MISSION: IMPOSSIBLE FOOTBALL
11 Mar 2025 - L'Équipe
VINCENT DULUC
Ligue des champions
Huitièmes de finale retour
Battu 0-1 à l’aller malgré une énorme domination, le PSG a les armes pour décrocher une qualification en quarts de finale sur la pelouse d’Anfield. L’une des deux meilleures équipes européennes du moment sera éliminée de la Ligue des champions, ce soir, et il y a peu d’autres manières de dire les choses, vu du football français: il faudrait que cela soit l’autre. L’autre, qui a remporté le match aller (1-0), la semaine dernière, en survivant à une tempête, en emportant la caisse et en éteignant la lumière en partant. L’autre, qui va se transformer dès l’instant où son car se faufilera vers Anfield, au milieu des maisons de briques rouges. L’autre, qui sait tout de ces altitudes où ses adversaires cherchent de l’air, et de ces soirées où le Kop l’emporte.Mohamed Salah, Ousmane Dembélé et Luis Enrique.
C’est à une légende, à une force et à une culture que le PSG va s’attaquer ce soir, du haut de sa jeunesse et de ses rêves, dans un temple où les clubs français n’ont pas inscrit un seul but, dans un match à élimination directe, depuis quarante-huit ans. La frappe de Dominique Bathenay, le 16 mars 1977, immobile, bras au ciel, restera une image pour toujours, comme celle restée des années, d’ailleurs, au générique de Télé foot, et c’ est ce que cherche Paris, ce soir : une histoire pour longtemps, mais avec une fin heureuse.
Ce n’est pas un état naturel, pour une équipe française visitant Anfield et battue à l’aller, que d’être accompagnée d’autant d’espoir. Mais il est là, palpable, brûlant, parce que si Liverpool va être bien plus fort, il n’y a pas de raison que le PSG le soit moins. Par-delà l’aspect aléatoire de l’efficacité, dont l’aller a été une caricature (27 tirs à 2, mais 0-1), Luis Enrique a installé une force durable, dans le pressing, le contrepressing, le mouvement perpé- tuel, avec cette capacité rare à être créatif à la fois dans le jeu placé et dans la transition. Liverpool va mieux sortir le ballon, mieux le récupérer, mais le PSG sait exactement ce qu’il aura à faire de mieux, ou à faire tout court: marquer quand l’occasion naîtra, faire mal à la tête de son adversaire, instiller le poison du doute au coeur même du combat. Il faudra être grand, ce soir, et probablement avoir grandi encore d’une semaine sur l’autre, mais ce n’est sûrement pas un soir à envisager des limites, seulement un soir à les bousculer, ou à les faire voler en éclats.
Le moment pour le PSG de se révéler à luimême, et au monde
Les gars de Liverpool peuvent bien se contorsionner pour dire ce qu’a été le fond du match aller, à leurs yeux, la vérité nue est qu’ ils ne s’attendaient pas à ça, et qu’ils n’ avaient pas imaginé se faire rouler dessus dans ces proportions. Dans la plupart des domaines qui comptent, le PSG a été très audessus des Reds, mais il a payé deux reliquats d’un automne qu’on pensait oublié, une inefficacité offensive qui avait disparu des radars, et une largesse défensive partagée entre l’étourderie de Nuno Mendes et la main molle de Gigio Donnarumma. Alors même que le PSG possède les deux joueurs issus d’un Championnat du top 5 européen les plus décisifs en compétition officielle en 2025 (Ousmane Dembélé et Bradley Barcola), il n’a pas marqué depuis 72 tirs en phase d’élimination directe, en C1, face à une équipe étrangère. Ce n’est pas assez, et il est l’heure que cela cesse.
À un moment, pour emporter les coeurs, marquer l’histoire et avoir vraiment l’air d’un vainqueur, il faut réaliser un exploit de cette ampleur, se révéler à soimême et au monde. Le PSG en est là des a trajectoire, un peu plus léger, peut-être, que les saisons précédentes, face au poids d’un éventuel échec, qui lui serait reproché sur des bases différentes. Il sera toujours temps, si cela doit arriver, de faire un distinguo entre les vertus mal payées de la reconstruction collective, et l’incohérence d’une stratégie sportive sur le long terme, qui avait vu QSI penser que l’on pouvait gagner vite en payant beaucoup, puis fragiliser son vestiaire en voulant devenir une marque mondiale plutôt qu’une véritable équipe.
Depuis, Paris a investi (énormément) sur un projet totalement différent, porté par Luis Enrique, et c’est aussi ce qui rendrait une élimination, ce soir, aussi cruelle: le PSG n’est pas loin d’être prêt avec un peu d’avance, pas loin d’entrer dans le printemps dans une atmosphère d’épopée, plutôt que de se rendre à une actualité nationale déjà écrite, avec une avance en Ligue 1 irrattrapable et une Coupe de France qui lui tend les bras, mais qu’il abandonnerait volontiers contre un tour de grand huit en Ligue des champions. La plus belle compétition de clubs au monde, un adversaire mythique, un jardin magique, et la possibilité d’un exploit dont on parlerait longtemps: tout est là, tout se mêle, le décor, le danger, l’ espoir. Vivement ce soir.
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«Il ne faut pas être à 105 %, car vous pouvez en faire trop»
LOÏC TANZI
Luis Enrique et son staff n’ont pas changé drastiquement leurs habitudes dans la préparation du match à Liverpool ce soir. L’Espagnol a surtout tenu à entretenir la confiance des siens.
Même encore vide, même sans le frétillement d’un match, venir à Anfield est toujours un moment chargé d’histoire. Tout, autour de l’enceinte du nord de la ville, rappelle que le Liverpool FC est un club immense. Les vingtdeux Parisiens ont eu une heure, le temps d’un léger entraînement hier en fin d’après-midi, pour se rendre compte du gigantisme du lieu. «Quand tu joues à An field, contre Liverpool, tu n’ as pas besoin de te motiver», expliquait Khvitcha Kvaratskhelia en conférence de presse.
Le Géorgien y est déjà venu avec Naples et il ne sera pas de trop pour faire descendre la pression des es plus jeunes coéquipiers. Luis Enrique l’a d’ailleurs admis : « Ce n’est pas un match facile à préparer.» Surtout quand la confiance semble être dans le camp de ceux qui ont perdu le match aller (0-1). «C’est une gestion difficile pour tous, même avec de l’expérience. Il ne faut pas être à 105 % car vous pouvez en faire trop, mais ce n’est pas facile d’être à 100 %», a poursuivi l’Espagnol. Tout l’avant-match s’est résumé, pour Luis Enrique et son staff, à convaincre l’équipe que la qualification est possible. Entre débriefing vidéo tactique jeudi, puis discours collectifs et individuels les jours suivants, l’ancien sélectionneur de la Roja s’est surtout attelé à répéter à ses joueurs qu’ils étaient capables de tout.
Il a même, pour l’une des rares fois cette saison, parlé à son groupe dans le vestiaire après le revers initial au Parc des Princes, comme pour lancer une séquence où la croyance doit être placée au milieu de tout. Le reste n’a été qu’habitude et routine. Rien d’autre n’a été modifié en profondeur pour venir défier les Reds. Et rien ne devrait l’être dans les prochaines heures. Depuis le début de la saison en Ligue des champions, le technicien n’est pas du genre à multiplier les changements dans son onze de départ.
Kvaratskhelia devrait de nouveau débuter
La solidité de son équipe lors du match aller ne devrait pas compliquer davantage la tâche de l’entraîneur du PSG. « Je pense que Slot connaît le onze que je vais aligner, et je connais le sien», s’amusait-il hier. À part lui, et quelques membres de son staff, personne n’est dans le secret. Mais les incertitudes sont effectivement rares. Le milieu de terrain parisien a tellement dominé les Anglais mercredi dernier que voir Warren ZaïreEmery titulaire serait une surprise, tout comme l’éventuelle présence de Désiré Doué un peu plus bas sur le terrain.
Comme souvent ces dernières semaines, l’international Espoirs est surtout en balance pour évoluer plus haut, sur un côté ou dans l’axe. S’il se privait de nouveau de l’ ex-R en nais au coup d’ envoi, le technicien alignerait le même onze de départ pour la troisième fois de suite en Ligue des champions, après les réceptions de Brest (7-0, le 19 février) et de Liverpool mercredi dernier.
Sous Luis Enrique, il est difficile de prédire quoi que ce soit (les joueurs, sauf exceptions, ne sont au courant de la composition que deux heures avant le match et une pression énorme leur est mise pour que rien ne soit communiqué àl’ extérieur ), mais K va ratskheliasemb le partir avec une longueur d’avance. Son match aller – où l’on attendait plutôt Doué–et son entrée remarquée à Rennes samedi (4-1) ont confirmé sa montée en puissance. Son expérience et son talent seront des atouts précieux pour aider le PSG à réaliser l’exploit ce soir. «Je pense que c’est du 50-50», affirmait-il hier. Une confiance partagée par tous ses coéquipiers, bien aidée par l’ excellent travail du staff performance et médical du club. Luis Enrique dispose de l’ ensemble des on effectif. C’est une rare té à Paris depuis dix ans pour un match aussi décisif.
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V. D.
Darwin favori
Diogo Jota, titulaire à l’aller, était présent hier en conférence de presse. Ce n’est pas bon signe pour lui : la semaine dernière, c’était Wataru Endo, et il avait pris place sur le banc. Il incarne l’un des deux changements possibles d’Arne Slot, qui pourrait préférer Darwin Nunez au Portugais, qui n’a pas marqué en C1 depuis plus de trois ans. L’autre ajustement pourrait profiter à Harvey Elliott, le buteur de l’aller, en balance avec Dominik Szoboszlai. Slot, qui a confirmé que Cody Gakpo serait de retour dans le groupe, a profité de la conférence de presse pour faire passer un message :
« Des gens ont dit qu’on n’avait pas bien joué la semaine dernière, mais je ne suis pas d’accord, c’est Paris qui a été très, très bon. On n’avait pas encore rencontré une équipe avec autant de qualités et d’intensité, mais je pense qu’on peut faire mieux, cette fois, surtout avec l’aide du public. »
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