Lille de la sensation


Entre entraînements matinaux, séance photo en centre-ville et présentation des coureurs sur la Grand Place, la ville-départ du Tour a vécu des moments de bonheur au contact des coureurs hier.

4 Jul 2025 - L'Équipe
ALEX BARDOT

DE VALENCIENNES À LILLE (NORD) - Valenciennes, hier matin. Devant l’hôtel des UAE Emirates, un gamin de 3ans pousse sa draisienne customisée d’un autocollant arc-enciel. Lui et ses parents vivent dans un appartement avec vue sur l’entrée de l’hôtel, et depuis la veille, ils surveillent les entrées et sorties de Tadej Pogacar, avec l’espoir de l’approcher. En milieu de matinée, voilà le champion du monde qui apparaît, accompagné de ses coéquipiers. C’est l’heure de la sortie à vélo du jour. Le Slovène salue le gamin et sa famille, puis prend la route. Les motos des photographes l’accompagnent, mais il les sème un instant en empruntant une piste cyclable.

Pour lui comme pour les autres coureurs du Tour, cette avantveille de départ va être une longue journée partagée entre léger entraînement et obligations diverses. Pour certaines équipes, elle a commencé par le contrôle antidopage d’avant-Tour. Une «tradition» qui a notamment légèrement perturbé le planning de l’équipe Total Énergies, obligée d’attendre que sa voisine d’hôtel, Bahrain-Victorious, ait fini de satisfaire aux demandes des médecins-préleveurs. Au point-presse, décalé d’un quart d’heure, Alexandre Delettre, qui va connaître son premier Tour à 28 ans, parle d’ « étoiles dans les yeux » mais aussi de son envie « d’être acteur.» Il anticipe sur les heures à venir: la parade dans Lille pour commencer à s’imprégner de l’ambiance, un vendredi « plus tranquille» pour stocker de l’énergie, et « après, va falloir serrer les chaussures et aller de l’avant », s’amuse-t-il. A 10 h 50, pendant que Jonas Vingegaard teste sa machine de contre-la-montre devant les appareils des photographes, les coureurs de Tota lÉnergies s’en vont étrenner leur vélo tout neuf et reconnaître les derniers kilomètres de la première étape. 


Le public lillois a réservé un accueil des plus enthousiastes aux coureurs du Tour hier soir, lors de la présentation des équipes sur la Grand Place. Parmi les plus ovationnés, Julian Alaphilippe, éternel chouchou des Français (en haut à g.) et le champion du monde et triple vainqueur du Tour, Tadej Pogacar (ci-dessous).

Cinq heures plus tard, dans le centre de Lille. La présentation des coureurs est prévue en fin d’après-midi, mais déjà des dizaines de passionnés se massent autour de l’Opéra de Lille, derrière les barrières posées pour tracer le chemin de la parade. Ils ont bien fait d’être en avance.

Clameur pour Pogacar, Alaphilippe, Evenepoel et Van Aert

Car pendant plus de deux heures, ils vont voir passer sous leurs yeux tous les coureurs, venus là pour la séance photo officielle du Tour. Quand Pogacar apparaît, peu avant 17heures, une clameur monte. En jogging, alors que tous les autres étaient en tenue de cycliste, le triple vainqueur du Tour s’arrête pour signer quelques autographes et prendre des selfies. Même chose, peu après, pour Jonas Vingegaard. Lunettes de soleil sur les yeux, dégaine de star de cinéma, Wout Van Aert salue lui la foule en la regardant, mais ne voit pas la grille devant lui: premier contact du Tour, sans conséquence.

À 18h36, après une conférence de presse des têtes d’affiche qui a réuni plus de journalistes autour de Pogacar que des autres, la présentation officielle démarre. La Grand’Place est bondée, et un sponsor a habilement distribué casquettes et tee-shirts pour mettre la foule aux couleurs du Tour. « On dirait les fêtes de Pampelune, mais avec du jaune partout plutôt que du blanc» , s’amuse Damien, un Lillois habitué des ferias. Après les locaux de Cofidis, tous les engagés empruntent la petite rampe pour monter sur scène, mais ce premier «mur» du Tour n’empêche pas certains de sortir leur téléphone pour immortaliser cet instant festif. Joyeuse, bon enfant, la cérémonie vire à parfois à la foire aux bidons, qui volent des coureurs vers le public. Les Ineos Grenadiers débarquent et devant l’énorme place prise sur le maillot par son nouveau sponsor temporaire, TotalÉnergies, on repense à la surprise d’un coureur de l’équipe… TotalÉnergies en découvrant cette tunique le matin même : « Non, ce n’est pas le maillot d’Ineos ça. Si? On sera seize dans l’équipe!»

Julian Alaphilippe est ovationné, comme Remco Evenepoel et Wout Van Aert, signe que le trafic routier entre la Belgique et Lille a été intense hier. Quand les UAE montent sur scène, en derniers, le facétieux Tadej Pogacar apparaît avec un large chapeau aux couleurs du Tour sur la tête, qu’il enlève rapidement et balance dans la foule. « Bonjour, comment allez-vous ? », « vive la France, vive le Tour » , et « Pogi » quitte la scène. Malgré le temps frisquet à l’ombre, il passera encore une demi-heure à répondre aux questions des journalistes en zone mixte, avant de reprendre la route vers Valenciennes. Un gamin avec une draisienne couleurs arc-en-ciel l’attendait peutêtre, posté à la fenêtre de son appartement.

***


L’équipe Cofidis, hier matin à l’entraînement, sur « ses » terres, 
alors que plus un seul coureur n’est originaire de la région.

COFIDIS - Du Nord mais pas trop

Basée dans la région de Lille, l’équipe s’est considérablement internationalisée pour répondre à des exigences sportives et commerciales, au point de ne plus compter de coureur local.

"Ce que je veux, c’est en gagner une. 
Si c’est ici, c’est le Graal, mais je ne vais 
pas pleurer si c’est à Châteauroux"
   - CÉDRIC VASSEUR, MANAGER GÉNÉRAL DE COFIDIS

DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL ANTHONY CLÉMENT

LILLE – Le sponsor est du Nord, le service course est basé dans le Nord, et les coureurs de Cofidis ont été présentés les premiers hier, privilège de ceux qui reçoivent. « On se sent chez nous » , a lancé Benjamin Thomas sur la scène lilloise, et le champion olympique de l’omnium expliquait pourquoi mercredi: «Il y a peu d’équipes qui existent depuis si longtemps et qui n’ont pas changé de nom. Il y a cet ancrage dans le Nord, on a cette image et on ressent un engouement particulier au bord de la route quand on court aux Quatre Jours de Dunkerque.»

C’est beau, ça respire la couleur locale, mais la photo déborde largement de ce cadre régional: seuls quatre des huit coureurs envoyés sur le Tour sont français, et aucun d’entre eux n’est nordiste. «Le cyclisme pro s’est mondialisé. Dire que Cofidis va rester avec des cyclistes du Nord, ça signifierait qu’on ne joue plus dans la cour des grands, ne cache pas Cédric Vasseur, manager général depuis 2017, et dernier nordiste de l’encadrement. On exploite mieux le potentiel du coureur quand on l’intègre dans une dimension internationale, qui colle à la réalité du peloton. C’est la même chose pour le staff qui est 50% étranger, il faut être capable de mettre à l’aise nos coureurs qui ne parlent pas français. Certains disent que c’est trop mais on a trouvé cet équilibre.»

Cette ouverture est soutenue par la marque, attachée à son rayonnement international depuis la création de l’équipe en 1997. À l’époque, le Suisse Tony Rominger, l’Italien Maurizio Fondriest et l’Américain Lance Armstrong sont les premiers visages de Cofidis, qui a des marchés à conquérir. « Évidemment que l’équipe du Nord, une région qui adore le vélo, c’est une appellation sympa. Mais on est un groupe implanté dans neuf pays et il y a toujours eu un effet miroir entre l’équipe et l’entreprise, observe Florent Poleyn, responsable communication sponsoring de Cofidis. Avoir trente coureurs français, ce serait compliqué à assumer devant les autres filiales. Il n’est pas envisageable de ne pas avoir de coureur espagnol, car l’Espagne est notre deuxième chiffre d’affaires. Mais ça n’empêche pas de recruter un Allemand, Emmanuel Buchmann, alors qu’il n’y a pas Cofidis en Allemagne.»

Si Vasseur ne reçoit pas de consignes directes, il sait très bien ce qu’on attend de lui. Mercredi, il était heureux de montrer sur son téléphone la victoire de la Danoise Amalie Dideriksen au Tour du Portugal, course également sponsorisée par Cofidis. Dans ce contexte, le concept d’identité locale est assez vaporeux, même si les coureurs sont passés hier saluer les salariés au siège, à quelques kilomètres de leur hôtel. « On n’est pas le RC Lens ou le LOSC, avec un sentiment d’appartenance typique du foot, résume Vasseur, qui a quand même une idée en tête. Si, à valeur égale, on a le choix entre un Nordiste et un étranger, on choisira le Nordiste car j’aimerais offrir à Cofidis un coureur de l’origine du sponsor. Je n’en ai pas eu depuis mon arrivée, le dernier était Florian Sénéchal, parti en 2017. On scrute les jeunes, il y en a quelques bons, et ce sera un grand plaisir si on peut en attirer.» Ils ne passeront pas par une équipe de développement car Cofidis se concentre sur les pros, sans privilégier les courses du coin. Ce sera pareil en juillet. «J’évoquerai l’importance du départ à Lille lors du briefing, mais on n’est pas là pour montrer le maillot à la télé car on sera chez nous, souffle Vasseur. Ce que je veux, c’est en gagner une. Si c’est ici, c’est le Graal, mais je ne vais pas pleurer si c’est à Châteauroux.» Et si un Français et un étranger lèvent les bras avec un maillot rouge, comme Victor Lafay et Ion Izagirre en 2023, le Tour ressemblera au meilleur des mondes.

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