PSG-Inter Milan: pourquoi Luis Enrique a raison sur (presque) tout jusqu’à maintenant
Les joueurs du Paris Saint-Germain célèbrent Luis Enrique et leur titre de champion de France,
à l’issue du match contre Angers (1-0), au Parc des Princes, le 5 avril.
Sûr de lui et de sa méthode, le coach a tracé sa route en dépit des critiques et des doutes. Pour le meilleur, jusqu’à la finale de la Ligue des champions.
«“Lucho” a montré le chemin pour arriver là.
Pas juste en parlant de foot, il a été plus large que cela,
a été exigeant avec nous en termes d’idée, de mental,
de physique, d’attitude sur le terrain.
C’est un très grand coach,
il a déjà beaucoup gagné et on voit le résultat aujourd’hui»
- Marquinhos Capitaine du PSG
28 May 2025 - Le Figaro
Christophe Remise
La première année, il y a des critiques et de l’incompréhension. C’est normal, j’y suis habitué. » Et maintenant, c’est le temps des éloges. Et d’une finale de Ligue des champions (ce samedi, contre l’inter Milan). Luis Enrique n’a que faire du bla-bla, des commentaires et encore moins des journalistes, qu’il méprise la plupart du temps. L’important, ce sont ses idées. Celles qui déterminent les contours de son dogme, celles qui l’ont mené sur le toit de l’europe avec le Barça, en 2015, avant de prendre les rênes de la sélection espagnole. Encore qu’à l’époque l’asturien de 55 ans était sur des rails, avec des cadres installés et un souverain nommé Leo Messi.
À Paris, c’est lui, son foot, son projet. Un laboratoire. Confiance en lui ? Un peu plus que cela… Mais devinez quoi ? Depuis son arrivée sur les bords de la Seine, en 2023, Luis Enrique a eu raison sur (presque) tout. «Toute religion est une secte qui a réussi », osait Jean-françois Kahn. À ce train, le gourou Luis Enrique commandera prochainement l’édification de cathédrales à Paris.
Pour mener à bien son projet, mettre en place son jeu fait de possession, de contrôle, d’attaque, il a besoin de joueurs complets, rapides, mobiles, polyvalents, bons avec et sans le ballon. Pour les autres, c’est la porte. Pas assez de poids et de taille dans cette équipe ? Manque d’un avant-centre de métier ? On le lui a reproché. Comme sa lubie de donner la composition à la dernière minute aux joueurs ou son incompréhensible turnover. C’est pourtant ce management qui a fait en sorte que « tous les joueurs se sentent importants ». Personne sur le bord de la route. Ils ont tous eu l’occasion de se montrer, de créer des automatismes, d’être en rythme, d’être familiers avec le jeu « luisenriquien ».
Et donc d’être en mesure de jouer quand l’équipe en a eu besoin, y compris en C1. Gonçalo Ramos, peu utilisé mais buteur lors du match bascule contre Manchester City (4-2) fin janvier ; Désiré Doué, auteur du tir au but décisif à Liverpool (1-0 ap, 4-1 tab) ; Fabian Ruiz, longtemps critiqué mais auteur du bijou salvateur contre Arsenal (2-1)… Luis Enrique l’avait dit, tout le monde aurait son heure de gloire. Il avait aussi assuré que les mauvais résultats du début de saison en C1 étaient « inexplicables » et que « ça allait tourner» . On avait du mal à le croire avant de disposer de toutes les pièces du puzzle. Son management est en outre l’un des outils qui a permis à son effectif d’être épargné par les blessures et d’être au top physiquement.
« On sera meilleurs la saison prochaine », clamait encore le technicien espagnol au cours de la campagne 2023-2024. Difficile à croire, sachant que Kylian Mbappé était sur le départ et que Luis Enrique n’a pas jugé bon de réclamer un buteur l’été dernier. Pour lui, le salut devait venir du collectif. Plus de polyvalence, plus d’efforts, plus de contre-pressing…
« Après la première année, je trouvais que ce n’était pas suffisant. J’ai dit à mon staff que si la mentalité ne changeait pas à chaque entraînement, je démissionnerai. Cette saison, tous les entraînements sont à haut niveau, les joueurs sont exceptionnels», savourait-il après la qualification contre Arsenal, en demi-finale.
S’il a fait une entorse à son intransigeance, c’est quand le bateau tanguait au début de l’hiver dernier. Quatre points et trois défaites en cinq journées de C1. «J’ai fait une réunion avec les joueurs et le staff. Je leur ai dit que nous avions l’une des meilleures équipes d’europe. Nous n’étions pas assez efficaces, mais il fallait rester tranquilles », a-t-il raconté, oubliant de parler des quelques assouplissements consentis à l’époque. Des ajustements, pas de révolution.
Intransigeant, il l’avait été avec Kylian Mbappé l’an dernier. Et encore au début de la saison, en punissant Ousmane Dembélé avant le match du 1er octobre à Arsenal (défaite 2-0). « Ma meilleure décision de la saison », jure le contremaître parisien, inflexible sur les efforts demandés aux joueurs. « Soit tu les fais, soit tu ne joues pas», souffle Hernandez.
Une décision qui lui a permis d’asseoir son autorité, quand beaucoup craignaient de la voir fissurer le groupe. Encore raison. Depuis, Dembélé est à créditer pour un « comportement irréprochable ». Comme les autres. On a parlé de déclassement. Luis Enrique affichait sa confiance. Les bases étaient là depuis le début, la méthode, le discours. Il manquait les résultats. « C’est un génie », s’enflamme Achraf Hakimi.
«Si ce n’est pas la principale, c’est l’une des principales forces», abonde Marquinhos, assurant que «Lucho» «a montré le chemin pour arriver là. Pas juste en parlant de foot, il a été plus large que cela, il a été exigeant avec nous en termes d’idée, de mental, de physique, d’attitude sur le terrain. C’est un très grand coach, il a déjà beaucoup gagné et on voit le résultat aujourd’hui. »
Luis Enrique nous a fait mentir. Tous. Il avait tout vu, tout anticipé. Presque tout. À Paris comme ailleurs, un grand gardien et un buteur de classe mondiale sont indispensables pour rêver en grand. Le PSG n’avait ni l’un ni l’autre en début de saison. C’est le cas. « Après la balafre, il a été exceptionnel », sourit Ousmane Dembélé au sujet de Gigio Donnarumma, faisant référence aux crampons du Monégasque Wilfried Singo dans le visage de l’italien, en fin d’année. Un déclic. Pour ce qui est du buteur, c’est Dembélé. Six réalisations en 2023-2024, déjà 33 en 2024-2025. Pour Luis Enrique, «quatre joueurs à 12 buts valent plus qu’un à 40 ». Suicidaire. Avec « Dembouz », il a les deux.
Allez savoir, l’espagnol avait peut-être tout vu dans sa boule de cristal. Une chose est sûre : son management n’est pas pour rien dans la mue de Donnarumma et de Dembélé. Même quand il a tort, il trouve le moyen d’avoir raison. «La clé, c’est l’équipe, qui a fait une très belle saison jusqu’ici, avec une qualité de jeu énorme. Il y a des joueurs qui peuvent faire la différence à tout instant, mais c’est l’équipe le plus important », savoure la légende parisienne Pedro Pauleta. Un sacre en C1 porterait la patte de Luis Enrique. Ses idées, ses règles, son jeu. Il promettait un « football offensif » et « attractif » mais aussi « des résultats » à l’été 2023, en débarquant à Paris. Jusqu’ici, promesses tenues.
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