REIMS DÉJOUE LE PIÈGE
Vainqueurs à Cannes, les Champenois défieront le PSG en finale, le 24 mai au Stade de France.
"Je pense que ça peut nous donner une
bonne secousse pour la fin de saison"
- TEDDY TEUMA, BUTEUR POUR REIMS
3 Apr 2025 - L'Équipe
LUC HAGÈGE
CANNES (ALPES-MARITIMES) – Les Rémois souffrent bien trop cette saison en L1 pour ne pas apprécier pleinement ces authentiques moments de bonheur et de communion avec leurs fans, hurlant de vibrants « on est en finale, on estLe bonheur des Rémois hier à l’issue de la qualification pour la finale de la Coupe de France.
depuis leur parcage. Un joueur champenois en particulier, Teddy Teuma, a vécu avec émotion et ferveur sa petite histoire personnelle dans la grande, celle du SDR qui retrouve cette apothéose de la Coupe de France pour la première fois depuis 1977. Ce sera au Stade de France face à l’ogre de la compétition, le PSG, le 24 mai. Mais, à l’époque, c’était au Parc des Princes et une vingtaine d’années après sa plus grande période, dans les années 50 (avec notamment deux finales de C1 en 1956 et 1959), il n’était pas parvenu à remporter sa troisième Coupe (battu par l’ASSE, 1-2), après celles gagnées en 1950 et 1958 (voir chiffre).
Et durant ce gouffre de 48 ans, ce club mythique est passé par une terrible faillite et un nouveau départ en DH, au début des années 90, juste après sa dernière demi-finale, perdue face à Metz, en 1988 (0-4, 3-1). De quoi établir un saisissant parallèle avec le passage au purgatoire et la résurrection dans un espace temporel bien plus court de Teuma.
Le milieu international maltais (31 ans, 43 sélections), arrivé en 2023, a en effet vécu trois dernières semaines en forme de montagnes russes qu’il n’est pas près d’oublier. Sorti dès la pause contre Auxerre (0-2), le 9 mars après une première période frustrante, où il s’était montré très agacé envers ses équipiers, il avait été écarté du groupe à Brest (0-0, le 16 mars). Puis il était resté sur le banc contre l’OM samedi (3-1), lors du succès qui a mis fin à la funeste série de quinze journées sans succès de Reims en L1 (neuf défaites, six nuls).
Entré à la 52e minute, hier à Cannes, Teuma ne s’est pas comporté comme un ourson, mais plutôt comme un tigre, pour inscrire dans la foulée, avec sangfroid, son deuxième but de la saison seulement, d’une reprise parfaite de son pied gauche fétiche sur un service en retrait parfait du jeune (19 ans) Hafiz Ibrahim (58e).
Et ce but a envoyé l’équipe marnaise en finale (2-1). Porté en triomphe par ses équipiers devant les supporters lors de la célébration, Teuma a pu se réjouir au micro de beIN Sports : « C’est magnifique ! Ce ne sont pas des moments communs dans une carrière d’aller en finale de la Coupe. On va savourer parce qu’on ne vit pas une saison facile et je pense que ça peut nous donner une bonne secousse pour la fin de saison. » Où, à sept journées du terme, Reims, quinzième de L1, n’a que deux points d’avance sur Le Havre, barragiste, et trois sur l’ASSE, relégable. « Ça fait vraiment plaisir parce qu’individuellement, j’ai traversé des hauts et des bas et là, que mes équipiers me montrent ainsi leur soutien et qu’on forme vraiment une équipe, ça fait plaisir ».
Bien sûr, à l’image de tout son parcours, avec trois qualifications aux tirs au but, en seizièmes de finale contre Monaco (1-1, 3-1 aux t.a.b.), en huitièmes à Bourbeaucoup goin-Jallieu (N3, 0-0, 3-2 aux t.a.b.) et en quarts à Angers (1-1, 5-3 aux t.a.b.), cela a encore été difficile à Cannes. Car malgré l’ouverture du score précoce signée Ibrahim, déjà lui (14e), sur une offrande de Mamadou Diakhon, les Rémois ont beaucoup souffert. Ils ont été logiquement rejoints sur un but de Cheikh N’Doye (52e) et, après celui de Teuma (58e), il a notamment fallu un exploit sur sa ligne du gardien et désormais capitaine Yehvann Diouf sur une têteeà bout portant de Dom ingu es (66) pour préserver leur si précieuse qualification.
Elle était notamment extrêmement attendue par le président, Jean-Pierre Caillot, qui depuis sa prise de pouvoir, en 2004, n’avait pas vu sa formation aller plus loin qu’un quart (2011). Alors forcément, Teuma revient, à l’image de son club, de si loin, qu’il y croit : « On va la jouer à fond et on verra bien!»
Avec dans un coin de la tête le fait que Reims n’a pas perdu cette saison en deux matches de L1 face au PSG (deux fois 1-1)...
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«Le football est cruel»
À l’image de leur capitaine Cheikh N’Doye, les Cannois ont achevé leur superbe parcours en Coupe de France sur une touche de frustration.
"Une équipe de Ligue 1 qui ne veut pas jouer"
- CHEIKH N’DOYE
3 Apr 2025 - L'Équipe
BENJAMIN HENRY
CANNES – Il ne serait pas exact de dire que l’AS Cannes est morte pour ses idées, hier soir. Elle a même longtemps survécu avec. Et même un peu mieux que ça. Et si, ce matin, sur la Croisette comme partout ailleurs en ville, il y aura forcément de la tristesse – c’est le propre des histoires qui se terminent –, il y aura, sans doute aussi, pas mal de fierté au regard du chemin accompli depuis le 29 septembre et une qualification sur le terrain des Angles au quatrième tour (R2, 3-0).52 minute : Cheikh N’Doye égalise de la tête et redonne l’espoir à Cannes.
Parce que la formidable aventure en Coupe de France des pensionnaires de N2 ressemble plus à une renaissance qu’à une fin de cycle. L’équipe de Damien Ott – dont l’arrivée sur le banc, en octobre, a changé le visage de Cannes – ne s’est pas dénaturée alors que se dressait face à elle, pour la première fois de la saison, une formation de L1. Elle a tenté de jouer au ballon et a posé, souvent, des problèmes à Reims.
L’entraîneur cannois disait, d’ailleurs, sa « fierté » après le match. Mais son équipe s’est heurtée, quand même, à un principe de réalisme autant que de réalité. Les joueurs de Ligue 1 ont été plus efficaces dans les deux surfaces, tout simplement. Parce que dans le jeu, dans le sillage de leur capitaine Cheikh N’Doye, qui a fêté ses 39 ans samedi, les Cannois ont été valeureux.
Pas toujours brillants, mais assez enthousiasmants pour emmener avec eux les 8000 spectateurs de Coubertin, qui n’ont pas manqué de célébrer leurs héros pendant de longues minutes au coup de sifflet final. «L’équipe s’est donnée à fond, malheureusement, on a perdu », a d’ abord évacué l’ ancien milieu de terrain d’ Angers.
Finaliste de l’épreuve avec le SCO en 2018, N’Doye, pourtant, n’arrivait pas à se satisfaire de cette sortie à une marche du Stade de France: «C’est une frustration totale, une déception. On a bien joué, on n’a pas de regrets. Malheureusement, on perd comme ça : le football est cruel. C’est une équipe de Ligue 1 qui ne veut pas jouer, raison pour laquelle ils sont là en Championnat (15es).»
L’ancien international sénégalais avait fait chavirer le stade en marquant de la tête sur un corner de Cédric G on çalv es au retour des vestiaires (1-1, 52e). «Une grande fierté», reconnaîtrait-il plus tard, modestement. Au plus fort de l’espoir azuréen, c’est lui, aussi, qui semblait donner le tempo de la rencontre avec ses compères de l’entrejeu, Gonçalves, donc, et Almike N’Diaye. Lui, enfin, qui a été le premier à lancer le tour d’honneur des Cannois, une fois la sentence irrévocable des trois coups de sifflet d’Éric Wattelier tombée, au plus fort de la déception.
On le disait, c’est triste, une histoire qui se termine, aussi belle fût-elle. Vingt-cinq ans après Calais, Cannes ne sera pas la deuxième équipe de Quatrième Division de l’histoire à atteindre la dernière marche de la Coupe. « On reste sur notre faim, mais on est quand même très fiers du parcours effectué», confirmait le défenseur Jonas Smith au bout du bout de la soirée. Preuve qu’il n’y a parfois qu’un tout petit rien pour séparer des sentiments parfaitement contradictoires.
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SAMBA DIAWARA
Entraîneur de Reims
« Je ne vais pas plomber l’ambiance… »
3 Apr 2025 - L'Équipe
A.M.L.
«Y a-t-il le sentiment du devoir accompli?
On est satisfaits de l’évolution sur ces dernières semaines, parce qu’on reste sur deux résultats positifs (après la victoire contre Marseille, 3-1, en Ligue 1 samedi). On est en finale de la Coupe de France et on en a notre destin entre nos mains en Championnat, mais ce qui me satisfait moins, c’est la manière. Notre salut viendra par quelque chose de plus consistant. Quand on fait un pas en avant, on en refait un en arrière. Retomber dans nos travers, ça peut être inquiétant. Mais je ne veux pas plomber l’ambiance, on retient la qualification.
Comment avez-vous trouvé cette équipe de Cannes ?
On a passé quinze jours à prendre énormément de plaisir à regarder cette équipe jouer. C’est rafraîchissant, c’est du football total, des joueurs qui vont vers l’avant, qui ne calculent pas. Je félicite leur entraîneur (Damien Ott). Même si je sais qu’ il sont pas mal de retard en Championnat, je leur souhaite de tout coeur de faire une remontada. Il y a vraiment de la qualité.»
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Tops
Ibrahim 7/10
Le jeune avant-centre nigérian (19 ans) a marqué son premier but (14e) en pro (en six apparitions). Une passe décisive aussi pour Teuma (58e). Certes pris par N’Doye sur le but concédé (52e), mais hyper-décisif. Remplacé par O. Diakité (70e).
Fischer 7/10
Dans son couloir, il a régulièrement apporté le surnombre. Il aurait pu égaliser mais Diouf a capté en deux temps sa volée (60e). Et si Ito s’est montré le plus dangereux lorsqu’il repiquait dans l’axe, c’est parce que le latéral gauche l’a parfaitement contenu. Remplacé par Mai (77e).
Flops
Domingues 4/10
Le meilleur buteur cannois de la compétition (9 réalisations) a été muselé par Kipré pendant toute la première période. Un sursaut en seconde, mais pas vraiment d’occasions jusqu’à cette tête sauvée miraculeusement par Diouf (66e).
Mambu 4/10
Il a, certes, abattu un travail défensif important, mais il a été le moins en vue des joueurs offensifs de son équipe et il a également manqué de réussite ou de clairvoyance les rares fois où il a reçu le ballon dans des bonnes conditions.
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