Anfield, légende de football, de briques et d’acier
Du haut des travées d’anfield et de son mythique Kop,
quelque cent trente ans ans d’histoire footballistique vous contemplent.
Ici, lors du quart de finale retour contre Benfica (3-3), le 13 avril 2022.
Créé à la fin du XIXE siècle, le stade des Reds en impose par son histoire et ses supporteurs. Plongée dans le temple du Liverpool FC qui accueille le Paris Saintgermain, ce mercredi, en Ligue des champions.
« “You’ll Never Walk Alone” n’est pas simplement une chanson,
c’est notre cri de ralliement, l’hymne que nous chantons ensemble.
Écoutez les paroles, elles en disent long sur nous en tant que club.
Surmonter l’adversité, garder la tête haute,
relever les défis les plus difficiles,
rester ensemble et se soutenir mutuellement pour traverser cette tempête.
Ces paroles nous unissent en tant que joueurs…
et capturent l’esprit de ce merveilleux club de football »
- Dans le vestiaire des joueurs de Liverpool
Parisiens? Par Christophe Remise Envoyé spécial à Liverpool
Parfait pour le jeu du Paris SG.
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11 Mar 2025 - Le Figaro
Anfield, le mythe, la légende. Plus de cent ans d’histoire dans ces murs de briques rouges et de fer. Impressionnant. Un monument du football, la Mecque pour les fans des Reds. L’un des stades que tout amateur de ballon rond rêve de voir une fois dans sa vie. Et le théâtre du huitième de finale retour de Ligue des champions entre Liverpool et le Paris Saint-germain, ce mardi (21 heures, Canal+). Le poids de l’histoire, faite de trophées (19 titres de champion d’angleterre, 6 Ligues des champions…), de succès, de revers, mais de larmes aussi.Du haut des travées d’anfield et de son mythique Kop, quelque cent trente ans ans d’histoire footballistique vous contemplent. Ici, lors du quart de finale retour contre Benfica (3-3), le 13 avril 2022.
Le Mémorial de la tragédie d’hillsborough, situé au pied de la tribune principale, est toujours aussi fleuri, aussi touchant. Quatre-vingt-dix-sept personnes avaient péri à la suite d’une bousculade en marge d’une demi-finale de Coupe d’angleterre entre Nottingham Forest et les Reds, le 15 avril 1989, à Sheffield. Quatrevingt-dix-sept amateurs de football partis trop vite. Ils avaient de 10 à 62 ans. On retrouve leur nom sur ce Mémorial devant lequel de nombreux supporteurs viennent se recueillir, expliquer à leurs enfants le pourquoi du comment. Écharpes, maillots, photos et autres bouquets sont entreposés. « Aimé et regretté pour toujours, à mon magnifique frère », peut-on lire sur un mot. «On t’aime, tu nous manques, on a toujours besoin de toi », sur un autre. Émouvant. Et toujours bien présent, trente-six ans après. À l’image de cette flamme éternelle qui brûle au coeur du monument.
Le poids de l’histoire ? Oui. La force des décibels aussi, avec le fameux kop pour pousser les hommes de l’entraîneur Arne Slot aujourd’hui, comme il a poussé ceux de Jürgen Klopp (2015-2024) hier ou de Bill Shankly (1959-1973), Bob Paisley (1974-1983), Kenny Dalglish (1985-1991), le Français Gérard Houllier (1998-2004) – premier manager non-britannique des Reds – ou encore Rafa Benitez (20042010) avant-hier, ces managers qui ont, entre autres, écrit l’histoire du club de la Mersey. Les plus fervents supporteurs d’angleterre prennent place dans cette enceinte de plus de 61 000 places.
Fervents, ils le sont, mais encore davantage en Coupe d’europe. «C’est un autre animal dans les compétitions européennes», sourit Edward, habitué des tribunes d’anfield, rappelant que le club « aune vraie culture européenne». Bonne nouvelle pour les
«C’est un terrain pour les bons joueurs, il faut que la balle bouge vite », note Albert, un vieux de la vieille qui guide les fans du monde entier dans leur visite du stade du LFC. « Shankly l’a imaginé pour qu’il soit adapté au rythme et au style de Liverpool. On ne joue pas comme une équipe anglaise typique. Arne Slot me rappelle Jürgen Klopp dans sa manière d’approcher le jeu. Contrôle, précision, jeu… », ajoutet-il.
« » (au match aller à Paris), soufflent en choeur la plupart des fans des Reds croisés autour d’anfield. Oui, mais dominer n’est pas gagner. Et les Reds d’arne Slot ont réalisé le hold-up parfait au Parc des Princes, mercredi dernier (0-1). Lequel Slot a encore du travail pour effacer son prédécesseur de la mémoire collective. Klopp est encore présent dans les coeurs, sur les murs aussi, avec par exemple cette fresque à son effigie à l’extérieur du stade, juste en face de la statue de Bill Shankly et juste après la Paisley Gateway, avec ce message : « Jürgen nous a rappelé tout ce que nous avons toujours été. »« J’adore ce manager (Slot), mais je regrette le précédent, il était fou, et les joueurs ne lâchaient jamais rien, ils étaient toujours rincés en sortant du terrain après avoir tout donné. Il savait ce que cela voulait dire de jouer pour Liverpool », résume Jack.
Le genre de valeur qu’on retrouve aux quatre coins du stade, dehors, dedans, sur les murs et même juste avant l’entrée des joueurs sur la pelouse, avec cette fameuse inscription, « This is Anfield ». Les touristes du monde entier posent devant comme un rituel et les joueurs de Liverpool la touchent comme une incantation. « C’est là pour rappeler à nos gars pour qui ils jouent et rappeler à l’adversaire contre qui ils jouent », avait expliqué Bill Shankly, coach et architecte du renouveau des Reds dans les années 1960.
Ses origines minières écossaises ont tout de suite collé avec l’esprit de cette ville du nord de l’angleterre. Son charisme et son esprit ont fait le reste. À l’époque de sa prise de fonction, en 1959, Anfield était en ruines, le centre d’entraînement de Melwood n’était pas beaucoup mieux, et les dirigeants avaient des oursins dans les poches. Il a tout changé, installations, entraînement, grands joueurs… Et les titres ont commencé à pleuvoir.
L’histoire du LFC et d’anfield remonte toutefois à de longues années en arrière, avant l’ère Shankly. En fait, à la base, c’était le stade… d’everton, l’autre club de Liverpool. Et à l’époque, le seul. Créé en 1884,
Anfield était en effet le lieu de vie des Toffees, qui ont pris, en 1892, le parti de construire un autre stade, Goodison Park, qu’on voit depuis Anfield de l’autre côté de Stanley Park, après un désaccord avec le propriétaire des lieux, John Houlding. Se retrouvant avec un stade vide, ce dernier créait le Liverpool FC pour l’y installer. Le 3 septembre 1892 se déroula le premier match officiel contre Higher Walton (8-0), devant environ 200 spectateurs.
Évidemment, Anfield a bien changé depuis cette époque. En 1906, l’architecte Archibald Leitch a eu carte blanche pour remodeler l’enceinte, qui pouvait accueillir environ 25 000 personnes. Il bâtissait notamment une tribune particulièrement abrupte, aujourd’hui connu comme le «kop», ou le «Spion Kop». Une référence à la bataille de Spion Kop, qui a eu lieu en 1900 lors de la guerre des Boers en Afrique du Sud et s’était déroulée sur une grande colline boueuse. Journaliste au Liverpool Echo, Ernest Edwards a trouvé des similitudes et le nom est resté. Jusqu’à 30 000 personnes ont pu prendre place dans cette tribune aussi mythique que le stade lui-même.
Pour des raisons de sécurité, la capacité a été réduite au fil des années. Notamment après Hillsborough : terminé les places debout depuis. Aujourd’hui, on peut caser un peu plus de 12000 fans dans le kop, l’une des quatre tribunes avec Anfield Road End, Sir Kenny Dalglish Stand, et Main Stand, dont les encouragements sont aussi puissants que le chant You’ll Never Walk Alone est emblématique. Une chanson créée en 1945 pour une comédie musicale, Carousel, avant d’être reprise par de nombreux artistes, dont le groupe de Liverpool Gerry and The Pacemakers dans les années 1960 et qui est aujourd’hui l’hymne du LFC.
Frissons garantis au moment où les 61 000 spectateurs d’anfield l’entonnent, avant chaque match et plus si affinités. D’autres clubs ont d’ailleurs pris cette habitude, comme le Celtic Glasgow, le FC Bruges ou encore le Borussia Dortmund. « Ce n’est pas simplement une chanson. C’est notre cri de ralliement, l’hymne que nous chantons ensemble. Écoutez les paroles, elles en disent long sur nous en tant que club. Surmonter l’adversité, garder la tête haute, relever les défis les plus difficiles, rester ensemble et se soutenir mutuellement pour traverser cette tempête. Ces paroles nous unissent en tant que joueurs… et capturent l’esprit de ce merveilleux club de football », peut-on lire dans le coin droit du vestiaire des Reds.
Un vestiaire fait de matériaux nobles, couleurs chaudes, un cocon soyeux et riche pour les footballeurs locaux. Tout l’inverse du vestiaire visiteurs, certes confortable, mais très basique dans sa présentation, sol gris, sièges gris, murs et plafond blancs, avec des planches de bois blanches également pour séparer les différentes places réservées aux joueurs de l’équipe adverse. Un monde d’écart.
Toujours est-il qu’après de multiples modifications Anfield a aujourd’hui tout d’une enceinte moderne, sans rien renier de son histoire ni de ses valeurs. Moderne et traditionnel à la fois. Un stade qui a d’ailleurs failli être jeté aux oubliettes, les précédents propriétaires ayant un temps envisagé de bâtir un nouveau terrain de jeu pour les Reds à Stanley Park. Projet enterré par Fenway Sports Group (FSG), qui rachetait le club (et le stade) en 2010. Un stade impressionnant qui est posé dans un quartier pavillonnaire « so British » mais tout sauf rupin, à l’image de cette ville ouvrière. Dans le coeur de la bête, peinture blanche et rouge de rigueur, pylônes massifs en acier. Sous le kop, murs de briques plus traditionnels. Et dans le dédale des rues autour du stade, de multiples peintures géantes de joueurs s’étalent sur le dos des maisons.
Les rappels à l’histoire du club sont en tout cas nombreux dans l’enceinte mythique. Impossible d’y échapper, qu’on soit spectateur ou même joueur. « Dans le football, il existe quelques stades iconiques. Un seul est légendaire », peut-on lire jusqu’à côté de l’entrée du vestiaire visiteurs. Dans les travées du stade, on retrouve essaimés ici et là ces médaillons qui renvoient à des dates marquantes, des victoires historiques, des premières. Mais pas que : « 1937 : le lauréat de Wimbledon joue un match de tennis d’exhibition à Anfield. » Évidemment, l’enceinte du nord-ouest de Liverpool n’a pas accueilli que les matchs des Reds. Concerts, matchs de rugby, de basket ou combats de boxe y ont eu lieu.
Ce mardi, ce sera un autre combat de boxe qui y aura lieu avec cette affiche entre les Reds et le PSG. « Ce sera une soirée spéciale, comme Anfield est capable de les créer. Il y a une culture de la Coupe d’europe et de la Ligue des champions dans ce club, dans ce stade. Ce sera une superbe ambiance de C1 à vivre, devine l’ancien joueur de Liverpool et actuel consultant pour Canal+, Bruno Cheyrou. C’est un peu comme en NBA quand les play-offs arrivent. C’est là que tout se décide. Il y a une adrénaline supplémentaire, une intensité, une tension différente. Et ça se transmet à tout le stade, et aux joueurs. » Reste à savoir laquelle des deux équipes écrira l’histoire dans ce magnifique écrin.
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