans, l’attaquant parisien a réalisé une prestation éblouissante. Qui restera dans l’Histoire et qui lance un peu plus son exceptionnelle carrière en devenir.
1 Jun 2025 - L'Équipe
HUGO DELOM
MUNICH – Là, gamin, dans cette chambre de la maison familiale, proche de Rennes, après avoir martyrisé les meubles du salon avec ses ballons en forme de chaussettes aux côtés de son frère Guéla, pouvait-il imaginer une telle soirée ? Un enfant a des rêves. Désiré Doué, à 19 ans, réalise les siens. Mardi, à Clairefontaine, le Parisien fêtera ses 20 ans. Un âge où d’autres lancent une carrière. Lui aura donc accompli l’impensable : un triplé Ligue des champions-Championnat-Coupe et surtout cette nuit immense munichoise. Dont il se souviendra pour l’éternité. La production du numéro 14 parisien est celle d’un immense champion et celle d’une star. Qui a signé hier son acte de naissance parmi les grands. Et p o s s i b l e - ment, les très grands de ce sport et du f o o t b a l l français.
Quand il a quitté la pelouse à 22 h 25, remplacé par Bradley Barcola, après avoir frappé l’écusson du club de la capitale et soixante-sept minutes majuscules, on aurait adoré se plonger dans la tête de ce gamin. On aime à penser qu’il se refaisait le film de son parcours p breton. Celle d’un enfant joufflu qui martyrisait les bambins de sa génération. Celle d’un crack qui, année après année, sous le regard d’une famille exigeante et aimante, franchissait les obstacles. Sans jamais j se retourner. Hier soir, Désiré Doué n’a jamais laissé le temps aux défenseurs de l’Inter Milan de le faire.
Il faudra peut-être un chapitre entier dans sa future biographie pour raconter ce qu’on a vu de sa soirée allemande. Il restera ces images finales avec, devant ce virage, ce sourire immense et ses interminables sauts au milieu des Marquinhos, Dembélé and co. Un bonheur enfantin. Mais sa trace sur cette rencontre sera bien plus profonde encore. Avec cette impression d’une emprise totale sur l’évènement. Comme si la tension glissait sur ses immenses épaules. Luis Enrique, en le choisissant d’entrée à la place de Bradley Barcola, l’avait anticipé. Un choix royal.
Bien plus qu’une trace comptable
Car il faut, pour conter avec justesse la prestation de Doué s’éloigner de la seule trace comptable (2 buts – premier doublé en finale depuis Gareth Bale en 2018, avec le Real contre Liverpool, 3-1 – et une passe décisive) : la façon dont l’international français, par sa mobilité, ses courses, ses dribbles, a étourdi la défense milanaise, a quelque chose de presque fascinant. Ce gamin, avec le torse d’un boxeur, les j a mb e s d ’ u n sprinter et la tête d’un ingénieur, n’est vraiment pas fait comme les autres. Ce déplacement dans la surface, regard levé, et cette façon, après avoir pris l’information, de servir parfaitement Achraf Hakimi sur le premier but, ressemble à un petit chef-d’oeuvre (1-0, 12e).
La suite fut du même niveau. Initialement placé à droite, Doué se déplaça entre les lignes, insaisissable pour les « vieux » Milanais. Et quand il s’offrit quelques gourmandises (roulette, 14e), Doué fut recadré. Par Luis Enrique puis par Achraf Hakimi. Un instantané de sa soirée. Car au bout de vingt minutes, il avait déjà écrit l’Histoire. Cette frappe déviée par Federico Dimarco (2-0, 20e) signifiait beaucoup plus qu’un avantage de deux buts. Elle signifiait que Doué faisait déjà entrer son nom dans la légende des finales de Ligue des champions. Avec un peu plus d’efficacité – centre parfait vers Dembélé (44e) la recrue de l’été dernier aurait bouclé sa première période par un but et deux passes décisives. Mais ce qu’il faisait était si juste, si brillant. Peu de déchets, des choix constamment efficients. Et cette technique tellement pure qui laisse les défenseurs souvent spectateurs.
Cette roulette devant la ligne de touche qui amène l’occasion d’Hakimi était digne de son modèle Neymar Junior. En 2015, le Brésilien, sous le maillot du Barça, n’avait marqué qu’une fois contre la Juventus Turin en finale de C 1 (3-1). Doué a mis seulement 63 minutes pour faire mieux. Au bout de cette course, et ce service de Vitinha et de cette frappe du droit, il délivrait définitivement le PSG(3-0, 63e). Là, torse nu, devant ce virage où avaient notamment pris place ses parents, ses grands-parents, son frère et sa jeune soeur, Doué ne rêvait plus. Il réalisait ce que, gamin, dans sa chambre, il aimait imaginer… See page 1
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