Kvaratskhelia, de l’art d’être beau


En quelques semaines, l’attaquant géorgien, brillant lors du huitième de finale aller, a montré un panel de dribbles et de gestes techniques rares. Cultivant l’image d’un esthète du football.

"Il va toujours dans ce dribble pour être efficace. 
C’est comme s’il traçait une direction que lui seul connaît" 
   - FRANK ANGUISSA, ANCIEN COÉQUIPIER DE KVARATSKHELIA À NAPLES

11 Mar 2025 - L'Équipe
HUGO DELOM (avec L. T.)

Il aura fallu un contrôle de balle aérien immortalisé par les photographes samedi à Rennes (4-1), pour que le grand public découvre mieux qui était Khvitcha Kvaratskhelia. Un geste spectaculaire au milieu d’une séquence de plusieurs semaines où la recrue hivernale à 70M€ fait peu à peu découvrir son jeu si singulier. Ses chaussettes baissées qui laissent entrevoir ses volumineux mollets et cette silhouette parfois voûtée, qui, sur une feinte, une accélération, parvient à trouver l’espace.Khvitcha Kvaratskhelia lors de Rennes-PSG (1-4), samedi en Ligue 1.

Le Géorgien de 24 ans cultive sa réputation de joueur à part. Lors du huitième de finale aller (0-1), mercredi dernier – Trent Alexander-Arnold ou Ryan Gravenberch s’en souviennent bien –, l’ancienNapolitainaétalésatechnique rare. Un panel de dribbles assez large et cette forme étonnante de danse autour de ses adversaires. Il y a une élégance, quelque chose de presque suranné et d’esthétique dans la technique en mouvement du néo-Parisien (1,83 m). Au moment de commenter son rapport au foot et aux dribbles, le numéro 7, présenthierenconférencedepresse, semontraitpragmatique: «J’aime le football et j’aime quand je dribble, quandjefaisquelquechosedebeau mais le plus important, c’est l’équipe, a-t-il précisé. Il faut surtout qu’on gagne des matches.»

Pour aller plus loin dans l’analyse de cet ailier d’un autre type et sans doute d’une autre époque, il faut donc aller chercher les joueurs ou techniciens qui l’ont croisé. Ce qui les frappe, c’est cette conduite de balle, souvent du pied, et cette capacité à constamment surprendre : « C’est un joueur différent parce qu’il est rapide avec le ballon, pas spécialement sans, détaille un entraîneur qui l’a dirigé (*). Et après, il est capable de crochets très courts et de brusques changements de direction. Il a aussi quelque chose de très déroutant parce qu’il a cette faculté à être créatif dans les petits espaces.» Contre Liverpool, essentiellement à gauche, il a donné à voir sa «spéciale». Cette accélération,cettelonguefixationdevant le latéral et ce départ intérieur (accompagné souvent d’un petit pont). Le tout, sans une immense puissance, mais avec une fluidité peu commune.

À la différence d’un Neymar par exemple, le Géorgien ne va pas user de gestes techniques élaborés. Pas ou peu de râteaux, de passements de jambes ou de sombreros: «Il va toujours dans ce dribble pour être efficace. C’est comme s’il traçait une direction que lui seul connaît… Tu ne sais pas où il va finir et tu te rends compte qu’il est déjà passé, analyse son ancien coéquipier à Naples Frank Anguissa, qui détaille sa technique de dribbles. Comme chez tous les dribbleurs, il y a une part d’instinct. Mais chez Khvitcha, c’est ça qui le rend encore plus élégant, j’ai l’impression que c’est encore plus important. Ensuite, il est dans l’évitement, il va être dans les feintes de corps ou des feintes de frappes. Mais à la différence d’un Dembélé qui va les faire arrêté, lui, il les fait en mouvement. Il va attendre au tout dernier moment le mouvement du défenseur pour s’adapter. Et une fois lancé, tu as le sentiment qu’il anticipe tout. T’as le sentiment qu’il voit les actions avant. L’année du titre (de champion d’Italie, en 2023), j’ai vu des prises à trois sur lui qui ne servaient à rien… ». « Dans le un-contre-un, il est injouable. L’un des plus forts que j’ai vus dans ma carrière, prolonge le Niçois Tanguy Ndombele, qui l’a lui aussi côtoyé à Naples. Ousmane (Dembélé), c’est Ousmane. Mais après, Kvara est pas loin… Un contre un, deux contre un, il n’a jamais peur d’y aller. Il y a quelque chose de pur, de facile dans sa technique, Ça va vite, avec des feintes de corps, des doubles contacts, il donne, il redemande. Kvara, c’est quelque chose (rires). Il connaît son football.»

Le Géorgien n’est, en plus, pas un ailier uni dimensionnel : «Ce qui le rend encore plus imprévisible, c’est que ce n’est pas seulement un dribbleur. Face à un joueur comme moi par exemple, il savait qu’en puissance, il ne passerait pas donc il n’hésitait pas à être dans le jeu combiné, poursuit Anguissa. Il va venir te fixer et là, tu ne sais plus s’il va être dans le dribble ou s’appuyer sur un coéquipier. Ça le rend déroutant. On ne l’a pas encore vu à Paris, ça, parce qu’il n’a pas encore beaucoup de repères avec ses coéquipiers. Mais quand il en aura…»

Les matches récents, notamment contre Liverpool ou Brest (7-0, le 19 février, en play-offs retour de Ligue des champions), ont laissé apparaître une autre caracextérieur téristique du jeu du Géorgien. «Vous verrez, il a les deux pieds. Et une bonne frappe de loin », nous expliquait, en janvier, son ami stéphanois Zouriko Davitachvili. Et on l’a vu la semaine dernière (but refusé contre les Reds) : « C’est une technique de frappes que je vois très peu. C’est beau. Il la prend quasiment cou-de-pied, mais il arrive à l’enrouler pour lui donner de l’effet. Ça lui donne encore plus de puissance», poursuit Anguissa. Dans ses choix de tirs, le Géorgien doit gagner en efficacité. Dès ce soir à Anfield? «Sur ce que j’ai vu, il n’est pas encore totalement le Khvitcha que je connais, prévient l’international camerounais. Mais quand il le sera, il en surprendra plus d’un…»


(*) Il n’a pas été autorisé par son club à apparaître nommément.

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