Dunkerque au défi de battre le PSG pour continuer à grandir
Dunkerque au défi de battre le PSG pour continuer à grandir
Cinquième de Ligue 2 et en pleine progression, le club nordiste rêve de faire tomber l’invincible PSG en demi-finale de Coupe de France.
1 Apr 2025 - Le Figaro
Thibaud Jouffrit
Nouveau soir de fête dans le Nord. Deux jours après le derby opposant Lille à Lens, l’union sportive du littoral (USL) de Dunkerque défie ce mardi (21 h 10, France 2) l’ogre Paris SG en demi-finale de la Coupe de France. Rendez-vous sur la pelouse du stade Pierremauroy, où L’USL a réalisé un premier rêve, le 4 février dernier, en éliminant le Losc voisin sur sa pelouse lors d’une irrationnelle séance de tirs au but (1-1, 4-5 tab; les Dogues menaient 3-1 au cours de la séance). Avant un deuxième exploit en quarts de finale, Brest étant à son tour renversé (de 2-0 à 2-3) par d’insouciants Dunkerquois. Maintenant, place au plus grand défi proposé en France cette saison : (tenter de) battre le PSG, leader de Ligue 1 invaincu sur la scène nationale en 31 matchs disputés, championnat et coupe confondues.La joie des Dunkerquois lors de leur victoire en quart de finale contre Brest, le 26 février, au stade Françis-le Blé.
« Ce qui m’impressionne le plus, c’est le collectif qui est beaucoup plus fort que les années précédentes, lance l’entraîneur portugais de Dunkerque, Luis Castro, dithyrambique sur la machine parisienne, encore impitoyable à Saint-Étienne samedi (succès 1-6). Des matchs que je vois en détail : c’est le meilleur Paris des vingt dernières années.» Le décor est planté. L’adversaire, redoutable. Mais le coach Castro reste «tout le temps optimiste», même quand son équipe, actuelle 5e de Ligue 2, compte trois défaites consécutives depuis l’euphorique qualification pour le dernier carré. « Beaucoup de choses », dont « un manque de réussite » et un « carton rouge » (à Rodez, revers 5-1), expliquent cette mauvaise passe. Il faut dire que le technicien en a vu d’autres.
Choisi en septembre 2023 par le directeur sportif Demba Ba - ex-attaquant international sénégalais passé par Chelsea et Newcastle - pour reprendre les rênes du promu nordiste à l’époque, le Portugais a dompté les doutes. Sa formation, promise à la relégation en National, un échelon qu’elle a connu entre 2013 et 2020, puis en 2021-2022, était dernière au classement en décembre 2023. Quatorze mois plus tard, grâce à un formidable rebond, la voilà postulant à une montée inédite en Ligue 1, directement ou via les barrages. Tout sauf un hasard. « C’est un club sérieux qui bosse avec des ambitions, qui vise haut, ne cesse de s’améliorer chaque jour avec un staff performant », vante son attaquant Yacine Bammou, passé par Nantes, Caen ou encore Ajaccio avant sa signature à L’USL l’été dernier.
Le Franco-marocain de 33 ans, auteur d’une « très belle saison » (5 buts et 3 passes en 25 matchs de Ligue 2), assume son rôle de leader avec Opa Sangante (34 ans), Vincent Sasso (34 ans) et Gaëtan Courtet (36 ans), au milieu de la nouvelle génération. « Entre les jeunes et les anciens, il y a une très belle entente. Avec les matchs de Coupe, notre groupe s’est renforcé, il est magnifique, solide et solidaire. » Et l’effectif, très talentueux, selon les aveux de l’ancien Nantais : « Quand je vois Hugo Raghouber, Enzo Bardelli, Nathan Skytta, Gessime Yassin… Franchement, ce sont des top joueurs. S’ils travaillent bien, qu’ils continuent, je pense qu’ils pourront atteindre de belles choses. » À Dunkerque, les qualités s’expriment par le jeu, tel était le « projet du futur » vanté par le dirigeant Demba Ba à Luis Castro, dont le profil de formateur collait parfaitement au challenge.
« Il faut se préparer à souffrir »
« J’aime les équipes offensives qui jouent avec le ballon, beaucoup de connexions entre les joueurs. Si le collectif marche bien, les individualités vont devenir plus fortes, plus visibles. C’est ça que je veux dans mon équipe », détaille Luis Castro, ancien entraîneur de l’équipe réserve du Benfica Lisbonne (2019-2022), qui a eu sous ses ordres… les Portugais du PSG
Gonçalo Ramos et Joao Neves, brillants en Ligue des champions des moins de 19 ans. Désormais parisiens, l’attaquant Ramos et le milieu Neves sont « deux des meilleures personnes avec qui j’ai travaillé dans le foot, humainement et professionnellement », dixit Castro, qui respecte à Paris un « grand entraîneur qui m’inspire », Luis Enrique. Le collectif de Dunkerque, adepte de la possession du ballon pour dominer l’adversaire (57% du temps par match, 3e moyenne de L2), fait lui aussi corps derrière son architecte en chef, même au coeur d’une « deuxième partie de saison qui est un peu moins brillante », assume Yacine Bammou. « Ce coach passe toujours par le jeu, on prend du plaisir avec lui. Et si on respecte à la lettre ce qu’il veut, peu importe l’issue du match, il nous dit bravo, c’est ça qui est beau. Tous ensemble aujourd’hui, on ressent de la confiance. »
Racheté à l’été 2023 par le groupe turc Amissos, également propriétaire de Samsunspor, L’USL Dunkerque, avec son budget d’environ 10 millions d’euros et son stade Marcel-tribut habitué aux guichets fermés (4 900 places), progresse vite. Malgré, encore, des moyens limités (Lorient en tête de Ligue 2 affiche un budget de 20 millions). Le garant du sportif, Demba Ba, accompagné de Romain Decool, directeur du recrutement, mise donc sur l’avenir. «La vision du club, c’est de développer de jeunes joueurs, l’une des choses les plus importantes dans le football actuel, confirme Luis Castro. Mais je ne regarde pas beaucoup l’âge du joueur. S’il a 16 ou 17 ans et fait les choses bien, il joue. »
Ce mardi, à Lille, la jeune classe dunkerquoise se frotte sur la route du Stade de France aux redoutables Parisiens, les Désiré Doué, Ousmane Dembélé et autres Khvicha Kvaratskhelia, qui écrasent tout sur leur passage. «Il faut se préparer à souffrir, mais on va essayer de respecter notre plan tactique», prévient Yacine Bammou. Lui, le natif de Paris, ancien vendeur dans une boutique du club de la capitale avant ses débuts professionnels à Nantes en 2014. Un parcours atypique et raconté à chaque fois qu’il recroise le PSG. « Cette histoire est juste magnifique, je ne pense pas qu’il y en a deux en France. Je suis très heureux d’avoir pu connaître les deux mondes, le monde du travail et celui du football professionnel», résume l’international marocain, ambitieux sur les bords de la Manche. Glaner la Ligue 1 ou la Coupe de France ? « Faire monter un club comme Dunkerque, ça me ferait plaisir. Après, je ne me refuse rien, si on peut prendre les deux… » Le tenant du titre invincible imagine, sans doute, une tout autre histoire…
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