ICI C’EST PARADIS
UN TRIOMPHE
En éparpillant l’Inter dans une nuit extraordinaire et parfaite, et en remportant la plus large victoire de l’histoire des finales de C1, les Parisiens sont devenus de très grands champions d’Europe.
Ligue des champions Finale Paris-SG 5-0 Inter Milan
Emmené par un DÉSIRÉ DOUÉ exceptionnel, le PSG a surclassé l’Inter Milan sur un score historique. Trente-deux ans après l’OM, déjà à Munich, le club de la capitale réalise enfin son rêve suprême.
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1 Jun 2025 - L'Équipe
VINCENT DULUC
MUNICH (ALL) – Au tréfonds de l’automne, on ne l’avait pas vu venir, ce bonheur immense et innocent, cette manière de marcher sur l’Europe en ne faisant pas de prisonniers, cette gloire tombant pour longtemps sur de si jeunes têtes couronnées avant l’heure, ce pas majestueux à l’instant d’entrer dans l’histoire. Le Paris-SG est devenu roi d’Europe dans la nuit éclatante de Munich, comme l’OM en 1993, après s’être comporté face à l’Inter Milan comme un monarque absolu (5-0), dispersant le vieux principe disposant qu’il faut être deux pour une grande finale : à un seul, c’était magnifique.
En remportant la plus large victoire de l’histoire des finales de C1, mieux que le mythique AC Milan- FC Barcelone (4-0) de 1994,
Paris a réduit l’Inter au silence et à la résignation en l’étouffant et en lui imposant son talent, son mouvement, son pressing, sa jeunesse et toute la stratégie conçue par Luis Enrique depuis de longs mois. Paris champion d’Europe, c’est l’aboutissement de la longue quête d’un club, mais surtout le chef-d’oeuvre de planification d’un entraîneur. C’est aussi un immense exploit et un triomphe parfaitement rationnel, tant le
PSG aura été la force majeure du football européen depuis la fin du mois de janvier, charmant son audience et assommant ses adversaires par l’essence si collective de son jeu et de ses ressources.
Le chef-d’oeuvre de Luis Enrique
La deuxième victoire du football français en Ligue des champions, en soixante-dix ans, au bout de la huitième finale, aura éteint la rumeur d’une malédiction, ou d’une limite de compétence, et c’est la magie de ce jeu de pouvoir couronner le Real Madrid et ses stars, une année, et ce PSG bâti d’un autre ciment, l’année suivante. Le triomphe de Paris est éventuellement celui du football français de clubs, qui a besoin de voir tomber sur lui un peu de cette poussière d’étoiles, au bout d’une saison en enfer, mais i l est d’abord celui d’une manière de concevoir un groupe et ce jeu, et d’accorder l’un à l’autre. La Ligue des champions a été traversée de grandes victoires d’entraîneurs, mais de peu de stratégies aussi parfaites que celle de Luis Enrique ( dans sa manière d’avoir fait grandir un jeune groupe, de lui avoir donné une identité et de l’avoir amené au pied du bonheur dans un état athlétique auquel l’Inter n’a jamais été de taille à résister.
Paris est champion d’Europe, Luis Enrique en semble à la fois l’entraîneur et le joueur dominant, mais ses joueurs ont été assez magnifiques, et parfois extraordinaires, à l’image de Désiré Doué, son choix moins attendu de départ, 20ans mardi, et qui a torpillé l’Inter par un doublé et une passe décisive en un peu plus d’une heure comme s’il jouait contre Reims. Le PSG va hanter les nuits de Federico Dimarco, couvrant Doué sur une passe magique de Vitinha, avant que Doué ne choisisse magnifiquement d’offrir à Achraf Hakimi un but que le Marocain choisira de ne pas fêter (12e), et déviant la reprise du même Doué après un sauvetage de Willian Pacho, au départ, et une passe décisive d’Ousmane Dembélé (20e).
Tout aurait pu être plus simple, mais rien n’a été difficile
Tout aurait été plus simple si Dembélé avait transformé une balle de 3-0 et de Ballon d’Or, peut-être (44e), sur un autre ballon offert par Doué, et si Khvitcha Kvaratskhelia avait converti une grosse occasion à son tour (50e), mais rien n’a été difficile, finalement, parce que le PSG a su jouer plus verticalement et plus rapidement quand il récupérait le ballon en position haute. Alors, Vitinha a décalé Doué pour le 3-0 (63e), l’Inter a surtout eu envie que cela s’arrête, mais Paris a continué, Luis Enrique a fait participer son banc, Dembélé a offert à Kvaratskhelia le but du 4-0 (73e), Bradley Barcola a manqué un but de rêve (81e), et l’histoire retiendra, dans un sourire admiratif et stupéfait, que le dernier but de cette finale incroyable aura été marqué par Senny Mayulu (86e), 19ans depuis deux semaines.
Tout a ressemblé, dans la nuit de Munich, à ce que Paris a voulu et a su devenir, au fil des mois et d’une conquête irrésistible. Ce matin, le PSG habite là-haut, au niveau des étoiles.
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ET MAINTENANT...
Matthias Gurtler directeur de la rédaction
1 Jun 2025 - L'Équipe
Ils ont transformé les regrets en trophée. Ces alchimistes ont converti en or l’héritage de tous ces géants passés par Paris et repartis bredouilles en Ligue des champions. Mustapha Dahleb, Safet Susic, Luis Fernandez, David Ginola, Pauleta, Ronaldinho, George Weah, Raï, Thiago Silva, Zlatan Ibrahimovic, Edinson Cavani, Neymar, Lionel Messi, Kylian Mbappé… Ils ont ouvert la voie, sans jamais atteindre la cime. L’équipe de Luis Enrique l’a fait.
Depuis hier soir, la Ligue des champions n’est plus une obsession pour le club de la capitale, elle est devenue un patrimoine. Cette victoire structure l’histoire du PSG. Elle imprime une exigence non sans conséquence. Maintenant, il faudra apprendre à vivre avec ce 31 mai 2025. Ce ne sera pas si simple. Car cette Coupe change tout: les attentes, les regards, les exigences. On n’attendra plus du PSG qu’il soit beau ou prometteur. On attendra qu’il aille au bout. Maintenant, il faudra transformer l’exploit en standard. Ne pas se contenter d’avoir dompté l’Everest, mais s’installer à son sommet. Viser une autre forme de force: celle de durer. De construire une dynastie de collectionneurs. Maintenant, il faudra aussi écrire l’avenir de ses figures de proue. Marquinhos, capitaine historique, arrivé au club à 19 ans, en 2013. Même question pour Gianluigi Donnarumma, à qui il ne reste qu’un an de contrat. Paris devra faire des choix. Pas seulement sur qui arrive, mais aussi sur qui reste. Maintenant, il faudra que cette victoire n’écrase pas un peu plus encore les autres clubs français. Et qui sait, elle pourrait même les libérer. Le PSG offre bien plus qu’un exemple: il offre une permission. Celle d’y croire… Maintenant, il faudra aussi gérer la mémoire. Ce match-là va devenir un repère pour Paris. Il faudra vivre avec cette légende naissante, sans se laisser enfermer dedans. Accepter qu’il y ait un avant et un après. Et que l’après, c’est déjà aujourd’hui.
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