L’Arminia contre le «complot»


Le club de D3 est l’emblème de Bielefeld, une ville au coeur d’une théorie loufoque qui met en doute son existence depuis plus de trente ans.

1 Apr 2025 - L'Équipe
MATTEO AMGHAR

Tenant du titre en Coupe d’Allemagne, le Bayer Leverkusen n’a plus qu’une marche à gravir avant d’aller défendre sa couronne au stade Olympique de Berlin. Pour ce faire, la troupe de Xabi Alonso doit écarter l’Arminia Bielefeld pensionnaire de 3.Bundesliga (D3) et club d’une ville… qui n’existerait pas!« Arminia, c’est magnifique » : un tifo à Bielefeld lors de la qualification de l'Arminia contre Fribourg (3-1) en huitièmes de finale, le 3 décembre.

Derrière cette incongruité se cache le sati ri queBielefeld-(complot de théorie qui a vu le jour au milieu des années 1990 et a infusé la société allemande depuis. Ce qui n’était à la base qu’une plaisanterie lancée par un groupe d’étudiants envers un camarade originaire de la méconnue cité de 330 000 habitants - ce qui la placerait entre Nice et Nantes en France - a pris, au fil du temps, une tournure incontrôlable.

Une blague relayée dans un film puis par Angela Merkel

« Je pensais qu’il s’agirait seulement d’une blague d’une semaine dans un petit cercle d’amis », raconta en 2005 son créateur Achim Held. Postée onze ans plus tôt sur un forum grouillant de complotistes en tout genre, la loufoque théorie trouve rapidement un écho et se propage alors à grande échelle. En 2010, un film éponyme (Bielefeld-Verschwörung) sort en salle outre-Rhin tandis que la « consécration » arrive deux ans plus tard lorsque Angela Merkel, alors chancelière (2005-2021), ponctue un discours faisant allusion à la ville d’un subtil « si toutefois elle existe ».

Pour y mettre fin, la ville de Rhénanie-du-Nord-Wesphalie annonce en 2019 offrir 1 million d’euros à toute personne capable d’apporter une « preuve irréfutable » de sa « non-existence » . En vain. Si la blague a contribué au boom touristique de la cité, ses habitants s’y sont progressivement habitués. « En allant ailleurs en Allemagne, on me l’a souvent faite quand je disais que j’habitais à Bielefeld. Les gens savent très bien, mais ils en jouent », lance Bryan Lasme, joueur de l’Arminia de 2021 à 2023.

« J’ai croisé des supporters en ville avant de signer officiellement et je devais dire que j’étais seulement ici pour les vacances. Ils ne me croyaient pas et me disaient : “C’est impossible, personne ne connaît notre ville !” Pourtant elle est grande et très agréable » , se souvient l’ex-Sochalien, aujourd’hui au Grasshopper Zürich.

Trois adversaires de Bundesliga éliminés

À l’ombre de cette mascarade, l’Arminia tente de se faire un nom. Habitué de l’ascenseur (huit montées dans l’élite), sanctionné d’une relégation en D2 en 1972 pour des matches truqués, encore en Bundesliga en 2021-2022 avec dans ses rangs Stefan Ortega (Manchester City) ou Patrick Wimmer (Wolfsburg), le club fondé en 1905 évolue aujourd’hui au troisième échelon national après une double descente. «Ilya eu beaucoup de dé parts, des interne et on n’ était pas préparé pour l’intensité requise en 2.Bundesliga », contextualise Lasme.

Quatrième après 30 journées, l’ancien club de Jonathan Clauss (2018-2020) est en course pour la montée en D2 alors que son parcours en Coupe sublime sa saison: l’Union Berlin (2-0), Fribourg (3-1) et le Werder Brême (2-1), trois formations de Bundesliga, sont successivement tombés à la Schüco-Arena. En l’emportant ce soir à la maison, l’Arminia a de quoi frapper un grand coup et définitivement placer Bielefeld sur la carte.

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